Def-Con 4

1-Def-Con 4 Main Title 1.39
2-Forced Landing 2.21
3-The Liberation of Fort Liswell 2.36
4-Armageddon 2.14
5-Ghost Planet 2.02
6-Gideon's Law 1.41
7-The Terminals 1.05
8-A New Man's Destiny 2.33
9-Defense Condition 1 2.18
10-The Juggernaut 1.32
11-Electronic Ocean 2.20
12-A Message from Home 2.00
13-I Can't Go On 2.12
14-The New Dark Age 2.11

Avenging Angel

15-Kit Carson 3.26
16-Overdrive 2.16
17-Molly Mey 2.23
18-Ratamacue 2.42
19-Dark Angel 4.22
20-Never 1.04
21-Bughouse Bust 2.07
22-Good Golly Solley 2.39

Torment

23-Thanatos 10.25

The Telephone

25-Definitely Not Manhattan 3.20
26-Pantomime 3.24
27-Christmas in July 2.30

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Intrada Records MAF-7010D

Album produit par:
Douglass Fake

Artwork and pictures (c) 1985 New World Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
DEF-CON 4
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
Le film post-apocalyptique est un genre à part entière dans le cinéma de science-fiction américain des années 80. Avec le succès de ‘Mad Max’ et autres films peignant un avenir peu reluisant pour l’humanité, les artisans d’Hollywood se sont très vite intéressés pour ce genre de film qui fit le succès de nombreuses séries-B et Z, notamment du côté des bis italiens ou des philippines (Cirio H. Santiago et son ‘Wheels of Fire’ par exemple – 1985). ‘Def-Con 4’ est un remake d’un film de 1982 nommé ‘The Aftermath’. Le réalisateur Paul Donovan reprend le même scénario : des astronautes en mission dans une station spatiale censée assurer la défense du monde retournent sur terre après une catastrophe nucléaire qui a ravagé une bonne partie de la terre. Howe (Tim Choate), Walker (John Walsch) et Jordan (Kate Lynch) travaillent à bord d’un satellite armé d’ogives nucléaires. Mais un jour, la troisième guerre mondiale éclate et se conclut dans un terrifiant holocauste nucléaire. Quelques mois plus tard, le satellite s’écrase sur la terre. Walker est tué par des survivants devenus cannibales et Howe et Jordan sont fait prisonniers par un groupe de punks rebelles qui ont construit une cité dirigée d’une main de fer par un dictateur sanguinaire nommé Gideon Hayes (Kevin King). Ce sinistre individu s’est emparé de l’épave du satellite qui contient toujours une ogive nucléaire armée et qui explosera dans 60 heures. ‘Def-Con 4’ commence ainsi comme un film catastrophe sur un thème archi usé à l’époque – l’holocauste nucléaire – et s’enchaîne sur un banal film post-apocalyptique comme on a vu à la pelle tout au long des années 80. Réalisé avec peu de moyens, le film s’avère être assez captivant dans sa première partie et finalement très ennuyeux et mou dans sa partie finale, Paul Donovan n’arrivant pas à insuffler le moindre souffle épique ou barbare à son film. Pire encore, les incohérences s’enchaînent à un rythme effréné (comment expliquer qu’en quelques mois seulement, les hommes peuvent continuer de se balader sur terre sans être touché par les radiations? Comment les punks ont-ils fait pour construire une telle cité en aussi peu de temps?). Niveau casting, on a essentiellement à faire à des acteurs peu connus, hormis Maury Chaykin, qui semble particulièrement peu à l’aise dans le film. Bref, ‘Def-Con 4’ se résume finalement en une série-B post-apocalyptique routinière et sans grande envergure.

Le film de Paul Donovan offre en revanche l’occasion au jeune Christopher Young de démontrer toute l’étendue de ses talents avec une partition somme toute très ambitieuse pour un film aussi modeste. En 1985, Young était encore peu connu du public, ses premières partitions remontant au début des années 80. Avec ‘Def-Con 4’, Young reste encore soumis à ses influences de jeunesse (en particulier Jerry Goldsmith) et nous livre un score orchestral inventif et ambitieux, retranscrivant parfaitement l’univers post-apocalyptique du film de Paul Donovan. Premier élément à noter ici : la partition de Young utilise, en plus du traditionnel orchestre symphonique, toute une série d’instruments exotiques/ethniques qui apportent une couleur particulière à la musique du film. Dès le traditionnel ‘Main Title’, Young installe la sensation d’un monde chaotique et apocalyptique à l’aide de clusters dissonants de cordes et de cuivres (on sent déjà ici tout le goût du compositeur pour la musique avant-gardiste des années 50/60). A noter l’utilisation de marimbas exotiques et de percussions métalliques diverses qui agrémentent le morceau et créent une atmosphère sonore très particulière et assez expérimentale. ‘Forced Landing’ nous plonge ensuite directement dans l’action avec un premier tour de force orchestral particulièrement tonitruant durant la scène du crash du satellite au début du film. Cordes massives, cuivres amples, percussions agressives, orchestrations riches et volumineuses, motif mystérieux de 2 notes de piano (une référence à ‘Capricorn One’ de Jerry Goldsmith), tels sont les ingrédients de ce premier morceau d’action bref mais efficace. Visiblement, si le film s’avère être très modeste et sans grande envergure, les concepteurs du film ont vraiment décidé d’accorder une certaine importance à la musique de Christopher Young, qui met ici les bouchées doubles et compense le manque de moyen du film par une musique riche et massive. L’influence de Jerry Goldsmith chez le jeune Young se fait encore grandement ressentir dans ‘Armageddon’ qui semble avoir très influencé par le score de ‘Outland’ de Goldsmith. Néanmoins, Chris Young maîtrise parfaitement son matériau musical et nous offre une musique très riche et superbement orchestrée.

