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1-Snake Eyes (Short Version) 2.51
2-Assassination 2.47 3-The Hunt 6.09 4-Julia's Story #1 1.23 5-Tyler and Serena 4.38 6-Kevin Cleans Up 2.13 7-You Know Him 2.19 8-Blood On The Medals 2.02 9-Crawling To Julia 3.24 10-The Storm* 4.30 11-Snake Eyes (Long Version) 7.39 12-Sin City** 4.16 13-The Freaky Things*** 3.36 *Contient une version différente du film **Interprété par Meredith Brooks ***Interprété par LaKiesha Berri Musique composée par: Ryuichi Sakamoto Editeur: Hollywood Records 162 155-2 Montage de la musique: Nick Meyers Musique produite par: Ryuichi Sakamoto "Sin City" Ecrit par: Meredith Brooks Produit par: Paul Fox "The Freaky Things" Ecrit par: Emosia, Michael Lorello, Eldra DeBarge, William DeBarge, Etterlene Jordan Produit par: Emiosa Artwork and pictures (c) 1998 Paramount Pictures. All rights reserved. Note: ***1/2 |
SNAKE EYES
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Ryuichi Sakamoto
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-Attention spoiler: Si vous n'avez pas vu le film, ne lisez pas la suite de la critique car des éléments de l'intrigue vont être révélés!-
Spécialiste incontesté des thriller psychologiques parfois très sanglants, Brian De Palma nous livra en 1998 un nouveau thriller après le très sous-estimé 'Mission: Impossible' (pourtant une véritable réussite dans le genre). 'Snake Eyes' (à ne pas confondre avec le film homonyme de 1996) décrit l'histoire du flic Rick Santoro (formidable Nicolas Cage, dont le talent d'acteur n'est plus à démontrer), un policier corrompu d'Atlantic City fier de mener sa petite vie superficielle en combinant des coups pour récolter du fric tout en menant sa petite vie tranquille entre sa femme et sa maîtresse. Santoro arrive un soir dans un casino d'Atlantic City pour assister à un très important match de boxe. Il est en compagnie du commandant Kevin Dunne (Gary Sinise, formidable lui aussi), son meilleur ami qui se trouve être le chef de la sécurité ce soir là. Mais une jeune rouquine séduisante et suspecte attire son attention et il doit alors quitter sa place pour aller la voir, avant que cette dernière ne s'échappe. Peu de temps après, un coup de feu est tiré et blesse le secrétaire à la défense qui était en train de parler à une mystérieuse jeune femme en costume blanc. C'est alors la panique totale dans le public et toute la salle est alors évacuée très rapidement, Dunne arrivant à temps pour tuer le tireur qui se cachait en haut de la salle. Mais plusieurs choses ont parus suspectes dans cette première scène énigmatique, Santoro ayant noté que le boxeur Lincoln Tyler avait un air suspect sur le ring. En allant l'interroger, Santoro comprendra que tout ceci était en fait un sombre complot destiné à assassiner le secrétaire à la défense. Mais après avoir retrouvé Julia Costello (ravissante Carla Gugino), il comprendra qu'il s'est fait manipuler depuis le début. Si les critiques ont été plutôt mitigées à propos de ce film, c'est l'incroyable scène du début qui fait l'unanimité auprès des critiques. Après une scène d'ouverture très prenante dans 'Mission: Impossible', De Palma nous refait à nouveau une scène d'ouverture mémorable, avec une maîtrise de la mise en scène comme seul le réalisateur sait le faire. En l'espace d'une quinzaine de minutes, DePalma installe cette scène progressivement tout en faisant monter l'intensité de la tension jusqu'au climax qui est atteint lors de l'assassinat du secrétaire à la défense (suivi d'une scène de panique entièrement tourné en ralenti). Le reste du film fonctionne sur le principe suivant: l'identité du responsable de ce complot nous est très vite dévoilé un peu avant la moitié du film, le propos du réalisateur étant alors de nous inviter à découvrir comment le héros va découvrir avec stupeur qui est le véritable responsable de cet assassinat et comment il va réagir en apprenant cela (c'est Julia qui lui expliquera la vérité). L'idée est intéressante, malheureusement la fin est un peu plus bâclé que le reste, ce qui est assez dommage car 'Snake Eyes' est un thriller intéressant possédant une mise en scène de qualité, Nicolas Cage et Gary Sinise étant parfait dans leurs rôles respectifs. Après avoir fait appel à différents compositeurs dans le passé (Ennio Morricone, John Williams, Pino Donaggio, Patrick Doyle, etc.), c'est au tour du compositeur japonais d'entrer dans