1-Aliens vs. Predator - Requiem 1.30
2-Opening Titles 3.04
3-Decimation Proclamation 7.40
4-Requiem Epilogue 3.12
5-National Guard Part 1 5.45
6-National Guard Part 2 2.56
7-Taking Sides 13.04
8-Predicide 1.31
9-Kelly Returns Home 1.19
10-Coprocloakia 5.32
11-Power Struggle 4.02
12-Skinned and Hanged 2.48
13-Down to Earth 2.36
14-Predator Arrival 3.37
15-Special Delivery 2.32
16-Alien Awakening 2.07
17-Striptease 1.31
18-Buddy's New Buddy 1.59
19-Searching the Poolhouse 3.11
20-Gutless and Autosurgiosis 2.43
21-Outnumbered 4.38

Musique  composée par:

Brian Tyler

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-6865

Produit par:
Brian Tyler
Producteur exécutif:
Robert Townson
Montage musique:
Joe Lisanti
Assistant monteur:
Kyle Clausen
Directeur de la musique pour
20th Century Fox:
Robert Kraft
Musique supervisée pour
la 20th Century Fox par:
Mike Klobloch
Music Business Affairs:
Tom Cavanaugh
Coordination production musicale:
Rebecca Morellato

Artwork and pictures (c) 2007 20th Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***1/2
ALIENS VS. PREDATOR REQUIEM
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brian Tyler
Après le ratage quasi total du minablissime ‘Alien vs. Predator’ de Paul W.S. Anderson, les fans des deux célèbres franchises de la 20th Century Fox attendaient de pied ferme une suite qui rectifie le tir et apporte ce que l’on était supposément en droit d’attendre d’une telle production : de l’action bien entendu, mais aussi une confrontation anthologique et réellement trash entre les deux plus grands monstres du cinéma américain contemporain. C’est en partant du constat ô combien véridique que le film de Paul W.S. Anderson était un blasphème total envers les deux franchises que les frères Strause ont décidé de mettre en chantier un ‘Aliens vs. Predator Requiem’, censé remettre ce mano à mano bestial sur le droit chemin. Fans de la première heure des deux sagas, Colin et Greg Strause ont voulu faire de ce nouvel opus un film d’action gore, frénétique, brutal et sans concession. A l’origine, les deux frangins sont des spécialistes des effets spéciaux, plus connus pour leurs travaux sur des films tels que ‘300’, ‘X-Men The Last Stand’ ou bien encore ‘Titanic’. ‘Aliens vs. Predator Requiem’ représente leur premier passage derrière la caméra. Autant dire qu’il s’agit pour eux d’un rêve de gosse qui se concrétise. Pendant des mois entiers, les frères Strause et les producteurs de la Fox ont vendus le film comme un véritable cadeau offert aux fans des sagas ‘Alien’ et ‘Predator’, un film qui était selon eux censé rectifier les erreurs du premier opus tout en rendant un grand hommage aux deux franchises. Peu de temps après les évènements du premier opus, le predalien naît dans le vaisseau d’un groupe de predators et décime tout l’équipage avant de provoquer le crash de l’appareil sur la terre. Des face huggers réussissent alors à s’échapper de l’épave et commencent à contaminer tous les humains qui se trouvent aux alentours. Très vite, les aliens se multiplient et envahissent rapidement la petite ville de Gunnison dans le Colorado, protégeant le predalien qui assure la continuité de l’espèce en pondant dans le corps de ses malheureuses victimes. Après le crash du vaisseau, wolf, un puissant guerrier predator, est envoyé sur terre pour mettre un terme à cette situation et venger la mort de ses camarades en décimant tous les aliens qui ont envahis Gunnison. Les habitants se retrouvent alors pris au piège dans un affrontement sanguinaire sans merci entre les deux créatures.

