1-The Messengers 2.56
2-Flashback 3.01
3-Girl In The Cellar 1.46
4-Buying The Farm 1.26
5-Crow Storm 1.11
6-Crow Scare 1.15
7-First Night 2.11
8-Crab Boy 1.45
9-In The Cellar 2.57
10-He Likes You 0.53
11-Can You See Them? 5.07
12-Beneath The Floor 2.37
13-In Sunflowers 3.46
14-Enough 1.46
15-Mistakes 1.05
16-Jesse Takes Off/
Through A Wall Darkly 1.38
17-Pitchfork Man 1.55
18-No Child Left Behind 2.58
19-Family Matters 2.22
20-A Family Again/End Titles 5.12

Musique  composée par:

Joseph LoDuca

Editeur:

La La Land Records
LLLCD 1068

Produit par:
Joseph LoDuca

Artwork and pictures (c) 2007 Ghost House Pictures/Columbia Pictures. All rights reserved.

Note: ***
THE MESSENGERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joseph LoDuca
Premier film américain des frères Pang (à qui l’on doit la trilogie d’épouvante hongkongaise « The Eye » ou le récent « Bangkok Dangerous »), « The Messengers » est un énième long-métrage de maison hanté, comme on en voit à la pelle aujourd’hui dans le cinéma hollywoodien. Inspirés par l’esthétique des films d’épouvante asiatiques, Danny et Oxide Pang nous livrent un film ultra conventionnel, boursoufflé de clichés et de scènes déjà-vus. L’histoire est on ne peut plus simple : une famille américaine moyenne décide de s’installer à la campagne dans une ferme isolée après avoir quitté Chicago. Leur fille aînée Jess (Kristen Stewart) commence alors à percevoir des choses terrifiantes : des ombres, des apparitions spectrales, des bruits suspects. Elle est la seule à voir tous ces phénomènes surnaturels, elle et son petit frère de 3 ans, Ben. Lorsque les apparitions se multiplient dangereusement, Jess, terrifiée, tente alors d’avertir ses parents, mais en vain. Terrifiée mais déterminée malgré tout, Jess va tenter de percer le terrible secret que renferme cette maison. L’histoire de « The Messengers » est donc on ne peut plus simple : une jeune fille qui se retrouve confrontée à des fantômes et un secret terrifiant.

Pour leur première production hollywoodienne, les frères Pang mettent carrément les pieds dans le plat en nous proposant une véritable foire aux clichés d’épouvante. Tous les vieux stéréotypes des films d’épouvante traditionnels sont ici passés en revue : les portes qui se referment toutes seules, les ombres qui passent furtivement devant la caméra, les corbeaux menaçants dans les champs (avec des scènes calquées sur « The Birds » d’Hitchcock), la ferme isolée (mélange entre « Signs » et « Deadly Blessing »), les apparitions spectrales - et bien souvent d’enfants - (« The Grudge »), la musique dissonante sur les scènes de terreur, etc. Qu’apportent donc de neuf les frères Pang au genre ? Rien du tout, le pire étant le décalage énorme entre les intentions d’origine des réalisateurs et le résultat final dans le film : Oxide et Danny Pang n’ont-ils pas dit dans une interview qu’ils souhaitaient bousculer les codes du film d’horreur américain, en se positionnant toujours par rapport au silence, source de terreur selon eux ? Etrange, alors que la plupart des scènes d’épouvante du film sont constamment accompagnées de musique. Le film est tellement prévisible et sans surprise qu’il ne parvient jamais à instaurer le moindre climat de peur. A contrario de ce qu’ils souhaitaient faire, les frères Pang nous livrent un film d’épouvante ultra conventionnel et saturé de clichés, qui ne fait même pas peur et bascule dangereusement dans la catégorie des navets d’épouvante à la « The Grudge ». Produit par Sam Raimi et Robert Tapert, « The Messengers » est une déception totale, un navet insipide et soporifique tout juste sauvé par l’interprétation de la jeune et jolie miss « Twilight » alias Kristen Stewart et la musique de Joseph LoDuca.