l'univers sombre des films de Brian De Palma. Pour 'Snake Eyes', le compositeur japonais a crée une partition influencé du style sombre de Bernard Herrmann avec des orchestrations très soignées (on a beaucoup parlé du rapprochement entre certains passages et la musique d'Igor Stravinsky, mais il n'y a rien de bien méchant rassurez-vous, juste un style d'écriture plus ou moins proche par moment) et des thèmes de qualité. Le compositeur explique lui même l'enjeu technique que représenta ce score pour lequel il fit particulièrement attention aux dialogues, le musicien expliquant ainsi que sa musique devait toujours se modeler par rapport aux dialogues pour essayer de les mettre en avant et de ne jamais les écraser, et ce bien avant que le mixage n'intervienne (A ce propos, on se souvient du carnage sonore du 'Mépris' de Jean-Luc Gordard dans lequel la musique écrasait sans cesse les dialogues inaudibles). Cela peut paraître banal à première vue, mais pour le compositeur cela représenta un véritable défi d'écriture. La partition de 'Snake Eyes', pleine de suspense et d'excitants petits passages d'action, repose autour de quelques thèmes importants évoquant les principaux personnages du film. Le thème principal est entendu dès le début de l'album (alors qu'il met pas mal de temps dans le film avant d'arriver) dans un arrangement inédit non présent au sein du film mais néanmoins très réussi. On parle souvent de l'étrange similitude de ce thème avec un autre thème, celui de John Williams pour 'The Fury' (1978) de -coïncidence- Brian De Palma. Il semblerait en réalité que ce soit le réalisateur qui ait demandé à Sakamoto de faire une sorte de 'clin d'oeil' à la musique de l'un de ses anciens films pour lequel John Williams signa l'une de ses plus sombre partition de la fin des années 70. La ressemblance (juste au niveau des 4 premières notes) n'empêche en rien d'apprécier ce très beau thème principal qui évoque très clairement le personnage de Rick Santoro dans le film. Confié dans 'Snake Eyes (Short Version)' et 'Snake Eyes (Long Version)' à un violon soliste suivi par l'orchestre et repris par un cor, la mélodie du thème principal de 'Snake Eyes' est profondément triste, résigné et poignante en même temps. La tristesse émouvante de ce thème évoque la triste désillusion de Santoro, un homme qui en l'espace de quelques minutes voit sa vie changer à jamais en s'apercevant que son meilleur ami, celui pour lequel il avait placé toute sa confiance au fil des années, le trahi du jour au lendemain sans raison apparente. Le thème de 'Snake Eyes' évoque la trahison, la désillusion fatale et bouleversante, l'éboulement d'une vie et le cruel retour à la réalité. C'est ce que Sakamoto veut nous faire passer à travers ce très beau thème qui n'apparaît dans le film que pour 'You Know Him' lorsque Julia dévoile toute la vérité à Rick, complètement abasourdi par ce qu'elle lui révèle. (notons néanmoins une brève allusion à ce thème déformé dans 'Assassination' avec des cordes plus sombres et plus froides, déjà plus proche de Bernard Herrmann) L'autre thème est celui de Julia, un thème plus sombre évoquant le danger et la menace qui pèse sur cette jeune femme désireuse de mettre à jour les actes malhonnêtes entourant un projet d'armement militaire, Julia étant poursuivi durant tout le film par le responsable de ce complot qui veut lui faire la peau et supprimer ainsi un témoin gênant (schéma plus que classique mais efficace sur le plan de la mise en scène de De Palma). Entendu dès le début de 'Assassination' (repris plus loin au synthé lorsque Julia se cache dans les toilettes pour laver son costume et enlever le sang qu'il a coulé dessus, le morceau étant malheureusement absent du CD) avec des cordes sombres, le thème évolue progressivement au sein d'une ambiance sombre et mystérieuse mise en avant par des orchestrations intéressantes (notons le petit motif ondulant des flûtes en accompagnement). Sakamoto installe la tension dans cette séquence d'ouverture magistrale tout en évoquant l'aspect intriguant de tout ce qui se passe alors à ce moment là. Des coups de feu partent et touche le secrétaire à la défense. Les cordes s'emballent et nous fait comprendre que quelque chose de grave arrive. Soudain, c'est la panique: 14000 personnes s'enfuient en courant et en criant hors de la salle. Un petit motif rythmique martelé avec de la percussion évoque la première