1-Introduction 4.15
2-Main Titles 3.09
3-Young Ichabod 1.20
4-The Story... 4.28
5-Masbath's Terrible Death 1.35
6-Sweet Dreams 1.11
7-A Gift 2.26
8-Into The Woods/
The Witch 3.32
9-More Dreams 1.42
10-The Tree of Death 9.36
11-Bad Dreams/
Tender Moment 3.33
12-Evil Eye 3.43
13-The Church Battle 3.33
14-Love Lost 5.16
15-The Windmill 6.18
16-The Chase 3.11
17-The Final Confrontation 4.16
18-A New Day! 1.29
19-End Credits 3.17

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Hollywood Records
HR 62262-2

Album produit par:
Danny Elfman
Producteurs exécutifs de l'album:
Tim Burton, Scott Rudin
& Adam Schroeder
Directeur en charge de la musique pour Hollywood Records:
Mitchell Leib
Superviseur de la production musicale:
Graham Walker
Montage de la musique:
Ellen Segal

Artwork and pictures (c) 1999 Paramount Pictures and Mandalay Pictures LLC, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
SLEEPY HOLLOW
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Le fameux roman fantastique de Washington Irving avait déjà été adapté plusieurs fois pour le cinéma. Il ne manquait plus que la touche excentrique de Tim Burton pour compléter ce grand nombre d'adaptations. 'Sleepy Hollow' permet au réalisateur de 'Batman' et 'Beetlejuice' de retrouver son style personnel alliant fantastique avec gore et poésie. Sanguinaire, cette sombre histoire l'est assurément. Christopher Walken interprète cet ignoble cavalier sans tête qui décapite ses victimes et cache leurs têtes dans l'arbre des morts, le lieu où son corps a été enterré après qu'il ait été tué il y'a de nombreuses années déjà. A l'origine, cet individu était un mercenaire sanguinaire qui n'appréciait qu'une seule chose: massacrer ses victimes. Des soldats mirent alors fin à son existence mais quelqu'un a mystérieusement fait revenir son corps de l'au-delà en pactisant avec le diable puis en s'emparant de la tête du cavalier afin d'accomplir une sombre vengeance. L'inspecteur Ichabod Crane (Johnny Depp) est envoyé dans la petite ville brumeuse de 'Sleepy Hollow' afin de résoudre cette mystérieuse énigme qui va l'amener dans une aventure horrifique où il devra laisser de côté son incrédulité de scientifique pour découvrir l'horreur même perpétré par les crimes odieux de ce cavalier sans tête. Il gagnera le coeur de la ravissante Katrina Van Tassle (Christina Ricci) qui va l'aider dans sa quête, suivi du jeune Masbath, le fils de l'une des victimes du cavalier. Ensemble, ils vont tenter d'éclaircir ce mystère et de découvrir le véritable coupable, celui qui manipule le cavalier, Ichabod étant persuadé depuis le début de cette sombre histoire qu'un individu de chair et de sang est derrière tout ca. 'Sleepy Hollow' mélange donc une intrigue policière un peu tordue avec un côté fantastique/gore et quelques scènes féeriques (les rêves d'Ichabod avec sa mère), quelque chose de typique du réalisateur. Le rythme ultra rapide du film et la mise en scène très nerveuse est aussi typique des films américains de ces dernières années qui vont de plus en plus vite et qui nous en mettent de plus en plus plein la vue, certains oubliant même que l'essentiel est d'avoir une bonne histoire à raconter, ce qui n'est pas le cas de Tim Burton qui possède un script très efficace pour 'Sleepy Hollow' (accrochez-vous pour bien suivre l'intrigue policière car cela va très vite, parfois même de manière un peu maladroite!). Les effets spéciaux du film sont très impressionnants, difficile d'avoir quelque chose de particulier à leur reprocher. Au final, 'Sleepy Hollow' est de loin le film le plus sombre et le plus sanguinaire que Tim Burton ait fait, reposant sur une excellente esthétique et une mise en scène très nerveuse, le tout saupoudrée de la sempiternelle touche gothique du réalisateur (les décors brumeux, les filtres accentuant les couleurs grisâtres, etc.).


