1-Main Title 2.12
2-The Map 1.07*
3-Preparations 1.16
4-The Jump 3.18
5-The Snake 1.48
6-The Pirates 1.27*
7-Stories 3.26
8-The Camp*/Forced Entry 2.23*
9-The Cage 3.55
10-River Crash*/The Gunboat 3.36*
11-Betrayed 4.22
12-Bring Him Up*/The Eyes 2.04*
13-Escape from Torture 3.39
14-Ambush 2.45
15-Revenge 6.14
16-Bowed Down 1.04
17-Pilot Over 1.52
18-Village Raid*/
Helicopter Flight 4.53*
19-Home Flight 3.01
20-Day By Day 2.06
21-Peace In Our Life 1.52**

*Previously Unreleased Tracks
**Interprété par Frank Stallone
Ecrit par Frank Stallone,
Peter Schless et Jerry Goldsmith
Paroles de Frank Stallone
Arrangé par Frank Stallone
et Peter Schless
Produit par Bruce Botnick

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Silva Screen
SSD 1096

Produit par:
Jerry Goldsmith, Bruce Botnick
Assistant de Jerry Goldsmith:
Lois Carruth
Reédition du CD
produite par:
Ford A.Thaxton
Producteur exécutif pour
Silva Screen Records Ltd:
Reynold Da Silva
Coordination de l'édition:
David Stoner, James Fitzpatrick

Artwork and pictures (c) 1985 Canal+ DA, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
RAMBO: FIRST BLOOD, PART II
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Beaucoup de qualificatifs nous viennent immédiatement à l'esprit lorsqu'on aborde 'Rambo: First Blood Part II' de George P.Cosmatos, le film qui fit un carton monumental au box-office U.S. de 1985 et qui remporta un très vif succès eu Europe (en plus de lancer la carrière de Sylvester Stallone, fort du succès des 'Rocky' et de 'First Blood'). Pour certains, 'Rambo II' est un film revanchard, excessivement patriotique, pro-militariste limite fasciste, etc. Mais pour les américains, c'est une toute autre histoire. Voyons d'abord les détails concernant le film. Peu de temps après avoir été envoyé en prison, John Rambo (Stallone) est contacté par le colonel Trautman (Richard Crenna) qui lui donne la possibilité de sortir pour accomplir une mission difficile: repartir au Viêt-Nam pour prendre des photographies d'un camp et prouver l'existence de prisonniers américains détenus là-bas. L'opération est supervisée par Murdock (Charles Napier), le responsable de la mission qui semble lui cacher des choses. Parachuté non sans mal dans la jungle vietnamienne, Rambo rencontre Co Bao (Julia Nickson), son contact sur le terrain qui l'amène jusqu'au camp. Sur place, Rambo ne tarde pas à comprendre qu'on l'a manipulé et que Murdock l'a trahi, annulant la mission. Il découvre aussi les prisonniers américains et va tout faire pour tenter d'en sauver le plus possible, et ce malgré le fait qu'on lui ait interdit d'intervenir et de s'occuper d'eux. Pourchassé à la fois par les vietnamiens et par les russes, Rambo doit se cacher dans la jungle, affrontant le danger omniprésent avec ses propres armes. Après la mort de Co, Rambo décide de contre-attaquer violemment et de détruire toute l'armée russe et vietnamienne présente sur le terrain. Il jure qu'à son retour, il se vengera aussitôt de Murdock.

Le scénario, écrit à l'origine par James Cameron, a été remanié par la suite par Sylvester Stallone, qui s'est réellement investi à fond dans le projet. Selon lui, il y a toujours des américains retenus prisonniers au Viêt-Nam, les vietnamiens demandant de fortes rançons que le gouvernement américain n'a jamais voulu payer afin de ne pas alimenter l'armée de leurs ennemis. Aussi honnête que soit Stallone, le film n'en demeure pas moins assez repoussant sur plus d'un point, d'abord parce que le film s'inscrit dans une logique révisionniste assez honteuse de réécriture de l'histoire. Les américains ont perdu la guerre du Viêt-Nam ? Qu'importe, Rambo le nouveau 'Captain America' de l'ère Reaganienne retourne au Viêt-Nam pour remettre les pendules à l'heure et gagner la guerre qui a humilié les Etats-Unis, qui se croyaient pourtant invulnérables (une leçon de sagesse a retenir: on ne peut jamais battre quelqu'un sur son propre terrain). Il faut dire que le film intervient au 'bon' moment aux Etats-Unis, sous le régime de Ronald Reagan, l'homme à l'idéologie pro-militariste qui fit gonfler le budget de la défense et de l'armée à grands coups de 'l'Amérique est de retour!'. On le sait, l'idéologie américaine et la politique ont toujours plus ou moins influés sur la production hollywoodienne, et ce quelque soit l'époque. Au temps de la guerre froide dans les années 60, on faisait des films de science-fiction où la menace extraterrestre était clairement associée à la menace communiste (on se souvient du message final de la fin de 'The Thing from Another World' d'Howard Hawks).

