1-Introduction 3.37
2-Hellboy II Titles 1.18
3-Training 1.50
4-The Auction House 2.28
5-Hallway Cruise 1.35
6-Where Fairies Dwell 4.16
7-Teleplasty 1.21
8-Mein Herring 1.05
9-Father and Son 6.02
10-A Link 1.29
11-A Troll Market 1.21
12-Market Troubles 3.41
13-A Big Decision 1.10
14-The Last Elemental 4.11
15-The Spear 1.47
16-A Dilemma 2.55
17-Doorway 3.35
18-A Choice 3.58
19-In The Army Chamber 5.47
20-Finale 3.49

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 910 2

Produit par:
Danny Elfman
Producteurs exécutifs de l'album:
Guillermo Del Toro,
Kathy Nelson

Producteur exécutif:
Robert Townson
Directeurs de la musique pour
Universal Pictures:
Kathy Nelson, Harry Garfield

Artwork and pictures (c) 2008 Universal Studios. All rights reserved.

Note: ***
HELLBOY II : THE GOLDEN ARMY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Quatre ans après un premier opus fracassant et explosif, le toujours très inspiré Guillermo Del Toro renoue avec l’univers d’Hellboy dans un deuxième opus toujours aussi monstrueux et explosif. On retrouve ainsi Hellboy (Ron Perlman) et sa fiancée Liz Sherman (Selma Blair) ainsi que toute leur équipe du B.P.R.D. (Bureau de Recherche et de Défense Paranormal), incluant l’aquatique et empathique Abe Sapien (Doug Jones) et le protoplasmique et mystérieux Dr. Johann Krauze, nouvelle recrue dans l’équipe chargée de surveiller d’un peu plus près les agissements du grand démon rouge. Cette fois-ci, Hellboy et ses compagnons vont devoir lutter contre le Prince Nuada, héritier d’un royaume déchu invisible aux yeux des humains mais qui signa il y a très longtemps une trêve avec le genre humain, jusqu’au jour où le prince décida qu’il était grand temps de rétablir le pouvoir du royaume des profondeurs en ranimant les terribles légions d’or maudites, une gigantesque armée de robots en or massif enfermés sous terre mais qui menacent de s’éveiller d’un instant à l’autre, si le prince Nuada réussit à réunir la couronne du royaume invisible. Le prince est à la recherche du dernier fragment de la couronne qui lui permettra de contrôler une puissante armée de créatures indestructibles qui détruiront notre monde pour toujours, à moins qu’Hellboy n’intervienne encore une fois pour stopper les agissements de ce sinistre individu. Mais le démon cornu doit hélas faire face au mépris de la population humaine qui continue de le voir comme un monstre, et aux tensions qui sévissent dans son couple, Liz ayant de plus en plus de mal à tolérer le flegme et les nombreux défauts du démon rouge. Aujourd’hui, Hellboy se retrouve face à un terrible dilemme : n’appartenant à aucun des deux mondes qui s’affrontent aujourd’hui - celui des humains et celui du monde invisible - le démon rouge doit choisir une destinée bien incertaine s’il espère sauver le monde qu’il défend depuis toujours.

« Hellboy II » s’affirme dans la continuité directe du premier opus. Toujours inspiré du comic book de Mike Mignola, ce second opus nous permet de retrouver une grande galerie de monstres en tout genre, avec les délires fantasmagoriques habituels chers à Guillermo Del Toro - cf. le monstre de la mort vers la fin du film, avec son visage sans yeux et ses nombreux globes oculaires collés sur ses ailes, créature fantastique qui n’est pas sans rappeler un monstre similaire dans le fameux « Pan’s Labyrinth ». Aucun doute possible, tout film de commande qu’il soit, « Hellboy II » porte la marque de Guillermo Del Toro : on y retrouve donc ce goût très prononcé pour les ambiances fantastiques déjantées, les touches d’humour décalées, les monstres difformes et grotesques, et les décors complexes et riches. Esthétiquement, si « Hellboy II » ne possède évidemment pas la richesse narrative et psychologique d’un « Pan’s Labyrinth », le film n’en demeure pas moins complexe et captivant, ponctué de quelques belles surprises comme une séquence de magie pure durant laquelle Hellboy abat une créature de la forêt qui répand de la végétation partout sur la ville, ou une scène plus amusante durant laquelle le démon rouge et son ami Abe Sapien se soûlent ensemble en écoutant une chanson d’amour ringarde au possible. A la fois drôle, violent, grandiose et massif, ce « Hellboy II » a de quoi réjouir les fans de Guillermo Del Toro qui signe là un divertissement intelligent et calibré.

