1-Disturbia 7.02
2-Fishing 3.52
3-Poofoot 1.15
4-Voyeurism 2.35
5-Every Killer Lives
Next Door To Someone 3.35
6-I Like To Play 1.46
7-Stealth Ronnie 5.10
8-Walking Ashley Home 2.01
9-The Club Girl 2.47
10-Stalking A Killer 7.15
11-The Basement Graveyard 8.50

Musique  composée par:

Geoff Zanelli

Editeur:

Lakeshore Records
LKS 339352

Score produit par:
Geoff Zanelli
Monteur musique:
Slamm Andrews
Préparation de la musique:
Booker White
Coordinateur de production musicale:
Steven Kofsky
Coordinateur Remote Control Studios:
Czarina Russell
Producteurs exécutifs de l'album:
Skip Williamson, Brian McNelis
A&R pour Lakeshore:
Eric Craig

Artwork and pictures (c) 2007 Dreamworks, L.L.C. All rights reserved.

Note: ***1/2
DISTURBIA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Geoff Zanelli
‘Disturbia’ (Paranoiak) est un énième thriller hollywoodien signé D.J. Caruso, plus connu pour avoir réalisé ‘The Salton Sea’ et certains épisodes de la série ‘The Shield’. ‘Disturbia’ est une version rajeunie du fameux ‘Rear Window’ (Fenêtre sur cour) d’Hitchcock, dans lequel un homme paralysé observait depuis sa fenêtre ses voisins jusqu’au jour où il finit par être témoin d’un meurtre. Dans ‘Disturbia’, on suit l’histoire de Kale (Shia LaBeouf), jeune adolescent américain de 17 ans placé sous contrôle judiciaire après avoir frappé son professeur d’espagnol à son école. Kale se retrouve obligé de porter un bracelet électronique autour du pied, ce qui l’oblige à rester cloîtré chez sa mère 24h sur 24. Ses seules distractions : regarder la télévision en se gavant de pizza, jouer aux jeux vidéos ou téléphoner à des copains. Puis, las de s’ennuyer à la maison, il décide d’espionner ses voisins à la jumelle. Kale épie ainsi leurs moindres faits et gestes, fini par tout connaître de leurs habitudes, de leurs déplacements, etc. Kale finit par être rejoint par Ronnie (Aaron Yoo), son meilleur ami, et Ashley (Sarah Roemer), sa nouvelle copine. Mais le petit jeu finit par prendre une toute autre tournure lorsque Kale comprend que son voisin, Mr. Turner (David Morse), cache un comportement inquiétant. Se pourrait-il que cet homme étrange et mystérieux soit en réalité le fameux serial killer recherché par la police et dont tout le monde parle à la télévision depuis quelques jours déjà ?

‘Disturbia’ reprend ainsi les grandes lignes du chef-d’œuvre d’Hitchcock et nous en propose une version spécial ‘ado U.S. des années 2000’. Ici, D.J. Caruso évoque la jeunesse du 21ème siècle avec son lot d’ordinateurs et d’appareils high-tech top derniers cris. Toute la première partie du film repose essentiellement sur une ambiance à la ‘American Pie’, entièrement basée sur l’univers des adolescents américains beauf et ultra clichés. Puis, la seconde partie du film bascule dans le registre du suspense et de la terreur pure. Dommage cependant que le passage de l’un vers l’autre donne clairement l’impression de voir deux films différents et non pas un seul long-métrage. Heureusement, malgré quelques défauts assez flagrants (rythme mal géré au début, scénario rempli de clichés, scènes prévisibles), ‘Disturbia’ s’avère être un thriller très captivant. Shia LaBeouf continue quand à lui de grimper à Hollywood, multipliant les succès à un rythme infernal.

La musique de Geoff Zanelli pour ‘Disturbia’ reste l’un des principaux points forts du thriller paranoïaque de D.J. Caruso. Collaborateur régulier des productions Media-Ventures/Remote Control et complice de Hans Zimmer, Geoff Zanelli reste jusqu’à aujourd’hui un compositeur de musique additionnelle sur des films tels que ‘The Last Samurai’, ‘Pirates of the Caribbean’, ‘Matchstick Men’, ‘Equilibrium’ ou bien encore ‘Shark Tale’ ou ‘Catwoman’. Ses quelques partitions solo incluent ‘Secret Window’, ‘House of D’ ou la série ‘Into the West’. Pour ‘Disturbia’, Zanelli a de nouveau saisi la chance de travailler en solo sur une partition thriller mélangeant suspense, morceaux d’action violents et thèmes entêtants. A l’orchestre symphonique habituel, le compositeur ajoute quelques instruments solistes – percussions, violoncelle, clarinette, guitare basse, guitares et synthétiseurs, la partie électronique demeurant comme toujours très présente.

