CD 1

1-Main Title/It's All Mine 5.19
2-Quick Escape 2.48
3-Battle In Greyskull 2.36
4-Arrival on Earth 1.09*
5-Where Is The Key ? 0.42
6-The Cemetery 1.26
7-Getting A Bearing 1.01
8-The Mercenaries 1.20
9-Battle At The Gym 6.24
10-Skeletor's Wrath 3.00
11-Evil-Lyn To Earth 1.04
12-Kevin's Plight 3.35
13-It's Them!/Centurion Attack 4.27
14-Julie Sees Mom/
Julie Takes Key 2.38
15-Skeletor Arrives/After Them 7.28
16-He-Man's Last Battle ?/
Skeletor Departs 3.48
17-Julie's Muzak 1.46
18-He-Man Gets Whipped 3.58
19-Kevin Remembers The Tune/
People of Eternia 3.50

CD 2

1-Cosmic Key Music 0.14
2-The Battle Begins/
The Final Battle 6.52
3-Time To Go 2.41
4-Julie And Kevin/Happy Ending 1.57
5-End Credits 5.10

Track 6-16 from original 1987 album

6-Main Title/Eternia Besieged 7.22
7-Gwildor's Quadrille 1.50
8-Earthly Encounter 4.21
9-Procession of the Mercenaries 2.47
10-Evil-Lyn's Deception 2.42
11-Skeletor The Destroyer 3.09
12-He-Man Enslaved 4.40
13-Transformation of Skeletor 2.28
14-The Power of Greyskull 3.31
15-Good Journey 4.38
16-He-Man Victorious/End Title 5.10

*Not used in film.

Musique  composée par:

Bill Conti

Editeur:

La-La Land Records LLLCD 1071

Album produit par:
Bill Conti

Artwork and pictures (c) 1987 Cannon Group. All rights reserved.

Note: ***1/2
MASTERS OF THE UNIVERSE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Bill Conti
Le célèbre duo Menahem Golam/Yoram Globus n’a cessé de sévir tout au long des années 80 en alignant des productions au goût toujours douteux mais au charme irréfutable. Les deux producteurs (et accessoirement cousins) ont œuvrés ainsi en commun pendant plus d’une décennie par le biais de leur boîte, la célèbre Cannon Group, multipliant les projets les plus insensés à une vitesse phénoménale : tout y est passé, que ce soit du Chuck Norris, du Van Damme, du Lou Ferrigno, du Stallone (avec au passage un incroyable échec financier pour le film ‘Over the Top’, réalisé par Menahem Golam lui-même en 1986), des films de ninja à ne plus savoir qu’en faire et même des productions d’auteur signées Barbet Schroeder, John Cassavetes et…Jean-Luc Godard ! Rien que cela ! Mais vers la fin des années 80, la Cannon commence à battre de l’aile et pourtant, malgré plusieurs échecs financiers successifs, continue de produire avec frénésie des nanars et autres séries B aux budgets souvent excessivement hypertrophiés pour ce que ces films veulent raconter. C’est ainsi qu’est né ‘Masters of the Universe’, film qui s’inspire d’une très célèbre ligne de jouets vendus par Mattel dans les années 80 et qui deviendra au début des « eighties » un dessin animé rendu très populaire en France par le Club Dorothée! On y retrouve ainsi les héros qui ont fait le succès des jouets et du dessin animé : l’intrépide guerrier Musclor, le diabolique Skeletor, le château de crâne gris et bien sur, le royaume lointain d’Eternia. L’histoire du film commence après la prise de pouvoir de Skeletor qui, après avoir renversé la sorcière du château de crâne gris, projette d’acquérir ses pouvoirs pour devenir le maître de l’univers. Pour cela, il a besoin de la clé du cosmos inventé par le nain Gwildor (Billy Barty). Mais Musclor (Dolph Lundgren) et ses compagnons s’opposent au tyran et, avec l’aide de la clé du cosmos, ils se retrouvent projetés accidentellement sur Terre. S’engage alors chez les humains une longue et grande bataille opposant Musclor et les forces du mal.

