Disc 1

1-20th Century Fox Fanfare
(Alfred Newman, 1954) 0.22
2-Main Title/The Ice Planet Hoth 8.09
3-The Wampa's Lair/
Vision of Obi-Wan/
Snowspeeders Take Flight 8.44
4-The Imperial Probe/
Aboard The Executor 4.24
5-The Battle of Hoth
(Ion Cannon/Imperial Walkers/
Beneath The AT/
Escape In the Millenium Falcon) 14.48
6-The Asteroid Field 4.15
7-Arrival on Dagobah 4.54
8-Luke's Nocturnal Visitor 2.35
9-Han Solo and The Princess 3.26
10-Jedi Master Revealed/
Mynock Cave 5.44
11-The Training Of A Jedi Knight/
The Magic Tree 5.16

Disc 2

1-The Imperial March
(Darth Vader's Theme) 3.02
2-Yoda's Theme 3.30
3-Attacking A Star Destroyer 3.04
4-Yoda And The Force 4.02
5-Imperial Starfleet Deployed/
City In The Clouds 6.04
6-Lando's Palace 3.53
7-Betrayal At Bespin 3.46
8-Deal With The Dark Lord 2.37
9-Carbon Freeze/Darth Vader's Trap/
Departure Of Boba Fett 11.50
10-The Clash of The Lightsabers 4.18
11-Rescue From Cloud City/
Hyperspace 9.10
12-The Rebel Fleet/End Title 6.28

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

RCA Victor
09026-68747-2

Produit par:
John Williams
Supervision de l'enregistrement:
Lionel Newman
Superviseur montage:
Kenneth Wannberg
Album produit par:
Nick Redman
Album monté et assemblé par:
Michael Matessino
Coordinateur du projet pour
20th Century Fox:
Tom Cavanaugh
A&R Direction pour RCA Victor:
Bill Rosenfield/Joe Mozian

Artwork and pictures (c) 1980 20th Century Fox Film Corp. All rights reserved.

Note: *****
STAR WARS EPISODE V:
THE EMPIRE STRIKES BACK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
Devant le succès phénoménal de ‘Star Wars A New Hope’ en 1977, Lucas envisagea très vite de réaliser plusieurs autres suites à sa saga spatiale. Mais exténué par le tournage éprouvant du premier opus, Lucas céda la place au réalisateur Irvin Kershner sur ‘The Empire Strikes Back’, réalisé en 1980, avec un budget nettement plus conséquent pour l’époque (plus de 30 millions de dollars alors que le premier film n’avait coûté que 13 millions de dollars). Avec la mauvaise expérience qu’il connut sur ‘Star Wars A New Hope’, Lucas décida que le nouveau réalisateur de son second opus, Irvin Kershner, aurait plus de liberté artistique que ce que lui a connu sur le premier film. Néanmoins, Lucas continua de produire et de superviser l’ensemble du film. Le scénario de ce second opus, d’abord écrit par la romancière de science-fiction Leigh Brackett qui décéda peu de temps après avoir achevé une première version du script, fut par la suite remanié par Lawrence Kasdan, plus connu aujourd’hui en tant que réalisateurs de films comme ‘Silverado’, ‘Dreamcatcher’, ‘Wyatt Earp’ ou ‘Grand Canyon’. A noter que Kasdan était à l’époque occupé à la rédaction du scénario de ‘Raiders of the Lost Ark’ de Steven Spielberg, qui sortira un an après ‘The Empire Strikes Back’. Nouveauté majeure dans ce second opus : un ton nettement plus sombre et dramatique et une plus grande noirceur qui manquait cruellement au premier opus tourné en 1977. Peu de temps après la destruction de l’Etoile Noire, l’Empire continue de maintenir sa puissance sur la galaxie en poursuivant sans relâche les rebelles de l’Alliance. Basés sur la planète glacée Hoth, les rebelles doivent à nouveau affronter les attaques des troupes impériales et s’enfuir d’urgence de la planète. Leia, Han Solo, Chewbacca et C-3PO s’enfuient en direction de la citée des nuages de Bespin, gouvernée par Lando Calrissian (Billy Dee Williams), un vieil ami de Han Solo. De son côté, Luke Skywalker part avec R2-D2 en direction du système de Dagobah, une planète marécageuse dans laquelle il doit retrouver le dernier maître Jedi Yoda et recevoir l’enseignement qui fera de lui un nouveau chevalier Jedi. Mais au cours de sa formation, Luke apprend que ses amis ont été fait capturer par les troupes de Dark Vador sur Bespin à la suite de la trahison de Lando. Han Solo est transformé en bloc de carbone par Dark Vador qui prépare un sort similaire à Luke. Ce dernier décide d’abandonner sa formation de Jedi et de partir sauver ses amis. En réalité, Dark Vador lui tend un piège pour espérer le capturer et le ramener ensuite vivant devant l’Empereur.