Septième collaboration entre Burton et Elfman, 'Sleepy Hollow' marque ainsi le retour d'un Elfman plus mur qui semble avoir définitivement changé de personnalité musicale tout en conservant des traces de ses acquis musicaux. 'Sleepy Hollow' n'a plus la fougue délirante d'un 'Beetlejuice' et encore moins le charme fantaisiste d'un 'Edward Scissorhands'. Néanmoins, on reconnaît une fois encore la patte orchestrale et la puissance symphonique chère au compositeur fétiche de Tim Burton. Sur 'Sleepy Hollow', Elfman a composé une partition colossale, une musique orchestrale massive faisant usage de l'attirail habituel du compositeur, choeur mixtes, choeurs d'enfants et voix d'enfants solistes (sans oublier une ou deux utilisations de violons solistes fantaisistes comme dans 'Into The Woods/The Witch'). Comme à l'accoutumée, la partition d'Elfman est très atmosphérique au sein du film et ne repose que sur un seul et unique thème que le compositeur modèlera de manière astucieuse tout au long de sa partition, n'hésitant pas à lui donner un côté parfois très sombre et mystérieux en passant par un aspect parfois plus doux et plus poétique. Après une 'Introduction' plongeant d'entrée le spectateur/auditeur dans un univers musical sombre et intriguant (les orchestrations sont une fois de plus très denses, l'écriture musicale est assez imposante, servant mieux ainsi l'atmosphère inquiétante du film...) le tout baigné dans l'atmosphère fantastique des choeurs qui se veulent à la fois symbole du mystère et de la noirceur entourant cette sombre histoire du cavalier sans tête. Ce n'est pas pour rien que la majorité des apparitions de ce sinistre personnage tout au long du film sont essentiellement dominé par une impressionnante masse chorale. 'Introduction' nous permet d'entendre d'entrée le thème principal qui reviendra de manière quasi hypnotisante tout au long du score et du film, un thème qui possède comme nous l'avons déjà signalé plusieurs facettes dans le score. (on notera la petite touche gothique apportée avec la brève utilisation d'un orgue, un peu comme dans un passage du score de 'Darkman' (1990) d'Elfman...) Cette introduction commence de manière sombre pour finir sur une fin terrifiante alors que Peter Van Garrett (Martin Landau) est la première victime du cavalier sans tête dans le film. Le 'Main Title' ne sert alors ensuite qu'à prolonger l'atmosphère noire et mystérieuse de 'Introduction' (on reprend l'orgue au début du morceau), le Main Title réutilisant bien évidemment le thème principal au sein d'orchestrations toujours aussi sombres (notons les cuivres pesants et les cordes sombres...) Elfman utilise ici la partie chorale rejointe par des voix solistes renforçant le mystère et le côté sombre et puissant de cette musique très imposante.

Le thème principal refait une apparition plus douce et mystérieuse dans 'Young Ichabod' alors que Ichabod rêve de sa mère sous un angle poétique et féerique, le thème apparaissant ici à travers de très belles voix d'enfants éthérées dans un style mystérieux typique du Elfman fantaisiste, qui s'est néanmoins beaucoup calmé sur la musique de ce film, et ce depuis plusieurs années déjà. L'histoire du cavalier nous est raconté dans le sombre 'The Story...' tandis que la terreur apparaît dans 'Masbath's Terrible Death' alors que le cavalier sans tête décapite Jonathan Masbath qui était gardien à la sortie de la ville. Les cordes agitées viennent entamer un rythme terrifiant tandis que cuivres, percussion et choeurs viennent rejoindre la masse orchestrale pour évoquer cette attaque sauvage avec le retour du thème principal ici lié à la terreur suscité par l'attaque violente du cavalier qui décapite toute ses victimes. On retrouve l'ambiance féerique de 'Young Ichabod' dans 'Sweet Dreams' avec les voix d'enfants mystérieuses et légères pour une des rares scènes plus poétiques du film (Ichabod rêve encore une fois de sa mère avant que le souvenir malsain de ce que lui a fait son père vienne interrompre brutalement son joli rêve). Dans 'A Gift', Katrina donne en cadeau à Ichabod un livre sur les ensorcellements qui appartenait à sa mère. Ici, le thème principal réapparaît sous une forme plus harmonieuse et plus paisible, avec des orchestrations plus légères (importance des vents, des cordes plus douce, etc.) comme une sorte de petit 'Love Theme' entre Ichabod et Katrina. Ce morceau nous montre une fois de plus l'idée d'utiliser un seul thème pour lui donner différentes formes suivant les situations du film. On prolonge l'atmosphère poétique des rêve d'Ichabod dans 'More Dreams' où Elfman reprend une fois encore le thème principal sous une forme plus légère avec les voix d'enfants solistes et un choeur lointain et mystérieux (notons l'utilisation d'un violon soliste en arrière plan) alors que le morceau finit une fois de plus de manière plus sombre.

