1-Judicial Consent 2.09
2-Black Thorn 2.50
3-Hot Mustard Leadpipe 4.40
4-Double Sin 2.38
5-The Horizontal Man 1.36
6-Clue Glue 4.54
7-Themus 5.29
8-Gavel On 6.35
9-Silence 3.23

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Intrada MAF 7062D

Album produit par:
Christopher Young
Producteur exécutif:
Douglass Fake
Montage musique:
Doug Lackey

Artwork and pictures (c) 1995 Rysher Entertainment. All rights reserved.

Note: ***
JUDICIAL CONSENT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
Thriller hollywoodien plutôt routinier, « Judicial Consent » (Liaison clandestine) permet au réalisateur William Bindley de nous offrir une intrigue assez prenante et quasi Hitchcockienne. La juge Gwen Warwick (Bonnie Bedelia) est candidate au poste de la prestigieuse Cour Suprême du Michigan. Ambitieuse et très professionnelle, Gwen passe beaucoup de temps à écumer des ouvrages juridiques dans les bibliothèques afin de préparer sa nomination. C’est alors qu’elle croise la route du jeune Martin (Billy Wirth), avec qui elle finit par entretenir une relation adultère. Tout bascule le jour où son mari Alan Warwick (Will Patton) découvre que sa femme l’a trompé. Et lorsqu’Alan aperçoit un soir Gwen en compagnie de son ancien mentor, Charles Mayron (Dabney Coleman), c’est le drame. Le lendemain, Charles est retrouvé mort dans son bureau : il a été assassiné. Gwen est alors persuadée qu’Alan est le meurtrier et qu’il s’agit ni plus ni moins d’un crime passionnel. Mais c’est finalement une jeune femme nommée Andrea Tobias (Ann Holland) qui est arrêtée et suspectée d’avoir assassiné Charles Mayron. Gwen se retrouve alors à juger cette affaire délicate, dans laquelle tous les indices pointent malheureusement vers elle. Gwen aura d'ailleurs bien du mal à se défendre sans risquer de compromettre sa vie privée et sa carrière, étant donné que la nuit du meurtre, elle était chez son amant. La juge va donc devoir entamer une grande course contre la montre pour tenter de retrouver le coupable et prouver ainsi son innocence avant que le procès ne se termine et que quelqu’un finisse par l’accuser à son tour du crime. « Judicial Consent » est un thriller somme toute assez captivant, un film de procès comme on en a déjà vu à la pelle au cinéma hollywoodien. La réalisation de William Bindley ne parvient pas à sortir du côté téléfilm modeste de son long-métrage, mais le rythme est quand même bien entretenu et l’intrigue suffisamment captivante - avec un rebondissement final sympathique mais très prévisible - pour nous maintenir en haleine jusqu’au bout. Quand à la ravissante Bonnie Bedelia (plus connu pour avoir joué le rôle de la femme de Bruce Willis dans « Die Hard »), elle apporte une réelle conviction à son personnage.

