1-Wonderful Days Main Theme 3.36
2-Sky 5.17*
3-Mother Universe
(Trailer Version) 2.58
4-Ending Theme 4.22**
5-Tall Harmonica 1.09
6-Wonderful Days Theme I
(Trailer Version) 3.03
7-Hellen's Song 3.56***
8-A Prayer 4.20+
9-Aria (English Version) 5.20
10-Ethanol Autumn Scenery 4.07
11-Wonderful Days Theme II
(Orchestra Version) 3.20
12-Mar's Theme 5.39
13-Aria (Korean Version) 5.21
14-Wonderful Days Theme III
(Piano Version) 2.23

*Interprété par Lu Jin
**Interprété par Sung Yol
***Interprété par Lu Jin
+Interprété par Jung Jea-Il.

Musique  composée par:

Won Il

Editeur:

YBM Seoul Records SRCD-3698

Album produit par:
Won Il

Artwork and pictures (c) 2003 End Game Productions, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
WONDERFUL DAYS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Won Il
Cela fait maintenant depuis quelques années que le cinéma coréen semble s’ouvrir et se diversifier avec une qualité étonnante. Sorti en 2003, « Wonderful Days » est le premier long-métrage animé du réalisateur coréen Kim Moon-saeng. L’histoire de « Wonderful Days » (aussi connu aux USA sous le titre « Sky Blue ») nous transporte en l’an 2142. Alors que la terre a été entièrement dévastée par l’homme qui a rendu sa planète quasi inhabitable, deux groupes d’humains cohabitent dans des lieux cloisonnés : l’élite demeure dans la ville d’Ecoban, une immense cité polluante dictatoriale qui vit en autarcie, protégée de la pollution extérieure. Mais le reste de la population vit à Marr, une ville en ruines, cernée par la pollution. Ecoban utilise la pollution comme principale source d’énergie, mais elle se retrouve aujourd’hui en panne d’énergie et doit désormais trouver de nouvelles ressources. C’est alors que les dirigeants d’Ecoban décident de brûler les puits de pétrole de Marr afin de créer une nouvelle énergie issue de la pollution. Mais les habitants de Marr ne vont se laisser faire, et un groupe de rebelles dirigés par le jeune et mystérieux Shua vont s’opposer aux desseins des dirigeants d’Ecoban et tenter de détruire la cité une bonne fois pour toute, afin de retrouver le bleu du ciel.

Lauréat du Grand Prix Anim’arts du Festival du Film Fantastique de Gérardmer en 2004, « Wonderful Days » s’est imposé par sa beauté plastique évidente, mélangeant 3D moderne et 2D traditionnelle en utilisant des maquettes filmées par le biais d’une caméra numérique haute définition. Le résultat est assez impressionnant, bien que le mélange de personnages en 3D dans des effets numériques ne fonctionne pas toujours parfaitement ici. L’animation reste néanmoins tout à fait satisfaisante pour une production coréenne de ce genre, mais le principal problème vient surtout d’un scénario d’une platitude désespérante. L’histoire brasse tous les clichés des films de science-fiction écologique d’aujourd’hui, avec son lot habituel de romance et d’action très inspiré des films animés japonais. Du coup, le film s’avère être sans surprise et ne convainc qu’à moitié, et ce même si les personnages - parfois très caricaturaux - deviennent très vite attachants. A trop vouloir concurrencer l’animation japonaise, le film de Kim Moon-saeng échoue à susciter le moindre enthousiasme, à cause de son vide scénaristique, son absence de surprise et son rythme mal entretenu tout au long du film - et ce malgré quelques scènes impressionnantes comme l’affrontement final sur l’air d’opéra classique, séquence d’une très grande beauté. Dommage, d’autant que le traitement visuel original du film aurait mérité un vrai scénario digne de ce nom !

