1-Smoke Gets In Your Eyes 2.51
--Perfomed by J.D. Souter
2-Boomerang Love 5.19
--Perfomed by Jimmy Buffett
3-Cowboy Man 2.51
--Perfomed by Lyle Lovett
4-Give Me Your Heart 3.54
--Perfomed by Denete Hoover and Sherwood Ball
5-A Fool In Love 4.09
--Perfomed by Michael Smotherman
6-Smoke Gets In Your Eyes 2.38
--Perfomed by The Platter
7-Among The Clouds 8.34
8-Follow Me 1.14
9-Pete In Heaven 6.41
10-Saying Goodbye 3/13
11-Pete and Dorinda 3.18
12-The Return 2.29
13-The Rescue Operation 5.14
14-Seeing Dorinda 3.33
15-Intimate Conversation 1.26
16-Promise To Hap 2.29
17-The Old Timer's Shack 4.52
18-Dorinda Solo Flight 3.16

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

MCA Records MCGC-6085

Montage musique:
Ken Wannberg
Album produit par:
John Williams
"Smoke Gets In
Your Eyes"

written by Jerome Kern
and Otto Karbach,
performed by J.D. Souther
"Boomerang Love"
written and performed by Jimmy Buffett
"Cowboy Man"
written and performed by Lyle Lovett
"Give Me Your Heart"
written by Phil Marshall,
performed by Denette Hoover and Sherwood Ball
"A Fool In Love"
written and performed by Michael Smotherman
"Smoke Gets In
Your Eyes"

written by Jerome Kern
and Otto Karbach,
performed by The Platters

Artwork and pictures (c) 1991 Universal Pictures/Amblin Entertainment. All rights reserved.

Note: ***
ALWAYS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
En 1990, Steven Spielberg se lançait dans le remake de « A Guy Named Joe », film de Victor Fleming datant de 1943 avec Spencer Tracy et Irene Dunne. Avec « Always », Spielberg reprend les grandes lignes du film d’origine et nous propose un film magnifique, alliant avec brio poésie, romance et aventure. Pete Sandich (Richard Dreyfuss) est un pilote d’élite des pompiers volants du Montana. Ce véritable casse-cou est constamment accompagné par son fidèle ami Al Yackey (John Goodman) qui aiment braver ensemble les dangers avec leurs canadairs, survolant les flammes, les montagnes et les forêts de façon parfois peu prudente, au grand dam de Dorinda (Holly Hunter), la fiancée de Pete qui désespère de voir celui qu’elle aime prendre autant de risque à longueur de journée. Entre sa passion pour son métier et son amour pour Dorinda, Pete a bien du mal à choisir. Et puis, un jour, c’est le drame : Pete sauve la vie d’Al au cours d’une mission difficile qui lui coûtera finalement la vie. Devenu un fantôme, Pete parcourt une forêt carbonisée où une mystérieuse femme vêtue de blanc (Audrey Hepburn dans l’un de ses tout derniers rôles au cinéma !) lui apprend qu’il doit rester sur terre pour initier à son tour un jeune pilote et aider Dorinda à refaire sa vie.

« Always » reste au final un film modeste dans la carrière de Steven Spielberg, un film qui n’a malheureusement pas connu le succès escompté, décrivant l'histoire d'amour touchante entre Richard Dreyfuss, pilote casse-cou de canadair, et Holly Hunter, qui travaille à la même base aérienne. Rappelons que pour Spielberg, « Always » était un projet qui lui tenait particulièrement à coeur depuis près de 10 ans. « A Guy Named Joe » a toujours été l’un des films fétiches du réalisateur, et ce fut la première fois que le cinéaste réalisait le remake d’un film. Avec « Always », c’était aussi la première fois que Spielberg réalisait un film romantique, n’oubliant pas pour autant le côté spectaculaire (les scènes de forêt, les séquences de canadair) et même écologique de l’histoire. Porté par son histoire d’amour entre le présent terrestre et l’au-delà, « Always » est sans aucun doute l’un des films les plus intimes et poétiques de Spielberg. Paradoxalement, ce fut aussi un échec retentissant, aussi bien commercial que critique, puisque beaucoup continuent de le considérer encore aujourd’hui comme un petit film totalement mineur dans la carrière de Steven Spielberg. S’il est vrai que « Always » n’a rien d’un film indispensable, il porte malgré tout une magie et une poésie extrêmement touchante qui en font un petit bijou d’émotion, réalisé avec une certaine simplicité et beaucoup d’élégance. Certes, on pourra parfois trouver ça un peu naïf ou immature par moment (un défaut constant chez Spielberg, décidément très attaché à son âme d’enfant !), mais dans l’ensemble, « Always » est un film magnifique injustement méconnu et incompris, qui gagnerait à être redécouvert et apprécié à sa juste valeur !

