1-Sometime Ago 2.15
2-Eats 1.03
3-Big Daddy 2.26
4-Call It a Night 2.32
5-Last Night 2.43
6-Department Store Raid 2.13
7-Into Liquor Store 0.50
8-Liquor Store 2.25
9-Military Zone 0.57
10-Saving Slack 1.03
11-Cholo Escapes 0.18
12-Zombie Targets 1.24
13-Stealing Dead Reckoning 3.09
14-Meeting Kaufman 0.53
15-Leaving Mouse 1.31
16-Team Into City 2.09
17-Looking for Ammo 3.37
18-Shoot Manolete 1.21
19-Driving to Drop Off 2.47
20-Zombie on the River Bank 1.22
21-Surface 2.07
22-City Battle 3.56
23-Overcome Cholo 2.05
24-Back to the City 2.56
25-Cholo Bitten 1.11
26-The Battle Continues 1.20
27-Mercy Killing 2.16
28-Zombies Enter Mall 0.45
29-Mall Slaughter 1.54
30-Dead Reckoning Under Siege 1.36
31-Get Away 2.51
32-You Have No Right! 0.37
33-Gasoline 4.01
34-The Massacre 2.18
35-Now We Can Go 0.28
36-To Canada 6.50

Musique  composée par:

Reinhold Heil & Johnny Klimek

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 666 2

Musique programmée et arrangée par:
Johnny Klimek, Reinhold Heil,
Gabriel Mounsey,
Shawn Thomas Odyssey,
Bruce Winter

Producteur exécutif:
Robert Townson
Directeur de la musique pour
Universal Pictures:
Kathy Nelson, Harry Garfield
Music Business Affairs
pour Universal Pictures:
Phil Cohen

Artwork and pictures (c) 2005 Universal Studios. All rights reserved.

Note: **
LAND OF THE DEAD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Reinhold Heil & Johnny Klimek
George A. Romero revient avec son nouveau film d’épouvante ‘Land of the Dead’ à la saga qui lui a fait connaître la gloire grâce au culte ‘Night of the Living Dead’ datant de 1968. Chaque épisode de la saga a toujours proposé son lot de séquences sanguinolentes, d’effets gores extrêmes et de métaphore politique/sociale grinçante. ‘Land of the Dead’ n’échappe pas à la règle. Peut être moins extrême dans le gore que ne l’était ‘Day of the Dead’ (1985), ce nouvel opus de la saga des morts vivants adopte une résonance politique indéniablement puissante. Chaque film a été marqué par la société de l’époque, que ce soit la guerre du Vietnam dans ‘Night of the Living Dead’ (1968), les excès de la société de consommation de ‘Dawn of the Dead’ (1978) ou bien encore les dangers du militarisme primaire durant l’ère Reagan dans ‘Day of the Dead’ (1985). A l’origine, ‘Land of the Dead’ devait être tourné dans les années 90, peu de temps après ‘Day of the Dead’, mais le projet n’a jamais pu aboutir. Puis, le 11 septembre 2001 est arrivé et a tout remis en cause. C’est finalement en 2005 que Romero tournera ‘Land of the Dead’, inspiré des évènements tragiques du 11 septembre qui ont inspirés au réalisateur ce nouvel opus apocalyptique et sans concession. Dans un avenir proche, quelques survivants se sont regroupés à l’intérieur d’une grande ville bunker aux Etats-Unis. Ces survivants tentent encore de vivre dans les souvenirs de l’ancienne civilisation, avant l’arrivée des zombies affamés qui ont envahis une bonne partie du pays. Les habitants qui sont encore en vie sont regroupés autour d’un milliardaire sans scrupules nommé Kaufman (Dennis Hopper), qui fait régner l’ordre sur la ville bunker et protège ses habitants du haut de son immense gratte-ciel. Kaufman engage un commando de mercenaires pour contrer les attaques des zombies qui sont devenus intelligents et qui communiquent désormais entre eux. Mais l’un d’entre eux, Cholo (John Leguizamo), dérobe un précieux camion blindé armé jusqu’aux dents appartenant à Kaufman. C’est le chef du commando Riley (Simon Baker) qui est chargé par Kaufman de retrouver le camion blindé et de le ramener à bon port. De son côté, Cholo menace d’envoyer des roquettes sur la tour de Kaufman si ce dernier ne lui verse pas une importante rançon d’ici minuit. Entre la menace d’un tir de roquettes et l’invasion des zombies, Riley et ses amis auront fort à faire pour tenter de mettre un terme à ce cauchemar et de s’enfuir de la ville déjà envahie par les morts vivants.