Après Marco Beltrami sur « Hellboy », c’est au tour de Danny Elfman de reprendre les rennes sur « Hellboy II », Del Toro expliquant ainsi qu’il n’avait pas voulu reprendre Beltrami sur ce second épisode et qu’il s’était finalement rabattu sur Elfman, un choix guère étonnant quand on sait à quel point le réalisateur a toujours grandement admiré le travail du compositeur attitré de Tim Burton au cinéma. Danny Elfman signe pour « Hellboy II » une partition mélangeant touches d’humour, morceaux d’action dantesques et envolées lyriques/poétiques du plus bel effet. Niveau thématique, le compositeur a choisi de ne pas reprendre les précédents thèmes de Beltrami afin de repartir sur une base musicale neuve. La partition d’Elfman se structure autour de trois thèmes majeurs, le premier, plutôt rythmique, est un ostinato de 4 notes de cordes répétées de façon entêtante et associées aux légions d’or maudites du prince Nuada. Le thème apparaît dès « Introduction » et « Hellboy Main Titles », ouverture de très grande qualité, comme toujours chez Elfman, qui demeure inexorablement LE compositeur des génériques de début - son gros point fort. Le « Main Titles » nous permet de retrouver un Elfman inventif et fantaisiste comme on l’apprécie habituellement. La musique évolue alors que l’on aperçoit des rouages mécaniques en mouvement tandis que le titre du film se forme progressivement. Elfman utilise des percussions métalliques diverses, des cuivres amples, des cordes agitées et quelques chœurs grandioses pour annoncer le ton aventure/action démesuré du film de Guillermo Del Toro. Le second thème est entendu au violoncelle dans « Introduction » et sera présent tout au long du film pour accompagner le méchant du film et ses sinistres desseins. Le nouveau thème du bad guy s’apparente à une mélodie entêtante aux notes descendantes, avec une touche de mystère sous-jacent. Elfman développera ce thème tout au long de sa partition de façon quasi obsédante, comme pour rappeler l’omniprésence de la menace du méchant.

On trouvera ensuite un motif de trois notes descendantes associé au B.P.R.D., motif mystérieux et intriguant qui évoquent par la même occasion les exploits d’Hellboy. Enfin, le compositeur nous gratifie d’un quatrième thème, plus intime et mélancolique, un « Love Theme » associé à Hellboy et Liz. Des morceaux plus touchants comme « A Dilemma » ou « A Big Decision » et son piano intime nous permettent de respirer un peu, entre deux gros morceaux d’action virtuoses et intenses, suggérant l’intrigue sentimentale entre le gros rouge et la jolie Liz. Elfman s’autorise même une petite pause contemplative lors du final de « A Dilemma » avec des chœurs angéliques qui rappellent curieusement le thème de la partition de « Lady in the Water » de James Newton Howard.

L’introduction du méchant du film (« Training ») nous permet de retrouver une des caractéristiques majeures du style de Danny Elfman : un maniement remarquable du pupitre des percussions, agrémenté de quelques touches électroniques qui rappellent certaines mesures de « Spiderman » ou « Hulk ». Le compositeur nous propose toute une série de sonorités métalliques et percussives associées au prince Nuada tout au long du film, sonorités qui rappellent aussi la menace de l’armée d’or maudite. Le thème d’Hellboy est joué aux cordes au début du mystérieux « The Auction House », qui bascule rapidement dans l’action pure et dure, avec un premier déchaînement orchestral hystérique. On y retrouve là aussi les orchestrations riches et le contrepoint dense propre à Danny Elfman pour cette séquence où le prince Nuada lâche ses monstres durant une vente aux enchères. Les morceaux d’action demeurent nombreux tout au long du score, avec quelques passages particulièrement explosifs et frénétiques tels que l’affrontement entre le prince et le roi dans « Father and Son » (morceau aux rythmes effrénés quasi dansants), « Where Fairies Dwell » et ses rythmes tonitruants, « Market Troubles » et ses quelques touches héroïques évoquant les exploits d’Hellboy, sans oublier quelques autres déchaînements orchestraux similaires de qualité dans « The Spear » ou l’affrontement final de « In The Army Chamber ». Comme d’habitude, Elfman fait preuve d’une grande maîtrise dans le maniement de l’orchestre (épaulé par son fidèle complice de toujours, Steve Bartek), avec une intensité qui lui est chère.

