1-Running Scared/Main Title 1.33
2-Love on a Washing Machine 1.56
3-The Duke 1.37
4-True Grit/"Get Down!" 5.14
5-Chasing the Bullet 2.23
6-Crack House Cacophony 3.07
7-Sitdown 1.57
8-The Boys Hide the Gun/
Nicky Comes Clean 2.57
9-I Belong To Him 1.37
10-Equal Measures 1.13
11-Dez & Edele's 5.45
12-Fire Fight 1.18
13-A Mother's Instinct 7.49
14-You're An American 1.15
15-I Knew This Kid.../
The Killing Ground 3.40
16-Nobody Knows Nobody/
Priceless/Drive to Brighton Beach 3.57
17-Iced! 11.28
18-Aftermath/Across
the Pulaski Skyway 2.10
19-MacDaddy/
T, I'm Coming Home 4.21
20-I Was Always the Real Joey 2.43
21-A Family United 0.53
22-End Credits 2.17

Musique  composée par:

Mark Isham

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 720 2

Produit par:
Mark Isham
Producteur exécutif:
Robert Townson
Supervision de la musique:
Brian Ross
Montage musique:
Tom Carlson
Préparation musique:
Janen Music, Cindy O'Connor

Artwork and pictures (c) 2006 New Line Productions, Inc. All rights reserved.

Note: ***
RUNNING SCARED
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Isham
Réalisé par Wayne Kramer, remarqué en 2003 pour son film ‘The Cooler’ (Lady Chance), ‘Running Scared’ (La peur au ventre) est un thriller noir et extrêmement violent qui nous plonge dans une folle course contre la montre effrénée. Joey Gazelle (Paul Walker) travaille pour le compte de la mafia. A la suite d’une violente fusillade avec des flics ripoux, Joey est chargé par son patron de faire disparaître un pistolet compromettant qui pourrait devenir une importante pièce à conviction entre les mains de la police. Hélas, Joey cache le pistolet chez lui dans son coffre fort personnel, et c’est le jeune Oleg (Cameron Bright), le meilleur ami de son fils, qui récupère le pistolet et décide de s’en servir contre son beau-père qui le frappe régulièrement, lui et sa mère. La situation dégénère très vite. Oleg est en cavale avec l’arme compromettante, et Joey se retrouve dans une situation cauchemardesque le jour où les mafieux apprennent que l’arme est toujours en circulation. Il n’a dorénavant plus qu’une dizaine d’heures pour retrouver le jeune Oleg et le précieux pistolet, espérant ainsi sauver sa propre vie et celle de sa famille. A priori, le scénario de ‘Running Scared’ a l’air assez banal à la première lecture, mais la vision du film nous déconcerte très rapidement et casse certains à priori : avec sa réalisation maniérée, son jeu sur les couleurs (bleutées principalement, mais aussi plus claires et saturées lors des scènes de flashback avec zooms et mouvements rétrogrades de la caméra), son jeu d’acteur sur le fil du rasoir et son ton ultra violent et déjanté, ‘Running Scared’ s’impose incontestablement comme une bonne surprise du genre assez inattendue. Il faut dire qu’outre sa trame à suspense typiquement hollywoodienne, le film de Wayne Kramer traite aussi de sujets de société plus dérangeants tels que les enfants maltraités, la prostitution ou la pédophilie. A ce sujet, la séquence chez le couple de pédophile au milieu du film provoque un très vif malaise, interrompant l’histoire avec une certaine brutalité pour nous replonger dans le monde de la connerie humaine (on se demande même comment un jeune acteur tel que Cameron Bright a pu se laisser convaincre par un film aussi violent et adulte). Le réalisateur accumule aussi les scènes de violence à une vitesse phénoménale, même si l’on pourra toujours reprocher le ton démesurément sombre et exagéré du film (tous les hommes semblent être foncièrement mauvais ici), la maladresse de certaines scènes (comme par exemple celle où Joey tente de convaincre avec acharnement le jeune Oleg qu’il est un vrai américain), ainsi que son côté un brin hystérique et excessivement furieux. A noter d’ailleurs une fusillade finale d’une violence rare assez inventive, entièrement filmée en lumière noire. On a souvent comparé ‘Running Scared’ à ‘Sin City’ de Robert Rodriguez, et il est vrai qu’il y a un peu de cela ici dans le film de Wayne Kramer, d’autant que son jeu inventif sur l’image et les effets de caméra rappelle beaucoup le côté BD du film de Rodriguez. A noter pour finir un générique de fin très réussi, entièrement animé, et qui rappelle l’un des principaux sujets du film: l’enfance face à la cruauté et la bêtise humaine, l’histoire prenant par moment l’allure d’un conte de Grimm cruel et macabre.