Le résultat est-il finalement à la hauteur de l’événement tant annoncé par les concepteurs même du film ? Hélas, il semblerait bien que cela ne soit guère le cas. Premier point noir : le film est doté d’une réalisation absolument atroce : visiblement, les frères Strause essaient de donner un ton moderne à leur film sans jamais vraiment réussir à maîtriser la technique : les mouvements abrutissants de caméra à l’épaule, un montage totalement épileptique (non adapté à la façon de filmer des deux frangins) et un manque total de clarté dans les éclairages rendent le film particulièrement pénible à regarder. On ne comprend quasiment rien à ce qu’il se passe à l’écran et plus particulièrement dans les scènes d’action, qui demeurent atrocement mal filmées et brouillonnes de bout en bout. Les frères Strause ont essayés de filmer à la façon de Paul Greengrass version ‘The Bourne Ultimatum’ mais sans jamais vraiment y arriver. Deuxième point noir : les interprètes, d’une nullité affligeante. Le casting ‘adolescent américain prépubère’ achève de renvoyer ce ‘AVP-R’ au rang de série-B/slasher movie à la limite du foutage de gueule. Même si les acteurs du premier opus manquaient cruellement de charisme, ils paraissaient au moins bien plus crédibles que cette bande de jeunes américains qui semblent avoir été castés directement dans la rue. Quand on connaît l’importance accordée aux interprètes dans les sagas ‘Alien’ et ‘Predator’, comment peut-on tolérer un casting aussi mauvais pour un film censé évoquer un duel d’anthologie entre les deux grands monstres du cinéma U.S. contemporain ? Les acteurs semblent ne pas y croire une seule seconde, ils paraissent totalement passifs et leurs réactions sont bien souvent disproportionnés et peu crédibles face aux situations. Autre problème de taille : les allusions incessantes aux deux sagas. Certes, les frères Strause ont voulu revenir à l’essence même des ‘Aliens’ et des ‘Predator’. Le problème, c’est qu’on a l’impression de voir pendant plus d’1h34 une succession de scènes et de situations repiquées à droite à gauche des deux franchises : on a ainsi droit à une scène où les marines se font massacrer (‘Aliens’), une scène où la fillette parle des monstres à sa mère (toujours ‘Aliens’), le médecin légiste qui explique après avoir récupéré un cadavre pendu qu’il en faut pour faire ça à un homme (‘Predator’), la scène du rideau de l’hôpital avec le predalien qui se cache derrière (‘Alien3’), etc. A trop jouer la carte de l’hommage, les frères Strause ont fini par commettre un véritable pillage des deux sagas avec toutes les facilités qui vont avec. Du coup, ‘AVP-R’ finit par ressembler à une grosse compilation des ‘Aliens’ et des ‘Predator’ totalement dénuée d’imagination et perd totalement en légitimité. Ajoutons à cela un rythme trop speed et mal géré : les scènes s’enchaînent beaucoup trop vite pour qu’on puisse rentrer dedans, d’autant que le duel entre le predator et les aliens met beaucoup de temps à démarrer alors qu’on nous présente pendant 20 minutes des personnages dont on se moque éperdument, étant donné qu’on sait pertinemment qu’ils vont quasiment tous mourir 30 minutes plus tard ! N’oublions pas non plus des dialogues d’une nullité affligeante (avec le désormais cultissime « c’est moi que tu regardes ou l’horloge ? » - on se croirait dans un teen movie bas budget !) et des personnages totalement bâclés et inutiles (ils ne sont là que pour servir de chair à pâté et n’ont quasiment aucune utilité dramatique dans l’histoire). Le duel au sommet annoncé depuis longtemps sombre au final dans le n’importe quoi absolu, tout juste sauvé du zéro total par quelques petits points positifs: un predator assez imposant tout au long du film, doté d’un équipement remis à neuf et quelques scènes bien gore même si le film ne va pas très loin dans le genre (à noter cependant quelques scènes trash avec une femme enceinte qui a droit à un triple chest buster assez atroce, et un jeune enfant qui meurt dans des conditions similaires vers le début du film). Pour le reste, malgré tous les efforts déployés p
our faire de ce ‘Aliens vs Predator Requiem’ un hommage survitaminé aux deux grands monstres du ciné U.S., le film est un échec total autant sur le plan artistique que commercial, laissant de nombreux fans sur leur faim. Décidément, les ‘AVP’ n’auront été qu’une longue succession de déceptions de bout en bout !

