1-Sacred Pentangle 2.54
2-Coronation 2.14
3-Goths Seize Rome 4.10
4-Wrong Answer 2.05
5-Secret Sword 5.51
6-Escape from Capri 3.20
7-Nestor's Betrayal 3.14
8-Journey to Britannia 2.28
9-Hadrian's Wall 2.13
10-Excalibur 1.49
11-Sword Play Romance 1.10
12-Who Killed Them? 3.12
13-The Battle of Hadrian's Wall 6.15
14-Death of Vortgyn 4.15
15-No More War 5.38

Musique  composée par:

Patrick Doyle

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6820

Produit par:
Maggie Rodford

Artwork and pictures (c) 2007 Last Legion Ltd. All rights reserved.

Note: ***
THE LAST LEGION
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Patrick Doyle
Le succès de ‘Gladiator’ a remis au goût du jour l’univers des péplums à Hollywood, un genre pourtant devenu moribond dès la fin des années 80. Dans ‘The Last Legion’, réalisé par Doug Lefler (réalisateur pour la série ‘Hercule’ et ‘Xena’), on assiste à la chute de l’Empire Romain en 476 après J.C. Peu de temps après le couronnement du jeune Romulus Augustus (Thomas Sangster), le fils d’Oreste (Iain Glen), empereur romain d’Occident, les Goths dirigés par le cruel Odoacre (Peter Mullan) renversent l’Empereur et s’emparent de Rome. Romulus est capturé par les barbares et envoyés sur l’île forteresse de Capri. Là bas, sur les conseils précieux de son vieux précepteur Ambrosinus (Ben Kingsley), Romulus découvre l’histoire d’une prophétie, celle d’une légendaire épée ayant appartenu à Jules César et sur laquelle est gravée les mots suivants : « un côté pour défendre, un côté pour vaincre, destinée à celui appelé à régner ». En fouillant dans la forteresse, le jeune empereur et ultime descendant des César retrouve l’épée et ranime une vieille légende ancestrale. Avec l’aide de la quatrième légion romaine dirigée par le vaillant Aurelius (Colin Firth), Romulus et ses compagnons – épaulés par la belle guerrière indienne Mira (Aishwarya Rai) - s’échappent de la forteresse et s’exilent vers le Moyen-Orient. Mais une trahison les oblige à changer de plan. Désormais, ils vont devoir rejoindre l’Angleterre, à la recherche de la neuvième légion romaine, ultime vestige de l’armée de Rome. ‘The Last Legion’ s’avère être un spectacle hollywoodien de bonne tenue, conçu par trois célèbres producteurs de cinéma : Dino De Laurentiis, Tarak Ben Ammar et Harvey Weinstein. On y retrouve les charmes des péplums d’antan avec une touche de modernité en plus : les chorégraphies de combat sont typiques de l’esthétique film d’action/aventure du 21ème siècle, rappelant beaucoup ici ‘King Arthur’ et ‘Gladiator’. Le scénario s’avère être une étonnante interprétation des racines du mythe du Roi Arthur, qui, selon le film, trouverait ses origines dans les derniers vestiges de l’Empire Romain, lorsqu’une poignée de légionnaires romains et leur jeune empereur durent se réfugier en Angleterre pour échapper aux invasions barbares, au Vème siècle après J.C. La réalisation s’avère être correcte, les scènes de bataille excitantes sans être particulièrement virtuoses, et l’interprétation tout à fait convenable – avec un Colin Firth un brin grassouillet et la superstar de Bollywood Aishwarya Rai sublime de sensualité. On regrettera néanmoins le côté prévisible de certaines scènes et un humour « pop-corn » bien souvent mal placé entre deux scènes d’action. Reste que ‘The Last Legion’ ne laissera finalement pas un souvenir impérissable.

Patrick Doyle renoue avec son traditionnel style épique/héroïque à l’ancienne, avec une partition symphonique un brin rétro, clairement influencée par le style de ‘Harry Potter & The Goblet of Fire’ et ‘Eragon’, interprétée avec brio par le fameux London Symphony Orchestra. Cela fait maintenant depuis quelques années que le compositeur semble s’être spécialisé dans les partitions massives et tonitruantes pour des grosses productions hollywoodiennes. La BO de ‘The Last Legion’ renoue avec le principe du leitmotiv traditionnel, avec pour commencer un superbe thème principal héroïque et épique associé au jeune Romulus. Le final de ‘Sacred Pentangle’ nous permet de découvrir ce thème dans toute sa splendeur, confié à des cuivres massifs et des choeurs solennels. Patrick Doyle nous propose une reprise absolument puissante de ce thème dans le somptueux ‘Coronation’, qui illustre la scène du couronnement de Romulus au début du film de façon grandiose et pleine de noblesse. On retrouve clairement ici le style épique et cérémonial du Patrick Doyle de ‘Hamlet’ et ‘Henry V’. Quand aux premières mesures de ‘Sacred Pentangle’, elles ne sont pas sans rappeler certains passages plus sombres et atmosphériques de ‘Harry Potter & The Goblet of Fire’. Le second thème de la partition fait son apparition dans le massif ‘Goths Seize Rome’, lorsque les troupes barbares s’emparent de Rome et renversent l’empereur. Doyle use ici d’un style martial, tonitruant, percussif et cuivré qu’il maîtrise parfaitement bien. Ce nouveau thème guerrier plus dramatique d’esprit accompagnera la plupart des scènes de bataille tout au long du film (à noter une reprise assez lente et sombre de ce thème dans ‘Wrong Answers’). On retrouve ici aussi le style ‘action/aventure’ hérité des passages les plus agités de ‘Eragon’ et de ‘Harry Potter & The Goblet of Fire’. Le troisième thème fait son apparition dans ‘Secret Sword’, et se distingue par ses accents orientaux. Il est bien évidemment associé au personnage de Mira alias Aishwarya Rai, et apporte un soupçon de charme et de mystère aux scènes où apparaît la belle et redoutable guerrière. ‘Secret Sword’ est d’ailleurs plus typique du style intime de Patrick Doyle, avec des orchestrations plus boisées et quelques cordes graves. A noter la façon dont Doyle évoque la magie liée à la découverte de l’épée secrète de César à la fin du morceau.

