1-Yubiwa (Movie Version) 3.37*
2-First Vision 4.12
3-Colors 3.07
4-Into GAEA 2.40
5-Enter the Dragon Slayers 2.00
6-Horse Ride 1.39
7-Gaean Sheep 0.48
8-Regret 4.04
9-Bird Song 0.59
10-Sora 2.24**
11-Revival of Alseides 2.20
12-The Hurt 2.35
13-Take My Hands 1.14
14-Organ Pub 1.24
15-What'cha Gonna Do??? 3.17
16-Sora Folktale 1.37
17-Invasion of Torushina 1.06
18-Dance of Curse II 1.48
19-Black Escaflowne 2.58
20-Tree of Hearts 1.46
21-We're Flying 2.40
22-Who Will Save 1.55
23-Final Vision 1.36
24-Drinking Song 0.42
25-You're not Alone
(Hitomi & Sora Duet Version) 3.53***
26-Call Your Name
(Piano version) 4.12+

*Interprété par Maaya Sakamoto
**Interprété par Shanti Snyder
***Interprété par Maaya Sakamoto
et Shanti Snyder
+Interprété par Maaya Sakamoto.

Musique  composée par:

Yôko Kanno/Hajime Mizoguchi

Editeur:

Victor Entertainment VICL-60590

Album produit par:
Yôko Kanno, Hajime Mizoguchi

Artwork and pictures (c) 2000 Bandai Visual Company/Sunrise. All rights reserved.

Note: ****1/2
ESCAFLOWNE : TSUBASA NO KAMI
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Yôko Kanno/Hajime Mizoguchi
Réalisé par Kazuki Akane, « Escaflowne » raconte l’histoire d’Hitomi Kanzaki, une jeune lycéenne de 17 ans mal dans sa peau qui ne souhaite qu’une seule chose : disparaître. C’est alors qu’un mystérieux individu encapuchonné apparaît devant elle et décide d’exaucer son voeu : Hitomi se retrouve alors aspirée par de l’eau et se réveille dans un autre monde nommé Gaïa, à l’intérieur du cockpit d’Escaflowne, une immense Guymelef (armure de combat ultra moderne) appartenant à Van Fanel, jeune roi guerrier du royaume de Fanélia. Ce dernier est l’unique descendant du Clan du Dragon Blanc et combat le Clan du Dragon Noir avec acharnement, afin d’empêcher les dragons noirs d’envahir Gaïa. Hitomi surgit alors brusquement de l’armure - convoitée elle aussi par le Clan du Dragon Noir - devant un Van stupéfait, qui recherchait la puissante armure depuis très longtemps. Croyant avoir à faire à une espionne de son frère aîné Folken, Van décide de tuer la jeune adolescente mais est stoppé net par Allen Shezar, chevalier céleste du royaume d’Astria à la tête d’une troupe de combattants aéroportés, les Abaharaki. Shezar lui rappelle alors la prophétie : les ailes de la déesse du vent se déploieront un jour pour l’aider à vaincre le mal. Le chevalier est alors convaincu qu’Hitomi est la déesse de la prophétie. La jeune fille embarque ensuite à bord du vaisseau d’Allen Shezar et sa troupe de guerriers. C’est alors que les guerriers de Folken décident d’attaquer et kidnappent Hitomi. Van fonce alors à sa rescousse, motivé par son amour naissant pour la jeune terrienne. Petit à petit, le roi guerrier finira par comprendre qu’Hitomi est bel et bien la déesse ailée qui jouera un rôle décisif dans la bataille finale contre Folken et ses troupes.

Classique incontournable de l’animation japonaise, « Escaflowne : Tsubasa no Kami » est à la base une série TV diffusée au Japon dès 1996, plus connue sous le nom de « The Vision of Escaflowne ». La série a aussi été adaptée en manga par Katsu Aki dès 1994. « Escaflowne » reprend en fait la trame narrative de la plupart des épisodes de la série et la condense dans un long-métrage d’1h30 en modifiant complètement l’esprit de la série d’origine. Exit donc le style « shõjo » de la série TV (manga essentiellement destiné aux jeunes adolescentes) et place à un design plus moderne et à une ambiance bien plus sombre. « Escaflowne » reprend donc les principaux éléments de la série TV d’origine avec une toute nouvelle histoire et un design quelque peu différent. Visuellement, le film de Kazuki Akane s’avère être particulièrement impressionnant, mélangeant ainsi avec brio heroic-fantasy et robots géants (genre aussi baptisé « mecha », dans la lignée de grands classiques du genre tels que « Macross Plus », « Patlabor » ou bien encore la série « Giant Robo »), sans oublier une bonne dose d’action, de romance et de violence - certaines scènes de combat au début du film s’avérant être particulièrement gores. Les personnages sont assez attachants, avec le duo improbable entre un roi guerrier solitaire en quête de vengeance - Van - et une jeune lycéenne mal dans sa peau qui ignore encore ce qu’elle fait sur le monde de Gaïa - Hitomi.

