1-Aurora's Theme (Agnus Dei) 4.09
2-Babylon Requiem 5.34
3-Aurora Borealis 2.31
4-Leaving the Monastery 2.21
5-The Cold Walk 2.47
6-Too Many Refugees 2.53
7-Aurora and Toorop 1.34
8-Snow Travel 2.09
9-Rover Chase 2.41
10-Entering New York City 2.19
11-Mystery Package 1.52
12-Skyscraper 1.55
13-The Marketplace 2.39
14-Toorop Is Home 2.31
15-The Monastery Is Destroyed 3.18
16-Train Travel 1.57
17-Are You Afraid To Die? 2.22
18-Are You A Killer, Mr Toorop? 2.13
19-Sister Rebecca 2.43
20-Future Vision 1.32
21-Save The Planet 1.05
22-Leaving The Monastery (Fox Version) 1.58
23-One Child At A Time 2.45

Musique  composée par:

Atli Örvarsson

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 925-2

Produit par:
Atli Örvarsson
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Producteur exécutif:
Hans Zimmer
Programmation synthé:
Clay Duncan
Arrangement et programmation:
Atli Örvarsson

Artwork and pictures (c) 2008 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***1/2
BABYLON A.D.
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Atli Örvarsson
Mathieu Kassovitz revient une nouvelle fois au cinéma hollywoodien avec la grosse production d’action/science-fiction « Babylon A.D. », film dans lequel il nous plonge dans un futur post-apocalyptique bien pessimiste, vers la fin du 21ème siècle. Toorop (Vin Diesel) est un mercenaire ayant combattu au cours de nombreuses guerres tout au long de sa vie, des guerres qui ont ravagé le monde. Réfugié en plein cœur de l’Europe de l’Est, Toorop est contacté par un mafieux russe du nom de Gorsky (Gérard Depardieu) qui lui confie une mission délicate : escorter une mystérieuse jeune fille du nom d’Aurora (Mélanie Thierry) jusqu’à New York, afin de la remettre aux mains d’une puissante organisation religieuse. Mais la mission sera parsemée d’embuches en tout genre. De plus, Toorop ignore encore tout au sujet de cette jeune fille, mais il finit par comprendre qu’elle cache en réalité de très grands secrets qui font d’elle une personne particulièrement importante, peut-être même pour l’avenir de l’humanité. Sur un scénario qui n’est pas sans rappeler le récent « Children of Men » d’Alfonso Cuaron, Mathieu Kassovitz nous livre un film d’action rythmé et prenant qui, hélas, a particulièrement souffert de nombreux problèmes de production. Il faut ainsi savoir que le film n’est pas celui que Kassovitz souhaitait faire, le réalisateur français ayant finalement perdu tout contrôle sur la production : la 20th Century Fox a ainsi remonté une bonne partie du film, allant même jusqu’à couper plus de 70 minutes afin de ramener la durée de l’histoire à 1h40. D’autre part, Kassovitz a révélé peu de temps après la sortie du film que les producteurs ne lui ont jamais permis de tourner les scènes telles qu’ils les avaient conçues, un comble lorsqu’on sait que Kassovitz a passé plus de 5 ans à travailler sur l’adaptation du roman « Babylon Babies » de Maurice Georges Dantec. Au final, le résultat laisse de marbre, car le film est absolument impersonnel de bout en bout, froid et insipide. On se demande d’ailleurs ce qu’aurait pu donner cette adaptation si Kassovitz avait pu la faire telle qu’il la souhaitait. Ajoutons à cela des symboliques religieuses un peu lourdingues sur la fin, et on obtient un film bancal et peu abouti, doté d’une histoire intéressante mais uniquement traitée sur la forme, sans aucun fond particulier.

La musique de « Babylon A.D. » est signée Atli Örvarsson, compositeur de chez Media-Ventures/Remote Control et compositeur de musique additionnelle sur quelques scores récents d’Hans Zimmer tels que « The Simpsons Movie », « The Holiday », « Pirates of the Caribbean 3 » ou bien encore « Angels & Demons ». Örvarsson nous livre pour « Babylon A.D. » un score synthético-orchestral typiquement M-V, auquel s’ajoutent quelques touches religieuses/dramatiques bien plus intéressantes. Le score repose sur un thème principal de qualité, le « Aurora’s Theme », qui se trouve être un Agnus Dei. Ce chant aux consonances religieuses est associé tout au long du film au personnage de Mélanie Thierry, et apporte un côté à la fois mystique et spirituelle aux images du film de Kassovitz. Il évoque aussi les mystères que représentent Aurora et son lien secret avec la puissante organisation religieuse qui la convoite. Le caractère mélancolique de cet Agnus Dei évoque enfin pour finir une humanité sur le déclin, qui recherche une ultime once d’espoir et de réconfort dans la venue d’une Messie. Sobre et poignante, cette mélodie chantée par une voix d’enfant soprano et un choeur n’est pas sans rappeler certains passages du « Da Vinci Code » de Hans Zimmer (compositeur qui était initialement prévu à l’origine par la production du film !). On notera par la même occasion la présence du violoncelle électrique de Martin Tillman, devenu indispensable dans la plupart des derniers scores de l’écurie Media-Ventures/Remote Control (et un habitué des productions Hans Zimmer). Örvarsson développe cette partie plus religieuse et élégiaque de sa musique dans « Babylon Requiem » pour la longue séquence vers la fin du film, lorsque Toorop essaie de sauver Aurora d’une attaque imminente. Le compositeur nous offre ici sur plus de 5 minutes un inévitable « Dies Irae » qui évoque le caractère post-apocalyptique de cet affrontement sur fond de mystères religieux. Les voix interprètent ici le Dies Irae de façon fragmentée, sur fond de cordes rythmées et percussions synthétiques à la Hans Zimmer (on n’est guère loin par moment du style et des sonorités de « Batman Begins » !). Örvarsson applique donc les recettes du genre avec une certaine aisance, et le résultat demeure plaisant bien que très impersonnel et sans surprise. La musique apporte en tout cas un souffle épique et tragique assez fort sur les images, avec, au passage, une reprise particulièrement grandiose et poignante de l’Agnus Dei au milieu de « Babylon Requiem » durant la fusillade vers la fin du film.