Le sinistre et fantaisiste 'Into The Woods/The Witch' décrit l'arrivée de Ichabod et du jeune Masbath dans la forêt où se trouve la maison d'une mystérieuse sorcière qui va alors révéler un petit secret à Ichabod: l'emplacement exact de l'endroit où se trouve le corps du cavalier, au pied de l'arbre des morts. Les voix féminines et l'orchestre plus sombre accentue le côté inquiétant de cette forêt sinistre avant que l'orchestre ne parte dans un sursaut effrayant alors que la sorcière montre son visage monstrueux à Ichabod en se jetant sur lui. Notons ici la brève utilisation de deux violons solistes très fantaisistes qui renvoie au Elfman du bon vieux temps. Dans 'The Tree of Death', Elfman décrit l'arbre des morts de manière inquiétante, notamment avec l'utilisation massive des choeurs pour la scène où le cavalier sort de l'arbre dégoulinant de sang derrière les têtes coupées de ses victimes. La seconde partie du morceau évoque la scène où le cavalier tue Killian ainsi que sa femme Beth et son jeune fils Thomas. Le climat de terreur que suscite la musique dans ce passage est évidemment très fort dans le film et contribue à rendre les apparitions du cavalier réellement effrayantes (notons ici l'utilisation des percussions, surtout au niveau des timbales qui sonnent vraiment très agressives dans ce passage). On poursuit dans une atmosphère similaire alors que le cavalier se retrouve confronté à Brom Van Brunt (Casper Van Dien) et Ichabod à l'intérieur du village. (la puissance orchestrale et chorale de ce passage est une fois de plus très impressionnante...on rejoint dans le style des BO d'Elfman sombres telles que 'Darkman' ou 'Nightbreed').

L'atmosphère onirique de 'Young Ichabod' et 'Sweet Dreams' tourne au cauchemar dans 'Bad Dreams/Tender Moments' alors qu'Ichabod se souvient de ce qui est arrivé à sa mère. Il se réveille alors en sursaut dans les bras de Katrina. Le thème principal revient ici sous la forme d'un tendre 'Love Theme' mais toujours très vite interrompu par l'aspect mystérieux de la musique. L'action semble alors dominer la dernière partie du film et ce à partir du très agité 'The Church Battle' pour la bataille dans l'église où le cavalier tue Baltus Van Tassel (notons l'utilisation puissante des choeurs avec la percussion pour cette scène). 'Love Lost' apporte une touche plutôt douce alors que Ichabod croit que Katrina a essayé de lui faire du mal avec le pentagramme mystérieux qu'elle dessinait par terre (alors qu'il s'agit en fait d'un symbole censé protéger l'être aimé) et qu'il décide alors de quitter Sleepy Hollow, et ce avant de découvrir la nature bienfaisante de ce mystérieux pentagramme. On noter ici la reprise plus douce du thème principal entre vents et cordes.

'The Windmill' est une autre grande et longue séquence d'action massive pour l'affrontement dans le moulin tandis que l'excitant 'The Chase' évoque la poursuite en chariot avec le cavalier qui est bien décidé à faire la peau à Ichabod. Le morceau commence sur une rythmique intéressante des cordes qui prennent de plus en plus d'ampleur jusqu'à installer cette ambiance de poursuite inexorable avec des cuivres graves, des cordes très agitées et des percussions bien mises en avant (timbales et sons métalliques ressemblant à des sons d'enclume). Ce morceau est d'une grande intensité, renvoyant directement à l'aspect ultra nerveux de la mise en scène de Tim Burton, surtout dans ces très impressionnantes séquences d'action. L'affrontement final est alors évoqué dans le puissant 'Final Confrontation', le film trouvant alors sa conclusion sur le paisible 'A New Day!' qui reprend une dernière fois le thème principal de manière apaisée pour nous permettre de respirer enfin après toute la tension et la terreur largement entretenu dans ce très sombre score. 'End Credits' nous permet alors de réentendre le thème principal sous une forme plus sombre et notamment avec l'utilisation des voix solistes.

Au final, 'Sleepy Hollow' apparaît comme une partition symphonique massive, très présente tout au long du film, un peu trop présent d'ailleurs puisqu'il y'a à mon goût beaucoup trop de musique dans ce film. 'Sleepy Hollow' n'a pas le charme des précédentes BO d'Elfman pour des films plus anciens de Tim Burton. Cela n'empêche pas le compositeur de réussir là une partition atmosphérique sombre, puissante et grandiose, avec quelques accents plus fantastiques apporté essentiellement par la section chorale du score. Sa musique colle à merveille au film de Burton, et le thème omniprésent tout au long du score reste très évocateur de l'ambiance crée par le réalisateur dans ce film fantastique spectaculaire. On reprochera le côté très répétitif et lourd de cette musique et on appréciera en parallèle la qualité de l'écriture orchestrale et de l'intensité des mouvements orchestraux tout au long du film. Le grand retour explosif de Danny Elfman sur un nouveau film de Tim Burton! Attention: pour les oreilles non averties, le score risque fort d'apparaître indigeste et difficile d'accès aux premières écoutes.


---Quentin Billard