1-Newsreel Prologue 2.44*
2-Main Title
(Hindenburg Theme) 2.56**
3-The Letter 2.34
4-Suspect Montage 3.19
5-"Up Ship"/Freda and the Gestapo/
The Card Game 2.44
6-Colonel Ritter and the Countess 2.07
7-Fin Repair Sequence 4.58
8-There's A Lot To Be Said
For The Fuehrer 2.45***
9-Boerth Sets The Bomb/
Preparing To Land 3.21
10-Prelude To The Holocaust 3.34
11-Retrospective and End Title
(Hindenburg Theme) 4.36+

*Narrateur: Hugh Douglas
**Trompette solo: Thomas Stevens
***Interprété par Peter Donat
et Robert Clary
+Voix: Herb Morrison
Excerpt From His Eyewitness Broadcast.

Musique  composée par:

David Shire

Editeur:

Intrada Special Collection Vol.40

Album produit par:
Douglass Fake

Artwork and pictures (c) 1975 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE HINDENBURG
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by David Shire
Les années 70 auront été propices à un genre cinématographique ultra privilégié à cette époque à Hollywood, le film catastrophe. Sous l’impulsion du grand maître du genre, le producteur/réalisateur Irwin Allen, le genre a connu son apogée jusqu’à sa déchéance la fin des années 70. ‘The Hindenburg’ fait partie de ce registre des grands films catastrophe de l’époque, qui reflétaient un goût sur pour le spectaculaire et les destructions de masse. Réalisé par Robert Wise, grand cinéaste américain du Golden et Silver Age, le film met en scène la célèbre catastrophe du Hindenburg, le plus gros dirigeable jamais construit au monde. Ce gigantesque zeppelin allemand explosa au dessus de l’aéroport de Lakehurst près de New York aux Etats-Unis, le 6 mai 1937. L’incendie ravagea très rapidement l’immense zeppelin, tuant 37 personnes parmi les 97 qui étaient à bord. Bien que l’origine de l’accident n’ait jamais été élucidée réellement, la plupart des enquêteurs et scientifiques se sont accordés sur la thèse du dihydrogène (200 000 m² de gaz inflammable), gaz avec lequel le zeppelin avait été gonflé, et qui s’est très probablement embrasé après que l’appareil ait accumulé une grande quantité d’électricité statique dans l’air. Néanmoins, le film de Robert Wise s’articule sur une toute autre thèse, celle d’un sabotage. Le colonel Franz Ritter (George C. Scott), du service du contre-espionnage de la Luftwaffe, est envoyé par le docteur Goebbels sur le Hindenburg afin d’assurer la sécurité du vol. Il est épaulé tout au long de sa mission par Martin Vogel, un agent de la Gestapo. Il mène une enquête très précise sur les passagers et les membres d’équipage et finit par suspecter Boerth (William Atherton), un jeune gabier dont la maîtresse vient tout juste d’être arrêtée en Allemagne par la Gestapo et interrogée. Boerth finit par confier à Ritter qu’il a caché une bombe à retardement à bord du Hindenburg et qu’il compte la faire exploser 1h30 après son arrivée à l’aéroport de Lakehurst. Il espère ainsi porter un coup au moral d’Hitler et de ses troupes en détruisant l’un des plus grands symboles de la puissance du 3ème Reich. Hélas, les choses ne se passent pas comme prévu car un orage éclate sur l’aéroport, retardant l’atterrissage du dirigeable. Ritter finit par retrouver la bombe, mais il est trop tard: elle explose et détruit entièrement l’immense zeppelin.

Evidemment, ‘The Hindenburg’ vaut avant tout pour sa très spectaculaire séquence finale de l’explosion du zeppelin, durant laquelle Robert Wise passe subitement de la couleur au noir et blanc en y incorporant des fragments de films d’archive de l’époque, afin de rendre cette reconstitution de la catastrophe encore plus réaliste. Hélas, le principal problème du film vient ici de son rythme et de son scénario : le spectateur sait que le film se terminera par l’explosion du dirigeable. Ainsi, il tente de nous maintenir en haleine pendant 125 minutes mais en vain, se contenant d’une maigre intrigue d’espionnage très conventionnelle durant laquelle le personnage du grand George C. Scott poursuit son enquête pour trouver le poseur de bombe. Mais Wise désamorce immédiatement toute idée de suspense, même au sujet de l’identité du saboteur qui nous est trop vite révélée. Du coup, la galerie de personnages qui nous est ici présenté (incluant une excellente Anne Bancroft dans le rôle d’une comtesse allemande à la dérive) paraît artificielle et semble faire office de bouche-trou pour combler un scénario extrêmement mince et peu consistant. Il est tout de même dommage d’être obligé d’attendre presque 2 heures pour pouvoir enfin voir ce que tout le monde attend, la catastrophe du Hindenburg. Bref, bien que réussi techniquement (la reconstitution du zeppelin est vraiment formidable et impressionnante!), ‘The Hindenburg’ s’avère être un film catastrophe bien décevant pour l’époque!

