1-Run To The Church 1.20
2-De Profundis 2.24
3-Mind Reading 2.43
4-Photographs 0.53
5-Suicide Ghost 1.33
6-Malcolm's Story/Cole's Secret 4.03
7-Hanging Ghosts 4.28
8-Tape Of Vincent 3.27
9-Help The Ghost/Kyra's Ghost 4.28
10-Kyra's Tape 2.00
11-Malcolm Is Dead 4.47

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6061

Produit par:
James Newton Howard
Producteur exécutif:
Robert Townson
Directeur en charge de la musique pour
The Buena Vista Motion pictures group:
Kathy Nelson, Bill Green
Manager de la bande originale pour
The Buena Vista Motion pictures group:
Christine Edwards
Montage de la musique et
compilation de l'album:
Thomas Drescher

Artwork and pictures (c) 1999 Buena Vista Pictures Distribution. All rights reserved.

Note: ****
THE SIXTH SENSE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Véritable film événement de l’année 1999, « The Sixth Sense » (Sixième Sens) révéla le jeune réalisateur M. Night Shyamalan et le film connu un énorme succès financier plutôt inattendu de la part des producteurs (le film a été produit en partie par une filiale de Disney). Peu connu jusqu’à alors, Shyamalan avait surtout tourné quelques films sans grande envergure (« Praying with Anger » en 1992 et « Wide Awake » en 1998) et contribué au scénario du film « Stuart Little » en 1999. Mais avec « The Sixth Sense », le réalisateur s’est enfin lancé pour de bon et a connu un triomphe international retentissant, pour la simple et bonne raison que le film possède un scénario exemplaire, avec un twist final de taille et une mise en scène extrêmement soignée et élaborée, typique du réalisateur. « The Sixth Sense » lancera d’ailleurs le style de Shyamalan qui renouera avec toutes ses formules dans certains de ses films suivants (« Unbreakable », « Signs », « The Village », etc.). Le succès doit aussi beaucoup à Bruce Willis, qui interprète ici le psychiatre pour enfants Malcolm Crowe, qui sera chargé d’aider un jeune patient de huit ans, Cole Sear (Haley Joel Osment) hanté par un secret terrifiant : il voit des personnes décédées qui ne cessent de le tourmenter (la célèbre réplique culte du film : « I see dead peoples ! », parodiée par la suite dans certains films et séries TV). Cole finira par se confier à Malcolm sur son don étrange et angoissant. Avec l’aide du psychiatre, le jeune garçon partira à la recherche de l’origine de son étrange « sixième sens », qui amènera finalement Malcolm à une révélation totalement stupéfiante. Bruce Willis interprète donc avec justesse ce psychiatre pour enfants particulièrement sensible, hanté par le suicide d'un de ses patients, et qui, en décidant d'aider le petit Cole, tentera de prendre une sorte de revanche sur l’échec personnel de sa vie afin de ne pas refaire les mêmes erreurs. Le film de Shyamalan décrit donc des personnages sensibles et tourmentés et nous réserve plus d'une surprise jusqu'à la fin du film, jouant sur le registre du thriller paranormal/fantastique avec un suspense haletant, avant de déboucher sur un registre plus intime et dramatique. C'est aussi la grande qualité de Shyamalan que d'avoir su faire naviguer le spectateur entre deux genres à priori sans rapport, mais cohabitant pourtant à merveille dans « The Sixth Sense ».

James Newton Howard signe avec « The Sixth Sense » sa toute première collaboration à un film de M. Night Shyamalan, pour lequel il a écrit une partition orchestrale sans surprise pour un film particulièrement audacieux et inspiré. Le résultat, sans être inoubliable, est tout à fait satisfaisant. La musique reste très sobre, très dépouillée, simple et efficace. JNH a misé sur la simplicité et l’économie de moyens. Le score de « The Sixth Sense » penche plutôt vers de la musique d'ambiance, même si l’on découvrira très rapidement ici deux thèmes, un thème sombre, mystérieux et envoûtant entendu dans « De Profundis », motif de cordes basé sur un enchaînement de deux accords. Ce thème est répété plusieurs fois dans le film, et son incroyable simplicité lui donne un côté hypnotisant et psychologique, représentant l’énigme du sixième sens de Cole. Ce motif instaure très vite dans le film une ambiance de mystère envoûtant, parfaitement adapté à l'ambiance du film de Shyamalan : autant dire que c’est tout à fait le genre de thème qu’il fallait pour un film pareil ! La reprise de ce thème dans « Tape of Vincent » est assez mémorable, soutenue cette fois-ci par un grand crescendo dramatique alors que Malcolm découvre des bruits de fantôme en écoutant la cassette d'un enregistrement d’une de ses sessions avec Vincent, son ancien patient qui s’est suicidé devant ses yeux il y a plusieurs années déjà. Enfin, on retrouve ce thème énigmatique et retenu dans le sombre et mystérieux « Hanging Ghost », scène où le petit Cole est à nouveau victime d’une vision terrifiante alors qu’il aperçoit des corps pendus dans son école.

