1-The Sheik's Abduction 2.57
2-The Blue Bus 1.24
3-Theater Bombing 3.08
4-The FBI Building 3.06
5-Samir & Sharon 1.14
6-City Of Fear 1.22
7-Investigation 1.49
8-Marshall Law 2.16
9-The Siege 3.39
10-Torture 2.36
11-The Prisoner's Release 3.34
12-Hub's Theme 2.38

Musique  composée par:

Graeme Revell

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5989

Album produit par:
Graeme Revell, Paul Haslinger
Producteur exécutif:
Robert Townson
Superviseur de la musique
à 20th Century Fox:
Robert Kraft, M.Knobloch
Assistant de Mr.Revell:
Brian Williams

Artwork and pictures (c) 1998 20th Century Fox Film Corporation. All rights reserved

Note: **1/2
THE SIEGE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Graeme Revell
Voilà encore un de ces films qui suscitent des polémiques totalement inutiles. 'The Siege' (Couvre Feu) est le nouveau film d'Edward Zwick, réalisé après un 'Courage Under Fire' passé inaperçu en 1996. Si le réalisateur voulait mettre allégrement les pieds dans le plat, on peut dire que son entreprise aura fonctionné à merveille sur 'The Siege'. Le film s'intéresse au problème du terrorisme et évoque les dérives de la CIA et du gouvernement américain face à un problème d'une telle ampleur aux Etats-Unis. Curieusement, le film a été tourné trois ans avant les attentats du 11 septembre 2001 à New York. Si 'The Siege' pouvait se voir comme un simple film d'action/thriller en 1998, il n'en est plus de même aujourd'hui depuis les tristement célèbres attentats du 11 septembre 2001. Depuis quelques temps, les Etats-Unis doivent faire face à une vague d'attentats terroristes. Pour tenter de mettre fin à ce chaos, l'armée américaine capture le sheik Achmed Bin Talal (Ahmed Ben Larby) le leader d'un groupe d'intégristes islamistes qu'elle détient secrètement prisonnier quelque part dans le pays. En réponse au kidnapping du sheik, des terroristes palestiniens multiplient les attentats à New York avec une violence rare. Anthony Hubbard (Denzel Washington) dirige alors la cellule antiterroriste à New York. Après que son bureau ait reçu un coup de fil anonyme exigeant la libération du sheik, Hubbard doit mener son enquête sur les attentats meurtriers qui viennent de frapper la ville. Il croise alors la route d'Elise Kraft (Annette Bening), un agent de la CIA qui enquête à son tour sur les attentats et qui semble entretenir des rapports assez ambigus avec un jeune émigré palestinien nommé Samir Nazhde (Sami Bouajila), un informateur auprès duquel elle se fait passer pour son amante. Décidant de collaborer ensemble, Hubbard et Kraft continuent de mener leur enquête pour tenter de stopper les agissements des réseaux terroristes qui opèrent à New York, mais en vain. Les attentats continuent de faire de nombreuses victimes et de faire régner la terreur dans la ville. En guise de solution ultime, le gouvernement américain décide d'instaurer la loi martiale. L'armée américaine, dirigée par le général William Devereaux (Bruce Willis), installe des camps en pleine ville et fait prisonnier toutes les personnes d'origine arabe susceptibles d'avoir entretenu des rapports avec les terroristes. Scandalisé par cette situation, Hubbard va tout faire pour tenter de mettre fin à ce chaos.

Dire que 'The Siege' révèle de la sinistre prophétie paraît peut-être poussé, mais pourtant, lorsque l'on regarde le film d'Ed Zwick, on ne peut que frissonner en se souvenant des images des Twin Tower à New York s'effondrant sous l'impact des avions projetés à toute vitesse sur les tours. Pour dire que la fiction a malheureusement rejoint la réalité, il n'y a qu'un pas à franchir. Libre à chacun d'interpréter ensuite le film à sa manière. Evidemment, 'The Siege' s'interroge sur le problème du terrorisme et des excès du gouvernement américain face aux solutions parfois extrêmes qu'il propose pour combattre les terroristes. A une époque où les Etats-Unis sont gouvernés par un George Bush désormais très connu pour sa position ferme vis-à-vis de la guerre en Irak, on peut se demander si le film n'anticipait pas la réalité seulement à quelques années d'intervalle. Edward Zwick impose un climat de tension particulièrement fort tout au long du film, nous faisant ressentir tout le potentiel destructeur et profondément tragique de ces attentats meurtriers. Face aux excellents Denzel Washington et Annette Bening, Bruce Willis s'impose en général aux méthodes fascistes limite raciste (on pense bien évidemment à la sinistre scène de torture). Evidemment, 'The Siege' a immédiatement été taxé de racisme par les esprits bien-pensants, avant même que ces derniers n'ait eu le temps de songer à ce que le réalisateur avait bien pu vouloir raconter dans son film, car, que l'on ne s'y méprenne pas, 'The Siege' n'est en rien un film raciste puisqu'il prend parti contre les méfaits de la loi martiale et des agissements fascistes du général Devereaux, en rappelant au passage que l'Islam est une religion de paix qui n'a rien à voir avec la folie d'une bande d'illuminés qui ne savent vivre qu'avec un flingue ou une bombe dans les mains (d'où l'éternelle question: doit-on nécessairement répondre à la violence par la violence?). Reste qu'après les attentats du 11 septembre, 'The Siege' continue de susciter encore moult polémiques, et ce qui s'avérait être un faux-pas de mauvais goût pour certains est très vite devenu un film tristement prémonitoire à tel point qu'il nous donne pratiquement aujourd'hui la chair de poule.

