1-Dimension Logo 0.19
2-The Cue From Hell 10.32
3-Trouble In Woodsboro 1.57
4-Sid's House 1.12
5-Red Herring 2.17
6-Killer Calls Sidney 2.57
7-Chasing Sidney 1.29
8-Cell Phone 1.01
9-Backdoor Gail 0.49
10-Schoolyard 2 1.16
11-Sid's Doubt 1.27
12-Bathroom 3.03
13-Mr.Himbry Gets It 2.15
14-Sheriff and Dewey 1.25
15-Tatum's Torture 3.02
16-Sidney Wants It 3.11
17-Dewey and Gail 1.56
18-Off To See Himbry 0.47
19-Killer Stabs Billy 2.49
20-Randy Almost Gets It 2.37*
21-Gail Crashes The Van 1.48
22-They're Crazy 9.49
23-Sid Stabs Billy 4.26
24-Billy's Back 1.15
25-End Credits 1.45

*Composé par Christophe Beck

Musique  composée par:

Marco Beltrami

Editeur:

Varèse Sarabande
CD Club VCL 0511 1120

Produit par:
Marco Beltrami
Edition Deluxe produite par:
Robert Townson
Programmation additionnelle synthé:
Kevin Manthei
Montage musique:
Gedney Webb
Préparation de la musique:
Julian Bratolyubov
Music Contractor and
Sound Consultant:
Ken Watson

American Federation of Musicians
Edition limitée à 2000 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 1998/2011 Miramax film Corp. All rights reserved.

Note: ****1/2
SCREAM
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami
Il n'aura fallu qu'un seul film pour que le réalisateur Wes Craven crée un nouvel effet de mode à Hollywood en 1996 et ressuscite par la même occasion le genre alors moribond du slasher-movie, hérité d’une longue tradition de films d’épouvante de la fin des années 70 et des années 80 : « Halloween » de John Carpenter, considéré à juste titre comme le père des slasher-movies hollywoodiens modernes, mais aussi « Friday the 13th », « The Texas Chainsaw Massacre », etc. Avec « Scream », Wes Craven releva le défi de créer un film d’épouvante qui rende hommage à John Carpenter tout en se moquant ouvertement des conventions et stéréotypes habituels de ce type de film. Les mélanges frisson/humour ne sont pas vraiment nouveaux au cinéma, mais l'originalité vient ici du fait que « Scream » est un film d'horreur qui se moque des films d'horreur (tout en jouant astucieusement sur les codes du genre qui font l'objet des critiques ironiques de certains personnages du film). Pari réussi pour « Scream » qui, au-delà de toutes attentes, fit sensation à tel point que le film défraya la chronique puisque certains adolescents américains imitèrent malheureusement le célèbre tueur masqué 'Ghost Face'. Il faut dire que l’énorme succès populaire du film à sa sortie en 1996 créa non seulement un véritable effet de mode mais devint rapidement une sorte de film-culte incontournable pour toute une génération de jeunes adolescents/adultes, qui se retrouvèrent certainement dans les personnages du film. L’histoire se déroule dans la petite communauté tranquille de Woodsboro, qui vient tout juste d’être secouée par l'annonce tragique de l'assassinat sauvage d'une jeune lycéenne, Casey Becker (Drew Barrymore), et de son petit ami. Le lendemain, la panique s'installe très rapidement en ville et la police fait fermer provisoirement le lycée afin d'enquêter sur ces deux meurtres. Tout le monde semble être suspect. C'est alors qu'une jeune et ravissante lycéenne du nom de Sidney Prescott (Neve Campbell) reçoit des coups de fils terrifiants du tueur masqué qui semble vouloir s'en prendre à elle et ses amis, alors qu'elle vient à peine de se remettre de la mort de sa mère, Maureen Prescott. « Scream » fera sans aucun doute date dans l'histoire du cinéma d'horreur moderne à Hollywood. Les producteurs de chez Miramax, Bob et Harvey Weinstein, misèrent à fond sur l'aspect commercial du film (chansons à la mode, casting 'in' incluant des stars tels que Courteney 'Friends' Cox ou Drew Barrymore, etc.) et décrochèrent le gros lot avec l'un des plus gros succès au box-office U.S. de 1996, donnant lieu à trois suites, de qualité fortement inégale.