Dans les années 80, la présidence de Ronald Reagan coïncidait pile avec la nouvelle vague de films d'action hollywoodiens vantant les mérites de héros représentant la puissance (militaire) américaine, chargés d'exterminer tous les ennemis venus de l'extérieur (d'où le côté assez fasciste du film), ce qui résume finalement bien l'état d'esprit de ce film d'action pur et dur, expéditif et finalement aussi vide que fade. C'est dans ces élans d'anticommunisme primaire (on se souvient un an auparavant du 'Red Dawn' de John Milius, où il était question de l'invasion des Etats-Unis par les communistes) que naît 'Rambo II', qui permet finalement de concrétiser à l'écran le rêve de l'Amérique de Reagan: débarrasser le pays de la 'vermine' communiste et gagner la guerre que le pays aurait du gagner - un journaliste disait d'ailleurs en 1988: "rien de tel que de gagner des guerres au cinéma pour réconcilier les américains avec eux-mêmes". Secoués par la célèbre prise d'otage de l'ambassade américaine à Téhéran entre 1980 et 1981, les américains purent ainsi voir triompher cette idée d'auto justice, de 'purification' du pays, de guerre sacro-sainte contre l'ennemi, qu'il soit russe ou vietnamien - il faut d'ailleurs voir comment sont montrés les vietnamiens dans le film, des barbares sans éducation et idiots, ce qui s'avère être totalement dégradant pour eux! N'oublions pas qu'à l'époque, Reagan, après avoir vu le film, déclara: "si des Iraniens devaient prendre en otage d'autres américains, je saurais maintenant à qui faire appel!". Finalement, 'Rambo II', ce n'est rien d'autre qu'une heure trente d'action où l'on voit un homme détruire une armée vietnamienne et russe à lui tout seul, usant de toute son habileté et de toute sa puissance de feu avec une haine largement entretenue au fil des années, idée véhiculée par des répliques cultes du film telles que "pour survivre à la guerre, il faut être la guerre" ou "ce que vous appelez l'enfer, Rambo l'appelle chez soi". D'ailleurs, le mot inscrit dans le titre en V.F., 'la mission', semble en dire long sur l'idéologie du film. Cette dernière est d'ailleurs clairement résumée par Rambo au détour d'une question-clé adressée au colonel Trautman, brève mais pas si anodine qu'elle y paraît: "on y va pour gagner cette fois?".

De tous les éléments de ce véritable navet d'action révisionniste et honteux, 'Rambo II' peut au moins s'apprécier pour l'une des meilleures partitions d'action de Jerry Goldsmith, le maestro ayant déjà livré un excellent score orchestral mélancolique et sombre pour le premier épisode réalisé en 1982 par Ted Kotcheff. Si la partition du maestro californien pour 'First Blood' était essentiellement composé de moments de suspense glauques avec quelques morceaux d'action trépidants et un thème principal d'une grande beauté, le score de 'Rambo II' s'oriente quant à lui nettement plus vers l'action. En ce sens, 'Rambo II' est une BO aussi bourrine que le film de George P.Cosmatos, mais quelle BO! Efficace à souhait, excitante, massive, jouant sur toutes les formules rythmiques et instrumentales chères au compositeur, la musique de 'Rambo II' accompagne le film avec une énergie convaincante et quasiment enthousiasmante. Encore plus que dans 'First Blood', Goldsmith donne une véritable identité musicale forte au personnage de John Rambo en lui accordant cette fois-ci un nouveau thème principal plus héroïque et déterminé, loin du thème de trompette solitaire et quasiment élégiaque de 'First Blood'.

Typique de ses partitions d'action des années 80, la partition de 'Rambo II' se reconnaît immédiatement avec son utilisation très caractéristique des synthétiseurs 'eighties' avec l'orchestre au complet. Le traditionnel 'Main Title' associe un premier motif que l'on pourra appeler 'motif du Vietnam', asiatique comme il se doit, avant d'être suivi d'une première apparition du nouveau thème principal. Ce qui frappe ici, c'est l'utilisation de ces sons de synthé proche d'un grésillement, des sonorités électroniques habilement choisies et qui évoquent la violence et la détermination de Rambo dans sa guerre contre les vietnamiens et les russes. On retrouve ces sons indissociables de l'univers musical de 'Rambo II' dans 'Preparations', accompagnant la scène où Rambo prépare son équipement avant de partir accomplir sa mission. Goldsmith dévoile alors un nouveau motif qui se trouve être un motif d'action basé sur une cellule de 4 notes, suggérant à la fois l'aventure et le danger. Encore plus excitant, 'The Jump' accompagne la scène du saut en parachute, permettant à Goldsmith de développer ses ostinatos rythmiques de vents (ici, une petite formule de hautbois), de percussions martiales et de synthé (motif rythmique emprunté à 'First Blood'), avec un premier morceau d'action frénétique pour la scène où Rambo se retrouve coincé accroché à l'avion (à noter ici un superbe contrepoint de cordes et de cuivres).

