1-Norma Jean & Marilyn 2.08
2-Blond All Over 2.36
3-Multiple Parents 3.17
4-My Best Friends 2.44
5-The Public Eye 3.50
6-The Seven Year Itch 2.00
7-Nude Confessions 2.15
8-Rescue Me 2.23
9-Gladys 3.11
10-Our Angel 2.01
11-Too Young 3.14
12-Marilyn 3.13

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Intrada MAF 7070

Album produit par:
Christopher Young
Producteur exécutif:
Douglass Fake

Artwork and pictures (c) 1996 Home Box Office, A Division of Time Warner Entertainment Company. All rights reserved.

Note: ***1/2
NORMA JEAN & MARILYN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
Véritable icône incontournable du monde du cinéma américain, Marilyn Monroe reste l’une des actrices les plus célèbres au monde. Depuis le milieu des années 60, de nombreux documentaires et autres biographies lui ont été consacré, ainsi que de nombreux articles de magasines, journaux et autres revues en tout genre. Plusieurs films ont été aussi réalisés sur la vie de la comédienne, et même encore récemment, avec par exemple le téléfilm « Blonde » sorti en 2001, avec Poppy Montgomery dans le rôle de Marilyn Monroe. « Norma Jean & Marilyn » est un de ces long-métrages inspirés de la vie de la célèbre actrice, un téléfilm produit par HBO en 1996 et réalisé par Tim Fywell, avec un duo impeccable campé par Ashley Judd (Norma Jean) et Mira Sorvino (Marilyn). Le film s’inspire du livre « Norma Jean : My Secret Life With Marilyn Monroe » de Ted Jordan, l’un des hommes qui semble avoir passé le plus de temps en compagnie de l’actrice. Dès la tagline du film, le ton est donné : « Marilyn Monroe was our fantasy. Norma Jean was her reality ». Le téléfilm de Tim Fywell met ainsi l’accent sur la schizophrénie présumée de l’actrice - et un caractère fortement psychotique - une sorte de dédoublement de la personnalité dans laquelle Marilyn Monroe est hantée par l’esprit de Norma Jean, son ancienne identité. Le film retrace ainsi une bonne partie de la vie et de la carrière de la comédienne américaine, qu’il s’agisse de son enfance perturbée dans un milieu familial agité (une mère constamment internée en hôpital psychiatrique, un père adoptif qui abusa d’elle, etc.), des débuts difficiles dans le milieu du mannequinat et du cinéma, des premiers contrats avec la 20th Century Fox au milieu des années 40 jusqu’à son ascension au cinéma avec des grands succès tels que « Gentlemen Prefer Blondes », « Some Like It Hot », « The Seven Year Itch » ou bien encore « How to Marry a Millionaire » et sa décadence à la fin des années 50 et au début des années 60, entre l’alcool et les médicaments - sans oublier quelques épisodes célèbres dans la vie de l’actrice comme le fameux « Happy Birthday Mr. President » adressé à J.F. Kennedy ou la scène ultra célèbre de la robe sous la bouche d’aération dans le film « The Seven Year Itch » de Billy Wilder sorti en 1952. Le film revient aussi sur le décès mystérieux de l’actrice le 5 août 1962 à Los Angeles, à l’âge de 36 ans. Officiellement, Marilyn Monroe se serait suicidée en avalant une quantité trop importante de médicaments et d’alcool, mais certaines rumeurs prétendraient qu’il s’agirait d’un assassinat politique incluant des membres de la famille Kennedy - théorie qui n’a jamais été prouvée et à laquelle le film semble ne pas adhérer. Certes, « Norma Jean & Marilyn » fait l’impasse sur quelques éléments de la vie de l’actrice et prend parfois des raccourcis quelque peu douteux, mais l’ensemble reste néanmoins assez fidèle à la vie de l’actrice bien que largement romancé pour les besoins de l’histoire. Le film vaut surtout pour la qualité de ses deux interprètes féminines : Ashley Judd et Mira Sorvino, confondantes de vérité dans la peau du duo Norma Jean/Marilyn.

La musique de Christopher Young apporte à son tour un charme indéniable au téléfilm de Tim Fywell. Le compositeur signe pour « Norma Jean & Marilyn » une partition dramatique mélangeant touches jazzy sensuelles et ambiances sombres et mélancoliques du plus bel effet. La musique retranscrit parfaitement à l’écran les tourments de Marilyn Monroe et le parcours chaotique de sa vie professionnelle et privée. Le thème principal est exposé dès l’ouverture du film, « Norma, Jean & Marilyn », superbe thème mélancolique et sensuel de saxophone sur fond de batterie jazzy et de cordes chaleureuses. Christopher Young fait appel à son goût habituel pour un jazz à l’ancienne, imitant par moment le style musical des films noirs américains des années 50. Son approche psychologique paraît plus évidente dans « Blond All Over » où le saxophone reste très présent sur fond de cordes sombres et latentes et de notes furtives de violoncelle, piano/célesta (un tic instrumental typique de Chris Young) et touches jazzy savoureuses (trompette, batterie, pizz de contrebasses). A noter que certains passages jazzy du score de « Norma Jean & Marilyn » inspireront clairement le compositeur pour sa future partition du film « Rounders » (1998). Les parties jazzy de « Blond All Over » évoquent bien évidemment la beauté et l’incroyable sensualité de Marilyn Monroe, qui fit d’elle une véritable sex-symbol fantasmée par tous.

