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1-End Credits 1.54
2-Dreaming 2.20 3-Installation 2.28 4-Wybie 2.07 5-Exploration 2.01 6-Other Father Song 0.28* 7-The Supper 1.31 8-Bobinsky 2.23 9-Fantastic Garden 1.34 10-Coraline Fly 0.24 11-Trap For The Mices 1.34 12-Mice Circus 1.27 13-Dreams Are Dangerous 1.27 14-Sirens Of The Seas 1.38 15-In The Bed 1.54 16-Spink And Forcible 0.33 17-It Was Fantastic 2.10 18-Ghost Children 1.28 19-Let's Go 1.09 20-Playing Piano 2.48 21-Wybie That Talks 2.09 22-Cocobeetles 1.39 23-Alone 0.52 24-Dangerous 2.23 25-Reunion 1.10 26-Coraline Dispair 1.27 27-The Theater 1.33 28-The Famous Mister B 2.33 29-You Know I Love You 4.27 30-Mechanical Lullaby 2.24 31-The Hand 3.14 32-The Party 2.32 *Interprété par They Might Be Giants. Musique composée par: Bruno Coulais Editeur: Koch Records KOC-CD-4741 Album produit par: Bruno Coulais Artwork and pictures (c) 2009 Laika Entertainment/Pandemonium. All rights reserved. Note: ****1/2 |
CORALINE
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Bruno Coulais
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En l’espace de peu de temps, « Coraline » s’est désormais inscrit dans le rang très prisé des grands classiques du cinéma d’animation américain. Nouveau film d’Henry Selick, réalisateur du cultissime « The Nightmare Before Christmas », « Coraline » est un film complexe, adapté d’un roman de Neil Gaiman débuté en 1990 et paru en 2002. Véritable conte noir comme on en voit peu souvent au cinéma, « Coraline » illustre l’histoire de Coraline Jones, une fillette intrépide et curieuse qui vient tout juste d’emménager avec ses parents dans une étrange maison. Alors que ses parents la délaissent et n’ont guère de temps à lui consacrer, Coraline décide de s’occuper comme elle peut et part explorer les tréfonds de sa nouvelle demeure. C’est alors qu’elle découvre par inadvertance une porte condamnée qu’elle ouvre et qui l’emmène dans un univers parallèle, qui semble identique au sien à première vue, mais qui reste au final totalement différent. Dans cet univers parallèle, les couleurs sont plus vives et attrayantes, son Autre Mère et son Autre Père s’occupent enfin d’elle et le Chat de son voisin parle. Ravie de découvrir un monde enchanté et merveilleux, Coraline se réveille au matin et revient à nouveau dans son propre monde. Déçue, elle décide de renouveler l’expérience la nuit suivante et finit par prendre goût à sa nouvelle vie dans ce monde parallèle. Mais hélas, le rêve finit par tourner au cauchemar lorsque son Autre Mère se révèle être en réalité une sorcière qui cherche à séquestrer Coraline. Désormais, la jeune fille va devoir user de toute sa malice et de son courage pour s’échapper de ce monde imaginaire et retrouver ses vrais parents dans son vrai monde.
« Coraline » est à n’en pas douter le nouveau chef-d’œuvre du très talentueux Henry Selick, auteur de l’inoubliable « The Nightmare Before Christmas » (L’étrange Noël de Mr. Jack). Selick signe donc ce nouveau film d’animation d’une beauté étrange, singulière et bouleversante, 15 ans après son film culte qui révolutionna à l’époque le cinéma d’animation américain. Le tournage même du film a représenté un véritable défi technique pour toute l’équipe de « Coraline » : le réalisateur a ainsi utilisé de nombreuses marionnettes en silicone crées par une équipe de 70 personnes (avec pas moins de 28 figurines d’une vingtaine de centimètres de hauteur pour le personnage de Coraline), 130 décors fabriqués et peints à la main, 18 mois de tournage et deux années préproduction. Le résultat est tout bonnement grandiose : on avait rarement une telle virtuosité et une telle richesse d’idées dans un film animé de ce genre. Bien loin des standards du genre (Disney, Pixar et co.), le film d’Henry Selick réinvente les codes du genre et impose un univers riche et singulier dans lequel la beauté côtoie l’étrangeté et la noirceur, un mélange entre rêve et terreur d’une inventivité incroyable. A noter que « Coraline » est un véritable conte noir, dans le sens où il s’adresse autant aux enfants (pour son côté totalement débridé et sa folie visuelle) qu’aux adultes, qui apprécieront la trame psychologique de l’histoire qui aborde des sujets somme toute graves et très sérieux (une mère possessive qui cherche à « étouffer » sa fille, le délaissement des parents de Coraline, son refuge dans un monde imaginaire et merveilleux, etc.). Le look même des personnages oscille bien souvent entre le grotesque et l’étrange, avec des proportions bien souvent irréalistes et volontairement démesurées. On