1-One Last Question 0.43
2-Vicious Traditions 4.46*
3-Regrets Of An Artist 2.08
4-The Thumbprint Killer 4.44
5-Addiction 2.43
6-Hallway Burial 2.03
7-Detective Atwood 2.24
8-Unwelcome Partner 3.16
9-Suicide Note 3.05
10-Decision 5.01
11-Meet Meeks 3.42
12-Her Story 2.24
13-Are We Alone 1.38
14-Realization 1.42
15-A Clue 3.35
16-Mr. Brooks 3.31
17-Graveyard Standoff 3.36

*Interprété par The Veils
Composé par Finn Andrews.

Musique  composée par:

Ramin Djawadi

Editeur:

Milan Music 36283

Album produit par:
Ramin Djawadi
Montage musique:
John Finklea

Artwork and pictures (c) 2007 Metro-Goldwyn-Mayer. All rights reserved.

Note: ***
MR. BROOKS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Ramin Djawadi
Comme beaucoup d’acteur resté trop longtemps enfermé dans un rôle monolithique taillé sur mesure, Kevin Costner essaie de changer de registre en interprétant dans ‘Mr. Brooks’ un assassin schizophrène bon père de famille le jour et tueur redoutable la nuit. Cette énième variante du mythe de ‘Dr. Jekyll et Mr. Hyde’ réalisée par Bruce A. Evans offre ainsi un rôle à total contre-emploi pour un Costner métamorphosé. Mr. Earl Brooks possède un ami/alter ego imaginaire, Marshall (William Hurt), qui l’incite à commettre ses meurtres la nuit, le mari exemplaire cédant alors la place à un sinistre serial killer insaisissable. Mais un soir, un photographe le surprend en train de commettre un meurtre dans l’immeuble d’en face et commence à le faire chanter avec des clichés compromettants. L’homme qui répond au nom de Smith (Dane Cook) promet à Earl Brooks de garder le silence sur ce qu’il a vu. Il ne demande qu’une seule chose en retour : accompagner Brooks sur le lieu de son prochain crime et assister en direct au meurtre. Commence alors un jeu dangereux entre Brooks et Smith qui pourrait bien détruire à tout jamais la réputation impeccable et propre qu’a réussi à se créer Earl Brooks dans la vie de tous les jours. Le film de Bruce A. Evans vaut surtout par la qualité de l’interprétation nuancée de Kevin Costner et la mise en scène soignée. Il règne sur le film un certain sentiment de folie avec un humour macabre constant. Malgré ses excès (sursauts de violence soudain, rythme pas toujours bien géré, avec des scènes de dialogue interminables où il ne se passe pas grand chose), ‘Mr. Brooks’ attire l’attention grâce à un Kevin Costner qui casse son image habituelle de gentleman romantique.

La musique de Ramin Djawadi, jeune protégé de Hans Zimmer issu de l’écurie Media-Ventures/Remote Control, apporte une énergie considérable au film de Bruce A. Evans, avec ses rythmiques électro modernes et son côté à la fois extraverti et psychologique. La musique évoque à la fois la schizophrénie d’Earl Brooks mais aussi ses penchants meurtriers et son envie d’en finir une bonne fois pour toute avec tout ça. Le score de ‘Mr. Brooks’ possède un caractère atmosphérique reposant essentiellement sur les nappes de synthétiseur et les quelques touches orchestrales. Le côté froid des divers samples synthétiques (sons de guitare électrique saturée, sons métalliques déformés, utilisation de filtres de traitement audio divers, etc.) illustre clairement dans le film l'esprit malade du personnage principal et la froideur avec laquelle il exécute ses victimes. Dès ‘One Last Question’, Djawadi annonce le motif principal obsédant de trois notes associé à Earl Brooks et qui suggère de façon inquiétante et mystérieuse ses pulsions meurtrières. A contrario, ‘Regrets Of an Artist’ se veut plus mélancolique avec une phrase musicale de synthétiseurs/cordes/piano plus nuancée à l’écran. A noter ici l’importance du design sonore des différentes textures électroniques filtrées/remixées, qui, imbriquées entre elles, forment un tout cohérent. ‘The Thumbprint Killer’ illustre quand à lui la première scène de meurtre du film. A noter ici l’emploi de loops électro et de diverses sonorités électroniques résolument modernes. Le motif obsédant d’Earl Brooks est développé ici sur fond de rythmique électro cool qui semble apporter un côté ‘branché’ quelque peu ambigu au personnage principal. La musique apporte une empathie assez décalée au personnage de Kevin Costner, comme si la musique cherchait à le rendre à la fois moderne et sympathique malgré les crimes qu’il commet la nuit. Du coup, la partie atmosphérique du début s’efface au profit de rythmes plus modernes aux intentions ambiguës (comme le personnage lui-même).

