1-Suite ('Amid A Crowd of Stars') 6.33
2-Beautiful Skin 2.22
3-Train 1.45
4-Paxton Meets Sacha 2.09
5-Bidding War 2.44
6-Portrait 2.16
7-Montage 3.08
8-The Kiss 0.55
9-Stuart 2.26
10-Boat Ride 1.37
11-The Bath 3.39
12-Elevator 1.54
13-Escape 2.27
14-Todd 2.14
15-Turning Tables 3.57
16-Snip 1.16
17-Axelle 0.40

Musique  composée par:

Nathan Barr

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 831 2

Score produit par:
Nathan Barr, Andrew Dudman
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Directeur de la musique pour
Sony Pictures Entertainment:
Lia Vollack
Préparation de la musique:
Bonnie Rodiger

Artwork and pictures (c) 2007 Screen Gems, Inc./Lions Gate Films Inc. All rights reserved.

Note: ***
HOSTEL : PART II
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Nathan Barr
Après le succès de ‘Hostel’ en 2006, le réalisateur Eli Roth, jeune prodige du cinéma d’horreur américain, revient en grande force avec ‘Hostel Part II’. Toujours produit par Quentin Tarantino, ‘Hostel Part II’ fait à nouveau la part belle aux tortures sadiques et aux scènes gores par moment inventives bien que sans grande surprise. Si le premier opus n’était qu’une mise en bouche pas forcément inoubliable, cet épisode numéro 2 va encore plus loin en imposant un humour noir et un cynisme ahurissant avec des scènes gore trash à la limite du soutenable. Trois jeunes étudiantes américaines, Beth (Lauren German), Lorna (Heather Matarazzo) et Whitney (Bijou Phillips), croisent en Italie le chemin d’une très belle jeune femme nommée Axelle (Vera Jordanova). Celle-ci leur propose de leur faire découvrir un établissement de thalassothérapie où elles pourront se reposer et prendre un peu de bon temps. Les 3 jeunes femmes se laissent séduire par l’offre et décident de suivre Axelle sans savoir qu’elle les conduit droit dans un piège. Beth, Lorna et Whitney sont livrés à des hommes riches qui paient pour assouvir leurs pires fantasmes de torture et d’actes de cruauté les plus sadiques qui soient. Le scénario de cet opus 2 reste donc identique au premier épisode, sauf que cette fois-ci, les principales victimes du film ne sont plus des jeunes hommes en manque de sexe mais des jeunes femmes plutôt retenues (en dehors de la dragueuse de service campée par Bijou Phillips). Au niveau casting, pas mal de surprise avec le retour de Jay Hernandez qui permet d’assurer la continuité avec le précédent épisode. Puis, une petite apparition pour Edwige Fenech, célèbre actrice italienne des années 70 qui avait pris sa retraite avant d’être à nouveau dirigé par Eli Roth pour ‘Hostel 2’. Toujours du côté italien, le réalisateur Ruggero Deodato fait aussi une petite apparition dans le rôle d’un client tortionnaire cannibale, un clin d’œil astucieux et malicieux de la part d’Eli Roth au film ‘Cannibal Holocaust’ de Deodato. Signalons aussi la présence de l’acteur Stanislav Ianevski, connu pour son rôle de Viktor Krum dans le récent ‘Harry Potter and The Goblet of Fire’ (2005). Mais la plus grande surprise du casting vient de la présence de Roger Bart et Richard Burgi, deux acteurs plus connus pour avoir joué dans la série ‘Desperate Housewives’, et qui se trouvent ici réunis, non sans ironie, dans la peau de deux clients qui vont commettre leurs premiers méfaits sanguinaires. Roth joue ici aussi sur des idées de casting liées à des références connus du public, le tout avec une certaine dérision, comme pour mieux retenir l’attention des spectateurs, une autre astuce particulièrement brillante de la part du jeune réalisateur.