Les touches d’humour fleurissent de leur côté dans des morceaux tels que « Hallway Cruise » avec ses rythmes jazzy parodiques un brin kitsch et ses sonorités de théremin fantaisiste - cf. « Teleplasty », qui rappelle les délires musicaux de certaines partitions pour d’anciens films de Tim Burton, « Mars Attacks » pour ne citer qu’un exemple évident (on pense aussi au « The Day The Earth Stood Still » de Bernard Herrmann, référence musicale absolue chez Danny Elfman !). Guillermo Del Toro a voulu faire de ce « Hellboy II » un film plus axé sur la dérision et l’humour, et ce malgré la présence de nombreuses scènes d’action et d’un bestiaire aussi impressionnant que terrifiant. Un morceau tel que « Mein Herring » s’apparente à un véritable délire typique du compositeur, illustrant l’arrivée du Dr. Krauze avec un pastiche de marche allemande aux contours ironiquement nazifiant, à grand renfort de fanfare et de chœurs germaniques pour l’arrivée du personnage. Elfman joue à fond la carte de la dérision, et ce même si l’on demeure un brin surpris par le côté fourre-tout de la partition. On pourra aussi signaler la présence de quelques morceaux de jazz qui ne sont pas sans rappeler certaines mesures de « Dick Tracy », morceaux qui accompagnent quelques excursions de l’équipe du B.P.R.D. en ville mais hélas absents de l’album publié par Varèse Sarabande. Elfman joue avec les styles musicaux en usant d’une virtuosité orchestrale qui lui est propre, même si l’on regrettera au final le manque d’ambition des thèmes. Chose étonnante, on en vient même à préférer la partition de Marco Beltrami pour le premier tome, qui avait su écrire une pléiade de thèmes fédérateurs puissants et mémorables, là où Elfman nous propose finalement quelques mélodies et motifs plus discrets mais sans grande envergure.

Signalons pour finir quelques morceaux plus particuliers, tels que « A Troll Market » (scène du marché des trolls) avec sa voix féminine fantaisiste, ses sonorités exotiques et ses rythmes à la « Mars Attacks », ou « The Last Elemental » et ses chœurs angéliques pour la scène où Hellboy terrasse la créature verdâtre qui répand toute sa végétation sur la ville (une très belle scène, mais un morceau hélas un brin trop gentillet pour du Danny Elfman). « Finale » récapitule les points forts de la partition de « Hellboy II » en réutilisant les chœurs angéliques de « The Last Elemental » et les sonorités exotiques de « A Troll Market ». Elfman va même jusqu’à s’autoriser un petit bonus délirant pour la dernière partie du morceau, au cours de laquelle il nous propose une sorte d’improvisation ethnique sur le thème du B.P.R.D., une idée fort sympathique et curieuse, bien qu’un peu hors sujet par rapport au reste de la partition. En définitif, malgré l’inventivité et la fantaisie dont use Danny Elfman tout au long de sa musique, on regrettera le caractère anecdotique des nouveaux thèmes musicaux de « Hellboy II », car si la musique apporte son lot d’action, d’humour et d’émotion au film de Guillermo Del Toro (renforçant par la même occasion la richesse de l’univers visuel crée par le cinéaste), la partition déçoit par son manque de relief mélodique. On en vient même à se demander s’il n’aurait pas été préférable de réutiliser les précédents thèmes de Marco Beltrami afin d’assurer une continuité musicale et une cohésion thématique d’une partition à une autre.


---Quentin Billard