1-Hoist the Colours 1.31
2-Singapore 3.40
3-At Wit's End 8.05
4-Multiple Jacks 3.51
5-Up Is Down 2.42
6-I See Dead People In Boats 7.09
7-The Brethren Court 2.21
8-Parlay 2.10
9-Calypso 3.02
10-What Shall We Die For 2.02
11-I Don't Think Now
Is The Best Time 10.45
12-One Day 4.01
13-Drink Up Me Hearties 4.31

Musique  composée par:

Hans Zimmer

Editeur:

Walt Disney Records D000037102

Album produit par:
Hans Zimmer, Bob Badami,
Melissa Muik

Musique additionnelle:
Geoff Zanelli, Nick Glennie-Smith,
Lorne Balfe, Henry Jackman,
Tom Gire, Atli Örvarsson,
John Sponsler

"Hoist The Colours":
Paroles de:
Gore Verbinsky, Ted Elliott,
Terry Rossio

Artwork and pictures (c) 2007 Walt Disney Pictures. All rights reserved.

Note: ****
PIRATES OF THE CARIBBEAN :
AT WORLD'S END
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer
Dernier opus très attendu de la trilogie, ‘Pirates of the Caribbean : At World’s End’ conclut cette grande aventure lancée en 2003 par le producteur Jerry Bruckheimer. Après deux opus tonitruants, l’aventure touche enfin à sa fin avec ‘At World’s End’ (Jusqu’au bout du monde), toujours réalisé par Gore Verbinski. L’âge d’or des pirates touche à sa fin. Désormais, c’est l’imposante Compagnie anglaise des Indes Orientales qui dirige les océans, sous l’égide du tyrannique Lord Cutler Beckett (Tom Hollander). Beckett écume les mers à bord de son immense et imprenable ‘Hollandais volant’, faisant systématiquement exécuter tous les pirates qu’il capture sur son chemin. Le capitaine maudit Davy Jones (Bill Nighy) est désormais du côté de Beckett et officie pour le tyran britannique. Face à la menace grandissante de Beckett, Will Turner (Orlando Bloom), Elizabeth Swann (Keira Knightley) et le capitaine Barbossa (Geoffrey Rush) n’ont plus qu’une seule solution : rassembler les membres de la confrérie des 9 seigneurs pirates venus du monde entier et organiser la contre-attaque finale contre Beckett et ses troupes. Seule ombre au tableau : Jack Sparrow (Johnny Depp) manque à l’appel. En effet, à la fin du second opus, ce dernier s’est fait dévorer vivant par le Kraken, trahi par Elizabeth. Nos intrépides héros doivent affronter cette fois-ci le redoutable capitaine Sao Feng (Chow Yun-Fat) à Singapour. Sao Feng possède les cartes qui vont leur permettre d’atteindre le lieu maudit dans lequel Jack Sparrow est retenu prisonnier. Will, Elizabeth, Barbossa et la mystérieuse Tia Dalma (Naomie Harris) vont donc partir secourir Sparrow bloqué dans une dimension parallèle au delà du monde terrestre, là où personne n’est encore jamais allé. S’ils arrivent à libérer Jack, ils pourront enfin livrer leur ultime bataille finale contre Beckett et Davy Jones.

Encore plus énorme et épique que les deux opus précédents, ‘Pirates of the Caribbean : At World’s End’ est une magnifique conclusion d’une trilogie spectaculaire qui a connu un succès colossal, bien au delà de ce que les producteurs eux-mêmes s’étaient imaginé. ‘At World’s End’ reste sur tout les points le meilleur épisode de la saga, totalement démesuré (le film avoisine les 3 heures!), avec des effets spéciaux énormes, un budget colossal, des milliers de costumes, etc. Le scénario s’avère être davantage développé par rapport aux deux épisodes précédents, et les personnages prennent désormais une tournure plus profonde, plus complexe. Ainsi, par exemple, on découvre le côté noir du personnage du jeune Will Turner. Elizabeth s’impose comme une femme forte et déterminée dans un monde d’hommes, Barbossa se révèle être un vieux rival de Sparrow désormais rangé à la cause des pirates, Sparrow reste quand à lui égal à lui-même mais commence à manifester quelques signes de bravoure et d’héroïsme qu’on ne lui connaissait pas, etc. On retrouve aussi le monstrueux et tentaculaire Davy Jones, le sinistre Lord Beckett ainsi qu’un nouveau personnage de méchant et non des moindres : le capitaine Sao Feng, interprété par Chow Yun-Fat (célèbre acteur hongkongais décidément très prisé à Hollywood ces derniers temps). A noter un cameo de Keith Richards, le célèbre guitariste des Rolling Stones qui fait ici une apparition dans le rôle du père de Jack Sparrow. Evidemment, Jerry Bruckheimer nous prépare une bataille finale complètement énorme et démesurée, un spectacle total d’une intensité rare. Malgré quelques longueurs et quelques touches d’humour pas toujours bien placées, ‘Pirates of the Caribbean : At World’s End’ s’avère être la conclusion grandiose de cette grande saga qui a complètement dépoussiéré le genre très codifié du film de pirates.