Après un score fonctionnel et totalement dispensable signé Harald Kloser sur le premier opus, c’est le jeune Brian Tyler qui a été choisi pour écrire la musique de ‘Aliens vs. Predator Requiem’. Le film des frères Strause a ainsi représenté pour le compositeur une grande occasion de rendre hommage – à son tour – aux musiques des deux franchises, multipliant ainsi tout au long de sa partitions les clins d’œil aux partitions de ‘Alien’ (Goldsmith), ‘Aliens’ (Horner), ‘Alien 3’ (Goldenthal), ‘Alien Resurrection’ (Frizzell) et ‘Predator’ (Silvestri). Pas moins de cinq compositeurs sont ainsi cités tout au long de la partition de ‘Aliens vs. Predator Requiem’, le tout mélangé au style orchestral habituel de Tyler, qui ne cesse de s’affirmer au fil des années. Le score s’articule autour d’une série de thèmes et motifs, avec pour commencer le ‘Aliens vs. Predator Requiem Theme’, avec ses rythmes martiaux/guerriers scandés à la manière du ‘Mars’ des ‘Planètes’ de Gustav Holst et son thème de cuivres massifs évoquant le duel entre les aliens et le predator tout au long du film. La seconde partie du morceau dévoile un rythme guerrier plus sobre associé tout au long du film au predator, et qui fait bien évidemment ici référence aux rythmes martelés du ‘Predator’ d’Alan Silvestri. A noter l’utilisation brève mais néanmoins efficace de quelques percussions tribales, un élément curieusement assez peu présent dans la partition de Brian Tyler. Le thème de ‘AVP-R’ possède donc un côté guerrier et martial qui illustre parfaitement cette idée de confrontation au sommet entre les deux créatures. Seule ombre au tableau : le côté peu inspiré du dit thème et un motif d’accompagnement de deux notes aux cordes qui rappelle beaucoup le thème principal de ‘Come See the Paradise’ de Randy Edelman (coïncidence ?). Avec le ‘Opening Titles’, Tyler donne le ton de la partition en oscillant entre suspense et sursaut orchestral déchaîné suivi du premier morceau incontournable de la partition de ‘AVP-R’ (et qui illustre en réalité le duel final du film), l’excitant ‘Decimation Proclamation’, déchaînement orchestral intense de plus de 7 minutes de frénésie musicale pure et dure. Brian Tyler rappelle à quel point il maîtrise l’art du déchaînement orchestral, tout en multipliant les références au ‘Aliens’ de Horner (et plus particulièrement aux célèbres rythmes accélérés conclusifs de ‘Bishop’s Countdown’) et au style personnel du compositeur (on retrouve ici le style action de ‘Timeline’, ‘The Hunted’ ou ‘War’). A noter que les aliens sont représentés musicalement par des clusters stridents de trompettes, tandis que le predator est accompagné continuellement par des rythmes scandés guerriers à la Silvestri. On appréciera tout au long du morceau la façon dont Tyler rebondit sur chaque phrase rythmique afin de relancer continuellement le sentiment d’action et de confrontation totale. On regrettera néanmoins le recours souvent facile aux nombreux effets orchestraux à la limite du cacophonique (clusters de cuivres, amoncellement de dissonances stridentes, glissandi de cordes, etc.), l’ensemble manquant finalement un brin de contrepoint et d’écriture – on est bien loin ici du brio du ‘Aliens’ de Horner ou de la maîtrise orchestrale incroyable du ‘Alien Resurrection’ de John Frizzell.

Les orchestrations privilégient comme toujours dans ce type de production le mélange percussions/cuivres/cordes avec quelques bois bien souvent mis en retrait mais qui demeurent néanmoins présents. A noter que les quelques rares éléments électroniques demeurent somme toute assez discret, Brian Tyler ayant voulu revenir à un style plus orchestral et finalement plus proche des musiques d’origine des deux sagas. Seul morceau qui s’éloigne un peu de ce style : l’excitant ‘National Guard Part 2’, qui accompagne l’affrontement entre le predator et les aliens dans l’armurerie vers le milieu du film, morceau qui débute avec une allusion à un effet sonore inspiré du ‘Aliens’ de Horner (les sforzandos de clusters graves des cuivres) et se prolonge avec une alternance entre les rythmes tribaux/guerriers du predator et les clusters stridents des trompettes associés aux aliens, le tout sur fond de percussions électroniques qui rappellent le score du récent ‘War’ de Brian Tyler. La musique, relativement bien mixée dans le film, apporte un véritable sentiment d’excitation et de frénésie aux images hélas bien laborieuses du film des frères Strause. A noter un morceau particulièrement long pour un album de ce genre, ‘Taking Sides’, qui développe pendant plus de 13 minutes différentes ambiances oscillant entre le suspense, la tension et l’action cacophonique. Tyler multiplie ici aussi les références héritées des temp-tracks du film – ‘Aliens’ avec ses martèlement d’enclumes typiques et ‘Alien Resurrection’, particulièrement flagrant à partir de 1:52, où le compositeur cite un motif ascendant de cordes inspiré du score de Frizzell (et qu’il reprend d’ailleurs dans ‘Down to Earth’ lors de la scène du crash de l’épave predator sur terre). Tyler cite d’ailleurs à nouveau ‘Bishop’s Countdown’ à 11:36 pour évoquer l’invasion sans cesse grandissante des aliens dans toute la ville, et le carnage qui en découle. Un morceau comme ‘Coprocloakia’ se paie même le luxe de citer l’un des morceaux de suspense les plus reconnaissables du score d’Aliens de James Horner (qui aura décidément servi de temp-track majeur sur cette bande originale), ‘Sub-Level 3’, Tyler allant même jusqu’à faire référence au motif de trompette en écho entendu au début d’Aliens et déjà lui même inspiré à l’origine d’un effet sonore du ‘Alien’ de Jerry Goldsmith (qu’il cite aussi en reprenant les effets d’échoplex des col legno de cordes).

