1-Opening 6.01
2-All Is Lost 2.45
3-Broadcast 3.19
4-The Harvester Returns 2.45
5-Fireside 1.30
6-No Plan 1.43
7-Reveal/The Escape 7.44
8-Hydrobot Attack 1.49
9-Farewell 1.40
10-Marcus Enters Skynet 3.22
11-A Solution 2.27
12-Serena 2.27
13-Final Confrontation 4.14
14-Salvation 3.05
15-Rooster 6.16*

*Interprété par Alice In Chains.

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Warner Bros/Reprise 519707-2

Score produit par:
Danny Elfman

Artwork and pictures (c) 2009 Columbia Pictures. All rights reserved.

Note: ***
TERMINATOR SALVATION
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Hollywood est décidément rentré dans l’ère de la résurrection des franchises. Avec des exemples récents comme « Die Hard 4 » ou « Indiana Jones 4 », l’industrie du cinéma U.S. nous a prouvé à plus d’une reprise que l’appât du gain n’avait décidément aucune limite - ces suites étant bien souvent de qualité douteuse par rapport aux opus d’origine ! Avec l’arrivée de la série TV « Terminator : The Sarah Connor Chronicles », on craignait un quatrième film à la saga « Terminator » juste après la déception du médiocre « Terminator 3 », qui n’apportait rien de neuf à l’univers crée à l’origine par James Cameron en 1984. C’est maintenant chose faite avec ce « Terminator Salvation », réalisé par le tâcheron McG ‘responsable’ des deux « Charlie’s Angels ». Cette fois-ci, l’histoire nous transporte dans un futur post-apocalyptique en 2018, un futur bien sombre dans lequel John Connor (Christian Bale) est devenu le chef de la résistance humaine qui s’est organisée contre Skynet et son armée de Terminators, des robots tueurs surpuissants. Mais alors que la résistance semble désormais au bord du gouffre, et tandis que Skynet est en train de préparer la destruction finale de toute l’humanité, un mystérieux individu du nom de Marcus Wright (Sam Worthington) surgit de nulle part. Le prenant alors pour un ennemi, John Connor essaie d’en savoir plus sur cet homme et comprend très vite qu’il sera son principal atout pour pouvoir infiltrer Skynet et stopper les agissements du superordinateur avant qu’il ne soit trop tard. Désormais, les deux hommes doivent faire vite, car parmi les prisonniers humains capturés en plein coeur du QG de Skynet se trouve le jeune Kyle Reese, qui se trouve être le futur père de John Connor.

« Terminator 3 » avait suscité une grande déception par son scénario plat et sa mise en scène impersonnelle - surtout après les deux premiers épisodes mythiques de James Cameron. Mais l’arrivée de « Terminator Salvation » n’arrange hélas rien à l’affaire et continue de faire couler la saga plus qu’autre chose. Le principal problème vient ici de la mise en scène totalement impersonnelle de McG et d’une avalanche d’effets spéciaux qui, aussi impressionnants soient-ils, prennent bien souvent le pas sur un scénario rectiligne et sans grande imagination. La plupart des stéréotypes du genre sont passés en revue, sans oublier que le film ne contient aucune surprise car le trailer du film dévoilant quasiment déjà tout (c’est une honte !!!). McG et son équipe ont voulu limiter au maximum l’emploi d’effets numériques en conservant un côté « à l’ancienne » afin de rendre hommage aux précédents volets de la saga. D’ailleurs, ce quatrième épisode - qui prend parfois des allures de guerre du Vietnam façon « Apocalypse Now » - s’autorise d’ailleurs pas mal de clins d’œil au tout premier « Terminator » de James Cameron : on retrouve ainsi le fameux « je reviendrai » ou « viens avec moi si tu veux vivre », sans oublier un combat final dans une usine calquée sur celle de la fin de « T1 » et surtout une apparition caméo surprise d’un sosie numérique d’Arnold Schwarzenegger dans le rôle du T-800 vers la fin du film. Les fans de la saga pourront donc se délecter de quelques clins d’œil savoureux. Hélas, tout cela ne suffit pas à faire de « Terminator Salvation » le nouveau grand film que l’on était en droit d’attendre. Le scénario ne prend pas suffisamment le temps de développer ses personnages, et ce malgré la présence d’un Marcus Wright impeccablement campé par l’australien Sam Worthington (étoile montante à Hollywood), personnage complexe et ambigu dont la relation antagoniste/amicale avec John Connor n’est qu’à peine effleurée dans le film. On s’attendait aussi à ce que le film insiste un peu plus sur les paradoxes temporels liés aux histoires de saut dans le temps qui constituent pourtant depuis « T1 » le coeur même de l’intrigue de la saga, mais là aussi, il n’en est rien, à part plusieurs allusions au sujet de Kyle Reese et de son futur rôle de géniteur de John Connor. A noter pour finir que le film de McG est le point de départ d’une nouvelle trilogie, puisqu’un « Terminator 5 » a déjà été annoncé et qu’un sixième épisode sera vraisemblablement tourné deux ans plus tard.

