1-Bangkok Dangerous 3.13
2-Assassin 1.45
3-Bangkok Dangerous Main Title 2.31
4-Fon's Theme 2.22
5-The Pupil 2.32
6-Bangkok Reflections 2.00
7-Runner 2.47
8-Pursuit 2.45
9-Underground Temple 1.45
10-Prague 4.13
11-Silent Retribution 4.27
12-Explosive Device 1.15
13-Gangland Grenade 2.05
14-The Hitman 2.08
15-Elephant 2.10
16-Rain 1.28
17-Scooping Out the Hit 2.04
18-Second Thoughts 2.28
19-Pool Assassination 2.50
20-What I Do 3.08
21-Hide and Seek 1.53
22-Floating Market 1.37
23-River Chase 3.55
24-The Performance 1.22
25-Bangkok Downtown 2.18
26-Knife Test 2.46
27-Fire 3.40
28-The Meeting 0.54
29-The Compound Shootout 4.11
30-Yearning 1.36
31-Fate 3.29

Musique  composée par:

Brian Tyler

Editeur:

Lions Gate Records
LGM2-0019

Produit par:
Brian Tyler

Artwork and pictures (c) 2008 Lionsgate. All rights reserved.

Note: ***1/2
BANGKOK DANGEROUS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Brian Tyler
Auto-remake hollywoodien du film homonyme sorti en 2003, « Bangkok Dangerous » permet aux deux frères Danny et Oxide Pang de refaire une nouvelle version de leur film d’action thaïlandais avec en tête d’affiche un Nicolas Cage parfait pour le rôle d’un tueur professionnel solitaire en proie aux remords. Joe a l’habitude des contrats propre et sans bavure. Sa recette : accomplir ses missions sans jamais poser de question, tout en restant discret et extrêmement prudent sans jamais laisser la moindre trace derrière lui. C’est ce qui lui vaut d’avoir réussi jusqu’à présent tous les contrats qui lui ont été proposé. Un jour, Joe se retrouve propulsé à Bangkok en Thaïlande où il doit accomplir quatre contrats pour le compte d’un dangereux chef mafieux nommé Surat. Joe décide alors d’engager Kong, un jeune pickpocket de rues qui va lui servir d’intermédiaire entre lui et son commanditaire. Puis, petit à petit, Kong devient l’élève de Joe, qui va le former et le prendre sous son aile. Mais sa mission commence alors à prendre une toute autre tournure lorsque Joe tombe amoureux d’une jeune pharmacienne sourde et muette, avec laquelle il noue une relation sentimentale. En proie à des sentiments qu’il essayait jusqu’à présent d’éloigner le plus possible de sa vie, Joe découvre une autre facette de Bangkok et commence à remettre lentement en question son propre mode de vie. Le scénario reste à peu près similaire à la version de 2003, à ceci près que ce n’était pas la jeune femme dont tombe amoureux le héros qui était muette dans le film d’origine mais bien le héros lui-même. A l’épure étrangement forte de l’opus 2003, les frères Pang décident de faire un film plus rythmé et plus moderne pour le remake 2008, respectant les canons hollywoodiens du genre.

Nicolas Cage est parfait dans la peau de ce tueur qui exécute froidement ses contrats jusqu’au jour où l’amour croise son chemin et l’amène à remettre en cause sa façon de vivre, bouleversant toutes les règles qu’il s’était lui-même instauré jusque là. Les scènes de fusillade sont particulièrement impressionnantes, les deux frangins nous gratifiant même de quelques plans gore plutôt inattendus (et un peu gratuits), avec une fin intéressante bien que très prévisible - à noter un travail intéressant autour de la photographie, incluant tout un jeu de couleurs jaunes un brin floutées lors de la scène de la poursuite sur le marché flottant ou une séquence de fusillade entièrement filmée sur fond de lumière rouge). Dommage cependant que le message moralisateur du film sur le bien et le mal paraisse très enfantin voire naïf, manquant un peu de nuance. Heureusement, Nicolas Cage est là pour imposer cette force, cette émotion intérieure typique de ses rôles plus dramatiques, avec, au passage, une relation maître/élève touchante et de très belles scènes entre Joe et la jeune pharmacienne sourde et muette, de très grands moments de poésie où le silence fait écho à la beauté troublante d’une histoire d’amour balbutiante que l’on sait impossible. Hélas, malgré tous ses bons points, le film des frères Pang reste un échec au box-office et s’est même fait massacrer par la presse, certains critiques n’hésitant pas à qualifier « Bangkok Dangerous » de nanar d’action sans intérêt, un constat somme toute très (trop) sévère, car, ne nous y méprenons pas, sans être un chef-d’œuvre du genre, ce remake des frères Pang demeure efficace de bout en bout, bien interprété et particulièrement réussi !

