1-Opening 0.45
2-The Warning 1.47
3-Waking From the Nightmare 1.21
4-The Manuscript 1.51
5-Something Evil Here 1.55
6-Entity's First Attack 1.40
7-Ethereal Girl 2.37
8-Wolf In The Garden 1.47
9-Curse of Kate Batts 1.11
10-Seance 2.01
11-A Violent Attack 2.56
12-Voice In Her Head 2.01
13-Entity's Reminder 2.46
14-The Cave 3.45
15-Attack On Betsy & Theny 6.20
16-John Bell's Curse 5.01
17-Carriage Attack 4.14
18-The Truth Revealed 3.47
19-A Promise Fulfilled 2.38

Musique  composée par:

Caine Davidson

Editeur:

Movie Score Media
MMS06005

Produit par:
Caine Davidson

(c) 2006 AfterDark Films. All rights reserved.

Note: ***
AN AMERICAN HAUNTING
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Caine Davidson
L’histoire de la possession de la famille Bell aux Etats-Unis en 1818 a fait couler beaucoup d’encre et reste encore aujourd’hui une mystérieuse énigme jamais élucidée. L’histoire a d’ailleurs donné naissance à une série d’ouvrages, mais aucune preuve n’a pu être apporté quand à la véracité même du récit. Il était donc évident que le cinéma finisse un jour ou l’autre par s’emparer de cette sombre histoire pour en faire une adaptation cinématographique. C’est maintenant chose faite avec ‘An American Haunting’, seconde réalisation du canadien Courtney Salomon après le minable ‘Dungeons and Dragons’ en 2000. Un jour, une descendante de la famille Bell découvre un vieil ouvrage poussiéreux narrant le récit d’une série d’évènements étranges survenus dans le passé en 1818. Elle va alors revivre l’enfer qu’elle a connu pendant des mois entiers. Une nuit, des bruits étranges et des manifestations surnaturelles surgissent brusquement dans la ferme de la famille Bell. Un esprit maléfique agresse alors continuellement la jeune Betsy (Rachel Hurd-Wood) dès que sonnent les douze coupes de minuit. Malgré l’intervention d’un exorciste, rien n’y change. La famille Bell est incapable de comprendre pourquoi cet esprit démoniaque semble vouloir s’acharner sur Betsy et la harceler continuellement nuit après nuit. Les Bell décident alors d’envoyer Betsy loin de la demeure, mais rien n’y change : l’esprit la rattrape et continue de la battre. Puis, des voix commencent à se faire entendre, mais aucun membre de la famille ne peut là aussi réussir à comprendre ce qu’elles disent. Et un jour, la famille reçoit un signe funeste : Betsy est condamnée à mourir. Mais les Bell ne vont pas tarder à découvrir que la vérité est encore bien pire que ce qu’ils s’imaginaient. Le scénario de ‘An American Haunting’ reste donc archi conventionnel, réunissant tous les clichés du genre avec un manque d’imagination assez impressionnant : on y retrouve donc les traditionnels grincements de porte, voix d’outre-tombe, tremblements hystériques, scènes à suspense conventionnelles à en mourir (le drap du lit de Betsy qui s’enlève tout seul, etc.), vue subjectif de l’esprit maléfique, etc. A force d’accumuler les poncifs en tout genre sans une seule once d’originalité, le film finit par lasser. On s’ennuie ferme, alors que le réalisateur semble ne pas savoir quoi faire avec sa caméra (ajoutons à cela des effets spéciaux pas crédibles pour un sou). Ce n’est pourtant pas faute d’être entouré d’un casting de qualité – Donald Sutherland, Sissy Spacek, Rachel Hurd-Wood, James d’Arcy, etc. Hélas, vu son sujet, ‘An American Haunting’ aurait pu être dérangeant et véritablement malsain. Au lieu de cela, on hérite d’une mauvaise série-B à suspense ennuyeuse, qui n’arrive même à faire peur ou à terrifier, tant l’ensemble paraît lisse, insipide, sans imagination, mou, vu et revu mille fois.