Prévue à l'origine pour James Horner, la musique de 'The Siege' a finalement été confiée à Graeme Revell, qui signe là un score d'action/thriller fonctionnel et sans grande envergure, tout juste bon à accompagner les images du film d'Edward Zwick sans jamais réussir à les dépasser. La partition fait appel à l'orchestre habituel incluant les synthétiseurs chers au compositeur avec percussions électroniques et sonorités arabes d'usage (rappelons que Revelle affectionne plus particulièrement les touches ethniques qu'il a souvent incorporé dans de nombreuses oeuvres). Le compositeur donne d'emblée le ton atmosphérique et sombre du score dans 'The Sheik's Abduction' pour la scène où l'armée américaine capture le sheik en plein désert. On notera ici l'importance accordée à la voix arabe et aux synthétiseurs et rythmiques électroniques qui renforcent la tension de la scène (agrémentée de quelques touches orientales), évoquant le fait que ce kidnapping sera à l'origine d'une série d'attentats aux conséquences lourdes et désastreuses. L'action pointe le bout de son nez dans 'The Blue Bus' qui fait monter la tension d'un cran lors de la scène du bus piégé au début du film. On notera ici l'importance des cordes utilisées de manière à la fois rythmiques et dissonantes, le tout soutenu par des percussions électroniques qui rappellent des scores d'action tels que 'The Saint' ou 'The Negotiator'. On pourra d'ores et déjà apprécier l'excellente atmosphère de tension qu'installe efficacement Graeme Revell durant toute la première partie du film.

Revell évoque la scène de l'attentat du théâtre dans un sombre 'Theater Bombing' où les cordes distillent un parfum de désastre et de désolation, tandis que 'The FBI Building' s'avère être plus atmosphérique et mystérieux, avec ses synthés qui évoquent le travail difficile et mouvementé de Hubbard et son équipe. Revell nous propose même un bref passage du côté de la musique ethnique dans 'Samir & Sharon' (scène entre les deux amants) où il utilise un rythme darboukas et de percussions orientales sur fond de duduk arménien (associé ici au monde arabe, ce qui est faux bien évidemment). On notera l'utilisation d'un thème plus mélancolique et intimiste, qui rappelle le thème de Hubbard (ou 'Hub's Theme', entendu à la fin de l'album) empreint d'une certaine tristesse, entendu durant la scène de l'explosion du bus. 'City of Fear' nous plonge alors dans une atmosphère de plus en plus menaçante avec synthétiseurs, cordes, voix arabe et même flûte de pan, le tout renforçant par son mélange atmosphérique sonorités orientales/synhté/orchestrale l'atmosphère de peur qui envahit la ville après les attentats. L'action réapparaît dans 'Investigation' où Revell reprend les cordes rythmiques et les percussions électroniques de 'The Blue Bus' tout en renforçant la tension et un certain climat d'urgence qui évoque la scène où Hubbard et ses hommes continuent de mener leur enquêter pour trouver et anéantir la cellule terroriste qui opère dans New York.

Avec 'Marshall Law', Revell assombrit considérablement le climat de la musique et évoque l'instauration de la loi martiale sur un ton particulièrement grave et pesant, avec un orchestre plus ample pour l'occasion. Idem pour 'The Siege' où le compositeur utilise des cordes dissonantes avec les sonorités arabes évoquant l'instauration du couvre feu et des camps de prisonniers en pleine ville. On pourra peut-être regretter le côté tout à fait quelconque de ce genre de passage atmosphérique qui, s'ils s'avèrent être assez efficaces dans le film, ne donnent pas grand chose à l'écoute isolée, faute d'un certain manque d'originalité, de substance voire de relief. Revell poursuit alors son petit bonhomme de chemin, passant au détour d'un sombre 'Torture' par les sonorités ethniques avec un duduk mélancolique très vite rejoint par la voix arabe, le tout sur fond de synthé pour la scène de la torture, le film aboutissant à un 'The Prisoner's Release' qui relâche la tension pour la fin du film (on pourra aussi apprécier le joli 'Hub's Theme' et sa mélodie mélancolique de flûte de pan). A noter que certains morceaux d'action de la fin du film n'ont pas été inclus sur l'album publié par Varèse Sarabande.

Si vous êtes un fan des BO de Graeme Revell, vous devriez certainement apprécier 'The Siege' et son climat atmosphérique à la fois sombre, inquiétant et parfois même mélancolique. La musique dépeint bien cette atmosphère de peur qui envahit la ville à la suite des attentats et la tension liée à la chasse aux terroristes. Reste que l'on aurait certainement aimé entendre ce que James Horner aurait pu proposer à la place de ce score atmosphérique tout à fait quelconque et sans grand relief (par exemple: pourquoi ne pas avoir mieux développé le thème de Hubbard?), bien que l'utilisation des touches ethniques/orientales restent intéressantes dans le film sans être d'une grande audace d'un point de vue musical (Revell pouvait aller nettement plus loin dans l'exploration des sonorités arabes). Voilà donc un score atmosphérique assez sombre sans grande prétention, une partition qu'on oubliera hélas très rapidement, et que l'on recommandera surtout aux inconditionnels de Graeme Revell!


---Quentin Billard