Sans posséder le brio des précédents films de la saga des morts vivants, ‘Land of the Dead’ possède néanmoins un message social fort, évoquant les dérives du corporatisme américain et la décadence de l’humanité en temps de crise (inspiré ici par les attentats du 11 septembre). Moins gore que ‘Day of the Dead’, ‘Land of the Dead’ réserve néanmoins son lot de scènes sanguinolentes et grands guignolesques. Mais la réalisation même du film s’avère être étrangement plate et décevante pour du Romero. Tout semble avoir été sacrifié ici à l’action à la façon des gros blockbusters hollywoodiens d’aujourd’hui. On n’est guère loin par moment ici du style ‘Resident Evil’, un comble lorsqu’on sait que la saga des jeux et films de ‘Resident Evil’ a été inspiré par les films de Romero. Si la métaphore sociale/politique fonctionne toujours bien dans ce nouvel opus horrifique, il n’en est pas de même en ce qui concerne la réalisation. Malgré la présence de bons acteurs au casting (Asia Argento, Dennis Hopper, Simon Baker, John Leguizamo, etc.), ‘Land of the Dead’ s’essouffle très vite et ne tient pas toutes ses promesses. Il manque ici l’audace et le brio des précédents films de la saga. Pire encore, on a beaucoup de mal à croire à cette histoire de zombies devenus intelligents et capable de communiquer entre eux (ce qui paraît antinomique pour des êtres dont le cerveau est censé être mort depuis longtemps). Quand aux images de synthèse qui parsèment l’ensemble du film, elles ne sont pas toujours très convaincantes et nous laissent presque regretter les effets à l’ancienne des précédents opus de la saga. En bref, ‘Land of the Dead’ s’avère être une petite déception pour un film pourtant très attendu par les fans!

La musique du film de Romero a été confiée au duo Reinhold Heil/Johnny Klimek. Les deux musiciens allemands issus du groupe électro Pale 3 ont l’habitude de travailler ensemble depuis leur partition pour ‘Winterschläfer’ en 1997. Pour ‘Land of the Dead’, Heil et Klimek signent une partition synthétique/orchestrale typique des musiques horrifiques de maintenant, une musique macabre, oppressante, atonale et pesante sans compromis. Avec ‘Sometime Ago’ (ouverture du film), les deux compositeurs amorcent clairement le ton sombre et déshumanisé de la musique de ‘Land of the Dead’ à travers tout un travail autour des sonorités électroniques, tour à tour déformées, métalliques, froides, le tout sur fond de rythmique obsédante et agressive. Les amateurs d’atmosphères électroniques atonales vont en avoir pour leur compte ici! ‘Eats’ poursuit dès le début du film ce travail de sonorités électroniques avec une idée constante: évoquer l’enfer sur terre avec un ton complètement déshumanisé, d’où le recours aux synthétiseurs. Complètement abstraite, la musique de Heil et Klimek pour ‘Land of the Dead’ apporte une noirceur totale aux images du film de Romero, même si l’ensemble tient bien plus souvent de l’ambiance sonore que de la musique en soi. On notera l’utilisation de rythmiques électros dans ‘Big Daddy’ qui maintient une tension sous-jacente dans le film, entrecoupé ici de quelques cordes dissonantes. L’action débute véritablement avec ‘Call It A Night’ lorsque le commando armé jusqu’aux dents débarque en ville à la recherche de ravitaillement. A noter dans la seconde partie de ‘Call It A Night’ l’utilisation d’un motif de trois notes de piano qui reviendra régulièrement tout au long du score, associé à Riley et ses compagnons. ‘Last Night’ développe quand à lui des sonorités de chœurs synthétiques qui semblent évoquer l’idée d’une humanité perdue et condamnée, une idée que l’on retrouvera là aussi régulièrement tout au long du score.

