1-The Simpsons Theme 1.27*
2-Trapped Like Carrots 2.14
3-Doomsday Is Family Time 2.27
4-Release The Hounds 2.19
5-Clap For Alaska 1.55
6-What's An Epiphany? 2.07
7-Thank You Boob Lady 2.45
8-You Doomed Us All...Again 5.52
9-...Lead, Not To Read 2.05
10-Why Does Everything
I Whip Leave Me? 3.05
11-Bart's Doodle 1.01
12-World's Fattest
Fertilizer Saleseman 5.05
13-His Big Ass Could Shield Us All 1.46
14-Spider Pig 1.04
15-Recklessly Impulsive 5.27**

*Composé par Danny Elfman
**Composé par Ryeland Allison
D'après un thème de Hans Zimmer.

Musique  composée par:

Hans Zimmer

Editeur:

Adrenaline Music 40088

Album produit par:
Hans Zimmer

Artwork and pictures (c) 2007 20th Century Fox Film Corp. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE SIMPSONS MOVIE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer
‘The Simpsons’ reste sans aucun doute l’une des séries animées les plus cultes de toute l’histoire de la télévision américaine. Crée en 1989 par Matt Groening, la série raconte les aventures rocambolesques d’une famille américaine moyenne, les Simpsons, dans leur petite ville de Springfield. 20 ans après, les producteurs de la 20th Century Fox décidèrent d’adapter la série en un long-métrage d’1 heure 20. Réalisé par David Silverman (à qui l’on doit déjà quelques épisodes de la série), ‘The Simpsons Movie’ nous permet ainsi de retrouver toute la famille d’Homer et Marge réunis au grand complet. Alors que le lac de Springfield est victime d’une pollution incessante, Homer décide un jour de vider le contenu de ses déchets dans une immense citerne remplie d’étrons de cochon. La pollution aggrave la situation et le lac devient extrêmement toxique. Le gouvernement américain dirigé par le président Arnold Schwarzenegger décide que la ville de Springfield doit être mise en quarantaine, afin d’éviter que la pollution ne contamine le reste du pays. Springfield est alors enfermée sous un immense dôme, isolant les habitants pour de bon. Lorsque les Springfieldiens découvrent qu’Homer est responsable de cette pollution, ils deviennent fous de rage et cherchent à le lyncher, lui et sa famille. Face à la violence de la foule qui détruit leur maison, les Simpsons décident de s’exiler en Alaska.

Les producteurs de ‘The Simpsons Movie’ renouent brillamment avec l’ambiance et l’humour de la série d’origine. On craignait que le passage sur le grand écran anéantisse l’univers satirique et caustique de la série de Matt Groening, mais il n’en est rien : Homer Simpson est toujours aussi abruti, Bart se comporte toujours comme un sale gamin et aimerait cette fois-ci changer de père, Marge est toujours aussi sage et posée, tout comme Lisa, qui dans ce film, tombe amoureuse d’un jeune musicien, sans oublier la malice incomparable de la petite Maggie et son inséparable tétine. L’univers visuel est ici respecté à la lettre, avec la traditionnelle 2D et quelques passages réalisés avec des techniques plus modernes mais toujours discrètes, afin de conserver la continuité graphique avec la série d’origine. L’humour reste omniprésent, alternant différentes formes d’humour, que ce soit le second degré (la critique du pouvoir exécutif aux Etats-Unis, le message sur l’écologie) ou le premier degré (les nombreux gags avec Homer au début du film, la fausse pub pour une émission de la Fox en plein milieu du film, une scène du générique où l’on voit Bart écrire au tableau qu’il ne faut pas télécharger ce film, l’hymne de Springfield qui parodie notre « Marseillaise » en bonus dans le générique de fin du film, etc.). Certaines séquences hilarantes sont déjà anthologiques, comme la scène où Bart traverse toute la ville entièrement nu sur son skate à la suite d’un pari débile avec son père, et bien sur la fameuse scène de ‘Spider cochon’, dans laquelle Homer fait marcher son cochon au plafond en fredonnant une parodie délirante de l’air de la série ‘Spiderman’, gag totalement absurde qui est déjà en train de devenir un classique incontournable dans les cours de récréation. Car que l’on ne s’y trompe pas, si ‘The Simpsons Movie’ possède toujours un côté sarcastique et irrévérencieux assez osé, il s’adresse quand même à tous les publics, aux petits comme aux grands.