L’action repart de plus belle dans ‘Escape from Capri’, pour la séquence de l’évasion de l’île de Capri. Doyle accompagne cette séquence d’action à l’aide de percussions, d’une écriture plus rythmée et contrapuntique des cordes qui fait curieusement penser à du John Powell par moment (influence inattendue de la part de Patrick Doyle), sans oublier l’apport indispensable des cuivres. Cependant, on reste étonné par la façon avec laquelle Doyle évite dans cette scène toute envolée massive et déchaînée et conserve au contraire une certaine légèreté étonnante pour une scène d’action de ce genre, apportant un peu d’humour à cette scène justement teintée de quelques touches d’humour (maladroites). En revanche, ‘Nestor’s Betrayal’ s’avère être bien plus massif dans son genre, accompagnant la séquence de la trahison avec une certaine frénésie orchestrale plus captivante à l’écran. Un souffle d’aventure traverse ensuite ‘Journey To Britannia’ avec son contrepoint de cordes aigues et ses cuivres rappelant le thème majestueux de Romulus. Idem pour ‘Hadrian’s Wall’ pour l’arrivée en Angleterre, où les héros trouvent refuge près du célèbre mur d’Adrien. A noter ici l’écriture assez caractéristique des cordes et des cuivres qui rappellent beaucoup le style aventureux et héroïque de ‘Golden Egg’ de la BO de ‘Harry Potter & The Goblet of Fire’. Un certain sentiment de noblesse se fait ressentir sur la fin du morceau, comme pour rappeler les valeurs de la dernière légion romaine basée en Angleterre. On retrouve justement ce sentiment de noblesse dans ‘Excalibur’ où le compositeur évoque la légendaire épée du Roi Arthur à l’aide d’orchestrations plus légères et cristallines.

Plus rafraîchissant, ‘Sword Play Romance’ permet à Patrick Doyle de nous offrir un bref et astucieux interlude pour violoncelle et orchestre durant la séquence de la romance « musclée » entre Aurelius et Mira, rappelant l’héritage classique du musicien. Enfin, la bataille finale culmine dans l’immense ‘The Battle of Hadrian’s Wall’ qui s’ouvre au son d’une reprise solennelle et poignante du thème de Romulus (rappelant dans le film pourquoi les légionnaires romains livrent leur ultime bataille) et se poursuit sur un superbe déchaînement orchestral de plus de 6 minutes, à grand renfort de rythmes martiaux, de cuivres massifs, de choeurs et de percussions endiablées. Le thème guerrier est à nouveau de la partie, tandis que les choeurs guerriers (curieusement mixés très bas dans la musique) renforcent l’intensité de cette ultime bataille. La partie finale de la bataille se développe dans le tonitruant ‘Death of Vortgyn’ où la musique redouble de violence et de férocité, au son du thème guerrier et de choeurs grandioses – idéal pour renforcer à l’écran la dimension épique de cette ultime affrontement sur fond de légende Arthurienne. Le thème principal est finalement repris dans toute sa splendeur à la fin de ‘No More War’, rappelant la dimension héroïque et chevaleresque de la musique de Patrick Doyle, accompagnant parfaitement les dernières paroles du personnage de Ben Kingsley dans le film : « le monde a besoin de héros ».

Amateurs de subtilité et de finesse, passez votre chemin! Avec ‘The Last Legion’, Patrick Doyle ne fait pas dans la dentelle et nous offre une nouvelle partition symphonique solide et massive, mais sans grande inspiration. Sa musique pour le film de Doug Lefler n’atteint pas les sommets de sa précédente partition pour ‘Eragon’ – dans un registre assez similaire - mais apporte néanmoins sont lot d’action, de bravoure et d’émotion à ce long-métrage épique et héroïque. Néanmoins, on regrettera ici le côté assez quelconque des thèmes, bien que la mélodie principale demeure assez mémorable et reste ancrée dans notre mémoire longtemps après une première vision du film. Patrick Doyle développe ainsi des formules musicales héritées de ses précédents scores d’aventure, mais feint à retrouver ce qui faisait le charme et l’élégance de ses grands opus symphoniques pour les drames shakespeariens de Kenneth Branagh. Curieusement, si une partition telle que ‘Henry V’ paraissait pleine de richesse et de détails, certaines des partitions hollywoodiennes les plus récentes de Patrick Doyle semblent souffrir de certaines facilités et d’orchestrations souvent plus pâteuses. Harmoniquement, l’ensemble manque aussi de finesse, de surprises, alors que Doyle a toujours nourri un goût sur pour un langage harmonique classique et soutenu. Le paradoxe est donc là : ‘The Last Legion’ apporte une énergie indispensable parfaite au film de Doug Lefler mais montre à contrario un Patrick Doyle en petite forme – le compositeur étant définitivement capable de faire bien mieux que cela, ce qui n’est plus à prouver depuis belle lurette. Malgré tout, le compositeur rappelle qu’il maîtrise parfaitement les musiques héroïques et épiques, et nous le prouve une fois encore avec ‘The Last Legion’!



---Quentin Billard