Eternel complice de Steven Spielberg, John Williams a composé pour « Always » une musique intime et émouvante, jouant sur la retenue sans aucun excès ni artifices sentimentaux/larmoyants. « Always » est une partition lyrique et romantique pure, qui semble cependant bien moins aboutie que certaines oeuvres plus anciennes du compositeur. On retrouve dans le score deux thèmes principaux, dont l'un correspond à la romance entre Pete et Dorinda, un thème aux notes ascendantes très touchant, confié pour la plupart de ses apparitions dans le film à la chaleur incomparable des cordes. Le deuxième thème du score de « Always » apparaît clairement pour le final du film (« Saying Goodbye »), un autre motif ascendant, entendu notamment pour la très belle scène où Pete sauve Dorinda de la noyade en la faisant remonter à la surface de l'eau, alors qu'il n'est plus qu'un fantôme qui erre sur terre, et qu’il doit désormais se résoudre à lui faire ses adieux - sans aucun doute l’un des plus beaux morceaux de la bande originale de « Always ». Comme toujours, John Williams soigne tout particulièrement ses orchestrations, avec un classicisme d’écriture extrêmement élégant et raffiné, arborant par moment un sens du lyrisme très cher au compositeur.

Ceux qui s’attendent à retrouver un John Williams épique et démesuré risquent fort d’être déçus par « Always », car la musique demeure au final peu rythmée en dehors d’un morceau plus exubérant et entraînant comme le très coloré et enjoué « Follow Me » (morceau qui évoque l’enthousiasme de Pete et Al lors d’une nouvelle mission) ou tous les morceaux accompagnant les scènes où les canadairs luttent contre les flammes. Williams va même jusqu’à nous offrir un bref morceau d’action plus dramatique dans « Rescue Operation », où, chose plus rare, il fait intervenir quelques synthétiseurs très 80s en plein milieu d’un orchestre plus sombre. A ce sujet, on notera l’utilisation des synthétiseurs dans « Pete in Heaven » où Williams développe une atmosphère quasi surnaturelle à base de synthés cristallins new-age, de harpe et de cordes pour évoquer la scène où Pete, devenu un fantôme, se retrouve au paradis. John Williams apporte à cette scène du paradis une magie particulière, une espèce de poésie surnaturelle et spirituelle, tout bonnement étonnante. On retrouve une atmosphère onirique/surnaturelle similaire dans « Promise To Hap » et ses synthétiseurs new-age étranges qui évoquent le monde du paradis dans lequel se trouve Pete, un monde paisible et lointain, totalement dénué de la moindre forme d’angoisse ou de noirceur. Les synthétiseurs reviennent à plusieurs reprises tout au long du film pour évoquer l’état fantomatique du héros (« Old Timer’s Shack »).

La musique de John Williams reste toujours très retenue et simple dans le film. Comme Spielberg se plaît à nous le rappeler constamment, John Williams est un fin conteur, quelqu’un qui sait raconter une histoire en musique, et la partition de « Always » ne déroge pas à la règle. Williams décrit avec une pudeur très touchante les échanges sentimentaux entre Pete et Dorinda (« Intimate Conversation », « Pete and Dorinda »), et sa difficulté à se détacher d'elle (« Seeing Dorinda »), puis finalement, ses adieux à la fin du film, là où Williams réexpose ses deux thèmes principaux, avec les cordes, les cuivres (discrets) et piano (« Saying Goodbye »). Malgré toutes ses qualités, la partition de « Always » souffre finalement d’un seul et unique défaut : sa trop grande retenue qui empêche parfois la musique d’atteindre tout son potentiel lyrique et poétique dans le film. A trop vouloir restreindre son écriture, John Williams semble être quelque peu passé à côté de ce qu’il aurait réellement pu faire sur ce film, et ce même si sa partition apporte une émotion et une magie poignante au film de Spielberg. Certains ont trouvé que pour une musique censée évoquer une histoire d’amour entre la vie et la mort, l’ensemble manquait quelque peu de magie et de romantisme : peut-être que la partition de Williams aurait mérité un peu plus d'élan ? Toujours est-il que, malgré un potentiel pas totalement exploité et abouti, « Always » reste une BO intime et touchante, dans laquelle le John Williams explosif de « Star Wars » ou de « Superman » cède cette fois-ci la place à un Williams pudique, retenue et intimité étant les maîtres mots de cette très partition qui, à l’instar du film de Steven Spielberg, gagnerait à être réhabilitée à son tour et appréciée à sa juste valeur !


---Quentin Billard