La musique revient sur l’enfance difficile de Norma Jean dans « Multiple Parents » avec une petite formation à cordes et quelques notes de piano, une musique plus intime et sombre assez typique des partitions plus dramatiques de Christopher Young. Ici aussi, la musique conserve ce côté intime et psychologique indissociable des sentiments du personnage d’Ashley Judd dans la première partie du film. Dans « My Best Friends », la musique devient même plus dissonante et inquiétante. Christopher Young suggère ici un certain malaise avec ses trémolos de cordes, son violoncelle soliste et ses notes dissonantes de piano. C’est aussi l’occasion pour le compositeur de nous offrir un nouveau passage jazzy rétro plus typique des années 50, un univers musical glamour et sensuel indissociable du personnage de Marilyn dans le film. Dès lors, Christopher Young a posé les bases de sa partition et développera cette ambiance souvent lente, intime et sombre tout au long du film. « The Public Eye » vient confirmer l’orientation psychologique et dramatique du score de « Norma Jean & Marilyn » avec une très belle écriture pour violoncelle, cordes et piano, et toujours cette forme de latence sombre et inquiétante. On retrouve ici un style qui rappelle par moment certaines mesures du score de « Jennifer 8 ». Le compositeur renoue avec le jazz dans « The 7 Year Itch » lorsque le film évoque le tournage du célèbre film de Billy Wilder, morceau incluant un superbe solo de trompette jazzy absolument savoureux.

Le saxophone sensuel associé à Marilyn revient dans « Nude Confessions » pour rappeler le glamour et la facette plus sexy de l’actrice américaine, avec toujours ce côté sombre et psychologique typique du compositeur. Le saxophone devient plus amer et inquiétant dans le sombre « Rescue Me » qui apporte une certaine tension et un suspense à la dernière partie du film, personnifiant la détresse de Marilyn et son incapacité à sortir de ses tourments intérieurs qui finissent par la ronger. Chris Young reprend le thème jazzy de Marilyn dans « Our Angel » dans une superbe version pour trompette en sourdine et reprend le thème dramatique de violoncelle de « The Public Eye » dans « Too Young », lorsque Marilyn se suicide à la fin du film. La musique résonne ici de manière clairement funèbre et résignée, tout en conservant une certaine retenue noire et inquiétante indissociable de la partition de « Norma Jean & Marilyn ». Comme dans « Rescue Me », « Too Young » le bien-nommé (le compositeur en aurait-il profité pour faire un jeu de mot avec son propre nom ?) apporte une tension et un suspense plus glauque à cette scène de suicide, un morceau plus sombre et éprouvant d’une noirceur extrême dans cette séquence finale, amer, dissonant et sans espoir. Enfin, le thème jazzy introductif revient dans « Marilyn » pour accompagner le générique de fin avec une retenue toujours très émouvante.

Christopher Young confirme avec « Norma Jean & Marilyn » qu’il maîtrise à la perfection les atmosphères psychologiques noires et les musiques jazzy, mélangeant ici les deux ambiances avec brio afin de retranscrire de manière avec justesse le parcours chaotique de Marilyn Monroe entre les tourments de sa vie professionnelle et ceux de sa vie privée. Tout comme le téléfilm de Tim Fywell, la musique de Christopher Young pour « Norma Jean & Marilyn » s’avère être d’une noirceur fort probante, un portrait musical résolument pessimiste et résigné de la célèbre star du cinéma américain des années 50-60. Le compositeur se fait plaisir en retrouvant un style musical plus proche de ses musiques pour « Jennifer 8 » ou « Judicial Consent », mais sans jamais céder à l’agressivité ou aux effets chaotiques. A contrario, la musique de Young joue la carte de la retenue et de l’économie de moyens afin d’apporter au film une ambiance plus intime et psychologique. Ses quelques touches jazzy apportent un charme et une sensualité appréciable aux images du téléfilm de Tim Fywell, et ce même si l’ensemble n’apporte aucune surprise particulière. Les fans des ambiances dramatiques noires et jazzy de Christopher Young devraient donc apprécier tout particulièrement la bande originale de « Norma Jean & Marilyn » !



---Quentin Billard