Pour Caine Davidson, ‘An American Haunting’ représente sa toute première partition musicale écrite pour un film, le jeune compositeur étant jusqu’ici inconnu au bataillon. Interprétée par le prestigieux London Symphony Orchestra, la musique de ‘An American Haunting’ est une pure symphonie de la terreur dans la grande tradition hollywoodienne du genre. Ne vous attendez donc pas à quelque chose de vraiment très original ici, puisque Caine Davidson se contente uniquement de réutiliser toutes les recettes du genre sans jamais réussir à les dépasser vraiment. Dès ‘Opening’, Davidson dévoile son premier thème principal, mélodie mystérieuse aux notes descendantes associée dans le film au mystère des agressions de l’esprit maléfique qui hante la maison de la famille Bell. A noter ici l’utilisation d’un choeur d’enfants lié à la jeune Betsy et au fantôme de la fillette dans le film. La musique reste très présente tout au long du film, semblant compenser le manque d’ambition et d’imagination du film qui ne parvient jamais vraiment à susciter le moindre sentiment de peur. Du coup, la partition de Caine Davidson tente de rendre les images plus crédibles, ce qu’elle parvient presque à faire, même si la musique demeure bien souvent beaucoup plus terrifiante que les images elles-mêmes. Le mystérieux thème de la fillette revient dans ‘Waking From The Nightmare’ avec ses cordes sombres et sa harpe envoûtante. Si ‘The Warning’ est un premier morceau de terreur chaotique, une pièce comme ‘The Manuscript’ apporte un peu d’apaisement et de souffle à la musique qui respire enfin avec un très beau morceau mélangeant bois, cordes et harpe avec une certaine insouciance liée à la jeune Betsy. Puis, très vite, la terreur reprend le dessus avec ‘Something Evil Here’, avec ses sursauts de bois, ses cuivres graves menaçants, ses percussions obsédantes et ses glissandi de cordes dissonantes. Le climat atonal du morceau fait écho à la noirceur des scènes de terreur du film, accompagnant les agressions de l’esprit maléfique contre la pauvre Betsy. On retrouve une ambiance similaire dans le massif ‘Entity’s First Attack’ avec ses notes de piano répétées (un élément constant dans la musique de ‘An American Haunting’, surtout dans les passages de suspense), ses percussions et ses cordes stridentes. On sent très nettement ici l’influence de compositeur tels que Elliot Goldenthal ou Christopher Young, ce dernier ayant probablement servi ici de source d’inspiration pour le jeune Caine Davidson.

Un passage comme ‘Ethereal Girl’ est plus représentatif de la partie atmosphérique du score de ‘An American Haunting’, avec son ambiance lente et mystérieuse. On y retrouve le thème principal joué par des cordes énigmatiques, sur fond de notes de piano aigues, de harpe et de bois. Le morceau semble osciller entre mystère et suspense, comme s’il était véritablement sur le point d’exploser, une ambiance très réussie à l’écran alors que l’on ne sait si l’esprit de la fillette est du bon ou du mauvais côté. On retrouve une ambiance assez similaire dans ‘Wolf in the Garden’ pour illustrer la présence menaçante du loup dans le jardin des Bell. Le piano devient plus présent dans ‘Seance’ pour suggérer la présence de forces occultes, tandis que ‘A Violent Attack’ avec fureur les méfaits de l’esprit maléfique. A noter ici l’utilisation de quelques éléments électroniques (notamment dans les percussions, en partie synthétiques ici) et un jeu sur les cordes stridentes/dissonantes qui n’est pas sans rappeler certaines partitions horrifiques de Marco Beltrami (‘Scream’, ‘Mimic’, etc.) voire de John Ottman dans l’utilisation des choeurs d’enfants (‘Portrait of Terror’). Le compositeur utilise particulièrement bien les effets de glissandi de cordes dans ‘Entity’s Reminder’ tandis que ‘The Cave’ offre un rappel du thème principal plus paisible et lyrique entendu dans ‘The Manuscript’ lorsque Betsy retrouve le fantôme de la fillette dans la caverne. La terreur atteint enfin des sommets dans ‘Attack On Betsy and Theny’, ‘John Bell’s Curse’ et le tonitruant ‘Carriage Attack’ avec ses cordes effrénées du plus bel effet. ‘The Truth Revealed’ et ‘A Promise Fulfilled’ concluent sans surprise le film sur une ultime touche de frisson et de mystère.

‘An American Haunting’ s’avère être un premier bel effort de la part du jeune Caine Davidson, un compositeur encore ici inconnu, et qui, on l’espère, devrait faire parler de lui par la suite. Saluons au passage l’initiative de Movie Score Media d’avoir eu l’audace de sortir la partition du film de Courtney Salomon en misant sur un nom totalement inconnu jusqu’ici du grand public. Pour une première oeuvre, ‘An American Haunting’ n’a certes pas l’étoffe d’une grande partition hollywoodienne, mais demeure néanmoins réussie de bout en bout bien qu’indéniablement impersonnelle et bourrée d’influences. On pense par moment à Christopher Young, à Marco Beltrami, à John Ottman ou même à Elliot Goldenthal. Malgré tout, l’indulgence est ici de mise, car il s’agit bel et bien d’une première oeuvre qui n’en demeure pas moins réussie sans laisser pour autant un souvenir impérissable. Il ne reste plus qu’à espérer que le jeune Caine Davidson saura prendre son envol par la suite et continuera d’écrire pour des films plus ambitieux et plus recherchés. C’est en tout cas tout le mal qu’on lui souhaite!


---Quentin Billard