1-Untraceable 2.23
2-Missing Flowers 2.43
3-Death After Life After Death 2.42
4-Session Locked 6.37
5-Acid Decomposition 5.30
6-Goudlylocks 2.35
7-Viewer Executioners 4.14
8-Net Nuts 2.50
9-Incinerated in Cement 7.22
10-Blinking the Code 4.51
11-Kill With Me 4.20

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Lakeshore Records
LKS 33979

Produit par:
Christopher Young, Max Blomgren,
David G. Russell

Artwork and pictures (c) 2008 Lakeshore Entertainment. All rights reserved.

Note: ***
UNTRACEABLE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
Nouveau thriller signé du prolifique Gregory Hoblit, « Untraceable » (Intraçable) met en scène Diane Lane face à un serial killer d’un tout nouveau genre : un cybercriminel qui utilise internet pour arriver à ses fins. L’agent spécial Jennifer Marsh (Diane Lane) fait partie de la section Cybercrime du FBI, à Portland. Elle connaît tout des techniques utilisées par les fraudeurs, pédophiles et autres criminels internautes. Mais au moment où elle s’y attendait le moins, Jennifer et son équipier Griffin (Colin Hanks) découvrent l’existence d’un nouveau site internet baptisé « killwithme.com », site sur lequel un tueur diffuse les images des tortures qu’il inflige à ses victimes, invitant les spectateurs à participer à leur exécution. Plus le compteur de visites augmente, plus la torture devient meurtrière et sanguinaire. La police locale tente alors d’arrêter le massacre, mais en vain. Le site reste intraçable, et le tueur insaisissable. Mais la traque prend une tournure personnelle lorsque Jennifer découvre que le serial killer l’espionne et a pris un de ses coéquipiers pour cible. Désormais, elle va tout mettre en œuvre pour tenter de l’arrêter avant qu’il ne soit trop tard.

« Untraceable » est un thriller high-tech bien ancré dans les technologies d’aujourd’hui. On y parle surtout des dangers du web et de la cybercriminalité, un mal d’un tout nouvel ordre, lié à Internet. Gregory Hoblit signe un polar efficace et prenant, avec des séquences de torture assez difficile - qui ne sont pas sans rappeler celles de la saga « Saw », à la différence près que le réalisateur utilise ici les images de torture pour dénoncer le voyeurisme des spectateurs qui, en cliquant sur le site, se rendent coupable de complicité criminelle, et ce dans l’anonymat le plus total. Certes, on pourra toujours reprocher le côté un brin moralisateur du film, mais l’intrigue est tout de même rondement menée et porte à réfléchir. Avec l’apparition des nouvelles technologies, jusqu’où l’homme va-t-il pousser sa folie meurtrière et son besoin de faire le mal ? Telle semble être la question posée par le film, servie par une Diane Lane toujours aussi ravissante, face à un tueur parfaitement insaisissable, jouant au jeu du chat et de la souris.

A la musique, on retrouve un habitué du genre, Christopher Young, qui signe une partition à suspense dans la lignée de ses précédents travaux pour « Jennifer 8 », « Copycat » ou bien encore « The Glass House ». On y retrouve donc les orchestrations habituelles chères au compositeur, les mêmes atmosphères à suspense et le même style de thématique. Le score s’articule autour d’un thème principal confié à un piano et des cordes, dans le style du thème de « Jennifer 8 », qui semble décidément avoir servi de source d’inspiration principale pour Christopher Young sur « Untraceable ». Le thème, exposé dès la première piste de l’album (et dès le début du film), est associé dans l’histoire à Jennifer Marsh. Il possède un côté vaguement mélancolique assez typique du compositeur. Young développe ensuite ce thème dans « Missing Flowers » avec une écriture de cordes plus traditionnelle. Le piano apporte un côté intime et apaisant au morceau, indissociable du personnage de Diane Lane dans le film. On pourra évidemment reprocher la trop grande similitude avec le thème de « Jennifer 8 », qui a de toute évidence été utilisé comme temp-track sur le film de Gregory Hoblit.