Christopher Young a hérité de la musique de « Judicial Consent » grâce à son inoubliable partition pour « Jennifer 8 » (1992). A vrai dire, toute la partition de « Judicial Consent » semble suivre la même voie que celle de « Jennifer 8 » : on y retrouve ainsi un style tout à fait similaire, un thème très proche de l’écriture de celui de « Jennifer 8 », et des orchestrations aussi très similaires. Ainsi donc, Christopher Young ouvre le film avec le thème principal associé à la juge Gwen Warwick dans le film, une sorte de valse lente dominée par sa mélodie mystérieuse de piano sur fond de cordes chaleureuses et un brin sombres. On retrouve dans cette mélodie un lyrisme hérité du thème de « Jennifer 8 », qui fut un véritable « hit » dans la carrière du compositeur. Le thème de « Judicial Consent » apporte ainsi un mélange assez subtil entre mystère et lyrisme distant, idéal pour le personnage de Bonnie Bedelia face à une affaire de meurtre où tout l’accuse. Avec cette brillante ouverture, Christopher Young pose déjà les bases de sa partition et développe ensuite son thème de piano/cordes dans « Black Thorn ». L’action n’est pas en reste avec l’agité « Hot Mustard Lead Pipe », morceau tout à fait typique du style thriller/action de Chris Young, avec ses cordes sombres et agitées, et l’utilisation du piano pour personnifier la tension et le danger (sans oublier une utilisation très caractéristique des cloches et de formules d’accompagnement aux cordes assez typiques de Chris Young). La seconde partie du morceau dévie vers un style plus sombre et atmosphérique, où règne une certaine latence. La musique devient alors plus mélancolique et résignée, évoquant les tourments de l’héroïne dans le film. A noter que l’écriture des cordes rappelle beaucoup par moment certaines partitions de Bernard Herrmann pour les films d’Hitchcock, Herrmann ayant d’ailleurs toujours été l’un des compositeurs favoris de Christopher Young.

« Double Sin » prolonge cette ambiance à la fois lente et sombre avec des cordes toujours très amères et un piano omniprésent. Chris Young arrive à suggérer la tension et le déroulement de l’affaire en développant ses traditionnelles formules d’accompagnement en trémolos des cordes, et quelques rappels brefs du thème de piano (avec un contrechant de cors qui, curieusement, font penser ici à du James Horner). Comme toujours, le compositeur soigne tout particulièrement son écriture orchestrale et ses orchestrations, même s’il a choisi ici de mettre plus particulièrement l’accent sur le piano et les cordes. Avec « The Horizontal Man », le suspense devient plus présent, chose confirmée par l’inquiétant « Themus », lorsque Gwen observe les photos de condamnés de justice à la recherche d’un indice pouvant la conduire sur la piste du tueur. Les cordes deviennent ici plus inquiétantes, plus incisives aussi. Ici aussi, les similitudes avec certains passages de « Jennifer 8 » sont assez flagrantes. La musique maintient un certain malaise tout au long du film, une atmosphère psychologique plutôt intense, jusqu’à « Themus », où la tension devient très présente à l’écran. Enfin, c’est avec « Gavel On » que le suspense atteint son paroxysme et explose au sein d’un morceau plus terrifiant et angoissant, très clairement inspiré des passages action/thriller de « Jennifer 8 ». « Gavel On » illustre ainsi l’affrontement final avec son lot de cordes dissonantes, d’effets électroniques macabres et d’ostinato rythmique cher au compositeur - avec son mélange claves/percussions synthétiques du plus bel effet. Avec ce morceau 100% atonal, « Gavel On » nous rappelle le goût du compositeur pour les atmosphères sombres et macabres, des ambiances angoissantes et terrifiantes qu’il manie avec beaucoup de doigté, même si l’on regrettera là aussi que la plupart des idées mises en avant par le compositeur proviennent très clairement de « Jennifer 8 ».

« Judicial Consent » permet donc à Christopher Young de nous offrir une nouvelle grande partition thriller deux ans après son hit, « Jennifer 8 ». Cette partition fut ainsi un véritable coup de maître mais aussi un succès damné pour le compositeur, à qui l’on demandera inévitablement par la suite de copier constamment ce style de musique pour des films assez similaires. « Judicial Consent » fait hélas partie de cette catégorie de film, mais même si Christopher Young s’inspire beaucoup de sa musique de « Jennifer 8 » sur le film de William Bindley, il parvient néanmoins à apporter un suspense et une tension psychologique très intense dans le film, avec comme d’habitude, son goût pour un lyrisme mélodique fort et des ambiances noires et atonales du plus bel effet. Les fans des musiques de suspense de Christopher Young adoreront à coup sûr la musique de « Judicial Consent », et ce malgré son manque d’originalité. Recommandé, donc !



---Quentin Billard