1-Main Title 1.49
2-Homer Returns 1.32
3-The Roof 1.15
4-Homer Awakes/Breakfast 3.09
5-Feed The Slaves/Drive to Mass 1.35
6-Amen*/Sunday Morning/Amen* 3.56
7-The Contractor 2.26
8-Out of Bricks 1.05
9-No Hammer/
Return of the Prodigal 4.18
10-Lots of Bricks/Aid Given/
Aid Rejected 6.51
11-Amen 2.15*
12-End Title/End Cast 1.25

*Interprété par Jester Hairston.

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Pendulum PEG 009 A28549

Album produit par:
Jerry Goldsmith

(c) 1963 United Artists/MGM. All rights reserved.

Note: ***1/2
LILIES OF THE FIELD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Réalisé par Ralph Nelson, ‘Lilies of the Field’ (Le lys des champs) reste incontestablement un grand classique de la comédie dramatique américaine des années 60. Inspiré du roman de William E. Barrett, ‘Lilies of the Field’ raconte comment un constructeur de chantier sans emploi, Homer Smith (Sidney Poitier), traverse le désert de l’Arizona lorsque sa voiture finit par tomber brusquement en panne. Cherchant alors de l’aide dans les environs, Homer fait la connaissance d’un groupe de cinq Bonnes Sœurs catholiques d’origine allemande qui vivent dans une petite ferme au beau milieu du désert. Homer accepte de les aider à réparer leur toit. Mais il s’aperçoit très vite que la très stricte Mère supérieure (Lilia Skala) n’a aucune intention de le payer. Et comme si cela ne suffisait pas, elle lui demande de construire gratuitement leur chapelle dans le désert. Pour les 5 Bonnes Sœurs, Homer Smith est une véritable bénédiction du ciel, car selon elle, il n’y a aucune doute : Dieu l’a envoyé parmi elles pour les aider à construire leur chapelle. Excédé par le comportement de la Mère supérieure et d’abord très hésitant, Homer finit par accepter la proposition de la religieuse. Avec l’aide d’habitants du coin, le jeune homme va financer et construire la chapelle afin de faire renaître ce petit village qui deviendra un véritable havre de paix et de spiritualité.

Récompensé par l’Oscar du meilleur acteur en 1964 pour Sidney Poitier, ‘Lilies of the Field’ s’affirme comme un véritable petit chef-d’œuvre humaniste, délivrant un message social fort : l’importance de s’entraider et de respecter les autres malgré les différences de cultures ou de couleurs de peau. Mais derrière ce message de tolérance et de générosité se cache en réalité une comédie somme toute rafraîchissante, amusante et pleine de poésie, mené par un excellent Sidney Poitier et une non moins excellente Lilia Skala dans le rôle de la Mère supérieure tyrannique, un petit bijou qui redonnera même le sourire aux spectateurs les plus récalcitrants.

La musique de Jerry Goldsmith n’est certainement pas étrangère au ton humain et chaleureux du film de Ralph Nelson. A l’instar du long-métrage lui-même, la partition du maestro respire la fraîcheur, la joie de vivre et l’exubérance. Le score est dominé par un thème principal savoureux inspiré d’un hymne baptiste sudiste, ‘Amen’, écrit par Jester Hairston et qu’interprète Sidney Poitier et les soeurs dans le film (la voix de Sidney Poitier a en réalité été doublée pour les besoins du film par Hairston lui-même). A noter que ce thème fonctionne en fait avec deux éléments mélodiques parfois séparés, parfois imbriqués l’un dans l’autre: un arrangement de la mélodie de ‘Amen’ et une seconde mélodie écrit par Goldsmith et qui vient compléter la précédente. C’est d’ailleurs cette mélodie que le compositeur développera la plupart du temps pour accompagner les aventures de Homer Smith chez les cinq Bonnes Sœurs.