Chose rare pour une suite d’un film célèbre, ce second opus de la saga ‘Star Wars’ fait partie de l’épisode le plus apprécié par les fans. Pour commencer, le scénario s’avère être plus surprenant que celui du premier opus (qui était somme toute très classique et sans surprise) : le groupe de héros est ici très vite divisé, chacun partant à l’aventure dans son coin. La grande bataille finale voit le héros amputé d’une main (chose rare de nos jours dans les grosses productions d’aventure où le héros réussit toujours à s’en tirer sans aucune égratignure). C’est aussi le film dans lequel on apprend une révélation clé dans l’intrigue de la saga : Dark Vador est en réalité le père de Luke Skywalker (d’où une scène d’anthologie pure contenant l’une des phrases les plus parodiées au cinéma : « Luke...je suis ton père! »). Autre élément étonnant : la noirceur de certaines scènes comme la torture de Han Solo ou sa transformation en bloc de carbone, sans oublier l’affrontement final à la fois physique et psychologique entre Dark Vador et Luke à la fin du film. Avec ses scènes anthologiques (la bataille avec les quadripodes impériaux sur la planète Hoth, la poursuite dans le champ d’astéroïde, les scènes dans la citée des nuages, la confrontation contre Dark Vador, etc.), ‘The Empire Strikes Back’ porte la saga ‘Star Wars’ un cran nettement au dessus du premier épisode. Personnages plus approfondis, trame plus complexe et psychologique, scènes d’action encore plus spectaculaires que celles de ‘A New Hope’ (les effets spéciaux sont assez énormes dans ce second opus!), ton plus noir et adulte, philosophie pleine de sagesse de Yoda, introduction de personnages majeurs pour le récit (Yoda, qui formera Luke à devenir un vrai chevalier Jedi), ‘The Empire Strikes Back’ est une superproduction d’aventure/science-fiction magistrale, massive, spectaculaire et passionnante. Dommage que la saga ‘Star Wars’ n’ait pas été davantage orienté vers le côté sombre et dramatique de ce second opus, alors que d’autres épisodes comme ‘Return of the Jedi’ ou ‘The Phantom Menace’ sont nettement plus orientés ‘film familial’ qui, au final, n’a jamais vraiment bien réussi à la saga (ce n’est pas pour rien si le public retient au final deux épisodes avant tout : ‘Revenge of the Sith’ et ‘The Empire Strikes Back’!).