Pourtant, comme annoncé précédemment, il serait dommage de ne considérer « Scream » que comme une énième grosse production horrifique sanguinolente tant le film recèle de clins d’oeil cinématographiques, d’un humour noir ravageur et d’une atmosphère de dérision qui fit la réputation de ce film. Le scénario du très inspiré Kevin Williamson est une relecture ironique du slasher-movie, film dans lequel un tueur armé d'un couteau s'en prend généralement à un groupe de jeunes adolescents. Si la recette paraît aujourd'hui bien surfaite, en 1996, elle semblait être totalement redécouverte par le public (qui, depuis, aura eu tout le temps de se gaver de nanars grand-guignolesques tels que « I Know What You Did Last Summer », « Urban Legend », « Valentine », « Halloween H20 », « Long Time Dead »,etc.). « Scream » joue donc sur les codes du genre, que les personnages eux-mêmes n'hésitent pas à critiquer – le film cite ainsi des classiques tels que « Psycho », « Silence of the Lambs », « Candyman », « A Nightmare on Elm Street », « Friday the 13th », etc. (cf. scène du balayeur habillé comme Freddy, ou scène des ados qui regardent « Halloween » à la télévision, tandis que l’un d’entre eux énumère avec sarcasme toutes les règles du genre à suivre pour pouvoir survivre à un tueur fou). On se souviendra ainsi d'une fameuse réplique de Casey au début du film qui critique le caractère surfait de ce genre de film, et plus particulièrement LE grand classique de ce film de genre : l'héroïne blonde stupide et pulpeuse qui se fait courser dans les escaliers par un maniaque armé d'un couteau. Comble de l’ironie, quelques minutes après, la jeune lycéenne se retrouve à reproduire exactement le même schéma type, poursuivie à son tour par un tueur fou dans sa maison. Le film va même jusqu'à jouer sur l'ambiguïté fiction/réalité puisque l'un des personnages explique carrément que tout ceci n'est rien d’autre qu'un film de fiction, ce qui permet au passage à Wes Craven de critiquer de manière sous-jacente la folie des jeunes qui reproduisent trop souvent la violence vue à la télévision - une critique qui paraît un peu culottée étant donné les polémiques liées au problème de la violence dans ce film et à ses répercussions tragiques auprès de certains jeunes trop influençables. Avec ses nombreux clins d'oeil ironiques et passionnés au cinéma d'horreur et son atmosphère de terreur pure, « Scream » est une véritable réussite dans son genre, un slasher-movie moderne sanguinolent et satirique à souhait, une sorte de fable grinçante et perverse sur l'influence de la violence au cinéma et sa répercussion sur la jeunesse américaine d'aujourd'hui, un sujet sensible et, hélas, toujours d'actualité.

Le succès de « Scream » doit énormément à la musique originale de Marco Beltrami, jeune compositeur italien originaire de Fornero, alors âgé de 28 ans lorsqu'il compose la musique du film de Wes Craven. Ses premières partitions pour le cinéma, Beltrami les a écrites pour des petits films mineurs tels que « Death Match », « The Bicyclist » ou le téléfilm « Inhumanoid ». C’est d’ailleurs en entendant l’une de ses musiques que le réalisateur décida de faire appel au jeune musicien sur « Scream », pour lequel il lui demanda alors d’écrire une première démo-test pour le long prologue avec Drew Barrymore (c’est la piste 2 de l’album, intitulé « The Cue From Hell »). Le test fut plus que satisfaisant, et Marco Beltrami fut enfin engagé sur « Scream », qui marquera le début de sa carrière de compositeur de cinéma à Hollywood. C'est d’ailleurs avec ce film que Marco Beltrami fut révélé au public béophile avec une première grande partition orchestrale majeure qui secoua tout le monde des musiques de film d'horreur hollywoodiennes et imposa une certaine patte orchestrale qui allait redevenir à la mode à Hollywood - un peu comme lorsqu’Elliot Goldenthal écrivit son splendide « Alien3 » en 1992 et lança la mode des voix mystiques et religieuses dans les musiques d’épouvante/science-fiction. Après une ancienne édition CD décevante publiée par Varèse Sarabande et regroupant un combo d’à peine 30 minutes des musiques de « Scream » et « Scream 2 » - les droits de réutilisation associés aux musiciens syndiqués « American Federation of Musicians » (AFM) coûtèrent alors trop cher pour pouvoir envisager une édition plus complète des deux musiques – c’est le label Varèse Sarabande lui-même qui se décida enfin à rééditer une version plus complète de la musique de « Scream », contenant cette fois-ci près de 60 minutes de la partition originale de Marco Beltrami (même si cette nouvelle galette omet quelques courts passages du score, pas vraiment indispensables). Pour Marco Beltrami, qui n’a jamais été un grand fan des films d’horreur, écrire la musique de « Scream » a représenté un véritable challenge assez angoissant, de part l’ampleur de la tâche et la nouveauté de ce travail : premier obstacle de taille, le compositeur s’est vu confier un budget musique assez ridicule pour un film hollywoodien de ce genre, avec à peine 30.000 dollars pour tout concevoir, enregistrement inclus. Dans le livret de l’album, Marco Beltrami expliqua qu’il dépensa jusqu’au dernier sou pour payer les musiciens du Hollywood Studio Symphony. Autre problème de taille : le jeune compositeur ne possédait pas encore son propre studio à l’époque, il du donc emprunter celui d’un ami pour écrire la musique de « Scream ». Il fit ensuite appel à plusieurs de ses connaissances pour recopier les différentes partitions musicales pour les interprètes. Enfin, Beltrami utilise beaucoup l’électronique pour des questions à la fois esthétiques et économiques, mélangée à un orchestre d’une taille somme toute assez convaincante étant donné la maigreur du budget (environ 70 musiciens, une bonne moyenne pour un score de ce genre).