'The Snake' nous propose une première variante excitante du thème principal dans sa version héroïque pour l'atterrissage de Rambo dans la jungle, la musique tournant très vite au suspense lorsque Rambo se glisse dans la forêt et rencontre Co Bao. Goldsmith a parfaitement su retranscrire cette ambiance d'infiltration et de danger que l'on retrouve durant la plupart des moments de suspense du score. 'Stories' attire notre attention car il dévoile un nouveau motif, un thème de cuivres sombres associé aux russes et qui évoque clairement tout le côté menaçant des troupes du lieutenant colonel Podovsky (Steven Berkoff). C'est l'occasion pour le maestro de nous laisser souffler un peu avec un des rares moments calmes et lyriques du score où Goldsmith reprend le magnifique thème de 'First Blood' au hautbois et à la clarinette le temps d'une pause poétique lorsque Rambo parle sereinement à Co sur le bateau les emmenant au camp. On notera ici les quelques touches asiatiques qui rappellent légèrement par moment le score de 'The Sand Pebbles'. Le motif associé aux troupes vietnamiennes est entendu dans 'River Crash/The Gunboat' et se distingue par son côté rythmique et ses syncopes chères au compositeur, sur fond de vents et de percussions en bois style kodo, évoquant un stéréotype d'une musique asiatique. Goldsmith développe ce thème et l'incorpore dans un autre morceau d'action pour la scène de l'attaque de la vedette sur la rivière, l'ostinato rythmique du synthétiseur restant toujours omniprésent pour susciter l'action et le danger.

Mais la partition prend littéralement son envol avec l'incontournable 'Escape from Torture', véritable pierre d'angle de la BO de 'Rambo II' et grand classique dans l'univers action de Jerry Goldsmith. En l'espace de 3 minutes 30, Goldsmith nous offre un grand tour de force orchestral avec ses incessants changements de mesure, de rythme, ses séquences orchestrales/électroniques frénétiques, le tout enveloppé dans le savoir-faire d'un compositeur qui n'avait déjà plus rien à prouver de son immense talent en 1985. On notera ici la façon dont le compositeur fait s'opposer le thème des russes avec le thème héroïque de Rambo, repris ici par des cordes et des cuivres (principalement les trompettes), le tout sur fond d'un astucieux développement de l'ostinato rythmique hérité de 'First Blood', omniprésent dans la plupart des morceaux d'action du score. L'action culmine avec les excitants 'Ambush' et 'Revenge', autre tour de force orchestral de plus de 6 minutes où Rambo affronte à lui tout seul les troupes vietnamiennes, Goldsmith faisant s'opposer le thème de Rambo au motif rythmique des vietnamiens. Alternant astucieusement suspense et action au fil des embuscades que tend Rambo à ses ennemis, 'Revenge' est une énième preuve du savoir-faire d'un compositeur passé maître dans le domaine des musiques d'action orchestrales frénétiques et brillantes à souhait, jouant ici sur toutes les ressources qui s'offrent à lui pour personnifier et accentuer l'action à l'écran: synthétiseur, percussions, orchestrations, changements de mesure, jeux sur les rythmes, etc.

Les trépidants 'Pilot Over', 'Village Road/Helicopter Flight' et 'Home Flight' sont autant de morceaux d'action et de moments de bravoure qui intensifient l'action à l'écran et nous invitent littéralement à partager l'aventure de Rambo dans le film, tout en accentuant l'héroïsme de Rambo et les dangers qu'il doit affronter avec hargne et ténacité. Comme annoncé précédemment, Goldsmith renforce l'identité musicale de la saga des 'Rambo', une identité qui se concrétisera et aboutira au non-moins excellent 'Rambo III' (1988). Score d'action à l'écriture complexe - si vous tendez bien l'oreille, vous pourrez même entendre quelques légers 'bugs' dans l'interprétation du National Philharmonic Orchestra, preuve que les musiciens ont beau être des professionnels, ils n'en demeurent pas moins des humains soumis ici à un score d'une complexité typique des partitions d'action de Jerry Goldsmith. Le film se conclut sur la chanson 'Day by Day', qui commence sur un ultime rappel du thème principal et se prolonge avec la voix de Frank Stallone, le frère de Sylvester Stallone, idéal pour conclure sur une note plus calme une partition d'action particulièrement agitée, bruyante et parfaitement excitante. L'efficacité de la musique à l'écran est indiscutable, Jerry Goldsmith ayant boosté sa partition un cran au-dessous par rapport à 'First Blood'. Néanmoins, on préfèrera peut-être le score du premier opus qui s'avérait être moins répétitif et moins massif. Il n'empêche que 'Rambo II' est un score d'action incontournable dans la carrière du grand Jerry Goldsmith, une partition orchestrale à la complexité saisissante (et qui semble avoir donné beaucoup de fil à retordre aux musiciens du National Philharmonic Orchestra) et à la puissance aussi redoutable que captivante, la musique étant devenue parfaitement indissociable de l'univers de la trilogie des Rambo.


---Quentin Billard