retrouve ici la patte visuelle de l’auteur de « The Nightmare Before Christmas », mais avec en plus les dernières techniques 3-D, « Coraline » mélangeant ainsi stop-motion à l’ancienne et animation 3-D moderne. Complexe, déjanté, étrange, fascinant, inquiétant, bourré de références culturelles et picturales (cf. la scène qui cite des peintures de Van Gogh), « Coraline » est LE nouveau chef-d’œuvre de l’animation U.S., une fable philosophique et fantaisiste désormais incontournable ! A l’origine, Henry Selick souhaitait que la musique de « Coraline » soit écrite par le groupe de pop/rock alternatif They Might Be Giants. Mais c’est au cours de la production que le réalisateur décida qu’il fallait une musique plus singulière et fantaisiste pour les images de son film. C’est pourquoi il décida alors de temp-tracker entièrement son film avec des extraits de deux partitions de Bruno Coulais : « Microcosmos » et « Le Peuple Migrateur ». Ignorant alors qui était l’auteur de ces deux partitions, Selick finit par rentrer en contact avec Bruno Coulais qui hérita finalement des rennes de la partition de « Coraline », une première pour le compositeur qui n’avait jusqu’à présent jamais écrit pour un film animé américain - Coulais avait néanmoins déjà signé la musique d’un magnifique dessin animé franco-danois en 2001, « L’enfant qui voulait être un ours ». Pour « Coraline », le réalisateur a donc offert carte blanche à Bruno Coulais avec comme principal mot d’ordre d’éviter le plus possible toute approche musicale conventionnelle. C’est pourquoi Coulais a donc tenu à éviter l’orchestre symphonique habituel et autre forme de mickey-mousing très en vogue dans les musiques de films animés conventionnels. Même si l’on retrouve dans la partition de « Coraline » quelques touches orchestrales, l’ensemble demeure bien souvent discret, limité à quelques instruments (cordes, hautbois, clarinette et trombones en particulier) auxquels s’ajoutent toute une pléiade d’instruments hétéroclites comme le xylophone, le marimba, le célesta, les crotales, le piano, le violon, la harpe, les saxophones, les timbales, les synthétiseurs, les percussions diverses (boisées, métalliques, etc.) sans oublier un ensemble vocal principalement constitué du choeur d’enfant Orféo basé à Nice et de quelques solistes vocaux divers. A noter qu’au moment où Coulais composa la musique de « Coraline », il venait tout juste de terminer la composition d’un opéra pour enfants, ceci expliquant certainement la raison pour laquelle Bruno Coulais pensa immédiatement à utiliser les voix d’enfants sur « Coraline », conférant à certaines séquences du film un côté opératique assez onirique et épatant. Si la musique évoque l’univers du rêve et de l’imagination dès la première demi-heure, la partition va petit à petit basculer dans l’angoisse et la terreur sans jamais en faire de trop. Malgré son côté totalement expérimental et déjanté, la musique de « Coraline » repose quand même sur un thème principal de qualité, une magnifique berceuse vocale associée dans le film à Coraline, et entendue dans le très beau « Installation », chanté par le choeur d’enfants sur fond de harpe, cordes et sonorités cristallines diverses. Bruno Coulais va jusqu’au bout de son approche anti-conventionnelle puisque même les paroles des chants sont entièrement inventées, afin de renforcer le côté étrange et insolite de cette musique. Le thème de Coraline évoque ainsi la douceur de l’enfance (avec un brin de nostalgie) et les rêves de la fillette, en quête d’aventure. Les deux solistes Hélène Breschand et Mathilde Pellegrini interprètent avec beaucoup de délicatesse des pièces comme « Installation » et l’enjoué « Exploration », entièrement porté par ces deux voix synonymes d’aventure et de découverte pour la jeune héroïne, le tout accompagné par les quelques instruments du Hungarian Symphony Orchestra de Budapest, placé sous la direction de Laurent Petitgirard (célèbre compositeur et chef-d’orchestre français qui fut président de la SACEM entre 2003 et 2005). On ne pourra pas passer sous silence l’apport immense de l’ouverture, la berceuse mécanique de « Dreaming », morceau fantaisiste dominé par les choristes et un duo de soliste remarquable : Bernard Paganotti et l’actrice Teri Hatcher (qui interprète la voix de l’Autre Mère dans le film), le tout sur fond de pizzicati, harpe, cordes et sonorités cristallines/métalliques diverses. A noter que Bruno Coulais utilise avec brio quelques touches synthétiques aux sonorités bien souvent étranges, insolites et déformées, qui ne ressemblent