Si le film est une telle réussite sur toute la ligne, c’est aussi une fois de plus grâce à la formidable partition symphonique de John Williams, encore un cran au dessus par rapport à celle du premier épisode tourné en 1977. Dans ‘The Empire Strikes Back’, Williams met les bouchées doubles et nous propose des nouveaux thèmes et non des moindres : le très célèbre thème de Dark Vador, qui est véritablement au coeur de cette nouvelle partition. Avec son fameux ostianto martial et ses trompettes éminemment guerrières et maléfiques, le thème de Dark Vador a marqué des générations entières de béophiles au même titre que le non moins célèbre thème de la saga. Beaucoup considèrent d’ailleurs le thème de ‘Star Wars’ et de Dark Vador comme deux des plus grandes mélodies de l’histoire de la musique de film. A l’écoute de ‘The Imperial March’, difficile de ne pas avoir en tête les images du célèbre méchant caché dans sa combinaison et son célèbre masque noir. Rarement un thème aura eu un tel impact dans un film, et même au delà, puisqu’avec le thème principal de la saga, le ‘Imperial March’ fait partie des musiques de films les plus jouées au monde. Parmi les nouveaux thèmes de ‘The Empire Strikes Back’, on notera aussi un très beau thème plein de sagesse et de douceur pour le vieux maître Jedi Yoda et un thème romantique ample et mémorable pour la romance entre Leia et Han Solo. Signalons pour finir un thème plus solennel et majestueux pour la citée des nuages de Bespin. Avec ses nouveaux leitmotive tous plus mémorables les uns que les autres, John Williams se montre encore plus inspiré que sur le premier opus et place la barre très haut. L’excitation de l’ouverture initiale de la saga est de nouveau intacte avec le toujours majestueux et héroïque ‘Main Title’ qui laisse place à une seconde partie nettement plus sombre et inquiétante pour la planète Hoth (‘The Ice Planet Hoth’). Dès le début, on sent clairement un changement de ton flagrant dans la musique de Williams : plus sombre, plus aboutie et plus recherchée, la musique amorce clairement la facette sombre et dramatique de cet opus central de la trilogie de George Lucas. La musique évoque dès le début une certaine tension alors que l’Empire a envoyé ses sondes sur la planète Hoth à la recherche de la base rebelle. On notera un passage particulièrement impressionnant entendu durant la séquence où Luke est kidnappé par l’affreux Wampa et emmené dans sa tanière. On retrouve ici un Williams plus moderne et dissonant avec une utilisation remarquable de sonorités et effets orchestraux particuliers, que ce soit dans l’utilisation de percussions ou de cuivres en sourdine et autres effets de cordes dissonantes.

On est très vite happé par la puissance des morceaux d’action, avec plus particulièrement deux morceaux quasi anthologiques de la partition : les fameux ‘The Asteroid Field’ et ‘The Battle of Hoth’, deux tours de force orchestraux indispensables de la partition de ‘The Empire Strikes Back’. ‘The Battle of Hoth’ décrit toute la fureur et l’intensité de l’affrontement entre les rebelles de l’Alliance et les quadripodes impériaux sur la planète Hoth au début du film. On y retrouve ici une écriture de cuivres virtuose typique du compositeur, un travail rythmique impressionnant avec en particulier un pupitre de percussions très élargie incluant des xylophones utilisé de façon syncopée. Impossible aussi de ne pas mentionner la puissance de ‘The Asteroid Field’ pour la poursuite entre le faucon Millenium et les chasseurs Tie impériaux dans le champ d’astéroïde (autre scène anthologique du film). On retrouve ici aussi une puissance orchestrale et une rythmique syncopée typique du compositeur, bien plus personnelle que certains morceaux écrits pour ‘A New Hope’, qui sentaient l’inspiration de la musique temporaire classique à plein nez. ‘The Asteroid Field’ nous donne aussi l’occasion de retrouver le thème de Dark Vador joué en grande pompe par des cuivres menaçants et totalement indissociables de la grandeur maléfique du personnage. ‘The Asteroid Field’ conclut la course poursuite du champ d’astéroïde avec une coda héroïque particulièrement savoureuse pour illustrer les exploits de Han Solo et de ses amis. Ajoutons à cela un très intense ‘The Clash of the Lightsabers’ pour l’affrontement final entre Luke et Dark Vador, et l'on comprendra mieux pourquoi ‘The Empire Strikes Back’ a de quoi faire partie des grands chef-d’oeuvres de la musique de film.

