1-To Victory 2.34
2-The Agoge 2.24
3-The Wolf 2.10
4-Returns a King 2.24
5-Submission 2.40
6-The Ephors 1.59
7-Cursed by Beauty 1.41
8-What Must a King Do? 1.05
9-Goodbye My Love 3.32
10-No Sleep Tonight 2.33
11-Tree of the Dead 2.25
12-The Hot Gates 3.00
13-Fight in the Shade 3.17
14-Come and Get Them 2.05
15-No Mercy 2.23
16-Immortals Battle 1.53
17-Fever Dream 2.33
18-Xerxes' Tent 3.20
19-Tonight we Dine in Hell 1.15
20-The Council Chamber 2.35
21-Xerxes' Final Offer 2.39
22-A God King Bleeds 2.16
23-Glory 1.44
24-Message for the Queen 2.32
25-Remember Us 2.56

Musique  composée par:

Tyler Bates

Editeur:

Warner Bros 101272-2

Produit par:
Tyler Bates
Montage musique:
Darrell Hall

Artwork and pictures (c) 2007 Warner Bros. All rights reserved.

Note: *1/2
300
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tyler Bates
Véritable événement cinématographique du mois de mars 2007, ‘300’ est l’adaptation cinématographique de la fameuse BD homonyme de Frank Miller. Retranscrivant le plus fidèlement possible l’univers brutal et décapant de l’œuvre d’origine, le réalisateur Zack Synder (‘Dawn of the Dead 2004’) orchestre un véritable spectacle de fureur et de sang, d’une intensité et d’une violence rare. Le film retrace la Bataille des Thermopyles, qui se déroula en 480 avant Jésus Christ. Elle opposa le roi Léonidas et ses 300 vaillants soldats spartiates à Xerxès et son immense armée perse. Afin de contrer la menace de l’envahisseur perse, les 300 spartiates tinrent une position défensive très forte aux Thermopyles (« les portes chaudes »), qui se trouvait être un point stratégique capital situé entre la Grèce septentrionale et la Grèce méridionale. Se battant de toute leur force contre des milliers de soldats perses déchaînés, les 300 spartiates de Léonidas combattirent avec vaillance jusqu’à leur dernier souffle. Leur sacrifice héroïque inspira l’ensemble de la Grèce à se rebeller contre la Perse et à oeuvrer ensemble pour ce qui allait devenir par la suite un nouvel idéal de société: la démocratie. Après le remake de ‘Dawn of the Dead’ en 2004, Zack Snyder frappe très fort avec ce nouveau long-métrage très attendu qui nécessita près de 3 ans de travail. Ceci s’explique avant tout par l’incroyable qualité visuelle et plastique du film, entièrement tourné sur fonds bleus et verts. Utilisant le numérique pour reconstituer un univers graphique et irréel très proche de la BD de Frank Miller, Zack Snyder a retravaillé toutes les couleurs et tous les plans du film qui contiennent au moins un effets visuel, si bien qu’au final le film compte pas moins de 1300 effets visuels et nécessita près d’un an de postproduction.

Au final, le résultat est saisissant. Sans compromis, le film affiche une fureur et une violence sans concession dans l’esprit du comics book de Frank Miller. A une époque où la plupart des gros films hollywoodiens sont systématiquement édulcorés pour permettre d’atteindre un plus large public, il est bon de constater que certains réalisateurs n’ont pas peur d’affronter la MPAA américaine et de montrer une violence qui rappelle les années 80. Hélas, si le film est techniquement et visuellement exceptionnel, on ne pourra pas en dire autant du scénario, extrêmement pauvre et concis, qui ne se résume qu’à une simple succession de scène de batailles en veux-tu en voilà. Certes, ‘300’ a été vendu depuis le début comme un gigantesque film guerrier et barbare, il ne fallait donc pas s’attendre à autre chose! Mais l’histoire demeure tellement linéaire et sans surprise que tout devient vite prévisible et fade, et ce jusqu’aux dialogues, qui sonnent presque faux par moment. Ajoutons à cela quelques effets de mise en scène excessifs et agaçants comme cette manie lourdingue que semble avoir le réalisateur de multiplier les ralentis et les effets clips MTV jusqu’à plus soif. Cette esthétique résolument moderne et anachronique nous rappelle au final que ‘300’ n’est en aucun cas une reconstitution historique de la Bataille des Thermopyles mais plus une évocation fantasmée et extravagante de cette célèbre bataille de l’histoire Antique. Gérard Butler campe un Léonidas saisissant de haine, de violence et de détermination, et les chorégraphies des batailles sont toutes plus brutales et virtuoses les unes que les autres. Dommage donc que ‘300’ soit finalement splendide sur le plan formel mais résolument médiocre sur le fond. Mais le film est quand même sauvé par sa barbarie totalement décomplexée et assumée qui le rend plus authentique et nettement moins édulcoré que le nullissime ‘Troy’ de Wolfgang Petersen dans un genre similaire! Bref, à réserver aux fans de grosses batailles musclées et à ceux qui apprécient l’univers crée à l’origine par Frank Miller.