L’orchestre se compose ainsi de 20 violons, 10 altos, 8 violoncelles, 6 contrebasses, 12 bois, 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, 1 tuba, un piano, une harpe et 4 percussionnistes. Le reste de la musique inclut ainsi de nombreux effets électroniques/sonores enregistrés par Beltrami, sans oublier les performances vocales sensuelles de la chanteuse Rose Thomson, une ancienne camarde de classe de Beltrami qui avait déjà précédemment travaillé avec le compositeur sur l’un de ses premiers films. Dès le début du film, la musique de « Scream » s'impose par sa puissance orchestrale redoutable due à des orchestrations assez inventives et des combinaisons instrumentales plutôt personnelles, typiques du compositeur. Beltrami n'hésite pas à faire intervenir par exemple les vents, souvent laissés de côté dans ce genre de partition horrifique, de même que les cuivres sont utilisés quasi systématiquement de manière massives dans l'aigu, avec les fameux effets de 'cuivres hurleurs' chers au compositeur. C’est la façon que Beltrami a trouvé pour évoquer le titre du film, « Scream » (« crier », en anglais, d'où le masque du tueur, inspiré du « cri » d'Edvard Munch). C'est l'incroyable prologue de 10 minutes de « The Cue From Hell » qui attire ici toute notre attention, avec son atmosphère de terreur omniprésente, basée sur un long crescendo d’angoisse macabre. Entre sursauts orchestraux et tension permanente, le morceau impose un impact émotionnel rare durant ce prologue, entièrement portée par la mise en scène de Wes Craven et le morceau anthologique de Marco Beltrami – à noter d’ailleurs qu’il s’agit du tout premier morceau que le musicien composa pour le film, et qui dictera par la suite le style du reste de la partition. Pour un compositeur qui n'avait encore jamais vraiment écrit de musique pour un film d'horreur (d'autant que Beltrami n'a jamais été un fan de ce type de cinéma), c'est une bien belle réussite qui ouvre le film de Wes Craven en imposant des orchestrations originales et une personnalité musicale fort singulière, que l'on reconnaissait déjà, même à ses débuts. A noter que le prologue se termine sur une véritable lamentation chorale/orchestrale absolument poignante pour la mort de Casey, une sorte de bref 'Requiem' déchirant qui annonce déjà la dimension plus dramatique de la musique de « Scream », et qui souligne par la même occasion le drame humain du film. « The Cue From Hell » est donc un premier morceau d’anthologie pure, qui évolue avec brio entre suspense, angoisse, sursauts de terreur et final bouleversant et élégiaque en illustrant toutes les facettes de ce très long prologue. Marco Beltrami a peut être même écrit là l’un des meilleurs morceaux d’angoisse de toute sa carrière, imposant en un seul morceau une véritable personnalité musicale, que ce soit dans les orchestrations si particulières du compositeur (utilisation de notes furtives de piano, de cloches tubulaires, de crotales, des cuivres stridents) ou dans le choix des effets sonores électroniques éclectiques et éminemment macabres, si reconnaissables dans cette musique car extrêmement personnels. A noter d’ailleurs une trouvaille sonore fort réussie, entendue à 5:16 dans le morceau : par manque de moyens, Beltrami eu l’idée de mettre à contribution plusieurs personnes du staff (Wes Craven y compris) en leur demandant de se placer derrière les violons de l’orchestre pour siffler ensemble sur différentes notes, afin de former un cluster dissonant et macabre : l’effet a beau être bref dans le morceau, il n’en demeure pas moins réussi, preuve de l’inventivité à toute épreuve du musicien italien. D’ailleurs, le résultat a semble-t-il complètement convaincu Wes Craven, qui demandera ainsi à Marco Beltrami de réutiliser un peu plus loin cet effet sonore (dans le « End Credits » vers 0:08).