La musique du compositeur coréen Won Il reste sans aucun doute l’élément le plus appréciable du film de Kim Moon-saeng. La musique de « Wonderful Days » repose avant tout sur un thème principal plutôt réussi, que l’album nous propose ici à travers trois versions différentes, la première pour synthétiseurs new-age, piano et soliste féminine (« Trailer Version »), la seconde pour orchestre et la troisième pour piano. Le thème évoque par son côté paisible et rêveur l’espoir de revoir le bleu du ciel, les jours merveilleux (d’où le titre du film). Le « Wonderful Days Theme » est ainsi associé à l’idée de la nature, d’une époque où l’homme pouvait encore vivre en harmonie avec la nature. Won Il nous offre aussi un second thème pour Marr, « Mar’s Theme », qui se distingue par sa mélodie entêtante de piano sur fond de cordes plus sombres. La seconde partie du morceau met en valeur un choeur d’enfants et quelques percussions ethniques/électroniques pour les besoins du film. Le thème évoque parfaitement dans le film le combat de la population de Marr pour la survie de leur cité. A noter que l’album omet curieusement certains morceaux majeurs du score, comme le grand morceau symphonique de style action entendu dans l’introduction du film, une omission quelque peu regrettable ! Le thème principal est alors entendu dans sa version électronique pour le générique de début du film, toujours accompagné de cette voix féminine éthérée et de ce piano un brin mélancolique et nostalgique sur fond de nappes synthétiques new-age, véritable leitmotiv de la partition de « Wonderful Days » (entendu par exemple de manière plus discrète et habile lors de la première rencontre entre Shua et Jay vers le début du film).

Won Il varie les ambiances tout au long du film avec un certain éclectisme qui rappelle par moment les oeuvres de Yôko Kanno sur les animes japonais. Ainsi, après le thème principal entendu au début du film, le compositeur nous propose une pièce plus intime avec un harmonica et une guitare dans « Tall Harmonica », lorsque l’on voit Shua et ses amis au Q.G. des rebelles de Marr. « Tall Harmonica » étonne par son côté americana nostalgique tout à fait inattendu. « Sky » développe les parties vocales de la soliste féminine dans un chant éthéré de toute beauté, évoquant ici aussi l’espoir de revoir un monde où le ciel est bleu et dégagé de toute pollution. Le morceau fait intervenir quelques touches ethniques réussies comme pour apporter un côté quasi universel à ce très beau morceau, sur fond de cordes, synthétiseurs et guitare. Le « Marr’s Theme » intervient quand à lui après la séquence de la fusillade du Q.G. de Shua et ses amis, apportant un sentiment de mélancolie plus intime à cette scène (il est ensuite repris pour le générique de fin du film). « Ethanol Autumn Scenery » accompagne quand à lui la scène de l’attaque finale de la tour principale d’Ecoban, à grand renfort de percussions électroniques massives, de cuivres, de cordes et d’une utilisation assez inattendue d’une cornemuse apportant une touche celtique au morceau - toujours dans cette idée d’évoquer une certaine universalité, un mélange de toutes les cultures humaines afin de rendre cette fable écologique plus proche des gens. Mais la partition de « Wonderful Days » atteint surtout son apogée avec un morceau totalement incontournable, fer de lance de l’œuvre de Won Il, le magnifique « Aria » interprété par la soprano Maria Hahn, écrit à la manière des grands airs d’opéra classique, et que le compositeur nous propose ici en deux versions différentes, une en anglais et une autre en coréen (la version du film). « Aria » est un air absolument poignant et bouleversant entendu durant la séquence de l’affrontement final. La musique porte entièrement la scène du début jusqu’à la fin, avec une grâce incroyable et une émotion rare : totalement inattendu, encore une fois. Autre surprise, l’inclusion sur l’album du morceau original écrit par Won Il pour la bande-annonce du film, « Mother Universe (Trailer Version) », morceau de toute beauté qui apportait une émotion incroyable aux images du trailer d’origine.

Au final, la partition de « Wonderful Days » s’avère être une bien belle réussite, confirmant le talent des compositeurs de la musique de film coréenne. Won Il apporte au film de Kim Moon-saeng une certaine émotion, personnifiant à travers ses vocalises éthérées ou ses thèmes mélancoliques l’idée du combat pour retrouver un monde meilleur plus proche de la nature. Le compositeur nous offre ainsi quelques belles surprises tout au long du film, qu’il s’agisse de l’harmonica western de « Tall Harmonica » ou de la cornemuse celtique de « Ethanol Autumn Scenery » sans oublier les nombreux passages de style new age ou l’air d’opéra classique bouleversant de « Aria ». La musique s’avère être plutôt inspirée bien que sans grande originalité particulière. Le score de « Wonderful Days » vaut ainsi par sa diversité de styles musicaux et la qualité de ses thèmes, sans oublier la présence de chansons entendues dans le film, et qui complimentent agréablement l’ambiance du film. Voilà donc une partition très réussie qui devrait réjouir pleinement les amateurs de musique de film coréenne, en plein essor depuis quelques années !



---Quentin Billard