La musique de David Shire reste sans aucun doute l’un des meilleurs éléments du film de Robert Wise. Avec son ouverture majestueuse et aérienne, la partition de ‘The Hindenburg’ annone un thème principal noble et élégant associé au gigantesque Hindenburg (‘Main Title – Hindenburg Theme’). Avec ses réponses instrumentales sur un motif de trois notes, le thème, introduit par une trompette soliste et développé par un orchestre ample, prend son envol tout au long du morceau, avec un classicisme d’écriture raffiné qui rappelle le postromantisme allemand d’un Strauss ou d’un Wagner, aux accents éminemment romantiques. Dans ‘The Letter’, la musique prend une orientation nettement moins romantique avec un ostinato de cordes entêtant lorsque les allemands reçoivent la lettre d’une voyante annonçant la catastrophe à venir sur l’Hindenburg. L’écriture tonitruante et complexe des cuivres traduit parfaitement ici un certain sentiment de tension et d’urgence avec un côté martial évidemment indissociable des nazis. On notera ici aussi le soin apporté aux orchestrations et à l’écriture du compositeur, qui témoigne d’un savoir-faire indéniable et d’une grande connaissance du grand répertoire classique symphonique. ‘Suspect Montage’ s’avère être quand à lui plus sombre d’esprit, maintenant un certain suspense qui rappelle ici les grandes heures de Bernard Herrmann chez Alfred Hitchcock pour la partie plus policière/espionnage du film de Robert Wise. A noter ici une écriture de cordes très tourmentée et soutenue qui rappelle tout le savoir-faire du compositeur, qui compose sa partition à la façon du Golden Age hollywoodien des années 50/60. Le thème du Hindenburg revient dans ‘Up the Ship/Freda & the Gestapo/The Card Game’ et son ostinato de cordes repris de ‘The Letter’, et toujours associé à la Gestapo lorsque cette dernière arrête la maîtresse de Boerth à Berlin. Le compositeur s’essaie même à la musique de chambre classique dans le très romantique et savoureux ‘Colonel Ritter and the Countess’, sorte de Love Theme lyrique et classique associé à la romance entre Ritter et la comtesse incarnée dans le film par Anne Bancroft.

Le suspense monte ensuite d’un cran avec ‘Fin Repair Sequence’ avec son crescendo orchestral qui ne cesse de gagner en intensité tout au long du morceau. On notera ici une écriture plus soutenue du pupitre des percussions (incluant xylophone, caisse claire, timbales) tandis que les cordes développent une phrase plus sombre en contrepoint avec les bois et les cuivres. ‘Fin Repair Sequence’ accompagne la scène où Boerth tente de réparer le trou dans la toiture du Hindenburg, le morceau évoquant le danger et la tension de la scène. A noter que la pièce se conclut sur des arpèges de bois particulièrement rapides et virtuoses, parfait pour cette séquence intense. ‘Boerth Sets The Bomb/Preparing To Land’ développe le suspense durant la scène où Boerth installe la bombe et prépare son engin pour qu’il explose peu de temps après l’atterrissage, lorsque les passages auront débarqués du Hindenburg. Le morceau prend ici une tournure plus inquiétante et menaçante avec son entêtant ostinato de deux notes de vents/cordes évoquant la détermination destructrice du saboteur. Le climax de la partition est enfin atteint avec le sinistre ‘Prelude To The Holocaust’ qui annonce l’explosion du Hindenburg, lorsque Ritter tente de stopper la bombe mais en vain. Les cordes prennent ici une tournure clairement dissonante et menaçante, aboutissant à un final tragique et désespéré, puis une coda constituée de clusters de cordes/cuivres particulièrement violents, durant la scène de l’explosion. ‘Retrospective and End Titles’ nous permet de conclure le film sur une ultime reprise du magnifique thème noble et majestueux du Hindenburg dans toute sa splendeur, sorte d’hommage que rend le compositeur à ce dernier grand géant des airs que fut le Hindenburg à la fin des années 30.

Partition symphonique et faste dans la veine du classicisme du Golden Age Hollywoodien, ‘The Hindenburg’ est la preuve irréfutable du talent de David Shire, compositeur trop souvent oublié et qui a pourtant connu son heure de gloire à la fin des années 70 avant de tomber un peu dans l’oubli durant ces 15 dernières années. Fort heureusement, le cinéma semble depuis quelques temps s’intéresser à nouveau à ce grand compositeur hollywoodien de l’ancienne génération, celle qui savait encore écrire pour des orchestres symphoniques à la manière des grands maîtres classiques d’antan. Certes, la partition de ‘The Hindenburg’ s’avère être indéniablement académique et sans grande surprise, mais ses qualités musicales et son impact sur les images du film de Robert Wise demeurent absolument irréfutables. Voilà en tout cas une solide partition symphonique à redécouvrir en priorité grâce à la récente réédition chez Intrada Records!


---Quentin Billard