L’instrument principal de la partition de ‘Lilies of the Field’ reste l’harmonica, qui apporte une couleur folk/blues savoureuse à l’écran. A noter que Goldsmith semble avoir un certain penchant pour cet instrument qu’il utilisera dans certaines de ses musiques de western ou dans des partitions telles que ‘A Patch of Blue’, ‘The Flim-Flam Man’, ‘A Girl Named Sooner’ ou ‘The Traveling Executioner’. Goldsmith étoffe son instrumentation en y ajoutant un banjo, une guitare, un accordéon, une trompette, des cordes, des bois (incluant une flûte à bec) et quelques percussions légères, avec une couleur typiquement ‘Americana’ d’esprit. Dès le ‘Main Title’, le thème de ‘Amen’ est entonné par l’harmonica sur une pulsation métronomique et très vite rejoint par la mélodie secondaire et le reste des instruments. Goldsmith ne laisse planer aucun doute dès le début du film : nous avons bel et bien à faire ici à une musique de comédie rafraîchissante dans l’esprit ‘Americana’.

‘Homer Returns’ développe la partie plus orchestrale tout en se concluant sur un premier développement de la mélodie secondaire de Goldsmith, pleine de poésie et de fraîcheur (elle évoque clairement l’idée de l’entraide entre Homer et les sœurs), tandis que ‘The Roof’ accompagne la scène où le jeune homme rebâtit le toit de la ferme. Le thème reste très présent et indissociable dans le film du personnage de Sidney Poitier. Il apporte une vitalité et une fraîcheur indispensable dans le film. ‘Homer Awakes/Breakfast’ semble même suggérer quelques pointes d’humour dans la musique de Goldsmith avec des instruments qui jouent ici de façon plus malicieuse à l’image de la Mère supérieure jouée par Lilia Skala dans le film. La dernière partie du morceau se veut plus rythmée et quasi dansante avec ses cordes enjouées typiques du compositeur. La partie humoristique se confirme clairement avec ‘Feed the Slaves/Drive to Mass’. Et c’est dans ‘Amen – Sunday Morning – Amen’ que l’on découvre enfin la version vocale a cappella de la chanson ‘Amen’ pour la scène où Homer enseigne cet hymne baptiste aux sœurs, instaurant ici un véritable dialogue de type responsorial entre le soliste et le chœur de femmes, à l’instar du gospel ou des anciens negro-spirituals du début du 20ème siècle. Cette chanson est sans aucun doute le plus beau passage de toute la musique du film de Ralph Nelson, un pur moment de bonheur uniquement traduit ici par la musique et le plaisir de communiquer et de partager avec les autres.

Le reste de la partition s’inscrit clairement dans le même ordre d’idée : la légèreté de ‘The Contractor’ avec de nombreuses reprises du thème joué par différents instruments, le côté plus sautillant et enjoué de ‘Out of Brick’, et même une touche légèrement plus dramatique au milieu de ‘No Hammer/Return of the Prodigal’ où Goldsmith développe une mélodie jouée par une trompette puis par l’harmonica qui ressemble au style des thèmes que l’on trouve parfois dans certaines partitions western du compositeur. La séquence de la construction de la chapelle (‘Lot of Bricks/Aid Given/Aid Rejected’) bascule clairement dans la musique de comédie légère et allègre pour finalement aboutir au traditionnel ‘End Title’ qui reprend une dernière fois le thème principal de ‘Amen’ version instrumentale, jouée par la trompette, les cordes, l’harmonica et une pulsation similaire à celle du ‘Main Titles’, idéal pour conclure le film en beauté.

‘Lilies of the Field’ est sans aucun doute la première partition rafraîchissante et légère qu’écrit Jerry Goldsmith pour un film en 1963. Sa musique pleine de bonne humeur, de poésie et de spiritualité marquera les esprits à l’époque, en particulier grâce à l’utilisation très réussie (bien qu’assez répétitive) du ‘Amen’ de Jester Hairston. Voilà en tout cas l’une des rares partitions simple et tonale du Goldsmith des années 60, évitant ici sa complexité habituelle pour nous offrir une musique chaleureuse et toute en sobriété. Sa musique apporte une humanité indispensable au film de Ralph Nelson. Deux ans plus tard, Goldsmith reprendra d’ailleurs ce style musical pour son très émouvant ‘A Patch of Blue’ (1965), qui, coïncidence, sera aussi interprété par Sidney Poitier.


---Quentin Billard