‘Masters of the Universe’ reprend donc les grandes lignes du dessin animé d’origine mais s’offre aussi pas mal de liberté. L’histoire se déroule par exemple ici sur Terre, et ce pour des raisons de budget – le film aurait été trop coûteux s’il avait fallu utiliser tous les décors d’Eternia. Le problème, c’est que le réalisateur Gary Goddard (dont c’est ici son seul et unique long-métrage) n’arrive pas à instaurer la moindre tension épique et dramatique dans son film, plutôt destiné à un jeune public pas très exigeant. Les problèmes sont ici nombreux : les acteurs d’une part, avec pour commencer un Dolph Lundgren qui semble ne pas y croire une seule seconde, manquant de charisme et de conviction dans la peau de Musclor. De l’autre côté, un Frank Langella qui cabotine un maximum dans la peau de Skeletor, avec son faux visage de crâne en caoutchouc absolument ridicule (à noter que le film accompagne les débuts d’une Courteney Cox encore très jeune et inconnue à l’époque). La plupart des scènes d’action sont plombés par des dialogues ultra clichés et un comique de situation assez navrant et ridicule : cf. par exemple scènes avec le policier obstiné incarné par James Tolkan (plus connu pour son rôle du proviseur Strickland dans la saga ‘Back to the Future’) qui est le seul à ne pas comprendre ce qui se passe et continue de croire qu’il peut arrêter les sbires de Skeletor comme il arrête les bandits habituellement. Le film possède ainsi tous les éléments propres aux nanars 80s pur et dur: décors et costumes kitsch, effets spéciaux cheap, acteurs alternant cabotinage et manque de conviction, mise en scène inexistante (Gary Goddard se contente de planter sa caméra devant les acteurs sans réussir à les diriger d’une quelconque façon), gags enfantins et ridicules, etc. Il est navrant de voir comment un univers aussi culte que celui de ‘Masters of the Universe’ ait pu être aussi maltraité entre les mains du duo Golam/Globus, qui frôle ici le n’importe quoi absolu dans ce qui reste un sommet du nanar fin années 80.

Seul personne qui semble y croire un minimum ici, le compositeur Bill Conti, qui signe pour le film de Gary Goddard une partition symphonique épique et tonitruante qui semble carrément disproportionnée par rapport à la médiocrité et au manque de conviction des acteurs et des images du film. Le compositeur adopte ici un style symphonique héroïque hérité de John Williams, et plus particulièrement ici de ‘Superman’ et ‘Star Wars’. L’influence de ‘Superman’ est d’ailleurs très flagrante dès le ‘Main Title’ (générique de début) qui introduit fièrement le thème principal de la partition, fanfare héroïque et grandiose associée aux exploits de Musclor. Bill Conti soigne plus particulièrement ici ses orchestrations, renouant avec un style Golden Age qui rappelle décidément le John Williams épique de la fin des années 70. Dans ‘Eternia Besieged’, Conti dévoile le second thème de sa partition, un motif martial et menaçant associé à Skeletor, et que le compositeur développe tout au long du film sous la forme d’une marche menaçante inspiré du célèbre ostinato rythmique du ‘Mars’ des ‘Planètes’ de Gustav Holst. A noter ici l’importance des cuivres et des percussions qui dominent les scènes avec Skeletor et ses troupes maléfiques. Curieusement, la musique ultra martiale de Bill Conti apporte à ces scènes là un côté kitsch qui rappelle étrangement les musiques de péplum des années 60, à mi chemin entre Miklos Rozsa et Alfred Newman. Le compositeur apporte à ces séquences un tel premier degré que son approche des images finit par devenir assez ironique et involontairement amusante. Le troisième de la partition est entendu dans ‘Quiet Escape’ et est associé au motif mélodique que joue la clé du cosmos pour amener nos héros dans un autre univers, un motif mélodique utilisé plusieurs fois dans le film sous une variante synthétique très 80s. Enfin, le compositeur nous offre pour finir un quatrième thème qui se trouve être le traditionnel ‘Love Theme’, associé ici à la romance entre la jeune Julie (Courteney Cox) et son fiancé Kevin (Robert Duncan McNeill).