Le compositeur semble être finalement le seul qui ait véritablement réussi à tirer son épingle du jeu - encore une fois, devrait-on dire ! Fidèle à son goût pour les instrumentations inventives et les trouvailles sonores en tout genre, LoDuca nous livre pour « The Messengers » une partition horrifique mâtinée de suspense et de sursauts de terreur dans la lignée de sa précédente partition pour « Boogeyman », autre production de Ghost House Pictures. Le score de « The Messengers » utilise donc l’orchestre symphonique traditionnel auquel s’ajoutent toute une pléiade de sonorités électroniques en tout genre, avec une voix d’enfant et un violon soliste. Le début du film permet à LoDuca d’aborder la facette plus « positive » de sa partition avec le thème principal (« The Messengers »), confié ici au violon et introduit par la voix d’enfant soliste associé dans le film au fantôme de l’enfant. L’utilisation du violon sur fond de piano et de guitare apporte une petite touche pastorale à la musique de LoDuca, le thème étant associé à la ferme du film et à son immense champ aux tournesols. A noter que le compositeur tempère le côté en apparence paisible et pastoral de son thème avec quelques nappes synthétiques discrètes en arrière-fond sonore, qui permettent d’établir d’emblée l’univers fantomatique de la musique de « The Messengers ». LoDuca fait alors basculer sa musique dans la terreur pure avec « Flashback », qui développe les différentes sonorités électroniques avec le lot habituel d’effets de dissonances aux cordes (clusters, glissandi, etc.). LoDuca réserve ce type de morceau pour la plupart des scènes d’apparition spectrales dans le film, apportant une certaine intensité aux images du film.

« Girl in the Cellar » reprend les notes du thème principal dans une version plus lente et mélancolique, avec un piano sur fond de violon soliste et de cordes aigues discrètes. Il évoque ici les tourments de la jeune Jess et la peur qu’elle ressent dans cette nouvelle maison, le morceau apportant une certaine fragilité au personnage de Kristen Stewart dans le film - même chose pour l’intime « First Night » avec sa reprise pastorale du thème joué par le violon, les cordes et la guitare dans un style qui rappelle beaucoup Thomas Newman (scène où le père de Jess cultive son champ de tournesol). Joseph LoDuca nous propose ensuite quelques beaux moments de suspense et de terreur pur, comme l’impressionnant « Crow Storm » (scène de l’attaque des corbeaux, calquée sur Hitchcock) avec ses cordes stridentes acérées comme des lames de rasoir et ses percussions synthétiques un peu cheap. Le compositeur joue d’ailleurs complètement sur l’inquiétude qu’inspirent les corbeaux tout au long du film avec un morceau comme « Crow Scare », totalement atmosphérique mais suffisamment sombre et tendu pour inspirer un sentiment de menace et de danger. Même chose pour le sinistre « Crab Boy » et ses sonorités dissonantes et fantomatiques, évoquant la présence d’un spectre maléfique - LoDuca va même jusqu’à utiliser des effets de chuchotements pour évoquer la présence des fantômes. Ces morceaux de suspense font donc la part belle aux mélanges de sonorités étranges, aux dissonances agressives et autres effets instrumentaux avant-gardistes (« In The Cellar », « Can You See Them », « In Sunflowers »). Les moments de terreur s’amplifient sur la dernière partie du film, qu’il s’agisse du frénétique « Beneath The Floor », des cordes stridentes de « Pitchfork Man » ou des effets sonores chaotiques des agressifs « No Child Left Behind » et « Family Maters », qui rappellent Christopher Young (scène de la confrontation finale contre l’agresseur fou). A noter une utilisation un peu cheap et regrettable de samples orchestraux pour certains passages du score - probablement pour des questions de budget - samples qui renforcent le côté « série-B d’épouvante à petit budget » de la musique du film. La conclusion (« A Family Again/End Titles ») nous permet de retrouver le thème principal dans une suite de cinq minutes qui synthétise les principaux éléments du score de « The Messengers ».

Joseph LoDuca nous livre donc un score horrifique somme toute très conventionnel pour le film des frères Pang, un score qui remplit malgré tout le cahier des charges et apporte son lot de suspense et de terreur aux images du film. On aurait simplement aimé entendre quelque chose d’un peu plus audacieux et de recherché pour cette musique, LoDuca appliquant toutes les recettes du genre sans grande originalité particulière. Dans un style similaire, sa musique pour « Boogeyman » paraissait bien plus impressionnante et inventive. Voilà donc un score horrifique réussi mais très conventionnel, à réserver en priorité aux aficionados des ambiances fantomatiques et des musiques de Joseph LoDuca !


---Quentin Billard