Hans Zimmer rempile pour une dernière fois en nous livrant un nouveau score dramatique, massif et épique pour ce troisième opus. Zimmer reprend donc les principaux thèmes des deux scores précédents et nous offre de nouveaux thèmes de qualité pour ‘At World’s End’. On retrouve donc le thème principal héroïque, le thème espiègle de Jack Sparrow, le motif de 3 notes de clavecin associé à Beckett, la boîte à musique mystérieuse de Davy Jones, etc. Parmi les nouveaux thèmes, on pourra très vite apprécier un nouveau ‘Love Theme’ assez savoureux pour la romance entre Will et Elizabeth, un thème plus ample, dramatique et majestueux associé à l’aventure jusqu’au bout du monde pour sauver Sparrow, un thème associé à la confrérie des pirates et qui prend une tournure épique lors des scènes de bataille, etc. Chose étonnante, le film commence avec un air chanté par un enfant sur le point d’être exécuté pour piraterie au début du film. ‘Hoist the Colours’ s’avère être l’hymne officiel des pirates, chanté ici a cappella à l’unisson par un choeur mixte. Cet air sera d’ailleurs la base du thème de la confrérie des pirates que l’on entendra par la suite tout au long du score. ‘Singapore’ introduit de nouvelles sonorités inédites dans la saga des ‘Pirates of the Caribbean’. Zimmer utilise les inévitables sonorités asiatiques d’usage durant la séquence introductive à Singapour au début du film. Flûte exotique, percussions et erhu (violon chinois) sont ici de la partie pour illustrer l’atmosphère musicale des océans chinois. Le morceau se prolonge très vite dans de l’action pure et dure durant la scène de l’attaque des troupes de Beckett dans le QG de Sao Feng. Zimmer met toujours l’accent sur les cordes, les cuivres et les percussions en délaissant – comme toujours – le pupitre des bois, qui manquent décidément cruellement dans la musique du compositeur. Les choeurs épiques sont aussi de la partie comme nous le rappelle la superbe reprise du thème héroïque à la fin de ‘Singapore’, avant la reprise du thème espiègle de Jack Sparrow. Seule ombre au tableau : Hans Zimmer fait finalement peu d’allusions réelles aux anciens thèmes de la saga tout au long de sa partition. Curieusement, le choix a davantage porté ici sur la mise en valeur des nouveaux thèmes de cette troisième partition.

‘At Wit’s End’ dévoile le thème plus ample et dramatique du bout du monde, entendu durant la scène où le Black Pearl parcourt les grottes de l’Antarctique à la recherche de l’extrémité du monde. A noter la façon dont le thème, joué par des cuivres amples, et doublé par un motif de cordes aigues en contrepoint, une idée simple mais qui fonctionne bien dans la scène. Le caractère majestueux et imposant du morceau est suggéré ici par la présence de voix féminines mystérieuses et d’un choeur. Le morceau se conclut sur un envol de l’orchestre particulièrement ample et dramatique lorsque le Black Pearl dévale les immenses chutes d’eau. A contrario, un morceau comme ‘Multiple Jacks’ s’avère être plus restreint et minimaliste, utilisant des sonorités électroniques plus étranges durant la scène où Jack et ses doubles errent seuls dans l’au-delà. Zimmer s’amuse à reprendre le thème espiègle de Jack sous une forme plus lente et étrange, parcouru de sonorités insolites dans l’univers musical de la saga. ‘Up and Down’ nous fait revenir dans l’aventure avec l’un des premiers passages majeurs du score de ‘Pirates of the Caribbean’ numéro 3. Zimmer développe ici le thème du bout du monde sur un rythme de gigue de pirate très dansant et rythmé durant la scène où les héros renversent le Black Pearl pour traverser la dimension dans laquelle se trouve Jack. Zimmer confère à cette scène un côté héroïque, grandiose et déterminé assez savoureux, bien que l’on regrette une fois de plus le côté souvent très quelconque et massif de l’écriture orchestrale de Zimmer (qui joue souvent sur les doublures instrumentales souvent lourdes et peu intéressantes). ‘I See Dead Peoples in Boats’ nous permet d’enfin apprécier le ‘Love Theme’ mélancolique dans une version pour hautbois soliste et cordes (scène où Will tente de discuter avec Elizabeth au sujet de leurs sentiments l’un pour l’autre). C’est la première fois dans l’univers de la saga que Zimmer utilise un bois soliste, et c’est aussi la première fois qu’il écrit un thème d’une telle beauté, qui semble par moment se rapprocher des mélodies européennes et élégiaques d’Ennio Morricone. Le maestro italien a toujours été et reste encore aujourd’hui le musicien préféré de Hans Zimmer. A ce sujet, impossible de passer à côté de ‘Parlay’, dans lequel Zimmer rend carrément hommage à Ennio Morricone dans une étonnante pastiche de ‘Il était une fois dans l’ouest’, durant la scène très ‘duel de western’ où Will, Sparrow et Elizabeth rencontrent Beckett et Davy Jones avant le début des hostilités. La scène étant tournée à la manière des duels de western (avec plus ou moins de second degré), il était évident que le compositeur se plierait à l’exercice de style, réadaptant pour l’occasion son thème du bout du monde dans une version épique avec guitare électrique et harmonica comme chez Morricone.

