1-Route 12 2.23
2-Picture Window 1.17
3-The Bright Young Man 3.31
4-Hopeless Emptiness 1.27
5-Unrealistic 2.49
6-Count Every Star 2.53*
7-Simple Clean Lines 1.32
8-Speaking of Production Control 1.06
9-Golden People 2.08
10-Night Woods 4.53
11-Crying in the Chapel 3.02**
12-April 9.34
13-A Bit Whimsical 1.32
14-Revolutionary Road (End Title) 4.54
15-The Gypsy 2.46***

*Interprété par The Ravens
**Interprété par The Orioles
***Interprété par The Ink Spots.

Musique  composée par:

Thomas Newman

Editeur:

Nonesuch Records 517387

Album produit par:
Thomas Newman, Bill Bernstein
Producteurs exécutifs de l'album:
Sam Mendes, Scott Rudin,
Bobby Cohen, John N. Hart

Supervision musicale:
Randall Poster
Producteurs exécutifs pour
DreamWorks Music:
Randy Spendlove, Jennifer Hawks
Producteur pour
Nonesuch Records:
Robert Hurwitz
Montage musique:
Bill Bernstein
Assistant montage:
Michael Zainer
Music clearance pour Dreamworks:
Julie Butchko

Artwork and pictures (c) 2008 Dreamworks LLC. All rights reserved.

Note: ***
REVOLUTIONARY ROAD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Thomas Newman
Nouveau film de Sam Mendes, « Revolutionary Road » (Les noces rebelles) nous permet de retrouver à l’écran le duo Leonardo DiCaprio/Kate Winslet 11 ans après « Titanic », mais dans un registre totalement différent. Le film s’inspire du roman de Richard Yates publié en 1961, le cinéaste ayant repris les grandes lignes directrices de l’œuvre d’origine. L’histoire se déroule dans l’Amérique de 1950. Frank (DiCaprio) et April Wheeler (Winslet) forment un couplet heureux en apparence, se considérant comme des êtres à part, refusant le conformisme et les conventions sociales de la vie banlieusarde dans leur petite maison de Revolutionary Road dans le Connecticut. Pourtant, au fil des années, la réalité finit par les rattraper et leurs idéaux finissent par s’estomper progressivement. Frank se retrouve coincé dans un métier qu’il n’aime pas, et April est devenue une femme au foyer ayant perdu toutes ses illusions. Les Wheeler sont ainsi devenus tout ce qu’ils abhorraient auparavant : un couple américain moyen et conformiste. C’est pourquoi, las de l’ennui et de la routine qui s’est installé dans leur vie, April décide du jour au lendemain de tout plaquer avec Frank et de partir ensemble s’installer à Paris. Pour Frank, ce changement de vie radical pourrait représenter un nouveau départ dans leur vie. Cela pourrait aussi être un dangereux coup de tête puéril et irraisonné. Les Wheeler vont alors affronter la plus terrible crise matrimoniale qu’ils aient jamais vécue.

Et c’est ainsi qu’en l’espace de 2h50, Sam Mendes dresse le portrait d’un couple en crise sur fond d’une Amérique 50’s coincée dans ses conventions sociales rigides. Leonardo DiCaprio et Kate Winslet nous offrent un véritable numéro d’acteur d’un réalisme confondant, d’une intensité incroyable, une violence psychologique qui nous bouleverse profondément et nous incite à méditer sur le devenir d’une relation amoureuse lorsque l’ennui et les non-dits s’installent sournoisement entre le mari et la femme. On retrouve d’ailleurs ici le goût de Sam Mendes pour les non-dits et les frustrations, thèmes que le réalisateur avait déjà abordé dans son cultissime « American Beauty » en 2000 qui abordait déjà quelques thèmes similaires. On assiste ainsi impuissant à la décadence et l’autodestruction d’un couple qui se retrouve obligé de mettre ses rêves de côté et qui cherche encore à ressentir les choses une dernière fois, peut-être justement avant qu’il ne soit trop tard (c’est peut-être pour ça que le film est si bouleversant et dur !). Encore une fois, « Revolutionary Road » nous permet de retrouver du grand, du très grand Sam Mendes, sobre, sans artifice, avec deux acteurs bouleversants pour une histoire terrible qui nous maintiendra en haleine jusqu’au bout !

A la musique, on retrouve une fois de plus Thomas Newman, fidèle collaborateur de Sam Mendes pour qui il a déjà signé les musiques de « American Beauty », « Road to Perdition » et « Jarhead ». Pour « Revolutionary Road », Thomas Newman renoue avec son style minimaliste habituel, une musique totalement épurée, sans artifice, sans élan. Le thème principal du score, bâtit sur un motif de 3 notes au piano, est associé à la vie en apparence heureuse des Wheeler : intime, contemplatif, cette mélodie de piano typique du compositeur apporte un côté paisible aux images du film (« Route 12 »), et parviendrait presque à nous faire oublier le drame conjugal qui se joue devant nous. Point de vue instrumentation, comme d’habitude, Newman vise l’économie de moyens : piano, nappes de synthétiseur, guitare et quelques cordes suffisent à accompagner discrètement - mais efficacement - les images du film. On retrouve une fois de plus le côté intime, retenu et émouvant de scores tels que « Road to Perdition », « American Beauty », « In The Bedroom » ou « The Shawshank Redemption » (score de référence dans l’oeuvre de Thomas Newman). Comme toujours chez Newman, le compositeur expérimente un peu ses différentes sonorités instrumentales en mélangeant instruments solistes et touches électroniques mystérieuses et étranges dans un cocktail très personnel. On retrouve d’ailleurs les solistes habituels de Thomas Newman : George Doering, Steve Tavaglione, Rick Cox, Michael Fisher et Thomas Newman lui-même au piano.