Tyler Bates retrouve Zack Snyder trois ans après ‘Dawn of the Dead’. Pour sa seconde collaboration à un film de Snyder, Bates sort l’artillerie lourde et suit à son tour l’esthétique moderne/heavy-metal du film. Pour se faire, le compositeur utilise l’orchestre traditionnel agrémenté d’énormes chœurs d’hommes guerriers et de synthétiseurs tendance world music atmosphérique (avec par moment quelques touches rock/électro). Certes, le but du compositeur n’était pas là aussi d’écrire une musique proche de l’Antiquité mais de prolonger au contraire le ton moderne et branché du film de Zack Snyder (qui, par ses nombreux artifices visuels et ses effets de mise en scène, mise clairement un public ‘in’ adepte du tout numérique au cinéma), et sur ce point, le but est parfaitement atteint. Dès ‘To Victory’, qui correspond en fait à l’une des scènes de batailles finales du film, la musique donne le ton : synthétiseurs, guitares électriques rock, percussions massives, orchestre, guitares arabes, choeurs et voix orientales accompagnent cette séquence de bataille avec fureur et brutalité. On sent ici l’influence extrêmement flagrante du ‘Black Hawk Down’ de Hans Zimmer, qui a probablement été utilisé dans les temp-tracks du film. Dommage que le côté vocalises arabisantes/world music donne un sentiment extrêmement désagréable de déjà entendu, le compositeur recyclant des recettes déjà entendues 1000 fois auparavant et désormais usées jusqu’à la moelle (on verra qu’il s’agit ici d’un problème récurrent dans le score de ‘300’). ‘The Agoge’ accompagne au début du film l’apprentissage de la vie de guerrier du jeune Léonidas. Le travail qu’effectue le compositeur autour de ses différentes textures sonores électroniques rappelle beaucoup son travail sur ‘Dawn of the Dead’, avec des percussions, des choeurs masculins et des vocalises féminines orientales en plus. ‘Returns a King’ met en avant quand à lui un grand choeur d’hommes pour accompagner de façon grandiose et majestueuse le retour de Léonidas dans sa cité après être devenu un guerrier et un roi. A noter que, comme d’habitude à Hollywood, le film a été entièrement monté avec un temp-track que l’on devine aisément en réécoutant la partition de Tyler Bates. Ainsi, deux morceaux du score sont des repompes honteuses et faciles de la bande originale d’Elliot Goldenthal pour le film ‘Titus’ de Julie Taymor: ‘Returns a King’ calque note pour note le morceau ‘Victorius Titus’ du score de Goldenthal et ‘Remember Us’ calque à son tour le morceau ‘Finale’ de ‘Titus’. Difficile de s’imaginer qu’Elliot Goldenthal puisse laisser passer cette affaire sans menacer Tyler Bates d’un procès pour plagiat, étant donné qu’une bonne partie du public béophile a déjà dénoncé depuis pas mal de temps le manque d’honnêteté de Tyler Bates sur ‘300’ (qui ose quand même affirmer dans une récente interview qu’il a réussit à s’éloigner du temp-track qui lui était proposé à l’origine sur ce film!!!).

Hélas, ce qui suit n’est guère plus brillant. Que dire des sempiternelles vocalises orientales agaçantes de ‘Submission’ ou ‘Cursed by Beauty’ (scène de l’oracle qui prédit la défaite finale de Léonidas au début du film), morceaux qui semblent échappés de n’importe quelle banque musicale de world music contemporaine, ou des sonorités électroniques atmosphériques de ‘The Ephors’ qui font penser à n’importe quel score atmosphérique/thriller de chez Media-Ventures? Le problème est que le résultat à l’écran est très satisfaisant, mais que musicalement, on est ici au bord de la catastrophe! Comment une musique peut coller aussi bien à un film et être en même temps complètement vide et creuse sur un plan purement musical? C’est ce qu’on appelle le mystère ‘300’! Pourtant, certains morceaux tentent de se démarquer du reste de la partition comme ‘Goodbye My Love’ durant la scène où Léonidas fait ses adieux à sa reine avant de partir au combat. Le morceau est écrit ici pour orchestre, mettant plus particulièrement en avant des cordes élégiaques et des cuivres dramatiques avec une voix féminine mélancolique associée ici à l’amour de la reine pour son roi, morceau qui se prolonge dans un crescendo dramatique poignant pour l’un des rares morceaux véritablement digne d’intérêt de la partition de ‘300’. Mais le reste du score se poursuit dans la banalité la plus totale, comme le confirment des morceaux atmosphériques sombres et pesants comme ‘No Sleep Tonight’ ou le macabre ‘Tree of the Dead’. ‘The Hot Gates’ est le premier morceau qui décrit le début de la bataille des spartiates contre les troupes perses, à grand renfort de guitares électriques rock anachroniques, idée que l’on retrouvera dans ‘Fever Dream’ qui sent le heavy-metal à plein nez! ‘Fight in the Shade’ accompagne le début de la bataille des Thermopyles à grand coup de percussions tribales, de sonorités orientales et d’un magma électronique insipide (comme toujours chez Tyler Bates d’ailleurs, qui s’apparente finalement davantage à un bidouilleur de synthétiseurs cacophoniques qu’à un réel compositeur au sens propre du terme).

