1-Erica 2.29
2-The Tunnel 3.51
3-Gun Shop 2.52
4-Corner-Shop 2.45
5-The Stranger Within 2.27
6-Death in the Subway 2.12
7-Back to the Crime Scene 2.59
8-On the Prowl 1.40
9-Alone 1.49
10-Death in the Car Park 2.58
11-No Going Back 2.44
12-I Saw Nobody, Nobody Saw Me 1.33
13-Wedding Cards 2.36
14-Identity Parade 2.06
15-Car Jam 2.59
16-Phone Messages 1.57
17-Retribution 3.00
18-The Aftermath 1.49

Musique  composée par:

Dario Marianelli

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 841 2

Musique produite par:
Dario Marianelli
Producteur exécutif:
Robert Townson
Directeurs de la musique pour
Warner Bros Pictures:
Doug Frank, Gary LeMel,
Carter Armstrong

Co-ordinateur de la musique:
Maggie Rodford
Préparation de la musique:
Tony Stanton

Artwork and pictures (c) 2007 Warner Bros Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE BRAVE ONE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Dario Marianelli
Le genre du ‘vigilante movie’ a connu ses heures de gloire dans les années 70. Charles Bronson dans la série des ‘Death Wish’ fut par exemple l’un des plus grands représentants de ces films d’action souvent très violents vantant les mérites de l’auto justice expéditive à l’américaine, le tout englobé d’une morale bien souvent plus que douteuse. Puis, très vite, le genre est tombé en désuétude jusqu’à ce que le réalisateur Neil Jordan renoue avec ce type de film en 2007 dans ‘The Brave One’ (A vif), drame poignant mettant en scène une Jodie Foster qui, traumatisée par l’assassinat brutal de son mari, décide de se faire elle même justice.

Eric Bain alimente régulièrement la chronique ‘errance urbaine’ de son émission radiophonique ‘Street Walk’ à New York. Elle aime son métier et son mari David Kirmani, avec qui elle est sur le point de se marier. Un soir, le couple est agressé par des jeunes loubards aux abords de Central Park. Erica est grièvement blessée et sombre dans le coma. Hélas, elle apprend à son réveil que David est mort, ayant succombé à ses blessures. Traumatisé par la mort brutale de son mari, Erica sombre dans une sorte de dépression. La ville qu’elle appréciait tant s’est transformée pour elle en un gigantesque cauchemar où chaque coin de ruelle recèle son lot d’angoisse. Erica décide de réagir contre cette peur qui commence à la ronger et s’achète une arme à feu. Un soir, elle tue un homme en état de légitime défense et prend la fuite. En franchissant la barrière de la violence, Erica a désormais cessé d’être la personne qu’elle était auparavant. Un autre soir, elle abat un individu particulièrement dangereux, et ainsi de suite. Les médias la considèrent désormais comme le nouveau mystérieux ‘justicier’ de New York, provoquant admiration et dégoût chez la population locale. Pendant ce temps, Sean Mercer (Terrence Howard), un lieutenant du NYPD, enquête sur cette série de meurtre et finit par soupçonner Erica, avec qui il a noué une étroite relation. Désormais, le temps est compté pour Erica, qui sait que, tôt ou tard, la police finira par l’arrêter et mettre fin à sa croisade sanguinaire contre le crime.

Le scénario, somme toute classique, permet à Jodie Foster de nous offrir l’un de ses plus beaux rôles de ces 10 dernières années, l’actrice habitant complètement son personnage, à la fois touchant et dérangeant. Le film évoque la perte de l’âme humaine et la spirale de la violence à travers la satisfaction d’une vengeance personnelle : où s’arrête le bien, où commence le mal ? ‘The Brave One’ met ainsi nos convictions à l’épreuve à travers les périples tragiques d’Erica Bain. La mise en scène de Neil Jordan apporte un soin tout particulier au traitement visuel de l’image, multipliant les angles de caméra et les travellings déroutants à la Steadycam pour mieux faire ressortir l’enfer de la violence dans lequel s’enferme l’(anti) héroïne. Le réalisateur soigne ainsi tout particulièrement sa réalisation et nous offre un ‘vigilante movie’ de qualité, bien qu’aboutissant à une morale assez douteuse mais qui prête néanmoins à réflexion : et nous, que ferions-nous à sa place?