La musique de la série TV d’origine avait été confiée à Alf Clausen qui composa des milliers d’heures de musique pour 69 épisodes depuis 1990, succédant à Richard Gibbs qui écrivit la musique de 13 épisodes de 1989 à 1990, suivi de deux compositions d’Arthur B. Rubinstein en 1990. Mais la musique des ‘Simpsons’, c’est avant tout un très célèbre thème principal totalement déjanté et cultissime, signé Danny Elfman. Pour le film de David Silverman, les producteurs décidèrent avec surprise de faire appel à Hans Zimmer, alors que l’on se serait attendu à ce que Alf Clausen signe la musique de ‘The Simpsons Movie’. Ce choix s’explique sans aucun doute par l’omniprésence ces derniers temps de Hans Zimmer et sa bande de chez Remote Control alias Media-Ventures sur des musiques de productions animées en tout genre. Pour ‘The Simpsons Movie’, Zimmer délaisse ses synthétiseurs habituels pour nous offrir une partition orchestrale assez fraîche et entraînante, dans la lignée des musiques TV d’origine. Le très célèbre thème de Danny Elfman est évidemment présent, entendu dès le générique de début dans une version raccourcie, débouchant brusquement sur une reprise punck rock déjantée par le groupe Green Day (qui apparaît au début du film), version hélas absente de l’album (qui nous présente ici une version intégralement reprise de la série TV). Dès les premières notes du ‘Simpsons Theme’, on replonge avec joie dans l’univers si particulier (et si « jaune ») de Springfield et ses habitants, alors que le chœur introductif traditionnel fredonnent quelques notes sur « The Simpsons » avant que l’orchestre, particulièrement agité, se lance dans un déchaînement instrumental virtuose et fantaisiste typique du Danny Elfman de la fin des années 80.

Evidemment, Zimmer nous propose de nouveaux thèmes pour le film, avec pour commencer un nouveau thème plutôt espiègle et entraînant associé aux frasques d’Homer Simpson dans ‘Trapped Like Carrots’, et qui sera omniprésent tout au long du film pour illustrer les mésaventures de la famille Simpson. Le second thème, plus doux et intime, est entendu dans ‘Doomsday is Family Time’ et se distingue par sa mélodie ascendante associée dans le film à Lisa et son nouvel amoureux, Colin. A noter que Colin écrit un petit morceau sur une partition de musique à Lisa dans une scène du film – le dit morceau étant en fait le thème de ‘Doomsday is Family Time’. A noter que par la suite, le thème sera associé à la famille et évoquera les regrets d’Homer qui fera tout pour rejoindre sa famille et sauver Springfield. Avec ses deux nouveaux thèmes et le célèbre thème de Danny Elfman, Hans Zimmer élabore une partition orchestrale assez enjouée et fun. Dans ‘Trapped Like Carrots’, il utilise l’orchestre couplé à un chœur qui apporte une touche ironiquement grandiose à certaines scènes du film. Le thème principal est ici brièvement suggéré par un basson et d’autres bois pour un premier morceau illustrant avec humour et légèreté les gaffes d’Homer au début du film, sur un rythme sautillant. Les orchestrations restent vivantes et très colorées, chose plutôt rare chez Zimmer, qui traduit clairement ici son envie d’écrire quelque chose de bien plus soutenu qu’à l’accoutumée, dans la lignée des musiques d’Alf Clausen pour la série d’origine. Un morceau comme ‘Doomsday is Family Time’ nous permet de retrouver le Zimmer des musiques de comédie habituelle. A noter que le compositeur inclut un saxophone dans son orchestre, qui double ici la mélodie sur la fin du morceau, l’instrument étant relié dans le film à Lisa, qui est elle-même saxophoniste.

