1-Prologue (Through The Wall) 3.45
2-Snowdrop 2.46
3-Tristan 0.40
4-Shooting Star 3.26
5-Three Witches 2.42
6-Yvaine 2.48
7-Septimus 1.22
8-Creating The Inn 1.58
9-Lamia's Inn 8.04
10-Cap'n Shakespeare 1.27
11-Flying Vessel 3.41
12-Cap'n's At The Helm 1.01
13-Tristan & Yvaine 2.05
14-Pirate Fight 2.03
15-The Mouse 2.26
16-Lamia's Lair 3.57
17-Lamia's Doll 1.41
18-Zombie Fight 1.08
19-The Star Shines 3.21
20-Coronation 2.32
21-Epilogue 0.52

Musique  composée par:

Ilan Eshkeri

Editeur:

Decca Records B0009821-02

Album produit par:
Ilan Eshkeri

Artwork and pictures (c) 2007 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ****
STARDUST
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Ilan Eshkeri
Après « Layer Cake », le réalisateur britannique Matthew Vaughn passe à la vitesse supérieure avec « Stardust », adaptation cinématographique d’un célèbre roman graphique de Neil Gaiman sorti en 1997 et devenu par la suite un best-seller aux Etats-Unis. Le film est resté fidèle à l’ouvrage d’origine. On y redécouvre ainsi l’histoire d’un jeune héros, Tristan (Charlie Cox), habitant d’un petit village anglais baptisé « Wall », entouré d’un immense mur d’enceinte qui empêche depuis des siècles les habitants de s’aventurer dans le royaume voisin de Stormhold. Mais un jour, Tristan décide de braver l’interdit et découvre un étrange royaume peuplé de sorcières, de lutins, de pirates et autres créatures maléfiques. Tristan s’est ainsi mis en tête d’honorer une promesse : ramener une étoile à la plus jolie fille du village, qu’il convoite depuis toujours. C’est alors que le jeune homme découvre Yvaine (Claire Danes), une étoile tombée du ciel qui a pris l’apparence d’une jeune femme. Tristan la capture et décide de la ramener à sa dulcinée. Mais ce qu’il ignore encore, c’est qu’Yvaine est aussi convoitée par une sorcière maléfique et un prince malfaisant.

Entre magie, aventure et heroic-fantasy, « Stardust » rappelle clairement ces grands films d’aventure épique des années 80 (on pense immédiatement à « Princess Bride »), avec un côté un brin rétro tout à fait savoureux. Hélas, si l’univers crée par Matthew Vaughn demeure convaincant de bout en bout, on ne pourra pas en dire autant de l’humour étrange et décalé qui s’immisce parfois dans le film : quid des scènes avec les fantômes pseudo comiques des princes déchus ou d’un capitaine homosexuel campé par un Robert DeNiro cabotin, en roue libre total ? Ces touches d’humour sont bien souvent mal placées et totalement hors de propos (on frôle parfois le nanar dans certaines scènes du film !). Elles n’apportent rien au film et gâche même parfois le plaisir visuel. Malgré ses défauts, « Stardust » demeure réussi, avec un casting impeccable (Michelle Pfeiffer parfaite en sorcière maléfique, Claire Danes, Robert DeNiro, Sienna Miller, Mark Strong, Peter O’Toole, Rupert Everett, etc.) et de bonnes trouvailles visuelles - la scène de l’illusion dans l’auberge, une confrontation contre un mort-vivant animé comme une poupée, etc.

A la musique, on retrouve Ilan Eshkeri, jeune compositeur révélé en 2004 par sa grande partition symphonique pour le téléfilm épique « Ring of the Nibelungs », dans lequel Eshkeri a quand même eu la lourde tâche d’écrire la musique d’une œuvre déjà mise en musique un siècle auparavant par…Richard Wagner ! Avec « Stardust », Ilan Eshkeri retrouve ainsi Matthew Vaughn après « Layer Cake » en 2004. Cette fois-ci, le compositeur sort l’artillerie lourde et offre au long-métrage une grande partition symphonique dans la lignée de « Ring of the Nibelungs », riche, épique et très classique d’esprit. Renouant avec un grand style symphonique à mi-chemin entre l’élégance d’un David Arnold ou la sophistication d’un John Williams, Eshkeri apporte aux images un mélange d’aventure, d’héroïsme et d’émotion. On pourra ainsi se délecter de quelques thèmes de qualité comme le magnifique et majestueux thème de l’étoile (« Shooting Star »), le thème du capitaine Shakespeare (« Cap’n at The Helm ») ou bien encore un thème plus chevaleresque et rythmé pour le prince maléfique (« Septimus »). Dès l’ouverture (« Prologue Through The Wall »), Eshkeri annonce clairement la teneur épique et majestueuse de sa partition avec un orchestre dominé par des sonorités cristallines synonymes de magie et des choeurs féminins féeriques. On découvre par la même occasion un premier thème majestueux qui reviendra à plusieurs reprises dans le film, la seconde partie accompagnant la découverte du royaume de Stormhold à l’aide de percussions orientales du plus bel effet. Eshkeri utilise toutes les ressources de l’orchestre symphonique et soigne plus particulièrement ses orchestrations, qui laissent présager ici un savoir-faire certain chez ce jeune compositeur formé à bonne école - ancien complice de Michael Kamen et Edward Shearmur.

