1-Stars 0.39
2-Mountain Climber 2.41
3-National Security 2.48
4-This Is Not An Exercice 0.53
5-Do You Feel That ? 2.00
6-Military Approach 1.07
7-G.O.R.T. 2.43
8-Surgery 1.31
9-Interrogation 2.33
10-You Should Let Me Go 2.25
11-A Friend to the Earth 1.55
12-Fighter Drones 1.24
13-Came To Save The Earth 0.46
14-I'm Staying 1.11
15-Helen Drives 0.45
16-Containing G.O.R.T. 0.45
17-Orb Rising - The Day The
Earth Stood Still 2.41
18-They're Not Afraid of Us 1.21
19-Flash Chamber 0.54
20-Helicopter Collision 5.14
21-See My Son 2.12
22-Cemetery 3.19
23-Distress 2.00
24-Wrong Place, Wrong Time 0.56
25-Aphid Reign 4.17
26-Power Down 0.56
27-He's Leaving 1.50
28-The Beginning 1.11

Musique  composée par:

Tyler Bates

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 938-2

Produit par:
Tyler Bates
Producteur exécutif:
Robert Townson

Artwork and pictures (c) 2008 20th Century Fox Film Corp. All rights reserved.

Note: ***
THE DAY THE EARTH STOOD STILL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Tyler Bates
Remake du film homonyme de Robert Wise réalisé en 1951, « The Day The Earth Stood Still » (Le jour où la terre s’arrêta) est une nouvelle grosse production hollywoodienne narrant une sempiternelle invasion d’extra-terrestre sur terre. Mais cette fois-ci, il se pourrait que les envahisseurs ne soient pas venus pour nous détruire mais pour nous délivrer un message. Le jour où une mystérieuse sphère atterrit en plein milieu de Central Park et libère un extra-terrestre d’apparence humaine nommé Klaatu (Keanu Reeves), c’est la panique générale un peu partout sur terre. Des phénomènes similaires sont constatés à travers le monde entier. Alors que le gouvernement américain mobilise l’armée et se prépare à toute attaque ennemie éventuelle, une femme, le docteur Helen Benson (Jennifer Connelly) tente de percer les secrets de Klaatu en prenant contact avec lui. Après l’avoir aidé à s’échapper d’un centre de détention militaire, Helen décide de comprendre quel est le véritable but de la mission de Klaatu sur notre terre. L’extra-terrestre est venu dans un but pacifique, afin de nous avertir d’un danger imminent...il s’agit pour lui de sauver la terre de la race humaine. Lorsqu’Helen comprend que l’extra-terrestre a programmé l’anéantissement de l’humanité toute entière pour pouvoir sauver la planète, elle décide de tout mettre en œuvre pour tenter de raisonner Klaatu. Pendant ce temps, l’armée tente de contrôler GORT, l’immense robot extra-terrestre chargé de protéger la sphère venue d’un autre monde.

