1-I Am Speed 0.37
2-World's Best Autopia 1.15
3-Thunderhead 3.07
4-Tragic Story of Rex Racer 4.49
5-Vroom and Board 3.38
6-World's Worst Road Rage 2.41
7-Racing's In Our Blood 1.52
8-True Heart of Racing 4.05
9-Casa Cristo 4.02
10-End of the First Leg 2.20
11-Taejo Turns Trixie 1.37
12-Bumper to Bumper,
Rail to Rail 3.07
13-The Maltese Ice Cave 2.04
14-Go Speed, Go! 1.24
15-He Ain't Heavy 1.45
16-32 Hours 3.49
17-Grand Ol' Prix 6.13
18-Reboot 3.08
19-Let Us Drink Milk 4.33
20-Speed Racer 4.21

Musique  composée par:

Michael Giacchino

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 898 2

Producteur exécutif:
Robert Townson
Produit par:
Michael Giacchino
Direction musicale pour
Warner Bros. Pictures:
Doug Frank, Gary LeMel,
Carter Armstrong


American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2008 Warner Bros. Entertainment Inc.

Note: ***1/2
SPEED RACER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Giacchino
Après l’immense succès de la trilogie « Matrix », les frères Wachowski s’attaque maintenant à une adaptation cinématographique de « Speed Racer », série animée japonaise culte datant de 1967 qui était plutôt connue à l’époque sous le nom de « Mach Go Go Go ». Le succès de cette série fut tel que les américains s’emparèrent à leur tour de cette franchise pour développer leurs propres versions animées de cette série : suivirent ainsi « The New Adventure of Speed Racer » en 1993, « Speed Racer X » en 2002 et même un « Speed Racer The Next Generation » en 2008. Andy et Larry Wachowski étant des fans de la première heure, ils décidèrent de réaliser leur rêve en tournant cette ambitieuse adaptation live de « Speed Racer », reformant pour l’occasion une bonne partie de l’équipe d’origine qui travailla sur la trilogie « Matrix » (Joel Silver et Grant Hill à la production, Owen Paterson en chef-décorateur, David Tattersall à la photographie, etc.). Speed Racer (Emile Hirsh) est un as du volant. Il est né dans une famille où l’on a toujours cultivé le goût pour les courses automobiles et le dépassement de soi. Speed a pris l’habitude de gagner toutes ses courses, et son unique rival a toujours été son propre frère, Rex Racer (Scott Porter), et ce jusqu’au jour où Rex se tue en pleine course, alors qu’il était sur le point de gagner. Désormais, Speed Racer doit succéder à son frère en conduisant la puissante Mach 5, la voiture mise au point par son père Pops Racer (John Goodman). Un jour, Speed reçoit une proposition intéressante du patron de la Royalton Industries (Roger Allam), mais le jeune homme sent le coup fourré et préfère refuser. Le fanatique Royalton dévoile alors son vrai visage et commence à menacer le jeune Speed Racer, lui et sa famille. C’est alors que notre jeune héros découvre les dessous des courses automobiles, apprenant que la plupart des grandes courses ont été truquées par une poignée d’hommes d’affaires véreux et sans scrupules, qui contrôlent ces courses depuis de nombreuses décennies déjà, manipulant les meilleurs pilotes pour s’enrichir encore plus. Loyal et intègre, Speed Racer est le premier pilote à refuser de rentrer dans cet univers de corruption, s’attirant par conséquent les foudres du machiavélique Royalton. Ce dernier va désormais tout mettre en oeuvre pour empêcher Speed Racer de gagner ses prochaines courses. Désormais, Speed doit faire vite : il va devoir battre Royalton à son propre jeu, et cela ne sera pas une mince affaire, surtout que parmi les courses programmées sur son planning se trouve celle du terrifiant rallye « Crucible », celui qui coûta autrefois la vie à son frère Rex Racer.

