1-Twin Carousel 2.56
2-Dark Ride 2.40*
3-Let The Fun Begin 6.18
4-Kris To Offer Yang 2.49
5-Riding to Death 0.49
6-La Valse Organum Eerieson 3.53
7-Amusement Dark 3.04
8-Jonah's Legend 2.09
9-Chopping Heads 2.43
10-Smiling Deadly Props 4.01
11-Route To Passagalian Hell 2.53
12-Ode To Jonah 10.35

*Ecrit par Kostas Christides et
Christopher Young.

Musique  composée par:

Kostas Christides/
Christopher Young

Editeur:

BSX Records BSXCD 8848

Album produit par:
Kostas Christides, Christopher Young

Edition limitée à 1000 exemplaires.

Artwork (c) 2006 My2Centences/Blue Omega Entertainment. All rights reserved.

Note: **
DARK RIDE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Kostas Christides/
Christopher Young
Pour son tout premier long-métrage tourné en 2006, le réalisateur Craig Singer nous offre une série-B horrifique ultra kitsch, qui fleure bon les années 80. « Dark Ride » se propose ainsi de revisiter le genre du slasher movie, un genre usé jusqu’à la moelle au cinéma avec ses codes et ses conventions que le réalisateur semble maîtriser avec brio. Réalisé avec un budget très modeste, « Dark Ride » - qui n’était à l’origine qu’un simple direct-to-video sans grande prétention - a été sélectionné au festival « 8 Films To Die For » (ou « After Dark Horrorfest »), un festival qui diffuse des films d’horreur indépendants souvent jugés trop subversifs pour pouvoir passer au cinéma. L’histoire débute en 1989. Deux jeunes soeurs jumelles sont brutalement assassinées dans un parc d’attraction nommé « Dark Ride ». La police intervint et réussit finalement à arrêter le meurtrier, un certain Jonah, incarcéré dans un hôpital psychiatrique. 10 ans plus tard, un groupe de six adolescents, Cathy (Jamie-Lynn Sigler), Bill (Patrick Renna), Steve (David Clayton Rogers), Liz (Jennifer Tisdale), Jim (Alex Solowitz) et Jen (Andrea Bogart) décident de prendre la route à la recherche de sensations fortes. Ils finissent par s’arrêter au parc d’attraction de Dark Ride, un parc spécialisé dans l’épouvante et les frissons, excités à l’idée de visiter un lieu qui fut le témoin de meurtres atroces dans le passé. Mais ce qui devait commencer comme une soirée pleine de fun tournera très vite au cauchemar lorsque Jonah, qui a réussi à s’échapper de l’hôpital psychiatrique où il était retenu, reviendra sur place pour massacrer les ados les uns à la suite des autres. « Dark Ride » est donc une série-B horrifique tout à fait modeste, qui surfe sur tous les stéréotypes possibles et imaginables du slaser-movie : un groupe d’ados en mal de sensations fortes, un serial-killer diabolique, des scènes gores, des scènes où les jeunes fument de l’herbe, le couple en pleine ébauche sexuelle qui finit par se faire piéger par le tueur, etc. Toutes les conventions du genre y passent, mais sans grande imagination. Certes, ce n’est qu’un premier film et le budget est très modeste, mais force est de constater que Craig Singer ne convainc absolument pas avec son histoire repiqué à droite à gauche (on pense par moment au « The Dorm That Dripped Blood » de Stephen Carpenter et Jeffrey Obrow datant de 1982). Quelques scènes gore bien réalisées permettent finalement de rehausser un peu le niveau, mais force est de constater que le film traîne abominablement en longueur, avec une première partie extrêmement molle où on s’ennuie ferme. Même le coup de théâtre final - qui tombe comme un cheveu sur la soupe - n’arrive pas à nous convaincre. Bref, un premier essai peu concluant pour le réalisateur Craig Singer, à qui on souhaitera cependant de réussir sa carrière.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, c’est Christopher Young lui-même qui contacta le réalisateur de « Dark Ride » pour faire la musique de son film. C’est d’ailleurs l’une des rares fois où un compositeur vient rencontrer un réalisateur pour lui demander de travailler sur son film. En tant que grand spécialiste des musiques de film d’horreur, Young, qui avait entendu parler du projet de Craig Singer, fut immédiatement séduit à l’idée de retravailler sur un film d’épouvante, mais il décida finalement de confier la musique à son complice Kostas Christides - orchestrateur habituel de Chris Young sur des scores tels que « Spiderman 3 », « The Exorcism of Emily Rose », « Untraceable » ou bien encore « The Core ». Christopher Young a écrit le thème principal de la musique de « Dark Ride » avec Kostas Christides, qui s’est aussi occupé d’écrire tout le reste du score. L’essentiel du score repose ainsi sur une musique imitant les airs de parc d’attraction, avec des valses enfantines de boîte à musique mécaniques similaires à ce que Young avait écrit dans certains passages de « Hellraiser II ». Christides adapte ainsi le thème du manège dans « Twin Carousel » où il met en place les principales caractéristiques musicales de sa partition : boîte à musique (imitant des airs de calliope traditionnels des parcs d’attraction), notes furtives de piano, cordes mystérieuses, waterphone cristallin, harmonica et tout un lot de sonorités électroniques sombres et étranges. « Twin Carousel » ouvre ainsi le film pour la scène du meurtre des deux petites jumelles dans le parc d’attraction. La valse du manège finit par tourner à saturation vers la fin du morceau, le compositeur s’amusant ainsi à déformer le son de façon dérangeante pour nous faire comprendre que quelque chose de grave est sur le point de se produire.