« De Profundis » reste sans aucun doute le morceau incontournable de la partition de « The Sixth Sense ». Les premières mesures poignantes de cordes décrivent ici la peur et la tristesse d'un jeune enfant prisonnier de ses hallucinations, qui cherche un refuge en priant Dieu chaque jour à l’église, d'où le titre du morceau « De Profundis » (inspiré des paroles latines « Te clama ad te domine » : je t'appelle des profondeurs mon Dieu). Le morceau cède ensuite sa place à une reprise du thème mystérieux et psychologique qui finit par devenir assez prenant dans le film. « De Profundis » se conclut finalement sur une atmosphère de suspense pur, avec un passage atonal et dissonant typique de James Newton Howard, représentant l’angoisse profonde de l'enfant et ses hallucinations cauchemardesques. JNH instaure une ambiance particulièrement mystérieuse et psychologique tout au long du film, « Mind Reading » étant d'ailleurs assez représentatif de cette ambiance troublante, morceau débutant très calmement avec cordes et piano dans une atmosphère douce, sobre et retenue, le tout agrémenté de quelques voix synthétiques qui donnent un caractère mystérieux à la scène où Malcolm tente de lire dans les pensées du jeune Cole. Le compositeur nous offre aussi quelques séries d’ambiances plus terrifiantes et angoissantes dans des morceaux tels que « Suicide Ghost », « Kyra's Ghost », « Hanging Ghost », bref, tous les morceaux qui évoquent les apparitions spectrales surréalistes du film. La musique devient alors plus tourmentée et torturée, à l'image du jeune Cole, terrifié par ses hallucinations. Dès « Suicide Ghost », James Newton Howard crée un sursaut orchestral effrayant pour laisser place à une ambiance de terreur glaçante à la « Just Cause ». Dans « Kyra's Ghost », JNH fait même intervenir une voix mystérieuse apportant un aspect fantasmagorique à sa musique, parfait à l’image. « Kyra's Tape » fait intervenir quand à lui un choeur mystérieux qui semble surgir des profondeurs, pour la scène où le père de la défunte Kyra visionne la cassette vidéo qu'elle a confié à Cole, pour tenter de résoudre enfin le mystère sur sa mort.

Pour finir, le compositeur apporte aussi une ambiance plus intime, plus sentimentale et chaleureuse à sa musique. Tout comme le film lui-même, la musique joue à la fois sur les registres de la peur, du tourment psychologique, des ambiances glaciales mais aussi de la tristesse, de l'amour et de l’émotion. « Malcolm's Story » développe ainsi le thème intime de Malcolm, thème pour cordes plutôt mélancolique, suggérant la souffrance intérieure d'un homme rongé par les remords du suicide d’un ancien patient. JNH évite les pièges du sentimentalisme et ne tombe jamais dans du mielleux superficiel. Sa musique nous va droit au coeur dans ces moments-là, elle nous touche profondément et évite les artifices hollywoodiens du genre, ce qui prouve à quel point James Newton Howard est un très bon compositeur capable d’une certaine finesse. On réentend ensuite ce très beau thème dans « Malcolm is Dead », lorsque Malcolm découvre enfin l’incroyable révélation finale. Ce morceau conclut le film de manière touchante, émouvante et chaleureuse, lorsque Malcolm dit ce qu'il voulait dire depuis longtemps à sa femme (Olivia Williams) qui ne peut pas l’entendre. Cette magnifique scène finale est soulignée par la très belle musique de James Newton Howard, qui développe ici une ambiance d’intimité sur le thème plus délicat que l'on entend dans « Malcolm’s Story », « Help The Ghost » et « Malcolm is Dead ». Sa musique reste constamment simple, avec quelques cordes et un piano pour les moments plus intimes, une sobriété qui contraste ainsi avec la profondeur psychologique et dramatique de certains morceaux de la partition (« De Profundis », l’angoissant « Kyra's Ghost », le mélancolique et poignant « Malcolm is Dead », etc.). Ainsi donc « Malcolm is Dead » conclut le film sur une ultime touche d’émotion d’une grande sobriété. Annoncé par le piano, le thème mélancolique de Malcolm est ensuite repris aux cordes lorsque Malcolm confie une dernière fois ses sentiments à sa femme avant de partir à tout jamais.

En bref, nous sommes bel et bien en présence ici d’une nouvelle grande partition de James Newton Howard, servie par un thème remarquablement envoûtant et une musique extrêmement simple et sans grande artifice, et qui apporte une émotion et une ambiance particulière dans le film de M. Night Shyamalan. Sans être un score d’une folle originalité, « The Sixth Sense » s’impose quand même comme une partition de très grande qualité (malheureusement desservie par un CD très court et incomplet) et annonce une future grande collaboration de qualité entre James Newton Howard et Shyamalan !



---Quentin Billard