Après deux scores mythiques de Brad Fiedel et un épisode musical peu reluisant signé Marco Beltrami, c’est au tour de Danny Elfman de mettre en musique un épisode de la saga « Terminator », le compositeur nous livrant sur le film de McG un score d’action explosif et mécanique comme il sait si bien les faire. Le générique de début du film (« Opening ») permet à Elfman de renouer avec le brio habituel de ses ouvertures - un élément récurrent chez le compositeur - L’ouverture permet de mettre en place les deux thèmes majeurs du score, le thème principal associé tout au long du film à John Connor et la résistance humaine, et un thème plus ambigu associé à Marcus. Confié à des cuivres amples sur fond de cordes agitées et de percussions synthétiques diverses, le thème principal évoque l’idée d’un espoir pour un avenir meilleur, de la lutte contre la dictature des machines. Même si l’on regrettera le fait que le célèbre thème de Brad Fiedel n’ait pas été réutilisé pour les besoins du film, on ne pourra s’empêcher de constater une certaine ressemblance entre la mélodie originale d’Elfman et celle de Fiedel. Il existe donc une réelle affiliation entre les deux thèmes qui rend l’approche musicale d’Elfman plus subtile et nuancée : à noter d’ailleurs que dans le film, le compositeur réutilise à plusieurs reprises le célèbre ostinato rythmique du score de « Terminator », ostinato étrangement absent de l’album d’Elfman. Quand au thème de Marcus, il fait ici quelques apparitions plus discrètes aux cordes, et apporte une certaine complexité à ce personnage ambigu. Chose rare chez le compositeur : les thèmes sont écrits avec une certaine clarté et demeurent facilement mémorisable, un fait rare chez Elfman, surtout lorsqu’on sait à quel point le musicien a toujours mis un point d’honneur à écrire des thèmes complexes qui demandent un certain effort de mémorisation de la part de l’auditeur. Ici, ce n’est donc pas le cas et Danny Elfman a été obligé de faire une petite entorse à son « règlement ». Toujours est-il que le thème principal apporte ce côté fédérateur/espoir parfait pour le film de McG.

