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1-Main Titles 2.11
2-Door Jam 3.10 3-EMT 2.19 4-John and Caleb 1.59 5-New York 4.12 6-Aftermath 1.46 7-Not a Kid Anymore 1.56 8-Moose on the Loose 2.20 9-Stalking the Waylands 1.24 10-Numerology 3.06 11-It's the Sun 2.44 12-John Spills 3.26 13-Trailer Music 3.21 14-33 3.29 15-Loudmouth 2.43 16-Revelations 3.29 17-Thataway! 2.06 18-Shock and Awe 4.00 19-Caleb Leaves 7.09 20-Roll Over Beethoven 4.15 21-New World Round 2.59 22-Who Wants an Apple? 1.35 Musique composée par: Marco Beltrami Editeur: Varèse Sarabande 302 066 956 2 Produit par: Marco Beltrami Producteurs exécutifs: Robert Townson, Paul Kati Co-producteur du score: Buck Sanders Musique additionnelle de: Marcus Trumpp Artwork and pictures (c) 2009 Summit Entertainment LLC. All rights reserved. Note: ***1/2 |
KNOWING
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Marco Beltrami
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Nouveau film très attendu du prolifique Alex Proyas, « Knowing » (Prédictions) met en scène Nicolas Cage dans un thriller fantastique sur fond de mystères numérologiques et de prédictions apocalyptiques. Développé pendant plus de 8 ans, le script du film mélange catastrophes, suspense psychologique et drame humain avec une intensité rare. En 1959, une école américaine célèbre son anniversaire en organisant une cérémonie exceptionnelle au cours de laquelle les élèves doivent dessiner sur une feuille leur propre vision de ce que sera le futur. Les dessins seront ensuite placés dans une capsule temporelle enfouie devant l’école, et qui devra être déterrée 50 ans plus tard. En 2009, la capsule est enfin déterrée et chaque élève emporte avec lui un message. Le jeune Caleb Koestler (Chandler Canterbury) reçoit un message étrange, constitué d’une série de chiffres incompréhensibles. Son père, John (Nicolas Cage) s’intéresse alors d’un peu plus près à cette énigmatique séquence de chiffres et découvre avec horreur qu’il s’agit d’une liste de dates à laquelle se sont produites la plupart des grandes catastrophes de ce monde. Lorsqu’il comprend que les trois dernières séquences numériques annoncent des cataclysmes à venir, John décide d’entamer une grande course contre la montre pour tenter d’empêcher ces catastrophes.
Si le scénario de « Knowing » paraît plus profond qu’il n’y paraît à la première vision (l’éternel débat entre le rationnel et le spirituel, la conception cartésienne contre la religion, le déterminisme face au concept du hasard pur), la partie finale déçoit par son message pseudo-religieux douteux et asséné avec lourdeur. Les symboliques religieuses ne manquent pas, le tout se rapprochant dangereusement des théories raeliennes voire scientologues. Et pourtant, le film arrive à nous captiver de bout en bout par son suspense intense et sa mise en scène classique mais diablement efficace. A ce sujet, on notera deux grandes séquences de catastrophe à couper le souffle, le crash de l’avion et le déraillement du métro. Alex Proyas surfe sur la vague ambiante des prédictions apocalyptiques (2012, nous voilà !) et de symboliques chrétiennes décidément très en vogue dans le cinéma de science-fiction contemporain (cf. le récent « The Day The Earth Stood Still »). Malgré ses partis-pris parfois regrettables (une fin totalement lourdingue), le film s’apprécie par la qualité du jeu des acteurs (un Nicolas Cage formidable, comme à l’accoutumée), des effets spéciaux et d’une trame scénaristique passionnante malgré la médiocrité du final. Et surtout, toujours cette sensation que le cinéma américain post-11 septembre devient de plus en plus accaparé par cette idée tenace d’un monde soumis aux pires bouleversements et d’une humanité en proie à un déclin qui ne cesse d’aller crescendo. A la musique, on retrouve Marco Beltrami après un score plutôt remarqué pour « I Robot » en 2004. La nouvelle partition orchestrale de Beltrami pour « Knowing » apporte une dose conséquente de tension, de suspense et de mélancolie fataliste au film d’Alex Proyas. Sa partition repose sur un thème aux notes descendantes mystérieuses, à l’image de l’intrigue du film. Exposé dès « Knowing Main Titles » par l’orchestre et les inévitables choeurs, le thème annonce de façon ample et massive le côté à la fois dramatique et sombre du film. A noter l’utilisation de sonorités électroniques particulièrement bien choisies (toujours le point fort chez Beltrami !), qui renforcent le suspense du film. De suspense, il est justement question dans des pièces telles que « Door Jam », « New York » ou « EMT », des morceaux dans lesquels Beltrami alterne soit une utilisation assez inventive des pizzicati (l’intriguant « Door Jam », lorsque John cherche l’inscription gravée sur la porte), soit un crescendo de tension des percussions diverses et de l’orchestre (l’excitant « New York » et ses orchestrations très soignées, typiques du compositeur). A ce sujet, « New York » est d’ailleurs assez représentatif du style de Beltrami : on y retrouve ces instrumentations chères au musicien, ces soubresauts stridents des cordes staccatos, ces traits instrumentaux