Brian Tyler signe une musique à la fois rythmée, sombre et lyrique pour « Bangkok Dangerous », une musique qui exprime à la fois le caractère violent et plus dramatique de cette histoire de tueur professionnel sur la voie de la rédemption. Dès le début du film, la musique de Tyler utilise son lot habituel de synthétiseurs, sonorités atmosphériques et rythmiques électroniques modernes avec quelques cordes (« Bangkok Dangerous Main Title »), une ouverture rythmée, cool et énergique qui annonce le côté « film d’action » alors que l’on voit des images de Nicolas Cage évoluant dans les rues de Bangkok. Le « Main Title » choisit alors d’évoquer le côté plus rythmé/action de l’histoire sans dévoiler encore la facette plus humaine de la partition. L’action est entendue dès « Assassin » avec ses rythmes syncopés et ses percussions massives typiques du Brian Tyler des scores d’action. L’utilisation des rythmiques électroniques et le jeu énergique des cordes rappelle ici bon nombre de scores de chez Media-Ventures (tendance « Bad Company » de Trevor Rabin), une influence toujours aussi flagrante chez Brian Tyler, et ce même si le compositeur n’a jamais fait officiellement partie de l’écurie de Hans Zimmer.

Mais la partition de « Bangkok Dangerous » retient surtout notre attention avec le « Fon’s Theme », magnifique thème romantique évoquant la relation entre Joe et Fon dans le film. Cette très belle mélodie un brin mélancolique et fragile est confié à un piano délicat sur fond de cordes et de quelques sonorités électroniques atmosphériques aux consonances vaguement asiatiques. Autant dire de suite que « Fon’s Theme » reste l’attraction principale du score de Tyler, une mélodie sobre et poignante d’une très grande justesse à l’écran, qui évoque les sentiments naissants de Joe pour la jeune pharmacienne sourde et muette. Le thème contraste aussi avec le côté plus sombre et rythmé du reste de la partition, une façon pour le compositeur d’évoquer le fait que le tueur à gage tente de sortir lentement de sa carapace dans laquelle il s’était enfermé depuis bien trop longtemps, finalement rattrapé par l’amour qui, comme on dit toujours, peut nous tomber dessus n’importe où, n’importe quand, au moment où l’on s’y attend le moins. On est aussi touché par la grande retenue de ce thème et son côté fragile, comme pour rappeler l’idée d’un amour balbutiant difficile, impossible, soumis au danger. Le deuxième thème du score apparaît dans « Bangkok Reflections », joué ici par une guitare intime, un thème associé tout au long du film au personnage de Nicolas Cage et qui évoque son côté solitaire et froid, avec une petite touche de mélancolie qui ne s’éloigne guère du style de « Fon’s Theme ». A noter l’emploi systématique de sonorités électroniques atmosphériques qui permettent au compositeur de renforcer le sentiment de tension et de mélancolie qui parcourt l’ensemble de la musique dans le film.

Dans « The Pupil », Tyler développe la partie plus rythmique/moderne de son score à grand renfort de percussions, loops électro et cordes pour évoquer la relation maître/élève entre Joe et Kong. L’action prend alors très vite le dessus dans « Runner » avec ses percussions typiques du compositeur (les mêmes que l’on retrouve dans tous ses derniers scores d’action récents, qu’il s’agisse de « Rambo », « Eagle Eye » ou bien encore « Fast & Furious »). Le thème de Joe reste toujours présent, comme pour rappeler sa détermination à boucler tous ses contrats. Dans le même ordre d’idée, « River Chase » développe une ambiance d’action particulièrement centrée sur les percussions lors de la scène de la poursuite sur le marché flottant, parsemé de quelques touches asiatiques récurrentes. Tyler évoque même le folklore musical thaïlandais dans des morceaux tels que « The Performance » (source music pour une scène de théâtre populaire) ou « Bangkok Downton » qui mixe loop électro et instruments ethniques de toute beauté. L’action réapparaît une dernière fois dans « The Compound Shootout » pour la scène de la fusillade finale, débouchant alors sur le dramatique « Fate » qui développe une suite d’accords tragiques aux cordes qui évoquent la détermination finale de Joe et l’inéluctabilité de sa destinée, un morceau ample et poignant parfait pour conclure la partition sur une touche plus émotionnelle et humaine, Brian Tyler reprenant une dernière fois le « Fon’s Theme » joué par un piano lointain et véritablement poignant.

Au final, « Bangkok Dangerous » s’avère être une bien belle réussite de la part de Brian Tyler, même si le compositeur ne signe pas pour autant son chef-d’œuvre. Sa musique est donc un parfait condensé de touches ethniques/asiatiques, de rythmes électroniques modernes, de morceaux d’action survoltés et de passages plus intimes et véritablement poignants. Brian Tyler a parfaitement su retranscrire toutes les différentes facettes du film des frères Pang à travers sa musique, développant des sonorités qui lui sont chères avec, cerise sur le gâteau, un Love Theme d’une grande beauté, sobre, mélancolique et poignant, un thème qui parvient même à éclipser les autres et dévoile une sensibilité qui manque parfois un peu aux œuvres de Brian Tyler. Voilà donc un score à ne pas manquer, surtout pour ceux qui apprécient régulièrement les travaux du compositeur !


---Quentin Billard