1-The Rube 3.26
2-Mrs. Smith 3.39
3-You're Home Early 3.22
4-Beachum 1.51
5-Objection 1.11
6-Call Me Later 3.24
7-I Didn't Know Her Last Name 2.53
8-Bedside Vigil 2.03
9-This Is Where to Find Me 1.12
10-I Haven't Decided Yet 1.29
11-Suicide 2.24
12-I Decide When It Gets Pulled 6.54
13-A Certain Kind of Strengh 3.15
14-I Got The Bullet 2.52
15-New Trial 4.00

Musique  composée par:

Mychael Danna & Jeff Danna

Editeur:

New Line Records

Album produit par:
Mychael & Jeff Danna

Artwork (c) 2007 New Line Cinema. All rights reserved.

Note: ***
FRACTURE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mychael Danna & Jeff Danna
Confrontation au sommet entre deux egos surdimensionnés dans ‘Fracture’ (La faille), nouveau thriller de Gregory Hoblit (‘Primal Fear’, ‘Fallen’, ‘Hart’s War’) : Anthony Hopkins et le jeune Ryan Gosling. Deux générations qui s’affrontent, le vétéran britannique d’un côté fidèle habitué des maniaques manipulateurs psychopathes depuis ‘Silence of the Lambs’, et de l’autre le jeune canadien montant à la gueule de golden boy qui se croit imbattable. Après avoir découvert que sa femme le trompait avec un autre homme, Ted Crawford (Anthony Hopkins) décide d’abattre froidement sa femme Jennifer (Embeth Davidtz) d’une balle dans la tête. Il met alors au point le crime parfait. Le négociateur qui arrive sur place pour tenter de raisonner Crawford n’est autre que Rob Nunally (Billy Burke), l’amant de Jennifer. Bouleversé par cette terrible découverte, Rob perd son sang froid et tente de s’en prendre à Crawford avant que ses collègues n’interviennent pour mettre le vieil homme aux arrêts. Alors que tout semble le condamner d’avance, Ted Crawford décide de ne prendre aucun avocat pour plaider sa cause au tribunal. La partie civile est représentée par le jeune et brillant procureur adjoint Willy Beachum (Ryan Gosling), à qui l’on attribue un taux de 97% de réussite dans les affaires qu’il traite régulièrement. Pour Beachum, l’affaire Ted Crawford est déjà gagnée d’avance, étant donné les éléments accablants qui pèsent contre l’accusé. Mais Crawford semble radicalement confiant et commence à entamer un jeu pervers avec Beachum : d’abord incapable de retrouver l’arme du crime, le jeune avocat doit en plus affronter les moqueries et les manipulations machiavéliques de Crawford. La confrontation entre les deux hommes oscillera entre faux-semblants, orgueil et manipulation.

‘Fracture’ vaut donc avant tout par son excellent duel entre deux individus orgueilleux qui, chacun à leur tour, exploitent la faille de l’autre pour déjouer ses plans avec ruse et machiavélisme. Mais la morale de l’histoire est évidemment bien présente : tout le monde a une faille! Evidemment, Anthony Hopkins crève littéralement l’écran, et Ryan Gosling s’impose aussi dans la peau de ce jeune procureur adjoint ambitieux et bien trop sur de lui, et qui n’a besoin que d’une bonne défaite pour redonner un nouveau départ à sa vie. Hélas, la réalisation plate et molle de Gregory Hoblit empêche le scénario de décoller et les longueurs s’accumulent à partir du moment où Beachum fait rechercher l’arme du crime à plusieurs reprises dans la demeure de Crawford. On s’ennuie ferme pendant une bonne partie du film, et hélas, les passages un peu plus excitants tardent à arriver (n’est pas Hitchcock qui veut!). Au final, ‘Fracture’ tient plus de l’allure d’un téléfilm à suspense banal de chez M6 que d’une production hollywoodienne de luxe!

Pour ‘Fracture’, les deux frangins Mychael Danna et Jeff Danna s’associent sur la musique d’un même film, après avoir déjà collaboré ensemble sur quelques films précédents tels que 'Tideland', 'Green Dragon' ou 'The Matthew Shephard Story'. Le résultat n’a rien de follement mémorable hélas mais demeure néanmoins bien écrit et parfait pour le film de Gregory Hoblit. Le score de ‘Fracture’ est dominé par un style calqué sur ‘Basic Instinct’ de Jerry Goldsmith, qui reste une fois de plus la référence majeure dans le domaine des musiques de thriller post-90. Visiblement incapables de sortir de ce style, les deux frères Danna développent toutes les recettes habituelles du genre avec un certain professionnalisme même si l’ensemble manque cruellement d’idée et d’originalité. Deux thèmes parcourent l’ensemble de la partition des frangins, avec, pour commencer, le thème principal dominé par ses cordes mystérieuses et sombres révélatrices de l’influence de ‘Basic Instinct’ du maestro Goldsmith, et exposé dès le début du film (‘The Rube’). Les frères Danna utilisent un piano soliste empreint d’un certain mystère, très vite rejoint par un violoncelle avec quelques cordes et quelques bois. Stylistiquement, on n’est guère loin par moment du style de ‘Where The Truth Lies’ de Mychael Danna, qui semble avoir servi là aussi de modèle à la partition des frères Danna. Evidemment, l’atmosphère sombre, pesante et mystérieuse de la musique nous renvoie à cette ambiance de meurtre et de manipulation au coeur de l’intrigue du film. Le second thème est associé quand à lui à Beachum et traduit son dynamisme et sa soif de réussite. ‘Beachum’ dévoile ainsi ce thème pour la première fois où l’on découvre le personnage de Ryan Gosling dans le film. Il se distingue par sa mélodie ascendante et son rythme de batterie pop/rock électro plus typique du style musical de Jeff Danna, et rompt avec le côté noir et torturé du reste de la musique de ‘Fracture’.