rapides et ces rythmes syncopés qui rappellent « I Robot » ou « Hellboy ». L’action prend le dessus dans « New York » (séquence de la catastrophe du métro) après une montée de tension particulièrement effective - surtout à l’écran, lors de la poursuite dans le métro (sans aucun doute l’un des meilleurs morceaux d’action du score !). A ce sujet, impossible de passer sous silence l’apport immense de la musique dans le film. Cela faisait bien longtemps que l’on avait pas entendu chez Beltrami une musique apporter une telle puissance, une telle force de conviction aux images. Du coup, la tension du film d’Alex Proyas s’en trouve considérablement augmentée, prouvant encore une fois le bienfondé de la nouvelle collaboration Proyas/Beltrami (après un « I Robot » tout à fait dispensable dans le fond !). Quelques morceaux comme le tragique « Aftermath », « Stalking the Waylands » ou l’intime « John and Caleb » (avec sa reprise du thème principal au piano) rappellent la partie plus dramatique et humaine du film, même si au final, on retiendra surtout ces passages atmosphériques à suspense plus recherchés comme le très noir « Moose On The Loose » (ou son équivalent, « 33 »), dans lequel Beltrami reprend les sonorités électroniques du Main Titles dans un morceau d’une noirceur extrême. Le compositeur crée ici une atmosphère angoissante quasi surnaturelle, mélangeant effets de cordes dissonantes et textures synthétiques déformées pour obtenir une série de clusters stridents durant la séquence de l’apparition des mystérieux visiteurs dans la chambre du petit Caleb en pleine nuit. Beltrami apporte une tension impressionnante à cette séquence-clé du film, avec, comme toujours, des orchestrations très personnelles (vagues chaotiques de bois aigus et des notes furtives au piano qui nous renvoient à « Scream »). A noter que le compositeur semble s’être inspiré à plusieurs reprises de Bernard Herrmann pour certains passages du score, comme le confirment un morceau comme « Door Jam » qui reprend des traits de cordes du « Psycho » de Herrmann, et que le compositeur décline à sa sauce dans plusieurs passages de « Knowing ». Toujours dans le domaine des influences du compositeur, on pourra aussi relever une quasi-citation au fameux « Dies Irae » grégorien, célèbre mélodie de la liturgie médiévale associée dans le film à l’idée de catastrophes imminentes. On retrouve notamment cette allusion dans « Not a Kid Anymore » où le motif est joué par une harpe en contrepoint d’une énième reprise du thème principal au piano. Beltrami nous offre quelques beaux passages d’action survoltés tels que « Loudmouth » ou « Thataway ! » où il s’en donne à coeur joie en manipulant les instruments avec une virtuosité toujours très personnelle (mais sans réelle audace musicale, comme cela pouvait être le cas à ses débuts, dommage...). « Thataway ! » est aussi très représentatif, encore une fois, du style plus action de Beltrami avec ses cordes staccatos, ses bois sournois et ses rythmes syncopés. On retrouve néanmoins le côté plus dramatique et désespérée de la partition dans « Shock and Awe » et « Caleb Leaves », lorsque le héros découvre la vérité sur la dernière catastrophe à venir. Pendant un peu plus de 7 minutes, Beltrami développe une ambiance à la fois sombre et tragique dans « Caleb Leaves », mâtiné d’un soupçon de détermination. Le thème devient ici omniprésent, développé par l’orchestre de façon implacable, jusqu’à un grand tutti orchestral grandiose et spectaculaire à l’écran (dommage cependant que sur l’album, le morceau n’assure pas vraiment dans sa longueur et finisse par nous faire décrocher !). Même chose pour les trois derniers morceaux, l’intriguant « Roll Over Beethoven » et surtout « New World Round » avec ses grands arpèges de cordes majestueux, ses bois dissonants et ses cuivres grandioses, le tout baignant dans une atmosphère assez surréaliste qui atteint son apogée dans le magnifique et triomphant « Who Wants an Apple ? ». A cette fable apocalyptique au final conséquemment douteux, Marco Beltrami a su apporter des notes à la fois riches et nuancées aux images du film d’Alex Proyas. Si l’on pourra toujours regretter le manque d’audace du compositeur (qui est décidément bien loin des idées originales qui firent son succès à ses débuts !) et le caractère purement fonctionnel de certains morceaux de la partition, force est de constater que le score de « Knowing » reste indiscutablement un cran au dessus de tout ce qu’a fait Beltrami récemment - et c’est vraiment peu dire ! - Le compositeur semble donc avoir retrouvé un semblant d’inspiration sur le film d’Alex Proyas en nous offrant cette partition sombre, dramatique et lyrique, savamment écrite et intelligemment orchestrée, épousant à merveille les différents contours de l’histoire et du film. Sans être le nouveau chef-d’oeuvre que l’on était pourtant en droit d’attendre du compositeur sur un film aussi « monumental », « Knowing » n’en demeure pas moins une belle réussite qui prouve que Marco Beltrami peut encore nous offrir de bonnes choses quand il s’en donne vraiment les moyens ! ---Quentin Billard |