1-Defiance Main Titles 2.26
2-Survivors 2.10
3-Make Them Count 2.39
4-Your Wife 3.07
5-The Bielski Otriad 5.17
6-Bella and Zus 2.16
7-Exodus 4.29
8-Camp Montage 2.22
9-The Wedding 1.36
10-Winter 2.01
11-Escaping the Ghetto 1.34
12-Police Station 4.32
13-Tuvia Kisses Lilka 3.16
14-Nothing is Impossible 7.33
15-The Bielski Brothers/
Ikh Bin A Mame 4.22

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Sony Classical
88697 41739 2

Musique produite par:
James Newton Howard,
Jim Weidman

Supervision montage:
Jim Weidman
Monteur musique:
David Olson
Coordination scoring:
Pamela Sollie

Artwork and pictures (c) 2008 Paramount Vantage, a division of Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ****
DEFIANCE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Habitué aux productions historiques/épiques, Ed Zwick rempile à nouveau et s’intéresse à son tour à l’Holocauste juif durant la Seconde Guerre Mondiale, un sujet qui semble avoir décidément le vent en poupe en ce moment à Hollywood puisque pas moins de trois films sortis quasi simultanément ont abordé ce sujet tout récemment : « Defiance » (Les Insurgés) pour commencer, sans oublier « The Boys in the Striped Pyjamas » et « The Reader ». « Defiance » était le sujet parfait pour Edward Zwick : l’histoire totalement méconnue des frères Bielski, qui, en 1941, combattirent les allemands dans la forêt Biélorussienne en protégeant plus de 1.000 juifs. Le réalisateur voulait raconter cette histoire passionnante et totalement méconnue afin de rappeler que la Seconde Guerre Mondiale ne s’est pas limitée qu’aux persécutions juives, mais qu’il y eut aussi des personnes solidement armées qui ont résisté aux hommes d’Hitler. L’histoire de « Defiance » nous transporte donc ainsi dans un petit village d’Europe de l’Est, envahi par les allemands. Obligés de fuir, les frères Bielski, Tuvia (Daniel Craig), Zus (Liv Schreiber) et Asael (Jamie Bell), décident de se réfugier dans la forêt qu’ils connaissent depuis leur plus tendre enfance. Ils tentent d’y survivre comme ils peuvent, mais très vite, ils se retrouvent à protéger des juifs qui ont réussis à échapper aux massacres des nazis. Hommes, femmes ou enfants, tous décident de rester ensemble, dirigés par Tuvia Bielski, qui monte alors avec ses deux frères une Otriad - un groupe de résistance armée - pour tenter de contrecarrer les plans des allemands et de sauver le plus de juifs possibles. Grâce à leur courage et leur détermination, les Bielski ont ainsi sauvé près d’un millier de vies.

Ed Zwick renoue ainsi avec le film à grand spectacle : certes, « Defiance » est avant tout un divertissement hollywoodien, mais nul ne peut ignorer la profondeur de l’histoire abordée, qui, en plus d’être un récit méconnu de la Seconde Guerre Mondiale, aborde aussi des thèmes comme la loi du talion ou les choix moraux face à la lutte contre le mal : comme le dit le réalisateur lui-même : « Faut-il devenir un monstre pour combattre un monstre ? Doit-on sacrifier son humanité pour sauver l’humanité ? ». Le film tente de répondre - parfois maladroitement - à cette question difficile et complexe, offrant ainsi à Daniel Craig un nouveau rôle en or dans la peau du charismatique Tuvia Bielski, épaulé par le jeune Jamie Bell et le très imposant Liev Schreiber. Certes, on n’évite pas les clichés du genre (les allemands braillards et blonds, etc.) et la réalisation demeure un brin trop académique dans la forme, mais le fond est suffisamment passionnant pour pouvoir réussir à convaincre le spectateur. Si « Defiance » respecte ainsi le devoir de mémoire, il nous propose aussi de très belles scènes de combat toutes aussi spectaculaires les unes que les autres : certes, ce n’est pas « Saving Private Ryan » de Spielberg, il manque à la mise en scène de Ed Zwick une certaine « folie » pour pouvoir rendre le tout réellement corrosif. « Defiance » préfère plutôt se concentrer sur cette trame de héros imparfaits. On parle ainsi bien souvent de la résistance française à cette époque, mais on oublie très souvent que d’autres réseaux de résistance similaires existaient ailleurs en Europe, dans les pays de l’Est notamment - ici, la Biélorussie. Malgré ses défauts, « Defiance » s’impose au final comme le nouveau grand film d’Edward Zwick, un film de guerre et une histoire d’humanité poignante tourné de façon réaliste, sans grands artifices particuliers, porté par le charisme de Daniel Craig, un casting solide, une grande dose d’émotion et des scènes d’action particulièrement intenses. Bref, une bien belle réussite, à ne pas manquer !