ambiance action du score pour cette scène de panique dont la première partie est tournée entièrement au ralenti (là où le petit motif rythmique intervient) tandis que le compositeur fait allusion au thème principal, celui de Rick Santoro qui se retrouve complètement dépassé par tout ce qui vient d'arriver, tout étant allé très vite sans qu'il puisse avoir le temps d'analyser la situation. C'est le superbe 'The Hunt' qui permet au score de devenir réellement excitant, Sakamoto suivant la séquence de la 'chasse à la Julia' dans les couloirs de l'hôtel en utilisant une écriture de cordes très habile. Le compositeur installe un ostinato rythmique aux cordes, ostinato obsédant et insistant sur une seule note autour de laquelle les altos et les violoncelles se relaient pour renforcer l'aspect insistant de l'ostinato qui crée toute la tension adéquate pour la scène (notons par dessus les cordes sombres et dissonantes qui renforcent à merveille la tension de l'ostinato) jusqu'à ce que la poursuite dans les couloirs s'intensifie avec l'arrivée d'un nouveau petit motif rythmique faisant augmenter la tension du morceau, alternant sans cesse entre ce petit motif rythmique et l'ostinato obsédant des cordes (notons ce plan où Santoro est dans l'ascenseur et où il parle à l'un des hommes de la surveillance par une caméra - le rythme de l'ostinato s'amplifiant en faisant accélérer les valeurs rythmiques - un effet banal mais pourtant très inquiétant et très réussi dans la scène - ce petit passage étant une manière comme une autre d'alimenter la tension de la scène et du morceau, tension sans cesse renouvelé dans l'écriture très réussie de ce morceau) tandis que les cordes développent un autre motif évoquant le danger qui pèse sur Julia qui doit se cacher pour éviter de se faire prendre par son poursuivant. Il est indéniable que le superbe 'The Hunt' constitue bien là l'un des atouts majeurs d'une partition thriller dosant habilement le suspense et le mystère sans jamais sombrer dans les effets orchestraux à la Christopher Young. Effectivement, 'The Hunt' est incroyablement minimaliste dans son genre, l'écriture paraît beaucoup plus restreinte que la tension présente dans cette séquence du film. Dans 'The Hunt', pas de grands effets orchestraux, pas de virtuosité ni de brutalité orchestrale, c'est avec beaucoup de simplicité et une certaine retenue que le compositeur a abordé cette scène avec ce morceau assez étonnant dans son genre. L'aspect mystérieux entourant les secrets de ce sombre complot est évoqué dans 'Julia's Story #1' et surtout le très mystérieux 'Tyler and Serena', scène qui suit le passage où Rick interroge Tyler pour savoir tout ce qu'il sait sur ce qu'il s'est réellement passé. Sakamoto utilise admirablement bien ici le synthétiseur pour utiliser des samplers étranges ressemblant à des sons tournant à l'envers sur un magnétophone. Le compositeur nous décrit une atmosphère très mystérieuse et sombre en même temps, lorsque Rick commence à comprendre que tout avait été extrêmement bien préparé pour l'assassinat du secrétaire à la défense. Sakamoto utilise un saxophone un peu étrange pour une scène de flash-back raconté par Tyler, le sax étant absent de cette séquence dans le film (le réalisateur aura sûrement trouvé que c'était de trop sur cette scène). Les différentes sonorités du synthé crées une ambiance à la fois étrange et sombre pour ce morceau décrivant très clairement ce sombre complot. Quand à 'Julia's Story #1', il s'agit en fait d'un développement du thème de Julia aux cordes, alors que cette dernière commence à raconter sa version des faits à Rick. Ici aussi, on ressent une forte impression de mystère mélangé à un soupçon d'inquiétude reflété à travers le sombre thème de Julia. 'Kevin Cleans Up' installe une ambiance sinistre du synthé évoquant une atmosphère fortement tendue alors que l'on commence à comprendre qui est le véritable responsable de ce complot. La manière dont Sakamoto fait monter la tension avec ces trémolos de cordes et sa basse dissonante du synthé est terrifiante. Un rythme de caisse militaire vient se rajouter pour évoquer le méchant du film, et ce avant qu'il ne tue ses deux complices que Rick a déjà repéré. Cet excellent morceau atonal finit dans une explosion orchestrale chaotique pour cette sombre scène d'exécution, nous faisant comprendre que le méchant est prêt à tout pour arriver à ses fins. 