« Snowdrop » développe un thème majestueux aux cordes, le tout soutenu par un certain classicisme d’écriture qui apporte un souffle épique et une certaine richesse aux images du film de Matthew Vaughn. Si « Tristan » paraît plus mesuré avec sa mélodie gracieuse de cor anglais solitaire, « Shooting Star » s’impose en revanche comme l’un des morceaux-clé du score de « Stardust ». Le morceau accompagne la séquence de la chute de l’étoile et sa transformation en Yvaine. En un peu plus de 3 minutes, Ilan Eshkeri illustre habilement les différentes actions et émotions de cette scène, qu’il s’agisse du premier déchaînement orchestral en règle du morceau ou de l’arrivée grandiloquente du magnifique thème de l’étoile exposé ici par des choeurs puissants - à noter que ce thème emprunte une succession d’accords très connotés, assez surutilisés au cinéma et dans la musique pop ! C’est pourquoi, à l’écoute du thème de « Shooting Star », la plupart des béophiles reconnaîtront sans aucun doute certaines mélodies préexistantes qui utilisaient déjà le même enchaînement d’accord (« Armageddon », « Children of Dune », « Rambo », « Pirates of the Carribean », etc.). « Shooting Star » permet à la partition de « Stardust » de s’imposer par sa puissance épique et sa magie irrésistible. Moins accrocheur, « Three Witches » illustre quant à lui les trois sorcières maléfiques à l’aide de cordes sombres et de couleurs instrumentales plus menaçantes (dommage que le compositeur n’ait pas écrit un thème particulier pour ces sorcières !).

Eshkeri développe ensuite ses différents thèmes et ambiances, avec une reprise assez savoureuse du thème choral de l’étoile dans le magnifique « Yvaine » (et qui annonce clairement la romance balbutiante et féérique entre Tristan et Yvaine) et l’arrivée du thème chevaleresque et héroïque du prince maléfique dans « Septimus ». Eshkeri a ainsi eu l’idée d’écrire un thème héroïque pour l’un des méchants du film, avec sa mélodie de cordes entraînante, ses percussions guerrières et ses envolées orchestrales imposantes. Dans le film, on voit Septimus galoper sur son cheval à la recherche de l’étoile qu’il convoite à son tour. L’association méchant / musique héroïque surprend au premier abord mais contribue malgré tout à renforcer le ton aventureux et extrêmement prenant de la musique d’Ilan Eshkeri dans le film. Certains passages plus atmosphériques comme « Creating The Inn » paraissent plus ternes bien que très réussis techniquement (scène où la sorcière prépare son illusion maléfique), mais le véritable défaut majeur de la partition de « Stardust » vient essentiellement d’une influence trop flagrante des temp-tracks du film. Certains thèmes ou morceaux semblent avoir été un peu trop calqués sur les temps d’origine, comme c’est le cas dans « Lamia’s Inn » où le compositeur développe un puissant et entêtant ostinato rythmique de cordes calqué sur « Vampire Hunter » du score de « Dracula » de Wojciech Kilar (lui-même déjà inspiré de l’inépuisable « Mars » de Holst), l’ostinato accompagnant la séquence où Lamia tend un piège aux deux héros dans sa fausse auberge, faisant monter la tension durant un peu plus de 8 minutes avec une efficacité redoutable.

Toujours au programme des influences trop flagrantes, on pourra reconnaître sans gros efforts l’inspiration du thème de « Cap’n At The Helm », dont le début ressemble beaucoup à l’ouverture de « Robin Hood » de Michael Kamen, et la mélodie proche du thème de la confrérie de l’anneau dans « Lord of the Rings » d’Howard Shore. Visiblement, Eshkeri est à l’aise avec l’écriture symphonique et les orchestrations riches et raffinées, mais il lui manque encore une véritable personnalité musicale et une originalité d’idée, quelque chose qui viendra probablement avec le temps. Quoiqu’il en soit, la partition de « Stardust » nous offre quelques beaux moments en perspective, qu’il s’agisse de l’excitante et épique musique de pirate de « Flying Vessel », de l’envolée romantique du très beau « Tristan and Yvaine » (qui rappelle là aussi une mélodie de « Lord of the Rings »), des allusions classiques comme Offenbach dans l’amusant « Pirate Fight » (pour la scène du ballet ultra efféminé secrètement improvisé par capitaine Shakespeare !), des envolées chevaleresques et épiques assez prenantes (l’ouverture de « Lamia’s Lair ») et, bien entendu, des morceaux d’action énormes et démesurés pour la longue séquence de l’affrontement final dans le repère de la sorcière : « Lamia’s Lair » et ses cuivres massifs, « Lamia’s Doll » et son atmosphère puissamment dramatique, « Zombie Fight » et ses percussions guerrières martelées, sans oublier le grand final, « The Star Shines » et sa superbe reprise puissante du thème de l’étoile.

Au final, malgré ses influences trop flagrantes, la partition de « Stardust » démontre toute l’étendue d’un jeune compositeur particulièrement prometteur, apportant aux images du film de Matthew Vaughn un souffle épique d’une richesse étonnante, une musique qui accompagne le long-métrage d’une façon particulièrement spontanée et totalement décomplexée. Ilan Eshkeri manipule donc ses différentes influences musicales pour aboutir à une solide partition au classicisme d’écriture très soutenu et rare de nos jours à Hollywood, dans un style un brin rétro qui fleure bon les années 80 ! Eshkeri renoue ainsi avec les grandes partitions symphoniques d’antan et nous offre pour « Stardust » une première grande œuvre maîtresse, à découvrir, dans la continuité de « Ring of the Nibelungs » !


---Quentin Billard