Pour Beltrami, « Scream » lui offrit l’opportunité d’expérimenter différentes techniques instrumentales héritées du langage musical avant-gardiste des musiciens savants du XXe siècle, et plus particulièrement dans la manière dont il explore les différents timbres instrumentaux et autres combinaisons sonores expérimentales. C’est d’ailleurs cette idée de jeu sur les textures sonores qui fera le succès et la richesse de la musique de « Scream » (et qui influencera beaucoup de compositions horrifiques par la suite !). D’un point de vue thématique, le score ne contient qu’un seul thème, associé à Sidney, l’héroïne du film. Beltrami parle d’une vague « idée thématique » pour Dewey (David Arquette) qui s’apparente selon lui à un personnage de shérif de western-spaghetti, mais cette idée est tellement quasi inexistante dans le film qu’elle semble bien superflue (en revanche, Beltrami concrétisera cette idée de western dans les opus suivants). Beltrami explique aussi qu’il ne voulait pas créer de thème pour le tueur, étant donné que son identité change à chaque fois. Ironiquement, le compositeur a pourtant écrit un motif de cordes glaciales en gamme chromatique descendante entre 2:06 et 2:50 dans « The Cue From Hell », motif en apparence anodine qui ne reviendra qu’une fois dans le score, mais que Beltrami réutilisera pourtant dans les opus suivants pour en faire un motif associé à Ghost Face. Pour en revenir au « Sidney’s Theme », le thème reste à ce jour la plus belle mélodie que le compositeur ait eu à écrire pour un film. Si on entend les prémisses de ce thème vers la fin tragique de « The Cue From Hell », la mélodie est entièrement dévoilée dans le poignant « Sid’s House », lors de la scène où Sidney est seule chez elle. Ce thème poignant, d'une profonde mélancolie, est confié à la voix de la soliste Rose Thompson qui personnifie toute la féminité et la fragilité du personnage brillamment interprété par Neve Campbell dans le film. On notera l'utilisation de sons électroniques particulièrement macabres en arrière-plan sonore, qui rappellent le caractère horrifique du film. Voilà donc un choix judicieux de la part de Marco Beltrami, qui ne se limite pas fort heureusement qu’à la partie suspense/horreur du film, mais qui évoque aussi, avec une sensibilité évidente et rafraîchissante, toute la dimension humaine de ce drame sanguinaire. Certes, le score de « Scream » se distingue surtout par la qualité de ses nombreux morceaux de terreur et de suspense, comme les agressifs et virtuoses « Chasing Sidney », « Tatum’s Torture », « Mr. Himbry Gets It » ou bien encore « Gail Crashes The Van », sans oublier « They’re Crazy », « Billy’s Back » et « Sid Stabs Billy », illustrant la violente confrontation finale avec le tueur, le morceau exposant fièrement toute la férocité orchestrale de la musique de Beltrami et de ses orchestrations si singulières (nuages sonores des vents aigus, utilisation très appuyé des sourdines de trompettes dans l'aigu, blocs sonores massifs des trombones/cors, cordes utilisées de manière staccato et stridentes pour évoquer la lame du couteau, etc.). A ce sujet, impossible de passer sous silence l’apport indispensable des sonorités électroniques ténébreuses et cauchemardesques de « They’re Crazy », pour la confrontation contre les deux tueurs fous à la fin du film. Il règne dans le morceau un véritable sentiment de folie avec une utilisation totalement expérimentale et quasi abstraite du sound design, dont certaines sonorités semblent surgir d’instruments dont on aurait retouché le son et détérioré volontairement les fréquences pour créer un magma sonore plus chaotique.