Habituellement, Neil Jordan travaille en étroite collaboration avec le compositeur Elliot Goldenthal, qui a signé jusqu’à présent 5 partitions pour des films du réalisateur, et ce depuis ‘Interview with the Vampire’ en 1994. Pour ‘The Brave One’, Jordan a décidé de faire des infidélités à son musicien fétiche en louant cette fois-ci les services de Dario Marianelli, nouveau compositeur montant de la nouvelle garde hollywoodienne, révélé en 2005 pour sa musique pour ‘The Brothers Grimm’ de Terry Gilliam. Sa partition pour ‘The Brave One’ apporte une émotion particulière au film de Neil Jordan, entre amertume tragique et suspense haletant. Marianelli axe sa partition autour d’un thème principal, ‘Erica’, associé au personnage de Jodie Foster tout au long du film. Le thème se distingue par sa mélodie de 4 notes ascendantes de piano, soutenue par des cordes douces, une guitare solitaire et une nappe de synthé discrète. ‘Erica’ évoque clairement l’isolement du personnage et sa perte d’âme, avec un soupçon de mélancolie discrète mais réellement touchante dans le film. Marianelli écrit un thème simple qui ne marque pas forcément les esprits à la première écoute, mais qui apporte néanmoins une émotion sincère aux images. Tout bascule alors dans ‘The Tunnel’, pour la terrible scène de l’agression au début du film. Marianelli utilise ici un violon soliste développant un thème grave et funèbre couplé à un orchestre sombre et agité, agrémenté de quelques touches électroniques sombres et atmosphériques. ‘The Tunnel’ ne cherche pas ici à faire ressortir la violence mais à la contourner en la montrant sous un angle tragique et douloureux, adoptant une approche clairement élégiaque et poignante sur les images. Le compositeur soigne tout particulièrement ici ses orchestrations avec un certain classicisme d’écriture plus européen d’esprit. Mais le ton change radicalement à partir de ‘Gun Shop’. Marianelli utilise ici quelques percussions électroniques évoquant l’univers urbain du quartier de Manhattan, couplé à un orchestre agité et un nouvel instrument soliste : le violoncelle. Les percussions évoquent ici astucieusement le besoin de vengeance et la colère qui gronde en Erica, au moment où cette dernière part s’acheter une arme.

On bascule ensuite dans le suspense avec l’inquiétant ‘Corner-Shop’, avec ses coups de contrebasses violents et ses effets sonores inquiétants durant la scène où Erica abat un dangereux individu dans une épicerie locale. ‘Corner-Shop’ développe un nouveau thème, plus sombre et mélancolique, que l’on retrouvera aussi tout au long du film, et qui évoque la descente aux enfers d’Erica. A noter ici un travail très intéressant autour des sonorités électroniques, qui résonnent de façon quasi étrange voire obsédante. On retrouve ici le ton élégiaque du début de la musique, avec un travail remarquable mené autour du pupitre des cordes, et un sentiment d’amertume et de souffrance que l’on ressent à nouveau dans ‘The Stranger Within’ et son piano solitaire, reprenant le thème sombre de ‘Corner-Shop’. Le suspense revient dans ‘Death in the Subway’ pour la séquence où Erica abat deux dangereux individus dans le métro. La musique s’avère être ici plus dissonante, chaotique et menaçante. L’action prend ensuite le dessus dans ‘On The Prowl’ qui développe le thème funèbre de ‘The Tunnel’ avec un orchestre plus rythmé et une rythmique électronique discrète. ‘On The Prowl’ évoque clairement la détermination d’Erica à aller jusqu’au bout. Puis, la seconde partie de la partition oscille entre suspense et action entrecoupé de morceaux plus dramatiques. ‘Death in the Car Park’ évoque ainsi la tension de la scène où Erica abat un homme qui était sur le point de violenter une prostituée dans une voiture. Marianelli utilise ici les sonorités orchestrales plus sombres avec toujours quelques traces d’électronique discret mais efficace. ‘I Saw Nobody, Nobody Saw Me’ illustre un inquiétant jeu du chat et de la souris entre Erica et Sean durant la scène où la prostituée est sur le point de témoigner de la présence d’Erica sur les lieux du crime avant de se rétracter au dernier moment. Le compositeur utilise ici un superbe duo de violons solos amers et funèbres qui apporte un plus émotionnel aux images. On retrouve d’ailleurs une utilisation similaire des instruments solistes dans ‘Wedding Cards’, qui oscille ici entre tension et mélancolie avec une certaine maestria. L’action culmine dans ‘Car Jam’ où le thème funèbre du début devient plus massif et sombre sur fond de percussions électroniques avant d’exploser dans le final violent ‘Retribution’, tandis que ‘Phone Messages’ résonne de façon tragique et déchirante lorsque Erica va commettre son ultime acte de vengeance. Les instruments solistes apportent un souffle tragique poignant à un morceau d’une gravité saisissante, où l’on ressent ici aussi un style plus européen d’esprit et typique de Dario Marianelli. Le thème principal revient une dernière fois dans ‘The Aftermath’, la boucle étant bouclée.

Dario Marianelli signe donc une partition sombre, mélancolique et élégiaque pour ‘The Brave One’, retranscrivant parfaitement à l’écran la souffrance et la colère qui hantent le personnage de Jodie Foster à l’écran. Sa musique apporte une certaine chaleur émotionnelle aux images du film de Neil Jordan, comme pour mieux témoigner du drame qui se joue sous nos yeux. Marianelli nous offre donc une partition riche et émouvante pour ‘The Brave One’, et même si l’ensemble demeure somme toute peu original et mémorable, on ressort quand même très satisfait de l’écoute de cette BO dans le film et sur l’album publié par Varèse Sarabande. Dario Marianelli confirme donc qu’il possède un certain potentiel qui ne demande qu’à être mieux approfondi sur des films qui l’inspirent vraiment, comme ce nouveau long-métrage signé Neil Jordan. En conclusion : une BO recommandée pour tout ceux qui s’intéressent de près ou de loin aux travaux du compositeur italien!



---Quentin Billard