Toujours dans le jeu des citations, Tyler fait aussi un bref clin d’œil à un motif ascendant du ‘Predator’ d’Alan Silvestri vers le milieu de ‘Coprocloakia’, un morceau somme toute chargé en citations musicales et qui devrait faire la joie des fans des musiques des deux sagas (seule ombre au tableau : des allusions souvent trop évidentes et faciles, comme dans le film, et qui trahissent le manque de recul d’un compositeur assommé de temp-track tout au long du film !). Niveau thématique, l’ensemble évolue sans surprise dans un morceau comme ‘Predicide’, qui met en parallèle le thème principal (la confrontation contre les aliens) et le thème guerrier du predator. Tyler met néanmoins au placard ses thèmes pendant une bonne partie du score afin de se concentrer davantage sur une illustration musicale très premier degré des différentes scènes d’action/suspense du film. On regrettera néanmoins le côté souvent trop fonctionnel de morceaux tels que ‘Skinned and Hanged’ (scène du cadavre écorché), ‘Kelly Returns Home’, ‘Buddy’s New Buddy’, ‘Down to Earth’, l’intime ‘Striptease’ ou bien encore le très quelconque ‘Special Delivery’, des morceaux qui n’apportent finalement pas grand chose à l’ensemble et qui sont bien loin d’égaler la puissance et l’intensité de l’incontournable ‘Decimation Proclamation’ (qui peut déjà être considéré comme le morceau d’anthologie du score de ‘AVP-R’, au même titre que le ‘Alien Fight’ du premier score de Harald Kloser). ‘Power Struggle’ résume quand à lui parfaitement le style action sans concession de la partition de Brian Tyler, un style dans lequel la finesse et la délicatesse n’ont décidément pas leur place !

La partition de ‘Aliens vs. Predator Requiem’ nous offre au final une bonne dose d’action et de suspense, le tout baignant dans un style orchestral qui multiplie les allusions musicales aux scores des deux franchises de la 20th Century Fox, un exercice périlleux dans lequel Brian Tyler s’en tire à peu près bien même si l’on déplorera le côté souvent très facile et trop évident des nombreuses citations qui parsèment l’ensemble du score de Tyler. Sa musique reflète parfaitement la sensation de chaos absolu et de carnage décrite dans le film, même si le tout flirte bien souvent dangereusement avec la cacophonie pure. Hélas, Brian Tyler n’a ni le talent d’un James Horner, d’un John Frizzell ou d’un Alan Silvestri et encore moins le génie d’un Elliot Goldenthal ou d’un Jerry Goldsmith. Sa musique demeure somme toute très fonctionnelle de bout en bout et pas toujours très inspirée, et ce même si certains morceaux apportent une puissance redoutable aux images (‘Decimation Proclamation’, ‘National Guard Part 2’, ‘Coprocloakia’, etc.). Malgré tous les efforts déployés par le compositeur, on se serait quand même attendu à une musique un brin plus inspirée pour le long-métrage des frères Strause. Néanmoins, Brian Tyler remplit parfaitement le cahier des charges et apporte au film sont lot d’action, de chaos et de brutalité à travers une partition orchestrale frénétique, guerrière et totalement déchaînée, qui devrait satisfaire les fans du genre et les inconditionnels des musiques des sagas ‘Alien’ et ‘Predator’!


---Quentin Billard