Encore une fois, Marco Beltrami impose avec un savoir-faire rafraîchissant une véritable couleur orchestrale/synthétique qui sera prédominante tout au long du film, et qui restera aussi indissociable de l’univers de « Scream ». A ce sujet, un morceau emblématique comme « Chasing Sidney » est tout à fait représentatif de cette atmosphère de terreur pure voulue par le compositeur sur ce film : on notera par exemple ces rythmes de cuivres/percussions syncopés et complexes, typiques des musiques d'action/terreur de Beltrami, lors de la scène où le tueur poursuit Sidney chez elle. Marco Beltrami évite la cacophonie en conservant une approche orchestrale très écrite, malgré l’utilisation fréquente de sound design et d’effets sonores synthétiques. Entre ces deux déchaînements orchestraux, le compositeur n'hésite pas à glisser le poignant « Bathroom », dont la mélodie fragile de piano sur fond de cordes, harpe et vocalises féminines évoque l'isolement de Sidney face à un monde devenu trop cruel, tentant d'oublier comme elle le peut les mauvais souvenirs qui resurgissent après les premiers meurtres et les racontars des étudiants à son sujet. C'est cette tristesse quasiment introspective qui apporte une émotion rare dans ce score horrifique, Beltrami ayant ainsi parfaitement su retranscrire toute la dimension dramatique et humaine de l'histoire liée au personnage de Sidney Prescott, apportant par la même occasion un relief considérable au score. Impossible de passer sous silence l’apport immense de « Sidney Wants It » (anciennement nommé « NC-17 » sur l’ancienne édition CD), morceau poignant et moderne accompagnant avec une émotion sincère la scène d’amour entre Sidney et Billy. Le morceau utilise une rythmique pop-rock/électro moderne sur fond de synthétiseurs, cordes et vocalises féminines sensuelles de Rose Thomson, qui reprend le thème de Sidney dans une version poignante et pleine de douceur, illustrant toute l’appréhension de l’héroïne et son retour à la vie, lorsqu’elle décide enfin de céder à l’amour et de se donner à son fiancé. L’émotion de « Sidney Wants It » contrase alors brutalement avec d’autres passages plus nerveux utilisant eux aussi les rythmiques modernes comme « Trouble In Woodsboro », dans lequel Beltrami dévoile une autre facette de son style, à grand renfort de rythmiques électro/pop-rock et de synthés modernes évoquant l’univers des adolescents de Woodsboro, lors des scènes se déroulant sur le campus du lycée. L'ambiance qu'apporte la musique dans cette scène à la fois particulière et excitante, un mélange de mystère inquiété et d'appréhension dont seul Beltrami en possède les secrets. Beltrami reprendra ce style dans « Backdoor Gail » et « Schoolyard 2 » avec une inventivité toujours constante. Enfin, signalons qu’un morceau du score, « Randy Almost Gets It », n’a pas été écrit par Marco Beltrami mais par le compositeur Christophe Beck (« Buffy », « Percy Jackson »), un collègue de Beltrami auquel ce dernier fit appel pour livrer à temps la pièce en question, Beltrami n’ayant pas eu suffisamment de temps pour l’écrire lui-même. Bilan plus que positif donc pour « Scream », qui reste même encore aujourd’hui l’un des meilleurs travaux de Marco Beltrami pour le cinéma hollywoodien. Cette partition horrifique si singulière et si personnelle fut un tel choc à son époque qu’elle influencera beaucoup de compositeurs par la suite et lancera définitivement la carrière de Marco Beltrami au cinéma, qui travaillera ainsi pendant quelques temps pour le compte des frères Weinstein de chez Miramax et pour le studio Dimension, signant de nombreuses partitions horrifiques diverses (« Mimic », « Dracula 2001 », « The Faculty »), un genre dans lequel il se spécialisera pendant plusieurs années. Mais aucune de ses musiques horrifiques/suspense n’a encore réussi à ce jour à atteindre la puissance et la maîtrise si personnelle et si singulière de « Scream », qui reste un sommet inégalé dans la carrière de Marco Beltrami, à redécouvrir d’urgence grâce à l’excellente édition Deluxe publiée par Varèse Sarabande !



---Quentin Billard