On retrouve les choeurs épiques de ‘Returns a King’ dans ‘Come And Get Them’ avec ses cuivres massifs et ses percussions métalliques qui scandent un rythme guerrier parfait pour cette scène de bataille. Idem pour l’enragé ‘Immortal Battle’ qui apporte une excitation saisissante à l’écran durant la scène de l’affrontement contre les ‘immortels’, les troupes d’élite de Xerxès. L’émotion revient dans ‘Tonight We Dine In Hell’ lorsque Léonidas et ses hommes se lancent dans une ultime bataille désespérée dans laquelle ils ne pourront pas ressortir vivant. A noter que le morceau ‘The Council Chamber’ (scène où la reine fait son speech dans la chambre du conseil vers la fin du film, pour convaincre le conseil d’envoyer des troupes en renfort à Léonidas) s’inspire massivement du morceau ‘The Might of Rome’ du score de ‘Gladiator’ de Hans Zimmer. Dernier morceau d’action chaotique et enragé, ‘A God King Bleeds’ illustre la scène où Léonidas parvient à blesser Xerxès avec sa lance avant d’être tué lui et ses hommes par les troupes perses, le morceau se concluant de façon plus sombre et dramatique. Du coup, la conclusion qui débute avec le massif ‘Glory’ et le mélancolique ‘Message for the Queen’ apporte un souffle dramatique très présent à la fin du film. ‘Message for the Queen’ se distingue par sa très belle utilisation d’une flûte orientale avec un violoncelle et la voix soliste de la chanteuse d’origine iranienne Azam Ali pour l’un des plus beaux morceaux du score de ‘300’. ‘Message for the Queen’ évoque ici le souvenir de Léonidas et de ses 300 spartiates, dont le courage et la bravoure exemplaire motivera le reste de la Grèce à s’unir contre l’envahisseur perse, idée que l’on retrouve dans la coda ‘Remember Us’, où culminent choeur et orchestre dans une conclusion puissante et grandiose.

Hélas, pour la musique de ‘300’, le bilan final n’est pas très glorieux. Tyler Bates recycle toutes les formules guerrières/world music habituelles de ce type de production hollywoodienne moderne et nous donne à entendre tout ce qui a déjà pu être entendu sur le sujet, sans même une once d’imagination ou même d’originalité, sans même apporter un petit plus particulier aux images du film de Zack Snyder. Ajoutons à cela que le reste du score s’inspire pêle-mêle de BO telles que ‘Lord of the Rings’, ‘Black Hawk Down’, ‘Titus’ ou bien encore ‘Gladiator’, et l’on comprendra aisément pourquoi ‘300’ donne un très mauvais sentiment de déjà entendu et de manque d’honnêteté tellement flagrant qu’il en devient ici carrément insultant pour le public. Musicalement pourtant, Bates a mit les moyens sur ce film: choeurs d’hommes grandioses, synthétiseurs, percussions, voix orientales, guitares électriques rock, tous les ingrédients étaient réunis pour faire de la partition de ‘300’ un nouvel opus musical épique et fun. Mais au final, on se lasse très vite de cette musique sans âme et sans talent, qui recycle dangereusement tout ce qui a déjà été fait dans le genre épique/guerrier à Hollywood au cours de ces 10 dernières années et qui prouve une fois encore le manque de talent et d’audace de certains faiseurs hollywoodiens d’aujourd’hui dont Tyler Bates fait indéniablement partie. Le manque d’honnêteté non assumé de la musique de ‘300’ est une véritable honte qui devrait obliger le public et les compositeurs bafoués dans leurs droits (à commencer par Elliot Goldenthal) à réagir violemment. En tout cas, voilà un score que l’on oubliera très vite et qui confirme que Tyler Bates est un artisan sans personnalité, incapable d’aligner une seule phrase musicale claire et limpide sans utiliser ses sempiternels synthés cacophoniques hérités de ‘Dawn of the Dead’ ou ‘The Devil’s Rejects’. On est bien loin ici du ‘Lord of the Rings’ de Howard Shore, qui témoignait à contrario à son époque d’une vraie démarche de création musicale et qui faisait aussi honneur à son public. Sur ‘300’, toute la musique de Tyler Bates n’a été composée qu’à partir d’un temp-track rigide et lourd auquel le compositeur a semble t’il été obligé de coller au plus près, même si lui-même ne veut pas l’avouer. Le résultat est donc au delà de la déception : il tient formellement du foutage de gueule le plus impressionnant qui soit! Si la musique colle dans le film? Bien sur! Si elle est digne d’intérêt sur un plan purement musical? Hélas, la réponse à cette question est maintenant facile et évidente. En bref : un score à éviter absolument! Il y a de toute façon des musiques et des compositeurs bien plus intéressants à écouter de nos jours!


---Quentin Billard