On retrouve enfin le Chris Young des musiques de suspense dans le glacial « Death After Life After Death », où les cordes résonnent de façon froide et sombre sur fond de rythmiques électroniques modernes, un aspect très réussi dans la partition de « Untraceable ». Le compositeur illustre l’idée des nouvelles technologies en utilisant quelques sonorités synthétiques et autres rythmes modernes afin de renforcer l’ambiance de tension de sa musique. « Session Locked » prolonge cette atmosphère de suspense avec un développement du thème principal de piano. Le morceau demeure lent et sombre de bout en bout, Young pouvant ainsi s’exprimer sur plus de 6 minutes, utilisant des sonorités électroniques un brin expérimentales, incorporées à son orchestre. La tension monte alors crescendo vers le milieu du morceau, évoquant la traque que mène le FBI contre le tueur du site « killwithme.com ». Les rythmiques électroniques froides apportent ici un sentiment d’urgence et de danger au morceau, parfait sur les images du film. Le mélange orchestre/synthé fonctionne donc parfaitement, évoquant par la même occasion la folie du serial-killer et son utilisation insensée d’Internet à des fins criminelles. On n’est guère loin ici par moment des sonorités orchestrales de « Copycat » ou « Unforgettable », deux autres scores thriller de référence pour Christopher Young.

Le reste du score demeure dans la même veine : suspense qui prend le temps de se développer sur de nombreuses minutes dans le très sombre « Acid Decomposition » (scène où l’une des victimes du tueur est piégée dans une cuve remplie d’acide de batterie) avec son lot de cordes sombres dissonantes et de sonorités électroniques glauques. On retrouve ici le goût du compositeur pour les traditionnels effets orchestraux avant-gardistes : clusters stridents, glissandi au quart de ton, jeux sur les harmoniques, effets de col legno, etc. Young illustre l’horreur de la scène de façon discrète mais néanmoins présente, avec son lot de dissonances habituelles et de cordes agitées. Le thème de piano associé à l’héroïne du film demeure toujours présent, comme pour rappeler l’entêtement de Jennifer Marsh à trouver le meurtrier et mettre fin à son jeu démoniaque. Ambiance similaire pour « Viewer Executioners » (autre grand morceau de suspense du score de « Untraceable » !) avec ses sonorités électroniques atmosphériques et sinistres associées aux méfaits du tueur, morceau intense et tendu typique de la facette « thriller » du compositeur. Autre séquence à suspense mémorable, « Incinerated in Cement », pour une autre séquence de torture du film. Ici aussi, Chris Young s’autorise un développement de ses atmosphères à suspense sur plus de 7 minutes, avec, au passage, quelques reprises du thème principal au piano. L’action pointe le bout de son nom dans « Blinking the Code » avec ses cordes staccatos dissonantes, ses martèlements de col legno et ses clusters de cuivres dissonants et agressifs. Christopher Young nous propose pour finir une dernière reprise du thème principal développé sur plus de 4 minutes 20 pour le générique de fin du film.

Au final, « Untraceable » s’affirme comme un score thriller 100% Young, dans la continuité de ses précédents travaux pour le genre. Pas de surprise particulière ici, si ce n’est l’utilisation assez adéquate et habile de quelques éléments synthétiques incorporés à l’orchestre, afin d’accentuer la tension de la musique à l’écran. A noter ici la longueur assez conséquente de certains morceaux, Chris Young prenant le temps de développer pleinement ses atmosphères à suspense avec une lenteur et une retenue parfois assez angoissante et hypnotisante (ne vous attendez donc pas ici à de grands déchaînements orchestraux, bien au contraire!). La musique permet aussi de ressentir l'impuissance du FBI face aux agissements machiavéliques du cybercriminel, avec une lenteur qui semble exprimer un désarmement des forces de l'ordre face à un tueur apparemment insaisissable, qui a tout calculé de A à Z. Le score apporte donc son lot de suspense et de terreur au film de Gregory Hoblit, même si l’on pourra regretter le manque de surprise et de rebondissements d’un score somme tout très banal de la part de Christopher Young, mais d’une efficacité et d’un professionnalisme toujours aussi classe !


---Quentin Billard