Les passages plus calmes méritent aussi toute notre attention, avec en particulier la partie se déroulant dans le système de Dagobah (‘Arrival On Dagobah’) qui accompagne les images avec un soupçon de mystère et d’inquiétude lorsque le vaisseau de Luke s’écrase dans les marais de la planète où se cache Yoda. Ce dernier est quand à lui illustré pour la première fois dans ‘Luke’s Nocturnal Visitor’ où Yoda apparaît à l’écran comme un petit être espiègle au caractère puéril (illustré ici par des bois et des pizzicati sautillants). Puis, le vrai maître Jedi apparaît dans toute sa sagesse dans ‘Jedi Master Revealed/Mynock Cave’ où Williams développe le thème de Yoda apportant sagesse et respect au petit personnage. Williams reprend la mélodie dans ‘Yoda’s Theme’, soutenu par des orchestrations et des harmonies raffinées qui rappellent là aussi l’influence du ‘Golden Age’ hollywoodien dans la musique de la saga ‘Star Wars’. A noter un morceau plus particulier, ‘Yoda and the Force’, l’une des premières musiques de la saga à introduire des synthétiseurs, chose peu fréquente dans la saga mais que l’on retrouvera aussi vers le début de ‘Return of the Jedi’. ‘Yoda and the Force’ nous permet de retrouver le célèbre thème de la Force déjà introduit pour la première fois dans ‘A New Hope’, et qui accompagne ici la scène où Yoda forme Luke à devenir un Jedi, juste avant que ce dernier décide d’interrompre sa formation et de partir sauver ses amis prisonniers sur Bespin. La scène de l’entraînement (‘The Training Of a Jedi Knight/The Magic Tree’) est accompagnée par une série de variations subtiles autour du thème de Yoda, accompagné par des pizzicati sautillants alors que Luke teste ses réflexes et ses aptitudes à la concentration intérieure. On découvre dans la deuxième partie du film le thème de la citée des nuages dans ‘Lando’s Palace’ avec ses cuivres solennels qui évoquent la majestuosité de la cité, un thème qui hélas s’avère être bien moins mémorable que les autres leitmotiv et qui n’aura qu’un importance relative dans cet épisode. Enfin, l’aventure touche à sa fin avec ‘The Rebel Fleet/End Title’ qui reprend toutes les principales idées thématiques de la partition dans une coda comme d’habitude grandiose et mémorable, marquée par le retour de la célèbre fanfare héroïque de la saga qui conclut chaque épisode des deux trilogies de façon similaire.

Chef-d’œuvre incontestable de la musique de film, ‘The Empire Strikes Back’ nous permettait de renouer en 1980 avec un style symphonique riche et flamboyant qui commençait à s’estomper quelque peu durant les premières années du ‘Silver Age’ hollywoodien (les années 70). Amorcé avec ‘Star Wars A New Hope’ en 1977, le style symphonique à l’ancienne de John Williams prend une allure plus riche et personnelle avec ‘The Empire Strikes Back’, où les tours de forces orchestraux se multiplient à une vitesse faramineuse, et où chaque thème apporte un poids particulier aux images du film d’Irvin Kershner. Totalement indissociable de l’univers du film, les thèmes de Dark Vador, de Yoda ou de Leia et Han Solo continuent encore aujourd’hui de toucher des milliers de fans et béophiles du monde entier, le charme opérant toujours 27 ans après. Après un ‘A New Hope’ flamboyant mais peu personnel et très inspiré de la musique classique, John Williams allait enfin frapper très fort avec ‘The Empire Strikes Back’, l’un de ses premiers grands succès du début des années 80 avec ses premières partitions clés pour Steven Spielberg à la fin des années 70 et son incontournable ‘Superman’ (1978), sur lequel Williams a pu prouver une fois de plus toute l’étendue de son talent. On retrouve d’ailleurs par moment l’influence de ‘Superman’ dans certains passages de ‘The Empire Strikes Back’, ceci expliquant certainement la plus grande maturité de style de la musique de ce second opus de la trilogie. Voilà donc en définitive l’un des grands chef-d’oeuvres de John Williams que tout bon béophile se doit de connaître absolument !


---Quentin Billard