Le reste du score alterne ainsi entre morceaux d’action survoltés, passages sombres atmosphériques et morceaux mélancoliques, mystérieux et spirituels. Un morceau comme « Aurora Borealis » est ainsi très représentatif du travail d’Atli Örvarsson sur la musique de « Babylon A.D. », avec son lot d’atmosphères électroniques sombres, de cordes lentes et de notes de piano vaporeuses, avec comme toujours l’omniprésence du « Aurora’s Theme » qui reste très présent tout au long du film. « Leaving The Monastery » permet au compositeur de développer ce travail de cordes rythmiques et de percussions synthétiques déjà entendu dans « Babylon Requiem », avec un sentiment de tension et de danger véhiculé en grande partie à l’écran par la musique - à noter ici aussi la présence de voix discrètes aux consonances religieuses, durant la scène où Toorop emmène Aurora et sa protectrice hors du monastère. Curieusement, ce ne sont pas les morceaux d’action qui attirent ici notre attention mais bien les passages plus dramatiques et élégiaques, comme c’est le cas dans l’excellent « Too Many Refugees », pour la scène où le sous-marin russe plonge sous la glace en emportant avec lui de nombreux réfugiés qui y sont restés accrochés. Les chœurs religieux reviennent ici pour une reprise particulièrement puissante et tragique du « Aurora’s Theme » (sans aucun doute l’un des moments forts du score avec « Babylon Requiem » !).

Un morceau d’action tel que « Rover Chase » (poursuite en motoneige vers le milieu du film) parvient difficilement à maintenir notre attention, la partie orchestrale - particulièrement pauvre - étant constamment noyée par des tonnes d’effets synthétiques et autres rythmiques électro modernes à la Hans Zimmer. Comme souvent chez MV, les compères du compositeur allemand tentent d’imiter son style sans jamais réussir à l’égaler. Örvarsson se montre alors bien plus inspiré sur les morceaux dramatiques/religieux que sur les parties d’action. Malgré tout, un morceau comme « Rover Chase » apporte une énergie et une force considérable à ces scènes d’action, mais sans laisser un quelconque souvenir, un problème surtout lié à la pauvreté de ces morceaux d’action qui semblent avoir été écrit à la va-vite avec un mélange ultra ordinaire de loop électro et d’orchestre maigrichon (cuivres et cordes seulement). On est déjà bien plus attiré par le côté imposant et dramatique de « Entering New York City », lorsque Toorop et Aurora arrivent à New York pour accomplir leur mission. Certains morceaux, plus atmosphériques et sombres, renforcent la tension qui traverse une bonne partie de la musique du film même si, ici aussi, on ne retiendra pas grand chose de ces passages purement fonctionnels. Plus intéressant, Örvarsson fait preuve d’une plus grande inventivité dans « The Marketplace » où il utilise des sonorités électroniques glauques et latentes pour instaurer une tension omniprésente tout au long de la scène du marché vers le début du film.

Tour à tour sombre, élégiaque, amère et grandiose, la musique d’Atli Örvarsson apporte une énergie et une émotion indispensable aux images de « Babylon A.D. », même si l’ensemble souffre d’un manque flagrant de personnalité. Le compositeur se contente donc simplement d’appliquer les recettes du genre sans chercher à tenter des choses plus personnelles sur le film. Si les passages d’action/suspense sont plutôt fonctionnels et sans grand intérêt, ce sont les morceaux plus dramatiques, religieux et élégiaques qui s’imposent ici, avec un « Aurora’s Theme » omniprésent et indissociable de l’ambiance du film de Mathieu Kassovitz. Voilà en tout cas un score somme toute assez intéressant pour son ambiance d’humanité sur le bord du déclin à la recherche d’un espoir divin, une BO à réserver en particulier aux fans de Media-Ventures et à ceux qui ont commencé à découvrir les travaux solos d’Atli Örvarsson sur le récent « Vantage Point ».


---Quentin Billard