1-The Eye Main Titles 1.34
2-Bruja 1.54
3-Rain 2.42
4-Not My Eyes 3.06
5-To See Again 1.33
6-Apartment On Fire 1.37
7-Taking Mrs. Hillman 2.12
8-Road to Mexico 2.03
9-He Is Dead 2.55
10-Bedridden 3.20
11-Report Card 1.53
12-Who Is She? 1.57
13-Mirror Mirror 3.02
14-Mrs. Martinez 4.11
15-Walkthrough 1.42
16-Retribution 3.02
17-The Drive Home 1.49
18-Roadblock 4.45
19-The Concert 1.54

Musique  composée par:

Marco Beltrami

Editeur:

I-Tunes Exclusive Download

Produit par:
Marco Beltrami

Artwork and pictures (c) 2008 Lionsgate. All rights reserved.

Note: ***
THE EYE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami
« The Eye » est un énième remake d’un film d’épouvante hongkongais réalisé en 2002 par Danny et Oxide Pang. Le remake a cette fois-ci été confié à deux français, Xavier Palud et David Moreau, qui s’étaient déjà fait remarquer en 2006 grâce à leur thriller claustrophobique « Ils ». Pour « The Eye », les deux frenchies signent un film d’épouvante classique et sans grande originalité (à la production, on retrouve tout de même le tandem Paula Wagner/Tom Cruise !). Sydney Wells (Jessica Alba) est une jeune et belle violoniste devenue aveugle à la suite d’un tragique accident qui faillit lui coûter la vie lorsqu’elle était enfant. Après avoir subie une double transplantation de la cornée, Sydney se remet enfin à voir le monde après avoir été plongée pendant près de vingt longues années dans le noir. Epaulée par le Dr. Faulkner qui l’aide à surmonter ses nouvelles difficultés dans le rétablissement de sa vue, Sydney commence à être victimes d’étranges hallucinations : des images inquiétantes commencent à la hanter par intermittences, des images inexplicables, violentes, soudaines. Angoissée et terrifiée, Sydney commence à comprendre que ses yeux lui ont ouvert la porte d’un monde qu’elle seule peut voir, tandis que ses proches la croient devenue folle.

L’intrigue principale du film repose sur un phénomène scientifique réel intitulé « mémoire cellulaire ». Il semblerait ainsi que, pour des raisons que l’on ignore encore, certaines personnes ayant subi des greffes d’organe présentent parfois des comportements similaires à ceux des individus donneurs. Si « The Eye » est une production fictionnelle, l’intrigue demeure malgré tout ancrée dans une réalité scientifique réelle, qui peut parfois tourner au cauchemar chez certaines personnes. Une fois de plus, la ravissante Jessica Alba apporte tout son charme et sa sensualité à une héroïne fragile mais déterminée. Certes, Sydney Wells est belle et intelligente, mais elle cherche aussi à combattre le traumatisme des visions angoissantes qu’elle subie à longueur de journée, afin de percer à jour les secrets liés à ces images terrifiantes devenues insupportables dans son quotidien. Ainsi, « The Eye » joue la carte du suspense et des traditionnels sursauts de terreur dans un style fantasmagorique/surnaturel hérité des récents « The Ring » ou « The Grudge », des films d’origine asiatiques qui ont comme même point commun l’idée des malédictions, des esprits qui hantent des individus complètement dépassés par les évènements. Ainsi donc, malgré la conviction impressionnante de Jessica Alba dans le rôle de cette aveugle terrifiée par ses visions cauchemardesques, le film suscite un certain ennui, tant l’ensemble patauge dans le déjà-vu absolu (on pense par exemple au film « Stir of Echoes » dans un registre totalement similaire !), avec des effets surfaits et un manque de renouvellement total dans le déroulement du récit (on n’échappe ainsi pas aux traditionnels sursauts gratuits, aux inévitables flash-backs qui dévoilent toute la vérité sur l’histoire, etc.). « The Eye » demeure au final une production d’épouvante ultra stéréotypée et sans grande envergure, une série-B à suspense divertissante mais qu’on oubliera très vite.