« Dark Ride » nous permet alors d’apprécier le générique de début qui développe le thème principal de Christopher Young dans son intégralité. La valse de boîte à musique est accompagnée ici de cordes synthétiques (budget modeste oblige !) sombres et mystérieuses, une ouverture sans surprise bien qu’assez intense. Le thème du carrousel est quand à lui tout à fait représentatif de l’univers sombre et obscur du film de Craig Singer. Avec l’agressif « Let The Fun Begin », Kostas Christides développe le suspense qu’il a mis en place dès le début du film et se concentre essentiellement ici sur des tenues de cordes dissonantes, des rappels furtifs au thème du carrousel et des sonorités synthétiques inquiétantes. Les passages horrifiques permettent au compositeur d’expérimenter un peu sur ses différentes sonorités avec des effets de gargouillis sonores des cordes - retravaillées par ordinateur - et de clusters en tout genre pour souligner l’atmosphère de terreur à l’écran. Dommage cependant que le score verse à plusieurs reprises dans une tendance typique des musiques de film d’horreur d’aujourd’hui : du sound-design cacophonique sans grande ambition. On aurait pu s’attendre qu’avec la présence de Christopher Young à la musique, le score prenne une toute autre tournure, mais force est de constater qu’entre les mains de Kostas Christides, on retrouve ici un style plus décevant et typiquement moderne (dans le mauvais sens du terme). On appréciera les samples de cris féminins entendus vers la fin du sombre et envoûtant « Kris to Offer Yang ».

Le score tombe malheureusement dans un style très « musique de série-B à budget modeste » peu intéressant dans « Riding to Death » avec ses percussions et ses instruments synthétiques un peu cheap. Kostas Christides continue néanmoins de développer les atmosphères musicales du parc d’attraction avec l’angoissant « La Valse Organum Eerieson » reprise ici par un orgue avant d’enchaîner sur une série de nappes sonores inquiétantes, constamment entrecoupées de rappel à la valse, une ambiance qui reflète parfaitement l’idée d’un parc d’attraction des enfers - et qui débouche sur un nouveau passage de terreur ultra cheap pour une scène où Jonah poursuit ses malheureuses victimes à l’intérieur des coulisses du Dark Ride. Puis, on retrouve du sound-design dissonant et angoissant dans « Amusement Park », « Smiling Deadly Props », « Route to Passagalian Hell » et le chaotique « Chopping Heads », avec ses sonorités expérimentales et étranges, qui apportent une ambiance particulière à l’écran. On notera pour finir deux morceaux entièrement consacrés à l’évocation musical du sinistre tueur fou, « Jonah’s Legend » et « Ode to Jonah ». Le premier se distingue par sa reprise des sons de boîte à musique associés à Jonah et par son climat plus doux et mélancolique (lorsque Bill évoque la légende de Jonah), le second par son long développement conclusif du thème de la valse de Chris Young, pour le générique de fin du film.

Avec « Dark Ride », Kostas Christides signe donc une de ses premières partitions pour le cinéma américain, un score horrifique plutôt cheap et un brin cacophonique, reposant sur un thème de carrousel infernal co-composé avec Christopher Young, et qui apporte un vrai sentiment d’angoisse et de terreur au film de Craig Singer. On sent néanmoins une réelle envie de se démarquer ici de l’ombre imposante de son mentor, Christides préférant ainsi suivre sa propre voie sur « Dark Ride » sans chercher imiter particulièrement le style de Young. C’est tout à son honneur, sauf qu’on ne peut s’empêcher d’être déçu par le manque d’ambition d’un score fonctionnel reposant trop souvent sur du sound-design synthétique et des orchestrations monotones qui ne sont guère valorisées par l’utilisation cheap de samples instrumentaux. Bref, pour un premier effort, ce n’est déjà pas si mal que ça dans le fond, même si l’on oubliera très vite ce travail mineur en espérant que le compositeur nous offrira quelque chose de bien plus ambitieux et de plus intéressant par la suite, en espérant qu’il abandonne très vite ce côté « musique de série-B » qui, de toute évidence, ne lui réussit absolument pas.



---Quentin Billard