« Speed Racer » est un divertissement haut en couleur dans tous les sens du terme. Les frères Wachowski ont ainsi voulu rendre hommage à la série animée d’origine en jouant sur les couleurs chatoyantes et les images proches des bandes dessinées ou des dessins animés. Pour se faire, les deux frangins ont eu recours à une toute nouvelle technologie baptisée la 2D 1/2, une technique qui consiste à filmer les acteurs sur des fonds verts circulaires de 360 degrés, sur lesquels sont projetées des images haute définition d’origines diverses. Esthétiquement, « Speed Racer » demeure très riche et ambitieux, les deux réalisateurs multipliant les trouvailles visuelles à un rythme effréné, des trouvailles qui apportent au film un côté délicieusement kitsch assez sympathique et totalement assumé. C’est aussi pour Andy et Larry Wachowski une façon de rendre hommage à la série animée japonaise de 1967. Niveau casting, on atteint ici des sommets avec une distribution carrément internationale réunissant des acteurs d’horizon divers tels que Emile Hirsch, Christina Ricci, John Goodman, Susan Sarandon, Matthew Fox, Benno Fürmann, Roger Allam, Hiroyuki Sanda, Yu Nan, Togo Igawa, Jung Ji-Hoon (alias « Rain », célèbre pop-star coréen) et le français Melvin Poupaud, qui fait une apparition vers la fin du film dans le rôle de l’un des deux commentateurs d’une course automobile. Spectaculaire et captivant de bout en bout, « Speed Racer » demeure au final un divertissement de qualité, bien qu’inégal par moment, doté de trouvailles visuelles étonnantes, un véritable festival de couleurs vives chamarrées dans lequel les vrais héros sont bien évidemment les bolides futuristes aux gadgets sans limites. Le film nous offre d’ailleurs quelques scènes de course particulièrement grandioses, avec de nombreux effets spéciaux spectaculaires que l’on doit aux génies de chez ILM. Quoiqu’il en soit, les fans de la série animée japonaise devraient être aux anges avec « Speed Racer », qui a définitivement relancé la franchise pour un bon bout de temps !

La musique de « Speed Racer » a été confiée à Michael Giacchino, compositeur décidément très prisé ces derniers temps à Hollywood. Il faut savoir que la composition de la musique de « Speed Racer » a été un véritable challenge pour Michael Giacchino, qui n’a eu que très peu de temps pour tout écrire et enregistrer dans les temps. Le compositeur précise même sur une note dans le livret de l’album que si les Wachowski ne s’étaient pas montré aussi bienveillants envers lui, et si ses deux monteurs/assistants n’avaient pas été à ses côtés, Giacchino n’aurait probablement jamais réussi à écrire le score à temps. Effectivement, le montage du film a changé continuellement - à cause du rajout de dernière minute des effets spéciaux - obligeant ainsi le compositeur à remanier systématiquement sa musique jusqu’aux derniers moments. La musique de « Speed Racer » demeure assez proche du style de la musique pour la série TV d’origine et fait la part belle aux orchestrations inventives typiques du compositeur, le tout agrémenté de quelques touches pop rock/jazz qui accompagnent parfaitement les courses effrénées du film. Si « I Am Speed » annonce une aventure très mouvementée avec ses cordes virevoltantes et furtives, annonçant le thème principal de Speed Racer (motif de cuivres avec ses trois notes ascendantes) « Thunderhead » amorce clairement le côté action du score avec son mélange orchestre/batterie/guitare électrique/guitare basse très réussi, dans un style 60’s groovy/jazzy assez savoureux. « Thunderhead » fait la part belle aux cuivres massifs, aux lignes virtuoses de cordes et de xylophone (pour le côté « dessin animé » du film). Alors que la plupart des compositeurs auraient écrit un score techno/rock moderne pour ce film, Giacchino a préféré opter pour un style symphonique plus classique, même si la partie rock est présente mais reléguée au second plan. Michael Giacchino reste une fois de plus fidèle à son style symphonique élaboré qu’il maîtrise pleinement - à l’heure actuelle, il est d’ailleurs l’un des rares jeunes musiciens à maîtriser l’orchestre avec une telle aisance, aux côtés des grands maîtres !

A noter l’utilisation d’une voix féminine inattendue dans « World’s Best Autopia », Giacchino ayant aussi recours à un choeur pour renforcer le caractère grandiose de la vitesse fulgurante de certaines courses automobiles du film. Après avoir mis en place son style orchestral/rock dans « Thunderhead », Giacchino prolonge son travail sur « The Tragic Story of Rex Racer », qui revient sur le passé tragique de Rex Racer à l’aide d’une voix féminine éthérée, d’un orchestre dominé par des cordes plus dramatiques et d’une rythmique rock toujours omniprésente. Un morceau comme « Vroom and Board » permet au compositeur de se faire plaisir en développant un thème enjoué avec son xylophone sautillant à la limite du mickey-mousing. Les orchestrations deviennent ici plus fantaisistes, plus colorées - à l’instar des images du film. Le ton se durcit avec le sombre « World’s Worst Road Rage », accompagnant une autre scène de course enragée. Ce sont les morceaux d’action qui s’imposent ici tout le long du score de « Speed Racer », Giacchino étant aidé par la puissance de son ensemble orchestral (près de 80 musiciens, sans compter la partie chorale !). Certains passages tentent de calmer le jeu comme le plus intime « Racing’s In Our Blood », mais très vite, l’action reprend le dessus, dans un style qui rappelle par moment « Mission Impossible III ».