Réalisé par Scott Derickson, auteur du récent « The Exorcism of Emily Rose », « The Day the Earth Stood Still » est un remake plutôt intéressant, non pas dans sa conception somme toute très banale et typiquement U.S. (les séquences “carte postale touristique” agaçantes des autres pays du monde - on n’est guère loin d’un Emmerich ou d’un Bay !) mais plus dans le fond de l’intrigue scénaristique du film. « The Day the Earth Stood Still » n’est rien de plus qu’une parabole biblique dans laquelle Klaatu est une sorte de Messie venu de l’au-delà pour sauver le monde. Le film est ainsi parsemé de métaphores bibliques/christiques somme toutes très évidentes, même pour le grand public : la naissance de Klaatu dans son enveloppe corporelle, sa mort puis sa résurrection, le message de paix qu’il transmet à l’humanité, les croix dans le public, etc. Pour un peu, on serait presque tenté d’analyser le film comme une sorte de relecture modernisée et high-tech de la Bible. Le procédé peut choquer voire agacer, mais le film propose derrière son côté « biblique » un peu facile une réelle réflexion sur l’humanité en général et ce qui peut pousser l’homme à changer en temps de crise, à se remettre en question lorsqu’il se retrouve au bord du gouffre. Il paraît aussi évident que le film de Scott Derickson s’inscrit dans la continuité d’un cinéma U.S. post-11 septembre (l’arrivée de la sphère extra-terrestre se situe - comme par hasard - en plein coeur de Manhattan, à New York), dans une Amérique en proie à des bouleversements sans précédents, obligée de se remettre en question (l’impuissance de l’armée à dominer GORT, l’échec des politiques qui préfèrent la voie militaire plutôt que celle de la raison, etc.). Le film en profite une fois de plus pour égratigner la politique interventionniste de Georges Bush, même si entre temps, le pays a changé de président et que le film va donc devenir rapidement désuet dans les thèmes politiques qu’il aborde. Niveau esthétique, « The Day the Earth Stood Still » impressionne par la qualité de ses effets spéciaux, même si l’on pourra toujours regretter le côté « too much » et grotesque de certaines séquences. Keanu Reeves s’impose de lui-même dans le rôle de l’extra-terrestre, un rôle qui lui va comme un gant, face à une Jennifer Connelly toujours aussi magnifique de charme et de talent. En 1951, il s’agissait de mettre en garde contre les dangers de l’arme atomique en pleine période de la Guerre Froide. Aujourd’hui, le message est tout autre : il s’agit de sauver la planète de l’homme, qui est en train de détruire la terre sur laquelle il vit, un message écologique contemporain qui devient assez récurrent dans le cinéma U.S. d’aujourd’hui (« The Day After Tomorrow » d’Emmerich).

La musique de Tyler Bates apporte au film de Scott Derickson un côté grandiose et impressionnant particulièrement réussi, même si le principal défaut de la musique est son mixage catastrophique dans le film, qui la rend particulièrement inaudible - à la limite de la faute professionnelle ! Le score de Bates délaisse toute thématique afin de créer une atmosphère musicale plus chaotique, agressive et apocalyptique. Comme toujours chez Tyler Bates, les orchestrations sont monochromes et sans idées, mais la partition s’impose surtout par la qualité du travail effectué par le compositeur autour des sonorités électroniques qui, mélangées avec l’orchestre et quelques chœurs - pour le caractère grandiose du film - apportent une certaine personnalité à la musique de Tyler Bates. L’introduction du score (« Stars ») est à ce titre assez révélatrice de l’ambiance du score de « The Day the Earth Stood Still » : sonorités électroniques étranges, orchestre dissonant et chœurs sombres, annonçant une aventure apocalyptique. Plus grandiose, « Mountain Climbers » met en avant les chœurs et l’orchestre dans une ambiance quasi épique, avec une omniprésence des sonorités synthétiques accentuant l’aspect « science-fiction/high-tech » du film. La première partie du film permet à Tyler Bates de maintenir une tension constante, comme le suggère « National Security » et « This is not an Exercice » avec ses percussions martiales et ses voix étranges créant un sentiment d’urgence et de danger, pour la séquence où le docteur Benson est convoquée par des agents du gouvernement américain pour cause de sécurité nationale.