La partition de ‘Disturbia’ s’articule autour de trois thèmes. Le premier, mélancolique et résigné, est entendu dans ‘Fishing’ après la scène de l’accident de voiture et la mort du père de Kale. Si l’introduction se veut paisible avec sa clarinette soliste, ses cordes et ses guitares (scène où Kale pêche avec son père), la seconde partie du morceau bascule dans une ambiance soudainement plus dramatique pour l’accident de voiture qui coûte la vie au père de Kale. D’abord énoncé aux cordes et à la clarinette, le thème est ensuite repris par un violoncelle mélancolique et délicat, apportant une excellente touche d’émotion au début du film. Le second thème est entendu ensuite dans ‘Voyeurism’ et fait office de ‘Love Theme’ pour Kale et Ashley. Dans ‘Voyeurism’, le thème apparaît progressivement sur fond de rythme pop délicat, de guitares et de synthétiseurs new age aux sonorités quasi oniriques, alors que Kale observe Ashley aux jumelles. Le côté un brin rêveur du thème romantique évoque clairement la fascination du jeune ado pour sa très jolie voisine. Voilà en tout cas un très beau thème romantique qui apporte une certaine poésie à la première partie du film. Certains morceaux comme ‘Poofoot’ ou ‘I Like To Play’ apportent une touche pop/rock sympathique aux scènes où Kale, Ashley et Ronnie s’amusent à épier ensemble les voisins. On appréciera une très jolie reprise du Love Theme pleine de douceur dans ‘Walking Ashley Home’, qui respire un certain sentiment de nostalgie rêveuse très agréable dans le film, les touches slow pop accentuant ici l’univers d’adolescence dans lequel baigne la première partie du film.

Mais c’est le troisième thème qui s’impose radicalement dans la deuxième partie du film, et non des moindres: le thème du voisin, Mr. Turner, que Kale soupçonne d’être un serial killer. Dans ‘Disturbia’, le thème est interprété par les cordes avant d’enchaîner sur un morceau d’action particulièrement brutal et terrifiant pour l’affrontement final dans la maison de Mr. Turner, 7 minutes d’action menées à un rythme effréné, à grand renfort de percussions électroniques et de cordes/cuivres agressifs. A noter que les effets instrumentaux (glissandi descendants de cors, glissandi ascendants de cordes, gargouillis sonores dissonants des violons, etc.) renforcent le côté terrifiant et violent de la musique, tandis que le thème du voisin reste ici très présent, développé tour à tour par les cordes et les cuivres. Des morceaux comme ‘Every Killer Lives Next Door To Someone’ ou ‘The Club Girl’ offrent un suspense assez intense aux images du film de D.J. Caruso. Le thème entêtant du voisin prend une tournure assez hypnotisante dans ces passages à suspense particulièrement sombres et inquiétants.

Rares sont les partitions thriller de maintenant à utiliser autant de thèmes de cette façon, et la présence des mélodies dans la bande originale de ‘Disturbia’ apporte un plus considérable aux images du film. Le suspense atteint des sommets dans le très sombre ‘Stealth Ronnie’ avec son atmosphère macabre qui rappelle par moment Christopher Young ou Marco Beltrami (scène où Ronnie explore le garage de Mr. Turner à la recherche d’une preuve). Le sursaut de terreur final de ‘Stealth Ronnie’ apporte un petit plus de tension et d’action à cette séquence clé du film (qui semble s’inspirer quelque peu de ‘The Blair Witch Project’). On retrouve une atmosphère similaire dans l’inquiétant ‘Stalking a Killer’ qui développe à nouveau le thème du voisin pendant plus de 7 minutes de suspense et d’action avant le grand final de terreur, ‘The Basement Graveyard’.

Si vous aimez les musiques à suspense très thématiques avec des rythmes modernes, la partition de Geoff Zanelli pour ‘Disturbia’ devrait vous satisfaire pleinement. Même si l’ensemble manque encore de personnalité et reste par moment très proche de certaines sonorités Media-Ventures/Remote Control, on ne pourra qu’apprécier ici la qualité des thèmes et de l’ambiance de la musique dans le film. Zanelli signe donc une partition somme toute très convaincante sans être d’une folle originalité. Car, même si ‘Disturbia’ est loin d’être la partition du moment, elle ne laisse néanmoins présager que du bon pour la future carrière de Geoff Zanelli, qui, on l’espère, saura prendre par la suite ses distances avec l’écurie de Hans Zimmer pour pouvoir trouver lui-même sa propre voie.



---Quentin Billard