La musique du tandem Yoko Kanno/Hajime Mizoguchi a sans aucun doute contribué grandement au succès du film. Rappelons d’ailleurs que Yoko Kanno - l’une des rares femmes compositrices au Japon - a déjà participé à la musique de la série TV tout au long des années 90. Kanno est aussi connue pour ses nombreuses partitions musicales d’animes japonais et de séries en tout genre telles que « Macross Plus », « Wolf’s Rain », « Cowboy Bebop » ou bien encore « Ghost in the Shell : Stand Alone Complex » ou le segment « Magnetic Rose » du fameux « Memories ». Yoko Kanno est connue pour son goût pour l’éclectisme et le mélange des genres musicaux, une compositrice touche-à-tout capable de passer de la musique symphonique impressionniste à la Ravel à du jazz/new-wave du plus bel effet. Sur « Escaflowne », Yoko Kanno s’est adjointe les services du compositeur Hajime Mizoguchi (qui se trouve être son mari, le couple ayant divorcé en 2007), compositeur aussi connu pour ses partitions d’animes japonais tels que « Jin-Roh » ou « Please Save My Earth ». La partition de « Escaflown : Tsubasa no Kami » est à l’image même de la personnalité musicale de Yoko Kanno : un mélange de genres assez détonnant et plein de surprises. Dès les premières minutes du film, la musicienne étonne avec un mélange de musiques ethniques très réussi pour l’attaque du vaisseau des dragons noirs au début du film, « First Vision », qui mélange ainsi musique orientale/celtique, percussions guerrières, samples tribaux, erhu (fameux violon chinois) et orchestre symphonique avec brio, pour illustrer à l’écran la fureur de Van.

« Colors » accompagne la scène où Hitomi et son amie Yukari discutent ensemble au début du film. Le morceau se distingue par sa fraîcheur mélodique et sa très belle partie de guitare du plus bel effet. « Into Gaia » nous plonge quand à lui dans le monde de Gaïa, avec l’apparition de ce qui deviendra par la suite le thème de Gaïa, magnifique morceau écrit pour un choeur a cappella, très vite rejoint par un orchestre symphonique puissant à la Wagner. « Into Gaia » verse assurément dans un style épique et grandiose inspiré des oeuvres opératiques postromantiques, qu’il s’agisse de Wagner ou même de Richard Strauss : impressionnant, tout simplement ! Yoko Kanno continue de surprendre d’un bout à l’autre du film et change encore de style dans « Enter the Dragonslayers », illustrant l’une des premières scènes de bataille du film à grand renfort de percussions guerrières/tribales et de sonorités ethniques/orientales. Musicalement, l’univers de Gaïa est donc illustré dans le film par un mélange plutôt étonnant entre un style à la fois classique, ethnique et contemporain. Kanno confirme cette pluralité de styles musicaux avec l’élégiaque et poignant « Regret » dominé par une écriture de cordes de toute beauté (il s’agit sans aucun doute de l’un des plus beaux morceaux de la partition de « Escaflowne »), précédé du pastoral et sautillant « Gaian Sheep » et suivi de « Bird Song » et sa mélodie de flûte celtique du plus bel effet, sans oublier la chevauchée guerrière héroïque de « Horse Ride » et ses orchestrations très soignées pour la scène où les Abaharaki combattent les membres du Clan du Dragon Noir - on pense presque par moment ici à certaines partitions guerrières/épiques d’Erich Wolfgang Korngold pour des films Golden Age style « The Sea Hawk » ou « Captain Blood », une autre démonstration épatante du savoir-faire de Yoko Kanno. Le thème de Gaïa revient quand à lui dans la très belle chanson « Sora », interprétée dans le film par la magicienne de Folken pour attirer Hitomi jusqu’à lui (le chant est interprété en réalité par Gabriela Robin, qui est le pseudonyme de Yoko Kanno elle-même !). « Sora » est une autre grande mélodie poignante et inspirée totalement incontournable dans la partition de « Escaflowne » !