‘Mrs. Smith’ nous plonge rapidement dans l’univers polar/suspense du film avec un morceau où règne un mélange entre tension et mystère lorsque Crawford observe sa femme en train de le tromper avec un autre homme. On retrouve ici le mélange cordes/piano qui opère toujours aussi efficacement après une ouverture aux sonorités similaires. La tension de ‘Mrs. Smith’ débouche rapidement sur ‘You’re Home Early’ lorsque Crawford annonce à sa femme qu’il sait tout de son adultère. Les frères Danna utilisent ici des sonorités électroniques particulièrement glauques qui, combinées avec des cordes noires et tendues, favorisent très nettement l’atmosphère de suspense et de tension de cette scène où Crawford abat froidement sa femme d’une balle dans la tête. Les amateurs de musique atonale macabre et pesante devraient en prendre pour leur grade ici, les frères Danna exécutant une musique de thriller respectant à fond dans les canons du genre. Seul bémol : on aurait bien aimé entendre le sursaut de cordes terrifiant entendu lorsque Nunally découvre le corps de son amante étendue sur le sol en tentant de négocier avec Crawford. Les frères Danna continuent d’oeuvrer en ce sens en maintenant tout au long du film une atmosphère de tension et de mystère parfaite pour le film de Gregory Hoblit. ‘Objection’ s’autorise même un détour du côté de la musique d’action durant une scène de procès où Nunally craque et se jette violemment sur Crawford. Les deux compositeurs sortent ici les percussions électroniques habituelles avec un très bref passage d’action percutant que l’on aurait souhaité entendre plus développé. ‘Call Me Later’, de son côté, calme le jeu en reprenant le thème de Beachum dans une version plus intime et douce pour la romance entre le jeune procureur adjoint et sa nouvelle supérieur hiérarchique, Nikki Gardner (Rosamund Pike). Le thème est très largement dominé ici par le sempiternel piano intime avec des cordes par moment assez ambiguës. ‘I Didn’t Know Her Last Name’ accompagne la scène où Beachum mène sa propre enquête en interrogeant Nunally pour tenter d’en savoir un peu plus et de retrouver l’arme du crime. Les compositeurs accentuent ici l’utilisation de percussions électro avec l’orchestre pour apporter un certain dynamisme à ces scènes d’enquête.

On regrettera quand même que certains morceaux comme les mélancoliques ‘Bedside Vigil’ et ‘This is Where to Find Me’ n’apportent finalement pas grand chose à la partition des frères Danna, des morceaux qui semblent traîner curieusement en longueur sans que l’on puisse en retenir quelque chose de particulier, y compris dans le film, qui au passage, utilise la musique de façon parfois un peu trop appuyée. Mais si ‘I Haven’t Decided Yet’ reprend les rythmiques pop/rock électro associée à Beachum et son énergie juvénile, ‘Suicide’ nous replonge rapidement dans la noirceur lors de la scène du suicide vers le milieu de l’histoire. La tension va alors crescendo durant les quelques 6 minutes de ‘I Decide When It Gets Pulled’ lorsque Crawford décide de « débrancher » sa femme à l’hôpital, Beachum entamant une grande course contre la montre pour tenter de la sauver. La dernière partie du morceau utilise des cuivres et des percussions plus agressives et martelées pour canaliser toute l’intensité et la tension extrême de cette scène. Evidemment, ‘I Decide When It Gets Pulled’ est le climax de tension de la partition de ‘Fracture’. Ce qui suit n’apporte finalement rien de plus, que ce soit ‘A Certain Kind of Strengh’ avec son atmosphère noire et pesante ou ‘I Got The Bullet’ qui semble se diriger très lentement vers un certain sentiment de résolution, résolution qui apparaît sans surprise dans la piste ‘New Trial’, qui reprend une dernière fois le thème principal de la partition avec son mélange piano/cordes conventionnel.

‘Fracture’ n’a rien du nouveau chef-d’oeuvre des frères Danna et demeure une partition anecdotique et sans grand relief totalement prévisible de bout en bout. Mychael et Jeff Danna maîtrisent à n’en point douter toutes les conventions de la musique de thriller et nous en proposent un parfait résumé pour le film de Gregory Hoblit. Mais derrière ce travail d’artisan efficace se cache une fois encore le syndrome hollywoodien habituel des musiques fonctionnelles sur les images mais à l’imagination indubitablement paresseuse. Dommage, car pour cette nouvelle association entre Mychael Danna et son frère Jeff Danna, on se serait presque attendu à quelque chose d’assez neuf et de bien plus étonnant. Mais au final, si la partition de ‘Fracture’ déçoit par son manque flagrant d’idée et de personnalité, elle illustre parfaitement le film de Gregory Hoblit et remplit donc parfaitement ainsi le cahier des charges. Pas indispensable donc!


---Quentin Billard