L’action prend un nouvel envol dans l’excitant et frénétique ‘The Liberation of Fort Liswell’ pour la séquence de l’attaque finale dans la cité du dictateur. Ici aussi, les rythmes syncopés, l’utilisation des percussions et des sourdines de cuivres rappellent beaucoup le style des scores d’action du Jerry Goldsmith des années 80. A noter que Young développe son thème principal déjà présent dans ‘Armageddon’ et clairement associé à l’univers post-apocalyptique/guerrier du film. La partie musicale associée à la planète ravagée par l’holocauste nucléaire dévoile quand à elle les éléments plus exotiques et atonaux de la partition comme le confirme l’inquiétant ‘Ghost Planet’ où ses flûtes orientales semblent glisser sur un tapis de cordes dissonantes particulièrement sinistres. Young évoque ici le sentiment de désolation d’une planète devenue inhospitalière par la faute de la folie des hommes. Idem pour l’inquiétant ‘The Terminal’s avec ses sonorités orientales et dissonantes. La musique de Young ne laisse donc aucune place à l’espoir ou à la lumière et nous enfonce progressivement dans une atmosphère noire et oppressante typique de la facette avant-gardiste et sombre du compositeur. Dans ‘A New Man’s Destiny’, on pense aux expérimentations bruitistes d’un Ligeti ou d’un Penderecki avec un langage avant-gardiste déjà un peu daté pour l’époque mais toujours aussi pertinent à l’écran. L’action reprend le dessus avec le chaotique et très sombre ‘Defense Condition’ qui évoque le début de la troisième guerre mondiale sur un ton résolument oppressant, mélangeant cordes dissonantes, percussions diverses (piano, objets métalliques, cloches, etc.) et flûtes orientales quasi improvisées - ‘Defense Condition’ reste sans aucun doute l’un des morceaux les plus impressionnants de toute la partition de ‘Def-Con 4’. Les amateurs de passages musclés pourront se régaler avec le très massif ‘The Juggernaut’ qui reprend le thème d’action guerrier du score scandé par des cuivres amples pour l’une des scènes de bataille du film contre Gideon et ses sbires. Finalement, ‘The New Dark Age’ conclut la partition en reprenant les sonorités exotiques/tribales qui personnifient parfaitement cette humanité retombée à l’âge primitif et barbare après la catastrophe nucléaire.

‘Def-Con 4’ fait sans aucun doute partie des toutes premières oeuvres majeures d’un Christopher Young encore jeune en 1985 et peu connu du public. Ses débuts, il les fait sur des productions horrifiques à bas budget comme ‘Pranks’ ou ‘The Power’. Lorsqu’il se voit confier l’écriture de la partition de ‘Def-Con 4’, Chris Young peut enfin s’offrir le luxe d’écrire pour une formation orchestrale plus conséquente, dans un style hérité des expérimentations atonales de ‘Pranks’ et d’un langage orchestral plus traditionnel et proche de ‘The Power’. Certains passages particulièrement agressifs et dissonants de ‘Def-Con 4’ ne sont pas sans rappeler des mesures de ‘Pranks’, toute première partition écrite par Chris Young pour le cinéma. A noter que les passages exotiques de ‘Def-Con 4’ sont très majoritairement inspirés d’un précédent score que Young a écrit pour un petit film nommé ‘The Oasis’ en 1984. On regrettera donc ici l’accumulation d’inspirations, que ce soit du côté de Jerry Goldsmith (‘Capricorn One’, ‘Outland’), qui inspira beaucoup Chris Young à ses débuts (le compositeur l’a toujours considéré comme l’un de ses compositeurs de musique de film favori!), ou du côté des premiers scores de Young, de ‘Pranks’ jusqu’à ‘The Oasis’. Néanmoins, malgré le côté assez impersonnel de la musique de Chris Young, ‘Def-Con 4’ n’en demeure pas moins une partition impressionnante qui expose déjà tout le potentiel d’un compositeur qui allait très vite devenir à la fin des années 80 l’un des maîtres des musiques horrifiques/thriller/expérimentales à Hollywood!


---Quentin Billard