Le compositeur décrit la première prise de contact avec l’entité extra-terrestre (la sphère de Central Park) dans « Do You Feel That ». La musique crée un climat assez surréaliste pour cette scène, utilisant des ambiances électroniques mystérieuses et quelques cordes dissonantes inquiétantes. On nage ici en pleine atonalité pour mieux suggérer la présence menaçante de la sphère venue d’un autre monde. Comme souvent chez Tyler Bates, l’électronique est très présente, le compositeur manipulant ici les textures synthétiques avec une certaine inventivité - point fort du score de « The Day the Earth Stood Still ». A noter le retour des voix qui semblent suggérer le caractère quasi « religieux » de la scène. A contrario, « Military Approach » bascule dans l’action et l’énergie alors que l’armée est sur le point d’attaquer la sphère : percussions martiales, ostinato de cordes et cuivres massifs sont sur le pied de guerre, avec les textures électroniques associées tout au long du film aux extra-terrestres. On appréciera ici aussi l’inventivité des recherches sonores effectuées par le compositeur sur son matériau synthétique, apportant un côté réellement impressionnant et intrigant aux images du film. La musique frôle alors le cacophonique avec l’arrivée du robot extra-terrestre (« GORT ») et son lot de clusters dissonants, ou « Surgery » et son atmosphère glauque baignant dans des effets synthétiques expérimentaux et dissonants. La tension continue de monter dans l’agressif et expérimental « You Should Let Me Go » où les synthétiseurs créent un véritable climat d’urgence et de danger qui n’est pas sans rappeler le travail de Tyler Bates sur le film « The Devil’s Rejects ». La composition du musicien bascule rapidement dans une certaine forme d’anarchie musicale où les règles hollywoodiennes semblent légèrement bousculées, et même si l’on se serait attendu à quelque chose d’un brin plus original et fantaisiste dans la forme (le score demeure somme toute très banal et typique de ce que l’on fait aujourd’hui sur les musiques de films de science-fiction high-tech !).

L’action prend le dessus dans des passages tels que « Fighter Drones » et ses percussions électroniques endiablées, « Helen Drives », « Helicopter Collision », le grandiose « Orb Rising The Day the Earth Stood » lorsque les sphères quittent la terre (à noter ici l’importance des chœurs puissants et quasi religieux) ou l’anarchique et martiale suite « Distress », « Wrong Place Wrong Time » et « Aphid Reign », avec ses trompettes staccatos impressionnantes, ses cordes dissonantes, ses percussions agressives et ses choeurs massifs annonçant le début de la fin de notre monde. Le compositeur n’oublie pas pour autant la dimension plus humaine et dramatique du film avec de très beaux passages tels que « I’m Staying » pour la scène où Klaatu discute de l’humanité en compagnie d’un de ses semblables qui évoque son amour pour la race humaine (morceau dominé par le piano et des nappes synthétiques plus contemplatives), « Cemetery » avec son piano solitaire et sa voix éthérée, sans oublier le très beau « He’s Leaving » pour le départ de Klaatu qui reprend le thème ascendant de chœur de « Orb Rising - The Day The Earth Stood Still ».

Comme toujours avec Tyler Bates, la musique demeure efficace mais assez faible d’un point de vue orchestration. Le compositeur paraît bien plus à l’aise avec l’électronique qu’avec tout ce qui touche au domaine de la musique symphonique. Du coup, ses parties orchestrales demeurent pauvres et assez mises en valeur au sein de son matériau électronique. Si l’atout majeur de la partition de « The Day The Earth Stood Still » réside dans l’ambiance surréaliste et sombre qu’a réussit à créer Bates avec ses différentes textures électroniques modernes, il n’en est pas de même pour la partie orchestrale, qui se limite à quelques cordes par-ci, quelques cuivres par là et des chœurs pour le côté apocalyptique/religieux du film de Scott Derickson. Evidemment, passer derrière une partition monumentale et inoubliable de Bernard Herrmann était une véritable gageure pour le compositeur, mais force est de constater que la partition de Tyler Bates ne fait absolument pas le poids avec celle du grand « Benny ». On s’y attendait un peu, mais hélas, après l’énorme déception et la polémique soulevée par la musique de « 300 » et ses emprunts musicaux douteux, Tyler Bates continue de prouver qu’il est un bon faiseur mais qu’il n’a de toute évidence pas la carrure d’un grand compositeur hollywoodien. Sa musique demeure purement fonctionnelle et sans grande âme, là où Herrmann avait sut créer une musique puissante et fédératrice, avec de réelles idées d’orchestration et une utilisation habile d’instruments rares pour l’époque (le thérémin). Au final, ce « Day the Earth Stood Still » version 2008 fonctionne bien dans le film mais demeure peu convaincant hors des images, un nouveau score totalement alimentaire de la part de Tyler Bates, qui s’apprécie sur le coup mais ne laissera pas un grand souvenir !


---Quentin Billard