« Picture Window » fait intervenir les différents solistes du score, qu’il s’agisse des notes ondulantes de flûte, des nappes de synthé, des notes vaporeuses de piano ou des tenues de violons, avec comme toujours ce côté minimaliste et envoûtant typique des scores de Thomas Newman pour les films de Sam Mendes. La musique évoque de façon quasi onirique et atmosphérique la vie des Wheeler, tandis que « The Bright Young Man » apporte une certaine noirceur sous-jacente avec l’utilisation d’un très court motif de piano constamment répété sur une mesure à 3 temps. Le morceau devient clairement hypnotisant et obsédant, avec son alternance d’intervalle de seconde majeur/mineur, une idée subtile et intéressante qui permet - grâce à l’introduction d’une seconde mineure - de retranscrire sobrement la tension qui s’installe progressivement entre Frank et April dans le film. « The Bright Young Man » possède un côté assez dérangeant à l’écran, renforcé par les tenues obsédantes de synthétiseur et de guitares en arrière-fond. On a l’impression que le morceau ne va jamais s’arrêter, illustrant discrètement mais efficacement la tension psychologique qui s’installe entre Frank et April. Dans le même ordre d’idée, « Unrealistic » devient légèrement plus sombre avec ses tremolos mystérieux de cordes, ses sonorités électroniques lointaines et sa flûte exotique vaporeuse. Le morceau possède lui aussi un côté onirique plus nuancé, avec le retour du thème de piano légèrement déformé, comme pour rappeler que l’image idéale que donne les Wheeler dans leur quartier commence à se déformer lentement.

Newman prolonge cette atmosphère onirique et éthérée dans « Speaking of Production Control » où il mélange piano avec cordes, synthétiseur et percussions métalliques lointaines. La tension monte alors d’un cran avec le très sombre « Night Woods » lorsqu’April s’enfuit de la maison et court se cacher dans la forêt pour fuir Frank. Les percussions métalliques deviennent plus présentes, avec un piano aux notes entêtantes, des tremolos de cordes dissonantes menaçantes et des synthétiseurs aux sonorités glauques. Le drame se joue devant nos yeux, et la musique est là pour renforcer ce malaise qui s’installe rapidement à l’écran. La deuxième partie du morceau utilise carrément des sonorités déformées de guitares électriques assez oppressantes et lugubres, créant ici aussi un sentiment de malaise constant. Et comme si cela ne suffisait pas, Thomas Newman nous offre 9 minutes assez intenses avec « April », dans lequel il développe plus profondément son thème principal de piano avec son mélange de drones atmosphériques, de longues tenues et de sonorités menaçantes. Newman illustre ici la folie qui s’installe dans la tête d’April, déterminée à avorter de l’enfant qu’elle vient d’avoir avec Frank. « April » possède un côté lui aussi dérangeant, de par son côté extrêmement répétitif, long et totalement obsédant, et ce jusqu’à la conclusion du score, « Revolutionary Road (End Title) » pour le générique de fin du film, reprenant le thème principal de piano une dernière fois.

Les fans de Thomas Newman pourront donc se régaler une fois de plus avec la nouvelle partition du compositeur pour le dernier film de Sam Mendes. « Revolutionary Road » récapitule une fois de plus tous les tics instrumentaux/musicaux chers au compositeur, qu’il s’agisse d’une approche minimaliste constante de la musique, de l’utilisation de solistes ou d’une très grande retenue dans l’écriture des morceaux. La musique apporte une émotion discrète et un malaise constant tout au long du film, ne débordant jamais sur les images tout en demeurant présente mais légèrement mise en retrait. A l’image de la crise de couple que traverse les Wheeler dans le film, le score de « Revolutionary Road » agit de façon sournoise sur l’ambiance du film, oscillant entre un caractère onirique/contemplatif obsédant et un sentiment de menace sous-jacente. Au final, le score de Thomas Newman ne laissera pas un grand souvenir mais confirme néanmoins le talent d’un compositeur décidément très à part dans le paysage hollywoodien actuel, et toujours aussi inspiré par sa collaboration avec Sam Mendes. Néanmoins, force est de constater que le compositeur a une fâcheuse tendance à se répéter de plus en plus et ne cherche plus vraiment à se renouveler comme il le faisait pourtant à une certaine époque. On pourra ainsi regretter le fait que le score de « Revolutionary Road » sonne finalement comme tout ce qu’a fait Thomas Newman sur ce type de film auparavant : en définitive, un score réservé essentiellement aux inconditionnels du compositeur !


---Quentin Billard