Si ‘Main Title/Eaternia Besieged’ nous promet un spectacle héroïque et martial à souhait, ‘Gwildor’s Quadrille’ offre une petite touche d’humour étonnante pour la scène chez le nain Gwildor au début du film, avec des orchestrations plus légères, inventives et sautillantes. L’action prend très vite le dessus avec un premier déchaînement orchestral maîtrisé, ‘Quiet Escape’, premier affrontement entre Musclor et les troupes de Skeletor. On retrouve ici le thème de la clé du cosmos développé par le pupitre des cuivres dans un registre plus solennel et majestueux. A noter la qualité de l’écriture orchestrale qui respire pleinement le ‘Golden Age’ hollywoodien rétro, Bill Conti faisant preuve d’un classicisme d’écriture élégant et maîtrisé. Dans ‘Earthly Encoutner’, on découvre le ‘Love Theme’ dans une très belle pièce pour hautbois et orchestre qui reprend au passage un segment du thème de la clé du cosmos. Le morceau est dominé ici par des cordes aigues et intimes de toute beauté, apportant un peu de fraîcheur et de poésie à une partition somme toute très agitée (on retrouve une très belle reprise du thème romantique au début de ‘Evilyn’s Deception’). Enfin, le thème romantique est repris une dernière fois au début de ‘Julie’s Muzak’, toujours associé dans le film au personnage de la jeune Courteney Cox, pour ce qui reste l’un des morceaux les plus attachants et les plus jolis de la partition de Conti.

‘Battle at the Gym’ nous ramène enfin au coeur de l’action pour la séquence de l’affrontement dans le gymnase. C’est dans cette ambiance musicale de bataille que l’on découvre la facette « péplum » de la partition de Bill Conti avec ‘Procession of the Mercenaries’ et le massif ‘Centurion Attack’, avec ses rythmes guerriers qui rappellent bon nombre de partitions symphoniques musclées de Miklos Rozsa. A ce sujet, la procession martiale de ‘Skeletor the Destroyer’ s’avère être indiscutablement influencé elle aussi par cette esthétique musicale « péplum » rétro à la Rozsa. ‘Centurion Attack’ demeure quant à lui l’un des meilleurs morceaux d’action de la partition de ‘Masters of the Universe’, apportant une énergie et une puissance orchestrale réussie mais hélas un brin disproportionnée par rapport à la mollesse des images du film. La bataille finale débute avec ‘Kevin’s Plight/After Them’, long morceau d’action de plus de 8 minutes avec des orchestrations très colorées et vives, action qui se prolonge dans ‘The Power of Greyskull’. Enfin, ‘Good Journey’ et ‘He-Man Victorious/End Titles’ ramènent la paix, avec une ultime reprise triomphante du thème héroïque de Musclor qui conclut la partition en beauté. Dommage cependant que le thème n’ait pas été réutilisé plus souvent dans le film, car au final, il demeure étrangement sous-utilisé dans la partition de Bill Conti.

Avec ‘Masters of the Universe’, Bill Conti signe assurément l’une de ses meilleures partitions des années 80. Pour une fois débarrassé de ses sempiternels synthétiseurs kitsch qui lui ont fait plus souvent défaut qu’autre chose, Conti signe un score symphonique incroyablement survitaminé, épique et martial pour le film de Gary Goddard. Apparemment, le compositeur a pris le film très au sérieux, soulignant chaque scène avec un premier degré monolithique et rigoureux, mais qui traduit clairement le grand professionnalisme d’un compositeur soucieux de bien faire. La partition de ‘Masters of the Universe’ reflète un classicisme d’écriture typique des grandes musiques d’heroic-fantasy telles qu’on les concevait dans les années 80, Bill Conti maîtrisant pleinement son orchestre malgré quelques légers couacs au niveau de l’interprétation des trompettes du Graunke Symphony Orchestra. A noter cependant que l’on pourra regretter l’absence du thème de Musclor utilisé dans le dessin animé d’origine datant de 1983, la musique de Bill Conti prenant finalement le parti pris de s’éloigner radicalement du style de la musique d’origine pour épouser un style décidément très proche de John Williams (principal défaut de cette BO qui reste un peu trop inspiré de Williams et Holst tout au long du film). La musique de Conti s’avère être finalement très ambitieuse et expansive, apportant un souffle épique et musclé au film de Gary Goddard. Et bien que le compositeur n’arrive pas à la cheville de John Williams, il signe néanmoins une partition symphonique puissante et riche, à découvrir grâce à la réédition de 1992 chez Silva Screen, dans une généreuse édition de plus de 68 minutes de musique!



---Quentin Billard