D’une façon générale, ‘Hostel 2’ va bien plus loin dans la barbarie et aussi dans la dénonciation satirique de la société de consommation américaine, avec ici une vision particulièrement dérangeante d’un monde dans lequel il paraît presque normal d’acheter un homme pour le torturer et le tuer – comme un vulgaire objet sans âme. Eli Roth accentue cette satire en montrant cette fois ici les motivations des meurtriers, des pères de famille à l’apparence ordinaire qui basculent dans la folie du jour au lendemain, séduit par leur côté obscur (l’occasion pour le réalisateur de donner un côté plus humain à ces assassins). Si le premier opus pouvait déranger par ces scènes de torture parfois insoutenables, ‘Hostel 2’ va bien plus loin et affirme la démarche clairement jusqu’au-boutiste de Roth. Par exemple, ce dernier n’a pas peur de montrer un enfant se faire tuer d’une balle dans la tête (habituellement un grand tabou dans le cinéma américain !) ou un homme se faire castrer avec le pénis à l’air en gros plan. Si Eli Roth voulait choquer, son but est bien atteint. Certaines scènes comme la torture du bain de sang sont sans aucun doute de pur modèle de sadisme et de barbarie, une vraie thérapie cathartique pour le spectateur, mais qui risque fort d’en dégoûter plus d’un. On pourra donc toujours s’interroger ici sur la réelle nécessité de ce style de film qui, bien que dénonçant la barbarie humaine, n’en demeure pas moins spectaculaire sur la forme et donc inévitablement malsain, voyeur et pervers. Avec ses scènes audacieuses, son côté trash complètement assumé et son humour noir par moment étrange et déroutant, ‘Hostel 2’ s’avère être une suite bien plus intéressante et aboutie que le premier opus!

Le compositeur Nathan Barr est de retour sur ‘Hostel Part II’ avec une partition tour à tour sombre, macabre et lyrique, toujours interprétée par le Filmharmonic Orchestra de Prague. Barr réutiliser donc la même formation orchestrale avec toujours la présence de son instrument fétiche, le Glass Harmonica (harmonica de verre). Le compositeur associe cet instrument dans le film aux moments les plus sombres, comme pour personnifier le danger qui menace les jeunes femmes devenues des proies faciles. Dans le film, la musique crée une atmosphère particulièrement inquiétante tout à fait similaire à celle entendue dans le premier opus. Seule ombre au tableau : certains morceaux écrits par le compositeur n’ont pas été utilisés dans le film. Du coup, Barr s’est retrouvé à écrire quelques ‘suites’ pour l’album publié chez Varèse Sarabande afin de faire entendre sa musique dans sa quasi intégralité. A noter que dans le film, Roth a décidé d’utiliser beaucoup de source music et quelques musiques festives d’Europe du nord, apportant un humour noir complètement décalé au film comme cette dernière scène où les enfants jouent au foot avec la tête de la jeune femme décapitée. La scène où Todd et Stuart arrivent dans l’usine désaffectée des tortures est entièrement accompagnée par un chant lancinant d’Europe du nord, une autre très bonne idée qui apporte une émotion particulière à cette scène. Dommage là aussi que le morceau qu’avait prévu Nathan Barr à l’origine n’ait pas été retenu pour le film. A noter que le compositeur a fait ici appel à la chanteuse Lisbeth Scott qui interprète certaines vocalises hantantes de la partition de ‘Hostel 2’ comme cet intrigant et inquiétant ‘Montage’ et cette voix orientale lointaine, morceau prévu à l’origine pour la scène de l’arrivée de Todd et Stuart et finalement abandonné. L’album débute sur une ‘Suite’ non utilisée dans le film, baptisée ‘Amid A Crowd of Stars’ et qui nous permet de découvrir le thème mélancolique associé à Axelle dans le film. Cette ‘Suite’ s’avère être étonnamment classique, mélancolique, lyrique et apaisante. On y ressent un caractère de complainte influencée par un certain style de musique classique d’Europe de l’est. Nathan Barr utilise ici les cordes avec un hautbois solitaire qui joue le thème d’Axelle et une harpe pour arriver à ses fins, dans ce magnifique adagio poignant totalement inattendu dans le contexte macabre et oppressant de la musique du film. On sent d’ailleurs à quel point Nathan Barr s’est fait plaisir en écrivant ce morceau particulièrement émouvant.