A la musique, on retrouve James Newton Howard, qui signe là sa seconde partition pour un film d’Edward Zwick après « Blood Diamond » en 2006. Le score de « Defiance » permet à JNH de retrouver une écriture de violon soliste qu’il avait déjà expérimenté dans sa partition pour « The Village » en 2004, plaçant ainsi le violoniste américain Joshua Bell au cœur de sa partition pour le film d’Ed Zwick. La musique de JNH apporte son lot d’émotion, de suspense et de lyrisme aux images du film avec comme toujours le savoir-faire d’un compositeur dont l’écriture ne cesse de s’affiner au fil des années. L’ouverture du film annonce d’emblée la couleur avec une ambiance sombre et glauque (« Defiance Main Titles ») qui évoque les rafles nazies dans les ghettos juifs. Les cordes et les cuivres résonnent ici de façon funèbre, sans grande surprise. Inversement, « Survivors » introduit le violon soliste avec une écriture de cordes plus dramatique, avec un premier thème associé aux survivants juifs, thème qui n’est pas sans rappeler maints passages de « The Village » ou « Snow Falling On Cedars », scores dans lesquels JNH utilisait un instrument soliste de façon similaire. Le violon rappelle ici « The Village », tandis que le lyrisme de l’instrument soliste renvoie clairement à la partition de « Snow Falling On Cedars », deux scores de référence dans l’œuvre du compositeur. « Make Them Count » prolonge cette ambiance funèbre/dramatique en évoquant ici aussi l’horreur des pertes humaines avec un violon plus agité et plaintif, utilisant un jeu de doubles cordes pour arriver à ses fins.

Avec le poignant « Your Wife », JNH réintroduit le thème des survivants avec le violon de Joshua Bell, thème qui deviendra très présent par la suite et qui apporte un premier éclairage émotionnel fort à la partition de « Defiance ». Cette mélodie mélancolique et gracieuse apporte par la même occasion un caractère « slave » sous-jacent à la musique du film d’Ed Zwick, JNH rappelant les origines et la culture des protagonistes principaux du film, avec comme souvent, le stéréotype du violon slave associé aux survivants juifs, idée que John Williams avait déjà utilisée dans « Schindler’s List » en 1993. A noter l’utilisation discrète de quelques touches électroniques sur la fin de « Your Wife » qui illustrent les débuts du mouvement de résistance des frères Bielski, idée amplifiée par « The Bielski Otriad », premier morceau d’action mouvementé du score. Mais la partition atteint un premier climax d’émotion avec le magnifique « Exodus » dans lequel JNH dévoile le très poignant thème de l’exode joué par le violon sur fond de cordes, une mélodie aux accents slaves mélancoliques et raffinée, agrémentée de quelques touches de cymbalum. Une fois encore, JNH a écrit l’un de ces thèmes magnifiques dont lui seul possède le secret, un thème mémorable et émouvant en hommage à ces résistants qui osèrent défier le régime nazi avec leurs propres moyens. Le reste du score alterne ainsi entre espoir (« Camp Montage »), montée de tension dramatique (« The Wedding » et son climax de violon aigu brutal) et mélancolie poignante (« Escape The Ghetto » et sa magnifique reprise du thème de l’exode), le tout toujours dominé par le violon lyrique de Joshua Bell. La partition aboutit à une magnifique conclusion dans « Nothing is Impossible » où l’on retrouve les principaux thèmes du score, avec en tête la mélodie de l’exode reprise une dernière fois par un violon élégiaque poignant. A noter pour finir que le générique de fin est accompagné d’un arrangement pour piano d’un célèbre chant juif, « Ikh Bin a Mame ».

« Defiance » nous permet de retrouver un James Newton Howard particulièrement inspiré par son sujet, même si la partition n’a rien de follement original ou manque un peu d’audace. Avec un classicisme d’écriture toujours très raffiné, JNH nous offre une BO particulièrement riche et émouvante, à la mémoire des résistants de la Bielski Otriad qui ont affronté les nazis en Biélorussie. Tour à tour élégiaque et poignante, la musique de « Defiance » nous rappelle à quel point JNH est décidément le compositeur de l’émotion et des thèmes mémorables, avec un savoir-faire et un professionnalisme qui ne sont plus à démontrer. Certes, on pourra toujours reprocher le caractère académique ou convenu de l’ensemble, mais ce serait passer à côté de l’émotion forte que dégagent bon nombre de mesures de la partition de « Defiance », une partition qui confirme le talent de l’un des meilleurs compositeurs travaillant à l’heure actuelle à Hollywood !


---Quentin Billard