bien souvent à rien de connu. Coulais se montre véritablement audacieux sur tous les plans, qu’il s’agisse de son approche musicale sur les images ou de la technique compositionnelle en elle-même. Son utilisation bien souvent très personnelle et avant-gardiste des instruments ou des synthétiseurs l’amène bien souvent à créer des plages sonores étranges et tout bonnement épatantes : « The Supper » (scène où Coraline soupe avec ses nouveaux parents) est très représentative de ce fourmillement d’idées à la fois complexes et simples. La musique évoque le monde du rêve, de l’imagination enfantine mais aussi des sentiments de la fillette qui se mélangent à son incroyable aventure. A l’inverse, un morceau comme « Bobinsky », dominé par les bois et les trombones, paraît moins surprenant. Par contre, une pièce comme « Fantastic Garden » est parfaitement représentative de ce climat onirique et surréaliste voulu par Coulais dans sa musique : le compositeur accompagne ainsi la scène de la découverte du jardin fantastique des autres parents de Coraline avec une espèce d’improvisation free-jazz déjantée sur fond de sonorités éparses et volubiles. Même chose pour « Mice Circus », qui caricature de façon très kitsch le style des fanfares de cirque pour la scène du cirque des souris. Coulais se montre ici incroyablement inventif et verse même dans l’humour et la fantaisie pure. Idem pour le très latino « Spink and Forcible » et le duo excentrique de « Sirens of the Sea » - sans aucun doute l’une des séquences les plus amusantes et délirantes du film d’Henry Selick, pour le duo des deux vieilles cantatrices ! N’oublions pas non plus les délires musicaux totalement décomplexés et avant-gardistes de « The Famous Mister B », qui oscille entre musique électro expérimentale et musique concrète. C’est avec « Dreams Are Dangerous » que la musique devient légèrement plus sombre et nuancée. Finit les délires musicaux du début, place au cauchemar maintenant ! Un morceau comme « In The Bed » paraît à son tour plus nuancé, entre sonorités oniriques et dissonances plus inquiétantes, chose confirmée par le sombre « It Was Fantastic » et le sinistre « Ghost Children ». Ce dernier accompagne à l’aide de sonorités électroniques étranges la scène où Coraline rencontre les spectres des enfants décédés. Coulais signale ici la présence de ces fantômes d’enfants en utilisant des enregistrements de voix enfantines déformées électroniquement et éparpillées dans le mixage de façon totalement libre et expérimentale. Le score de « Coraline » bascule alors clairement dans un style plus atonal et dissonant avec « Let’s Go » et son utilisation plus spectaculaire de l’orchestre (sans aucun doute l’un des morceaux les plus impressionnants du score de « Coraline » !). Des morceaux comme « Playing Piano », « Crocobeetles », « Dangerous » sont autant de preuves du savoir-faire expérimental de Bruno Coulais que de morceaux tout bonnement impressionnants de virtuosité à l’écran. La confrontation contre la sorcière prend une tournure plus menaçante et agressive avec l’angoissant et sombre « You Know I Love You », où l’orchestre et les diverses sonorités électroniques/instrumentales demeurent plus chaotiques et déchaînées. Même chose pour l’étrange et agressif « The Hand » pour le combat final contre la main métallique de la sorcière, une véritable musique d’épouvante expérimentale à la sauce Bruno Coulais : du grand art, tout simplement ! Que dire au final, si ce n’est que nous sommes bel et bien ici en présence d’une très grande partition complexe et fantaisiste, à l’imagination débridée. Refusant toute approche musicale conventionnelle, Bruno Coulais expérimente tout au long du film diverses approches musicales au sein d’une musique qui fait preuve d’une imagination constante à toute épreuve. L’aventure que vit la jeune Coraline Jones dans sa nouvelle maison a donc inspiré au compositeur une musique extrêmement élaborée et totalement libre, bourrée de petits détails et parfaitement adaptée à l’univers onirique et étrange du film d’Henry Selick. Compagnon fortuné des images de ce long-métrage virtuose, le score de « Coraline » possède décidément plus d’un tour dans son sac, se payant ainsi le luxe de faire désormais partie des plus belles oeuvres de Bruno Coulais, un score audacieux et inventif qui souffre néanmoins d’un seul et unique défaut : son côté trop souvent brouillon et la durée bien trop courte de ces morceaux - ne dépassant que très rarement les 2 minutes, dommage ! En définitive, un classique instantané, à ne pas manquer ! ---Quentin Billard |