Avec ‘Beautiful Skin’, on entre enfin dans le vif du sujet avec son lot de cordes staccatos ascendantes, ses cuivres massifs et dissonants. On retrouve ici le style horrifique de ‘Hostel’, sans grande surprise. Même chose pour ‘Train’ qui nous permet de retrouver le sinistre motif de 4 notes associé à l’hôtel de la torture. A noter une utilisation d’effets de glissandi/clusters de cordes dissonantes dans ‘Paxton Meets Sacha’ pour l’une des premières scènes gores du film. On retrouve là aussi l’utilisation d’un langage avant-gardiste/atonal hérité de la musique orchestrale savante du 20ème siècle, sans grande surprise, quelque part entre Ligeti et Penderecki. Le motif de 4 notes revient dans ‘Bidding War’ pour l’un des premiers morceaux impressionnants du score de ‘Hostel Part II’, durant la séquence des enchères, entièrement filmée en split-screen. Nathan Barr fait monter la tension tout au long de cette scène à travers un grand crescendo de cordes staccatos du plus bel effet, frénétique à souhait – suggérant, non sans ironie, la course aux enchères pour qui offrira le meilleur prix pour avoir le luxe de torturer la jeune américaine. Le thème de 4 notes est ici rendu plus puissant avec des cuivres massifs sur fond de cordes agitées et accelerando. Après quelques sursauts de terreur dans ‘Portrait’, ‘Stuart’ et ‘Boat Ride’ (scène où Lorna est kidnappée), ‘The Bath’ nous plonge dans l’horreur absolue avec la scène de la torture au bain de sang. Glass Harmonica mystérieux, cordes dissonantes, clusters, glissandi, gargouillis de pizzicati, percussions agressives et même effets sonores de cordes étranges et déroutants s’unissent pour créer un véritable magma sonore de terreur pour la scène de la torture, le morceau ne prenant jamais le pas sur la scène mais conserve néanmoins une certaine retenue angoissante, viscérale, suffocante (on est très proche ici de l’esthétique atonale/aléatoire de Penderecki). Idem pour ‘Elevator’ et son atmosphère de panique lorsque Stuart se rend compte de ce qu’il vient de faire et tente de s’échapper mais en vain. ‘Escape’ demeure similaire par son ambiance de terreur/course poursuite avec ses cordes staccatos effrénées qui rappellent moult partitions thriller de Bernard Herrmann, avec un classicisme d’écriture qui nous renvoie clairement aux musiques de film d’horreur orchestrales à l’ancienne. La partition atteint un climax de terreur avec ‘Turning Tables’ où les rôles entre victime et bourreau s’inversent dangereusement, le morceau s’apparentant à 4 minutes de déchaînement orchestral pur particulièrement intense à l’écran. Enfin, ‘Axelle’ conclut le film sur un dernier retour du thème d’Axelle confiée à un hautbois solitaire, et déjà exposé dans ‘Suite’ au début de l’album.

La BO de ‘Hostel Part II’ n’offre donc rien de bien neuf par rapport à la partition du premier épisode. Nathan Barr reprend donc ses formules orchestrales habituelles et nous offre une nouvelle symphonie de la terreur avec une ‘Suite’ magnifique et un nouveau thème mélancolique de qualité pour la jolie Axelle. Néanmoins, le manque d’originalité et de surprise de cette nouvelle partition nous laisse un peu sur notre faim. L’ensemble demeure bien écrit et orchestré mais conserve un côté ‘bis repetita’ un peu monotone, avec la sensation d’entendre la même chose que ce que l’on a déjà entendu sur le premier film. La musique fonctionne bien dans le film, apportant un souffle de suspense et de terreur rétro aux images du film d’Eli Roth. Néanmoins, le score de Nathan Barr ne laisse pas un souvenir impérissable et s’écoute correctement mais sans grande passion. A réserver donc aux amateurs du compositeurs et aux fans de la musique de ‘Hostel’!


---Quentin Billard