On retrouve indéniablement ici la touche Media-Ventures/Remole Control chère aux compositeurs de l’écurie à Hans Zimmer, à ceci prêt que Ramin Djawadi semble émerger progressivement ces derniers temps sur des projets solos tels que ‘Blade Trinity’ ou sa musique pour la série TV à succès ‘Prison Break’ (qui se rapproche beaucoup du style de ‘Mr. Brooks’). On y retrouve ainsi ce même penchant pour les beat électro/techno « in » dans ‘Addiction’ (reprenant l’entêtant thème de Brooks) ou ‘Hallway Burial’ et ses rythmes techno urbains qui évoquent clairement les pulsions criminelles du personnage de Kevin Costner. ‘Detective Atwood’ illustre de son côté l’inspectrice campée par Demi Moore dans le film, avec un piano solitaire et mélancolique suggérant les difficultés auxquelles la policière doit faire face dans sa vie de tous les jours. La partie plus intime du film est représentée par des morceaux tendance slow électro comme ‘Suicide Note’ ou le mélancolique ‘Decisions’ qui évoque la détermination d’Earl Brooks à mettre fin à tout ce qu’il a vécu ces derniers temps. Le thème reste malgré tout très présent, revenant de façon plus mystérieuse dans l’agité ‘Meet Meeks’ avec ses rythmes techno violents, ou ‘Are We Alone’ dans lequel Ramin Djawadi lui confère un côté clairement menaçant et un peu particulier, sur fond de beat électro obsédant. Le suspense devient plus présent dans ‘A Clue’ qui maintient une certaine tension vers la fin du film, tandis que le mélancolique ‘Mr. Brooks’ rappelle la dualité tragique du personnage de Kevin Costner avec son piano solitaire. Enfin, ‘Graveyard Standoff’ illustre la confrontation finale dans le cimetière avec un énième retour de l’entêtant thème d’Earl Brooks dans sa version la plus sombre et la plus cool qui soit, Djawadi poursuivant l’ambiguïté de ton de sa musique jusqu’au bout.

Malgré l’emphase sous-jacente de la composition de Djawadi et l’abondance de rythmes modernes un brin décalés dans la musique du film, la partition de ‘Mr. Brooks’ tient la route de bout en bout et apporte une énergie et un punch étonnant aux images du thriller de Bruce A. Evans. Même si l’on pourra toujours regretter cet emploi souvent facile de loops électro branchés, on ne pourra qu’apprécier le travail fourni ici par Ramin Djawadi qui, soucieux de trouver sa propre voie, nous offre un travail convenable et soigné qui apporte un petit plus au film. Le compositeur nous prouve aussi qu’il maîtrise parfaitement tout l’attirail électro habituel, et qu’il sait comment manipuler les samples des synthétiseurs pour arriver à ses fins. Reste à espérer que Djawadi continuera d’oeuvrer par la suite sur des projets similaires qui lui permettront de s’épanouir davantage, quitte à s’émanciper progressivement du studio de son mentor, Hans Zimmer.



---Quentin Billard