‘Calypso’ nous permet de rentrer dans la dernière partie du film, plus massive, intense et enlevée. Le morceau accompagne la scène où les pirates libèrent Calypso lors de la bataille finale. On retrouve des choeurs épiques quasi apocalyptiques ici (c’est décidément une mode assez agaçante à Hollywood de nos jours, surtout depuis le succès des ‘Lord of the Rings’ de Howard Shore !), choeurs qui reviennent en force dans le final héroïque et grandiose de ‘What Shall We Die For’ lorsque les pirates sont prêts à affronter Beckett et ses troupes. La partition atteint un climax résolument spectaculaire avec ‘I Don’t Think Now is The Best Time’, solide morceau d’action de plus de 10 minutes accompagnant la très longue bataille finale dans toute sa démesure. Le morceau est traversé de nombreuses variantes thématiques, d’envolées héroïques spectaculaires nous renvoyant aux grands jours du Hans Zimmer des musiques d’action épiques des années 90. Chose étonnante d’ailleurs, la musique s’avère être bien mise en valeur durant cette séquence, alors que la tradition veut que les dialogues et les bruitages prennent majoritairement le pas sur la bande son lors de ce genre de scène spectaculaire et démesurée. Chose étonnante, on se rapproche beaucoup par moment du style des musiques de film de pirate dans la lignée de ‘Cutthroat Island’ de John Debney dans ‘I Don’t Think Now is The Best Time’, alors que dès le début de la saga, le mot d’ordre était de ne pas reproduire le style des musiques de film de pirate habituel mais de partir au contraire sur quelque chose de ‘neuf’. Zimmer se paie carrément le luxe ici d’associer son style action « eighties » avec des envolées héroïques et aventureuses digne des grands films de pirate (même si on est à des années lumières de Korngold ici!). Cette très longue séquence de bataille finale se trouve en tout cas entièrement portée par la musique de Zimmer. Certes, c’est très peu subtil mais dans le film comme sur l’album, cela fonctionne parfaitement (même si le morceau a été malheureusement raccourcie sur la version CD). L’aventure se termine avec ‘One Day’ qui reprend le thème héroïque de Jack Sparrow issu du 1er score de Klaus Badelt ainsi que le thème du bout du monde, avant un générique de fin grandiose et mémorable qui récapitule les principaux thèmes de la partition (‘Drink Up Me Hearties’). Dommage que l’on soit obligé d’attendre le générique de fin pour retrouver le fameux thème d’action héroïque du premier score de Klaus Badelt. On aurait effectivement aimé le réentendre plus souvent durant le film, un choix somme toute très curieux de la part de Hans Zimmer.

Hans Zimmer conclut finalement la saga des ‘Pirates of the Caribbean’ en beauté, et ce après deux précédents opus pourtant musicalement très décevant. Seul problème : la musique de ce troisième épisode s’avère être très sérieuse et dénuée du ‘fun’ du premier score de Klaus Badelt. Qu’à cela ne tienne, Hans Zimmer met néanmoins les bouchées doubles et nous offre une ultime partition épique, dramatique et colossale pour ‘At World’s End’. Si l’inspiration semblait lui faire cruellement défaut sur ‘Dead Man’s Chest’, Zimmer a enfin trouvé la « lumière » sur ‘At World’s End’, nous offrant un score colossal qui, malgré ses habituels défauts d’écriture et les limites du style du compositeur, apporte un souffle épique et dramatique majeur au film de Gore Verbinski. Voici donc une parfaite conclusion musicale grandiose aux aventures de Jack Sparrow et des pirates des caraïbes!



---Quentin Billard