‘Release The Hounds’ rompt avec le style orchestral du début pour un morceau tendance surf rock rétro dans lequel Zimmer semble s’être bien amusé avec sa batterie, ses percussions et ses guitares, traduisant clairement ici le côté fun et délirant du film de David Silverman. Le compositeur ne manque d’ailleurs pas d’humour, puisqu’il nous offre carrément, en plus du fameux ‘Spider Pig’ interprété par des choeurs a cappella très classiques d’esprit, un ‘Bart’s Doodle’ délirant dans lequel Zimmer s’amuse à imiter le style de chansons mielleuses de chez Disney pour la scène où Homer et Marge se retrouvent ensemble en Alaska, avec les animaux qui leur tiennent compagnie. On appréciera ici la dérision totale du morceau avec ses chants féminins niais et kitsch à mourir interprétant des « la la la » à la pelle – pour un peu, on se croirait revenu à l’époque des comédies musicales sixties tendance ‘Chitty Chitty Bang Bang’. Le reste du score s’avère être bien moins étonnant mais tout aussi accrocheur. Un morceau comme ‘Worlds Fattest Fertilizer Salesma’ traduit clairement le côté sautillant et enjoué de la partition de Zimmer avec une reprise très entraînante du thème d’Homer. ‘Clap for Alaska’ apporte une touche grandiloquente et solennelle pour la scène où les Simpsons arrivent en Alaska à la suite de leur exil. Les choeurs apportent ici une touche majestueuse/religieuse purement ironique à la scène. Idem pour la fin de ‘Thank You Boob Lady’ et ses chœurs faussement épiques, lorsqu’Homer comprend enfin ce qu’il doit faire et décide de revenir à Springfield pour rejoindre sa famille et sauver sa ville. La dernière partie du score nous offre les inévitables morceaux d’action, à commencer par le tonitruant ‘You Doomed Us All…Again’, ‘Lead, Not to Read’ et ses cordes endiablées sur fond de percussions, de cuivres massifs et de choeurs – à noter que l’on retrouve ici de superbes reprises du thème d’Elfman. L’action culmine dans l’excitant ‘Why Does Everything I Whip Leave’ et ses rythmes énergiques où culmine le thème d’Homer dans un tutti orchestral puissant illustrant les exploits du père de famille. Il est d’ailleurs assez amusant de retrouver par moment un Zimmer d’action nettement plus orchestral et personnel sur ces passages d’action, notamment dans son utilisation des cuivres et des percussions. A noter qu’en guise de bonus, Ryeland Allison (l'un des compositeurs ayant oeuvré sur la musique additionnelle du film aux côtés d'Henry Jackman, Lorne Balfe, Michael Levine et Atli Örvarsson) nous offre une amusante reprise techno inédite du thème principal de Zimmmer dans ‘Recklessly Impulsive’, absent du film mais composé exprès pour les besoins de l’album, un morceau sans plus dont on se serait passé volontiers.

Hans Zimmer signe donc une partition orchestrale très correcte et énergique pour ‘The Simpsons Movie’. On se demande toujours pourquoi Alf Clausen n’a pas été choisi pour écrire la musique du film de David Silverman. La présence de Clausen sur le film aurait permit à la musique de rester beaucoup plus proche du style de la série d’origine. Si la musique de Hans Zimmer s’avère être très convenable, apportant un humour et une dynamique constante aux images du film, on regrettera son côté souvent très quelconque malgré la présence de quelques bonnes idées. Force est de constater que Hans Zimmer manque toujours de finesse dans sa manière d’écrire, abordant ‘The Simpsons Movie’ comme une énième comédie hollywoodienne alors qu’il aurait été plus judicieux de réussir à trouver un style plus proche de l’esprit des compositions d’Alf Clausen. Qu’à cela ne tienne, le résultat s’avère être malgré tout assez intéressant dans le film, une partition orchestrale qui s’éloigne clairement des traditionnels scores synthético-orchestraux de Hans Zimmer, prouvant à quel point le compositeur semble apprécier de plus en plus le fait de revenir régulièrement à un style plus orchestral comme nous l’ont confirmés certains de ses plus récents projets tels que ‘Pirates of the Caribbean : At World’s End’.


---Quentin Billard