Les percussions ‘action’ resurgissent dans l’agressif ‘Department Store Raid’ pour l’attaque du magasin vers le début du film, ou dans ‘Liquor Store’ dont les sonorités synthétiques rappellent beaucoup le style des musiques de téléfilm/série-B horrifique à petit budget. Force est de constater qu’il existe une véritable constante dans les musiques de la saga des morts vivants : des musiques bien souvent kitsch et réalisée sur des synthétiseurs. ‘Land of the Dead’ n’échappe pas à la règle, et même si les sonorités électroniques utilisées ici par Heil et Klimek s’avèrent être résolument modernes, elles ne sont pas toujours de très bonne qualité et renvoient le score du film au rang des traditionnelles musiques de série-B comme on en entend régulièrement à la télévision de nos jours. Les percussions sont en tout cas un élément majeur du score de ‘Land of the Dead’ comme le confirment des morceaux comme ‘Military Zone’ ou ‘Saving Slack’ sur lequel les compositeurs s’amusent à expérimenter des effets de stéréo/panoramique sur les percussions. Idem pour le frénétique ‘Cholo Escapes’ lorsque Cholo s’échappe et s’empare du camion armé de Kaufman. On n’est guère loin par moment du style de certaines partitions horrifiques récentes d’Elia Cmiral, qui semble utiliser des sonorités électroniques assez similaires dans ses musiques de film d’épouvante/suspense. Les percussions de ‘Zombie Targets’ (qui reprend au passage le motif de 3 notes de piano) semble parfois évoquer certaines BO de chez Media-Ventures pour le côté résolument électro moderne (on n’est guère loin ici du style d’un Steve Jablonsky ou d’un Klaus Badelt en mode thriller/épouvante). Pas de surprise donc, la musique de ‘Land of the Dead’ suit donc la mode actuelle des scores électroniques atmosphériques pour les films d’épouvante, des musiques souvent peu mémorables et sans génie qu’on nous offre régulièrement en pâture à Hollywood de nos jours.

Les morceaux du score de ‘Land of the Dead’ se suivent et se ressemblent sans jamais apporter un petit plus particulier aux images. Ainsi, on passe très vite de morceaux atmosphériques comme ‘Meeting Kaufman’ à ‘Team Into The City’ ou ‘Looking For Ammo’ et ‘Shooting Manolete’. Le résultat à l’écran est efficace sans pour autant laisser un quelconque souvenir à l’auditeur/spectateur. Heureusement, certains morceaux s’avèrent être un peu plus imposants comme ceux de la séquence où les zombies traversent la rivière pour arriver de l’autre côté de la cité dans ‘Zombies On The River Bank’ et ‘Surface’, qui utilise de façon plus intéressante des glissendi de choeurs synthétiques réellement terrifiants et oppressants, lorsque les zombies refont surface et arrivent en ville. L’action culmine dans l’affrontement avec les zombies en ville (‘City Battle’), morceau soutenu par tout un lot de percussions électroniques frénétiques, et que l’on retrouve dans ‘Back To The City’ lorsque Riley et ses compagnons reviennent en ville pour stopper Kaufman et les zombies. Idem pour le morceau d’action ‘The Battle Continues’ qui utilise un rythme plus proche de l’électro/rock durant une autre séquence d’action plus déchaînée pour la suite de la bataille dans la cité infestée de zombies (à noter ici l’utilisation de sons de piano un brin kitsch pour le côté ‘thriller’ de la musique), et qui se prolonge dans l’excitant ‘Mall Slaughter’ pour l’affrontement où les zombies massacrent les humains dans le centre commercial de la tour de Kaufman, autre morceau d’action accompagné à grand renfort de loops électros modernes. L’action se prolonge ensuite durant l’attaque du camion (‘Dead Reckoning Under Siege’), suivi du frénétique et chaotique ‘Get Away’. A noter un ‘The Massacre’ nettement plus mélancolique où semble surgir un peu d’humanité lorsque Riley et ses compagnons découvrent que les zombies ont massacré une bonne partie de la population et qu’ils sont arrivés un peu trop tard pour pouvoir tous les sauver. Le film se termine avec ‘To Canada’ qui reprend les rythmes électro/rock frénétique de ‘The Battle Continues’.

‘Land of the Dead’ reste dans la lignée des traditionnels scores horrifiques électroniques que l’on entend régulièrement aujourd’hui à Hollywood. Fini le temps où les films d’horreur permettaient aux compositeurs d’expérimenter et de nous offrir des musiques ténébreuses et audacieuses (‘Hellraiser 2’ de Chris Young, toutes les musiques d’Ennio Morricone pour les films d’épouvante de Dario Argento, etc.). ‘Land of the Dead’ est hélas symptomatique d’une production cinématographique et musicale à la créativité malade, où l’imagination semble avoir été bannie pour être remplacée par du conventionnel et des effets de mode éphémère. Ainsi donc, si la musique de Johnny Klimek et de Reinhold Heil s’avère être assez efficace sur les images du film de George A. Romero, la musique en elle-même ne laissera aucun souvenir et s’oubliera très vite, embourbée dans son statut de musique purement fonctionnelle qui n’a aucune chance de survie hors des images du film. Dommage!


---Quentin Billard