La musique de Mark Isham – qui retrouve Wayne Kramer après ‘The Cooler’ en 2003 – épouse parfaitement l’univers sombre et dérangeant de ‘Running Scared’. Ici, le compositeur a décidé de délaisser l’orchestre symphonique habituel pour élaborer une partition plus électronique et un brin expérimentale à l’aide de samples de synthé et d’un très gros travail de sound design. Le score de Mark Isham s’articule autour d’un thème principal mélancolique et sombre annoncé par une guitare sèche sur fond de synthétiseurs dans ‘Running Scared/Main Title’ qui dévoile déjà ici le travail de sound design effectué par le compositeur, incluant ici une guitare sèche, une guitare électrique, quelques loops électro et un piano vieillot qui apporte une couleur étonnante à la mélodie principale du compositeur. A noter que le thème nous propose quelques enchaînements harmoniques assez étonnants, révélant ici une certaine inventivité de la part du compositeur. Moins étonnant, le ‘Love Theme’ romantique de ‘Love on a Washing Machine’ et sa guitare sensuelle sur fond de cordes accompagne la scène d’amour entre Joey et sa femme vers le début du film, « le calme avant la tempête ». Puis, ‘The Duke’ nous plonge enfin dans une ambiance plus noire et sombre avec des sonorités vaguement orientales (associées au beau-père violent du petit Oleg) et des synthétiseurs glauques et inquiétants, chose que confirme l’atmosphérique ‘True Grit/Get Down’ avec ses samples synthétiques orientaux menaçants. Les percussions électroniques et autres loops rythmiques de ‘Get Down’ (tirés ici en partie de la banque de son ‘Percussive Adventures’ de chez East-West) apportent un rythme ‘action’ à la musique de Isham, le tout sur fond de sound design assez complexe et élaboré. Avec ‘Chasing the Bullet’, Isham évoque les turpitudes de Joey, lorsque ce dernier tente de faire disparaître les balles le menant tout droit à l’arme du crime. La musique évoque le suspense de la scène et installe une tension et une noirceur omniprésente tout au long du film.

Un morceau comme ‘Crack House Cacophony’ – qui porte bien son nom – révèle parfaitement tout le côté expérimental et bruyant de la partition de Mark Isham. Les différentes couches de synthétiseurs, loops et autres samples divers se superposent pour créer une atmosphère sombre, étrange, glauque, avec ici un bref rappel des premières notes du thème principal joué par un clavier distant. De par son côté résolument noir et atmosphérique, la musique de Isham renforce parfaitement le côté dérangeant de certaines séquences du film de Wayne Kramer, tout en s’éloignant de l’approche orchestrale traditionnelle des musiques d’action/thriller hollywoodiennes. Néanmoins, on se lasse très vite du côté atmosphérique et un peu indigeste de certains morceaux du score qui, au bout de quelques minutes, finit par lasser par son côté répétitif et son manque de relief. Néanmoins, le compositeur réussit à nous prouver qu’il sait maîtriser l’électronique et le sound design à travers des morceaux à suspense tels que ‘The Boys Hide The Gun/Nicky Comes Clean’ (avec sa pulsation rythmique martelée et obsédante) ou ‘I Belong To Him’ qui reprend les sonorités orientales de ‘The Duke’ toujours associées dans le film au beau-père russe d’Oleg, sans oublier l’inquiétant ‘Dez & Edele’s’ pour la scène dérangeante chez le couple pédophile, permettant à Mark Isham de nous livrer un morceau qui, de par son sujet, fait vraiment froid dans le dos. Isham utilise ici une petite berceuse enfantine innocente assombrie par des nappes de synthétiseurs dissonants et menaçants, apportant une noirceur discrète et pourtant très impressionnante dans cette scène du film. ‘Iced’ atteint quant à lui des sommets de noirceur durant la très violente scène de la fusillade sur le terrain de hockey sur glace, vers la fin du film. Le compositeur développe ici la plupart de ses nappes de synthétiseurs et samples en tout genre, maintenant le suspense et la tension pendant près de 11 minutes de façon réellement impressionnante, même si on se lasse très vite de l’écoute au bout de quelques minutes – la musique demeurant malgré tout purement fonctionnelle et difficile à apprécier hors des images du film. A noter que l’on retrouve des samples synthétiques que le compositeur a déjà utilisé dans des scores tels que ‘Fire in the Sky’ et ‘Impostor’, et d’autres qui rappellent le score d’Alan Silvestri pour ‘Tomb Raider The Cradle of Life’.

On respire enfin grâce au très beau ‘Aftermath/Across The Pulaski Skyway’ qui reprend le ‘Love Theme’ à la guitare sèche sur fond de cordes, apportant une émotion poignante à la scène où Joey s’échappe avec Oleg après avoir défait tous les méchants au cours de la fusillade sur le terrain de hockey. Le ‘Love Theme’ de guitare revient ensuite une dernière fois dans l’émouvant ‘I Was Always The Real Joey’. Après le final heureux de ‘A Family Reunited’, la partition s’achève au son d’un ‘End Credits’ qui reprend une dernière fois le thème principal de la partition de ‘Running Scared’, la boucle étant bouclée. Au final, le score de Mark Isham apporte au film de Wayne Kramer une noirceur et une tension assez impressionnante, même si l’ensemble demeure somme toute assez indigeste à la longue et difficile à apprécier hors des images du film. Le côté sound design un peu abstrait de certains passages de la partition peut finir par lasser très rapidement. Néanmoins, Mark Isham fait preuve d’une certaine inventivité dans son maniement des samples et des sonorités électroniques, tout en nous proposant un score assez différent de ce qu’il fait d’habitude. Reste que la partition de ‘Running Scared’ est à réserver en priorité aux inconditionnels de Mark Isham et à ceux qui ne craignent pas les musiques électroniques sombres et complexes.



---Quentin Billard