Marco Beltrami renoue pour « The Eye » avec son style horreur/suspense habituel. Le compositeur de la saga « Scream » nous démontre une fois de plus le talent avec lequel il manipule les dissonances et les sonorités expérimentales et étranges pour créer un univers sonore chaotique et terrifiant, à l’image des visions qui hantent l’héroïne tout au long du film. La partition de Beltrami s’articule autour d’un thème principal mélancolique associé au personnage de Jessica Alba tout au long du film. « The Eye Main Titles » nous permet ainsi de découvrir cette mélodie poignante avec une voix féminine, un piano et quelques guitares, dans un style qui n’est pas sans rappeler le thème de Sydney dans « Scream » (coïncidence, l’héroïne de « The Eye » s’appelle elle aussi Sydney !). Mais si le générique de début s’ouvre au son d’une mélodie recélant tristesse, fragilité et délicatesse, le sinistre « Bruja » illustre quand à lui la première scène de vision cauchemardesque du film. Beltrami retrouve ici sa veine expérimentale en utilisant des sonorités électroniques étranges et suffocantes, qui ne sont pas sans rappeler le récent « The Grudge » de Christopher Young. Beltrami confère à cette séquence un côté dérangeant en utilisant des cris d’enfants déformés en guise de conclusion, un premier morceau de terreur pure assez jouissive, atonal, sombre et radical dans sa noirceur absolue.

L’émotion culmine malgré tout dans le poignant « Rain » où un violoncelle soliste reprend le thème de Sydney sur fond de cordes et piano pour évoquer l’incontinence de Sydney. La seconde partie du morceau revient très vite sur de l’atonal pur avec des sonorités électroniques cafardeuses et lointaines évoquant ici aussi l’idée des visions cauchemardesques. La tension monte à travers « Not My Eyes » lorsque l’héroïne comprend que quelque chose ne tourne pas rond avec ses nouveaux yeux, idée largement confirmée par le terrifiant « Apartment on Fire » pour une autre scène de vision du film. Les amateurs du Marco Beltrami atonal/terreur version « Scream » ou « Mimic » pourront se régaler avec ce genre de passages chaotiques et dissonants du plus bel effet. La musique apporte une noirceur évidente au film, accompagnant les déboires de la pauvre Sydney avec une intensité continue d’un bout à l’autre du film.

Les cordes dissonantes et les clusters de « Taking Mrs. Hillman » apportent un parfum de terreur à la partition de « The Eye », atmosphère que Marco Beltrami maîtrise parfaitement depuis belle lurette. Idem pour l’anarchique « Report Card » et ses percussions métalliques, ou l’inquiétant « Mrs. Martinez » qui rappellent bon nombre de mesures à suspense de la saga « Scream ». Il est cependant regrettable de constater que le style de Beltrami s’est quelque peu assagi par rapport à ses débuts : moins prolixe dans ses orchestrations, le compositeur joue à fond la carte des recettes musicales les plus éculées (trompettes stridentes, effets de cordes dissonantes aléatoires, rythmes électroniques pour les passages action, etc.) sans grande originalité. Beltrami va même jusqu’à utiliser un piano électrique un peu kitsch sur la fin de « Mrs. Martinez » pour faire monter la tension alors que Sydney se rapproche de la vérité. « Retribution », « The Drive Home » et « Roadblock » sont autant de passages à terreur que de mesures au cours desquelles Marco Beltrami rappelle - sans grand brio - à quel point il est passé maître depuis longtemps dans l’art de l’épouvante musicale.

Beltrami se fait plaisir en nous offrant un petit bonus musical savoureux dans « The Concert », sorte de mini concerto pour violon et orchestre basé sur le thème de Sydney et qu’interprète l’héroïne lors d’un concert au début du film. Le compositeur en profite pour nous rappeler ici son goût pour la musique classique savante. Au final, le score de « The Eye » s’affirme logiquement dans la continuité directe des précédents travaux de Marco Beltrami pour les films d’horreur/thriller : tous les effets musicaux habituels du genre sont passés en revue, qu’il s’agisse des clusters dissonants de cordes, des expérimentations électroniques/bruitistes étranges (« Bruja ») ou des percussions agressives et déchaînées. La musique apporte donc son lot de suspense et de terreur au film de Xavier Palud et David Moreau, sans aucune once d’originalité. Beltrami connaît la chanson sur le bout des doigts mais ne semble plus posséder cette petite lueur d’ambition qui anima pourtant autrefois certaines de ses partitions pour des productions sanguinolentes de Wes Craven ou de Guillermo Del Toro. Le compositeur donne plus que jamais l’impression de tourner aujourd’hui en rond, versant dans l’alimentaire et le fonctionnel pur. Espérons que son récent passage du côté du cinéma français (les derniers Richet et Tavernier) lui permettra de se ressourcer et de reprendre du poil de la bête !


---Quentin Billard