« Opening » nous permet aussi de découvrir toute la partie rythmique électronique du score de « Terminator Salvation ». Danny Elfman évoque ainsi la présence des machines de Skynet en utilisant toute une pléiade de percussions électroniques/samplées et autres sonorités métalliques associées aux machines, un univers sonore très froid et mécanique qui n’est pas sans rappeler certaines sonorités du score de « Planet of the Apes » (à vrai dire, les premières minutes de « Opening » rappellent beaucoup l’ouverture de « Planet of the Apes » !). Si l’utilisation des sonorités métalliques/synthétiques apporte un plus indéniable au film - renforcé par la photographie sépia froide et délavée du film - on pourra néanmoins reprocher au compositeur d’avoir eu recours de façon un peu trop facile à des banques de son commerciales trop facilement reconnaissables - ici, « Stormdrum » de East West Quantum Leap pour les percussions - un compositeur de la trempe à Danny Elfman n’est-t-il donc pas capable de créer lui-même ses propres samples de percussions plutôt que d’utiliser les mêmes sons déjà 100 fois utilisées par la plupart des compositeurs (et parfois même, les plus jeunes qui débutent dans le métier). On se serait quand même attendu à des choix plus inventifs et audacieux de la part de Danny Elfman ! Le compositeur assume néanmoins ses choix et nous offre une longue série de morceaux d’action et d’atmosphères musicales sombres pour évoquer cette histoire de lutte contre les machines, avec pour commencer, quelques beaux déchaînements orchestraux « The Harvester Returns », « Hydrobot Attack » ou bien encore « Final Confrontation ». Elfman met ici l’accent sur les percussions électroniques et les traits instrumentaux rapides et parfois même chaotiques. Un morceau comme « Final Confrontation » est assez représentatif du style action assez personnel de Danny Elfman : virtuose, complexe, massif, moderne et extrêmement percussif. Dommage cependant que les orchestrations se limitent bien souvent à l’emploi un peu pauvre des cordes et des cuivres, excluant les bois qui restent bien trop discrets. Néanmoins, le côté un peu monotone des couleurs instrumentales utilisées ici par Elfman convient parfaitement à la froideur mécanique des images sépia du film.

Quelques morceaux comme « The Harvester Returns » ou « Hydrobot Attack » nous permettent de retrouver là aussi le grand Elfman des musiques d’action tonitruantes, même si là aussi, l’utilisation des percussions de « Stormdrum » reste tout à fait discutable, apportant un côté impersonnel à la musique d’Elfman. « The Harvester Returns » accompagne la scène de la bataille contre le robot géant qui capture les humains, scène explosive et spectaculaire qui permet à Elfman de nous offrir l’un de ses meilleurs morceaux d’action. Idem pour l’excitant et très percussif « Hydrobot Attack », dominé par ses cuivres massifs et menaçants. Quelques passages plus atmosphériques et sombres permettent d’apporter un peu de relief au score de « Terminator Salvation », comme « All Is Lost » ou « Broadcast », dominé par une guitare solitaire qui rappelle le « Desert Suite » du « Terminator 2 » de Brad Fiedel. Elfman utilise la guitare soliste à plusieurs reprises dans le film - souvent associé à Marcus - afin d’évoquer la facette plus humaine de l’histoire. Même chose pour « Freeside » où la guitare se veut plus présente, rappelant par la même occasion le thème principal dans un style qui rappelle beaucoup celui de Brad Fiedel. On retrouve enfin la guitare dans l’émouvant « Farewell » et « Salvation », où le thème est aussi repris par un piano dans une version plus apaisée, parsemé de quelques harmonies ambigües : la musique semble nous dire que tout n’est pas encore terminé, et que la guerre contre les machines va continuer de plus belle ! Néanmoins, « Salvation » nous permet de ressentir une certaine forme de soulagement avec la très belle reprise conclusive du thème principal aux cordes.

Au final, Danny Elfman live pour « Terminator Salvation » un score d’action somme toute très fonctionnel et sans grande imagination. On y retrouve le style orchestral habituel du compositeur, mais sans grande audace particulière. Pas plus inspiré que ça par son sujet, Elfman se contente du strict minimum et nous offre malgré tout un très beau thème principal qui se paye carrément le luxe de rivaliser avec celui de Brad Fiedel - devenu totalement indissociable de la saga « Terminator ». On regrettera donc le manque d’idée d’un Danny Elfman que l’on a pourtant connu autrefois plus audacieux et inventif, le compositeur ayant ainsi recours à des banques de son accessibles à tous alors qu’on était en droit d’attendre de lui quelque chose d’un peu plus osé et recherché. Autant le dire de suite : la musique de « Terminator Salvation » remplit parfaitement le cahier des charges, apportant une intensité et une noirceur impeccable à l’écran, mais déçoit un peu par son manque d’idée sur le plan purement musical. Un score correct et fonctionnel donc, à réserver aux fans de Danny Elfman !


---Quentin Billard