Si vous n’êtes pas encore convaincu du début de cette partition magistrale, attendez d’écouter la suite : « The Hurt » évoque ainsi le passé de Van avec une mélodie de cordes poignante particulièrement nostalgique et émouvante, typique du tandem Kanno/Mizoguchi, servie par un classicisme d’écriture tout bonnement savoureux. « Take My Hands » dévoile un superbe thème splendide pour la scène où Van sauve Hitomi en dévoilant ses ailes. La musique apporte une magie incroyable à cette séquence, avec sa mélodie poignante de cordes soutenue par des choeurs grandioses, un autre grand moment dans la partition de « Escaflowne ». La compositrice s’essaie même à du jazz électro étrange dans « Organ Pub » alors que le thème de Gaïa revient dans une très belle version vocale sur fond de loop électro et de sonorités indiennes dans « Sora’s Folktale ». Folken possède quand à lui son propre thème, entendu aux violoncelles dans « Revival of Alseides », un thème ample et sombre repris ensuite pour l’attaque de la cité vers la fin du film dans « Invasion of Torushina ». Enfin, la bataille finale nous réserve quelques grands moments comme « Dance of Curse II », morceau guerrier épique pour choeur et orchestre inspiré du « Carmina Burana » de Carl Orff (l’un des compositeurs fétiches de Yoko Kanno). Les choeurs répètent constamment ici le nom de « Escaflowne » pour accompagner cette grande bataille finale avec un souffle opératique du plus bel effet, et un résultat magistral à l’écran ! La bataille prend une tournure plus sombre dans « Black Escaflowne », la musique étant à nouveau confiée à un mélange choeur/orchestre épique aux paroles latines - on n’est guère loin par moment ici de la brillance du célèbre « Duel of the Fates » de « Star Wars Episode I : The Phantom Menace » de John Williams ! Avec « Black Escaflowne », Yoko Kanno apporte un souffle épique et héroïque assez impressionnant à la scène où l’armure d’Escaflowne devient noire et commence à répandre le chaos dans Torushina.

Enfin, la partie finale de l’histoire nous permet d’apprécier un magnifique Love Theme particulièrement poignant, pour piano et cordes dans « Tree of Hearts », lorsqu’Hitomi sauve Van du maléfice d’Escaflowne. La musique décolle magistralement avec la superbe envolée orchestrale héroïque et aérienne de « We’re Flying » et ses orchestrations très soignées - pour la séquence du décollage de l’armure d’Escaflowne. L’affrontement final contre Folken se veut plus dramatique et élégiaque dans « Who Will Save ». Finalement, le thème grandiose de « Take My Hands » revient dans toute sa splendeur pour « Final Vision » lorsque la forteresse de Folken est détruite et que la cité de Torushina assiste enfin à l’accomplissement de la prophétie de la déesse ailée, morceau dominé par des choeurs angéliques apportant une magie incroyable aux images. Vous l’aurez donc compris, la musique de « Escaflowne » s’avère être un véritable ravissement pour les oreilles du début jusqu’à la fin du film. Variant les ambiances avec une maestria rare, Yoko Kanno et Hajime Mizoguchi nous offrent ainsi une partition musicale d’une très grande richesse, entre classicisme opératique, morceaux ethniques modernes et envolées orchestrales monumentales. L’univers de Gaïa est ainsi retranscris à l’écran avec un éclectisme musical assez époustouflant. La compositrice et son acolyte soignent ainsi chaque morceau avec une attention rare, délaissant tout côté atmosphérique pour apporter une qualité indéniable à chaque pièce de cette partition (à la manière d’une oeuvre classique en plusieurs mouvements) : un tel soin artistique dans une musique de film est très rare de nos jours, et ce même pour la musique d’un anime japonais. C’est pourquoi la bande originale de « Escaflowne : Tsubasa no Kami » fait incontestablement partie des plus belles réussites du monde de la musique d’anime japonais, et reste à ce jour l’une des meilleures partitions du tandem Yoko Kanno/Hajime Mizoguchi, apportant une magie et une puissance redoutable à ce monument de l’heroic-fantasy nippon : incontournable, tout simplement !



---Quentin Billard