'You Know Him' est important puisque c'est le premier qui fait intervenir dans le film le thème principal dans sa véritable forme, un thème triste et résigné à la fois. Julia révèle alors à Rick que Kevin, son meilleur ami de toujours, est le responsable de cette sombre machination. Choqué par cette révélation, Rick se sent meurtri et bafoué à la fois. Pour confirmer les dires de Julia, il ira dans la salle des vidéos pour visionner la bande de l'une des caméras de sécurité pour découvrir finalement que Julia avait véritablement raison. Dans ce sombre passage (malheureusement absent du CD), Sakamoto fait intervenir le thème de Kevin, une mélodie à la fois entêtante tournant autour des mêmes notes, soutenu ici par le rythme de caisse claire déjà présent dans 'Kevin Cleans Up' pour évoquer l'aspect militaire du personnage (c'est un commandant travaillant aussi dans l'armée). Passé le sombre 'Blood on The Medals' (Rick se fait tabasser par Tyler afin qu'il leur révèle l'endroit où se cache Julia), la dernière partie du film arrive avec 'Crawling To Julia', le thème principal intervenant ici sous une forme lente et résigné par un cor solitaire et triste sur fond de cordes dramatiques. L'idée est que Rick, blessé par la trahison de son meilleur ami (il est à la fois blessé psychologiquement et physiquement) va tout faire pour protéger Julia. Le thème est sans cesse mis en parallèle avec un thème de cordes repris de 'Blood on The Medals' et représentant très clairement la menace symbolisé par le personnage de Kevin Dunne (le compositeur fait aussi allusion à un motif de trois notes de trombones qui évoque la tempête qui fait des ravages dehors). C'est dans 'The Storm' où tout va se jouer. Kevin et Rick se retrouvent face à face, Santoro tentant désespérément de protéger Julia du mieux qu'il le peut. (elle se cache derrière une porte fermée) Le morceau (qui contient une version différente dans le film) permet au compositeur de pleinement développer le thème de la tempête, tandis que le motif principal revient ici amplifié par une rythmique orchestrale et des trombones, ultime développement du thème principal pour représenter la tentative désespéré de Santoro pour protéger Julia. 'The Storm' est intéressant sur le plan de l'écriture puisqu'il est non seulement l'apogée de la tension dans ce score mais il permet aussi au compositeur une très intéressante confrontation entre les différents motifs. On passe ici du thème de Rick au thème de cuivres de Kevin, sans oublier par le thème menaçant de 'Blood on The Medals' et le thème agité de la tempête. Avec ce morceau, on atteint ici un climax de la tension dans un style très agité (notons la manière dont Sakamoto colle le thème de Rick et le thème de Kevin l'un sur l'autre pour amplifier la tension de cette ultime confrontation). Finalement, c'est 'Snake Eyes (Long Version)' qui conclut finalement le film et le score avec une touche plus paisible (au début du morceau), les cordes possédant pour la première fois de tout le score ce côté à la fois tendre et chaleureux. Le thème principal de la première piste revient avec son cor solitaire, ses cordes résignées et son triste violon soliste, le morceau parfait pour évoquer la blessure d'un être trahi. Le morceau coupe bien avant la reprise du thème pour laisser la place aux chansons dans le générique de fin. La fin de 'Snake Eyes (Long Version)' permet de réentendre une superbe reprise du thème de Kevin avec son rythme militaire, le thème alternant avec le motif menaçant de 'Blood on The Medals', cet excellent morceau permettant une brillante reprise des principaux thèmes du film (on réentend le thème de Julia et le motif de la tempête qui conclut le morceau). Au final, 'Snake Eyes' apparaît comme un score maîtrisé apportant une atmosphère de mystère et de suspense très fort dans le film, sans jamais vraiment tomber dans de la musique d'action brutale à part quelques rares passages comme le dissonant et chaotique 'The Storm'. Le magnifique thème principal est évidemment l'atout majeur d'une partition reposant sur un très intéressant travail de thématique assez subtil et qui risque de passer inaperçu aux premières écoutes. Ryuichi Sakamoto a vraiment trouvé la musique parfaite pour évoquer cette sombre histoire, et malgré la référence directe à 'The Fury' dans le thème principal, on ne pourra qu'apprécier ce score thriller/suspense vraiment très réussi. ---Quentin Billard |