Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:


Réalisateur:
Arthur Hiller
Genre:
Comédie
Avec:
Steve Martin, Charles Grodin,
Judith Ivey, Steve Lawrence

(c) 1984 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE LONELY GUY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Grand spécialiste des comédies en tout genre, Arthur Hiller signe avec ‘The Lonely Guy’ une très sympathique comédie sur des personnages trop souvent oubliés au cinéma américain : les célibataires. Larry Hubbard (Steve Martin) est un modeste écrivain new-yorkais qui rédige des cartes de vœux et dont la vie semble sourire à chaque instant, jusqu’au jour où il découvre sa fiancée au lit avec un autre homme. Incapable de savoir comment il doit réagir, Larry se retrouve forcé d’entamer une nouvelle vie et d’emménager dans un nouvel appartement à New-York. Larry devient alors un ‘homme seul’ et mène une vie de célibataire ordinaire. Il fait alors la connaissance de Warren Evans (Charles Grodin), un autre ‘homme seul’ et désespéré, qui devient son seul véritable ami. Déprimé par sa situation médiocre de looser, Larry décide un jour d’écrire un ‘guide pour l’homme seul’. Le succès est immédiat et la vie de l’écrivain malchanceux change du jour au lendemain. Entre temps, notre célibataire endurci a fait la connaissance de la charmante Iris (Judith Ivey), dont il est tombé amoureux mais qu’il a bien du mal à garder à ses côtés, la jeune femme sortant d’une rupture amoureuse pénible et étant terrifiée à l’idée d’avoir peut être à souffrir d’amour encore une fois. Adaptée d’un scénario du célèbre Neil Simon, ‘The Lonely Guy’ permet à Steve Martin de s’imposer une fois de plus comme l’un des grands comiques américains de sa génération. Le script est bourré d’humour et aborde quelques problèmes de société comme le marasme sentimental ou la vie parfois difficile des célibataires/loosers vivant dans l’anonymat le plus total. Steve Martin et Charles Grodin forment un duo de loosers de choc, et même si l’on pourra regretter l’humour parfois facile et absurde du film d’Arthur Hiller (scène des célibataires désespérés qui se jettent tous du pont en même temps), on appréciera quand même le film par son sens de la dérision et sa caricature grinçante des célibataires new-yorkais!

En 1984, Jerry Goldsmith compose la même année quatre partitions pour le cinéma : ‘Gremlins’, ‘Supergirl’, ‘Runaway’ et la musique de ‘The Lonely Guy’. Cette dernière reste incontestablement la moins connue des quatre mais n’en demeure pas moins très réussie, preuve incontestable que le maestro est tout aussi à l’aise dans le registre des films d’aventure massif que dans celui des comédies plus légères. Sa musique pour ‘The Lonely Guy’ s’articule autour de deux thèmes majeurs. Le premier est en fait basé sur la chanson que le compositeur a écrit pour le générique de début du film, ‘Love Comes Without Warning’, interprété par America, sur des paroles de John Bettis. Cette très belle ballade romantique fait office de thème principal dans le score de Goldsmith puisque ce dernier l’adaptera à l’orchestre pour les besoins du film. Le maestro nous en propose ainsi toute une série de variantes instrumentales de qualité, joué la plupart du temps par un piano électrique, des cordes lyriques et des vents. Ce ‘Love Theme’ évoque parfaitement tout au long du film la romance entre Larry et Iris et nous rappelle à quel point Jerry Goldsmith a toujours été doué pour écrire des thèmes romantiques mémorables.

Le second thème, plus rythmique et malicieux, est interprété par des synthétiseurs typiquement ‘eighties’ et plus représentatif du matériel électronique qu’utilisait alors Jerry Goldsmith durant la première moitié des années 80. Ce motif rythmique synthétique se rapproche beaucoup de par son côté espiègle et enjoué du score de ‘Gremlins’ que Goldsmith écrira la même année pour le célèbre film de Joe Dante. La partie électronique du score de ‘The Lonely Guy’ reste finalement très présente et typique de ce que le compositeur fait au cours des années 80 dans le domaine de la musique synthétique. L’électronique apporte ainsi une couleur un peu étrange et humoristique à la musique du film d’Arthur Hiller, renforçant les mésaventures et les facéties de Larry. Parmi les morceaux mémorables, signalons ‘The Wedding’, durant la scène où Larry fonce au mariage d’Iris pour l’empêcher de se marier avec un autre homme. Le morceau développe un thème énergique sur fond d’une rythmique électronique kitsch typiquement ‘eighties’ là aussi. On sent à quel point le compositeur s’est fait ici plaisir en écrivant cette pièce mixant orchestre et synthétiseurs, allant même jusqu’à utiliser un solo de guitare électrique déjanté. A noter que l’on est ici aussi très proche du style de ‘Gremlins’ et de ce que l’on entendra par la suite sur des scores tels que ‘Link’ et ‘Gremlins 2’.

La musique de ‘The Lonely Guy’ apporte donc son lot d’émotion, d’humour et d’énergie à la sympathique comédie d’Arthur Hiller. Jerry Goldsmith semble avoir pris un malin plaisir à écrire cette musique légère et entraînante sans grande prétention. On retiendra surtout ici un ‘Love Theme’ magnifique et des morceaux électroniques un peu datés mais toujours aussi pertinents dans le film. Il est simplement regrettable que le score de ‘The Lonely Guy’ n’ait jamais été édité officiellement en CD à ce jour et soit très vite tombé dans l’oubli, éclipsé par les gros mastodontes musicaux que le compositeur nous livra au cours des années 80. Un score plein de charme et de fraîcheur à redécouvrir absolument!



---Quentin Billard