Et c’est reparti pour un tour avec les frénétiques « The True Heart of Racing » ou « Casa Cristo » et sa voix féminine orientale pour accompagner le début de la course à Casa Cristo. A noter l’utilisation du choeur dans « Casa Cristo » qui tente d’apporter un côté épique quelque peu démesuré au morceau, et ce alors que la rythmique rock reste toujours omniprésente. A noter ici la façon dont le tempo s’accélère progressivement sur le milieu du morceau, comme pour renforcer la brutalité extrême et la vitesse fulgurante de cette course cruciale pour notre héros. Même chose pour « Taejo Turns Trixie » avec son utilisation plus appuyée du xylophone virevoltant sur fond de cuivres massifs et de cordes virevoltantes. Le très fun « Bumper To Bumper, Rail To Rail » nous offre quand à lui un nouveau morceau d’action aux rythmes jazzy typiques de Michael Giacchino, et qui rappelle son travail sur « The Incredibles » (2004). Le fun se prolonge dans l’excitant « The Maltese Ice Cave » pour une autre scène de course à travers la caverne vers la fin du film, avec ses traits instrumentaux frénétiques et ses envolées chorales grandioses. Le morceau atteint ici une puissance orchestrale/chorale assez épique et redoutable, la voix féminine orientale étant d’ailleurs toujours présente. « The Maltese Ice Cave » reste d’ailleurs sans aucun doute l’un des morceaux les plus impressionnants du score de « Speed Racer », dévoilant par la même occasion toute la virtuosité rythmique du score, idéale pour évoquer à l’écran la frénésie totale de cette course contre le redoutable Snake Oiler (en référence à un personnage de la série télévisée d’origine). Le morceau aboutit à l’envolée héroïque de « Go Speed, Go ! », qui reprend avec brio le thème musical de la série TV de 1967, suggéré brièvement ici par des trompettes enjouées pour l’un des grands moments de bravoure de Speed Racer, vers la fin du film. A noter d’ailleurs la façon dont Giacchino joue avec ce motif tout au long du score, utilisant bien souvent des variantes camouflées, comme dans « Thunderhead », « Casa Cristo » ou « Racing’s Our Blood ». Giacchino se fait plaisir et nous offre avec « 32 Hours » un excellent morceau aux rythmes déterminés lorsque la famille Racer prépare ensemble la nouvelle Mach 6 pour permettre à Speed de participer à la course finale. C’est l’occasion pour le compositeur de suggérer encore une fois le thème d’origine de la série TV nippone, « 32 Hours » apportant un sentiment de détermination, de force et d’espoir particulièrement agréable à l’écran. Enfin, c’est la grande course tant attendue dans le très virtuose « Grand Ol’ Prix », véritable climax d’action de la partition, 6 minutes de frénésie orchestrale pure qui devraient séduire tous les fans de Michael Giacchino et les amateurs de musique d’action hollywoodienne virtuose et tonitruante à souhait ! Et c’est le big happy end avec le triomphant « Reboot » et le grandiose « Let Us Drink Milk », Giacchino se faisant même plaisir avec le délicieusement kitsch « Speed Racer » dans lequel il nous propose une reprise inédite du thème de fin de la série TV d’origine, avec son thème de trompette kitsch et sa guitare électrique très lounge/easy-listening. Giacchino en profite pour résumer sur plus de 4 minutes les principaux motifs mélodiques de sa partition, incluant ici des samples vocaux (« Go Speed Racer Go ! ») repris du générique de fin de la série TV de 1967.

Partition survitaminée et colorée, « Speed Racer » est un brillant hommage rendu par Michael Giacchino à la musique de Nobuyoshi Koshibe pour la série TV d’origine. Giacchino nous livre un score d’une virtuosité à toute épreuve, épousant à merveille l’univers riche et coloré du film des frères Wachowski. La musique apporte un sentiment de vitesse fulgurante et de dépassement de soi tout au long du film, avec ses touches pop rock kitsch très 60s d’esprit, dans la lignée du score de « The Incredibles ». Giacchino nous démontre encore une fois toute l’étendue de son savoir-faire à travers de larges passages d’action massifs et virtuoses, où l’excitation et le fun côtoient la tension et le danger des courses automobiles. Sans laisser pour autant un souvenir impérissable, la musique de « Speed Racer » rappelle malgré tout à quel point Michael Giacchino est plus que jamais l’un des meilleurs compositeurs de la nouvelle garde hollywoodienne, un musicien talentueux qui possède un sens du rythme implacable et un goût sûr pour la grande musique symphonique à l’ancienne.


---Quentin Billard