1-Voices from the Past 0.56
2-Melody for A Knight (Part 1) 1.21
3-Adagio in G Minor 2.49
4-Jacquart Runs Away 0.34*
5-Jacquart on the Grill 0.18*
6-The Stolen Jewels 1.26
7-Concerto in Mi Minor 1.19**
8-Enae Volare Mezzo 3.34+
9-Your Father is Alive 0.15
10-Melody for A Knight (Part 2) 1.12
11-Melody for A Knight (Part 3) 0.36
12-The Corridors of Time 0.49**
13-Fight with the Inquisitor 0.52***
14-Melody for A Knight (Part 4) 1.04
15-Western in the Air 0.28
16-My Beloved 0.19
17-The Revolution 0.48
18-Run For It 0.27***
19-Adagio in G Minor
(Short Version) 1.07
20-Melody for A Knight (Part 5) 0.34
21-Spell on the Duke 0.42**
22-Magic Formula 1 0.32**
23-Magic Formula 2 0.28**
24-Wake Up in 1792 0.26
25-Battle in the Village 0.26
26-Jacquouille and the Cigars 0.33**
27-Jacquouille and the Firemen 0.50**
28-La Forêt Interdite 1.14
29-Rendez-Vous Secret 1.07
30-Chez l'Enchanteur 1.06++
31-C'est Diablerie 3.16
32-Les Oubliettes 2.02++
33-Filez la Laine (Kara-Okay) 0.46+++

*Ecrit par Yvan Cassar
et Eric Levi
**Ecrit par Félix Mendelssohn
Arrangé par Eric Levi
***Ecrit par Yvan Cassar
+Guy Protheroe/Eric Levi
++Frederick Rousseau/Eric Levi
+++Christian Clavier/Jean-Marie Poiré.

Musique  composée par:

Eric Levi

Editeur:

Philips 558 055-2

Album produit par:
Eric Levi

Arwtork and pictures (c) 1998 Gaumont. All rights reserved.

Note: ***
LES VISITEURS II :
LES COULOIRS DU TEMPS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Eric Levi
On prend les mêmes et on recommence ! Fortifié par le succès des « Visiteurs » en 1993, l’un des plus gros succès du cinéma populaire français des années 90, le réalisateur Jean-Marie Poiré poursuivit son périple des comédies délirantes avec le cultissime « Les Anges Gardiens » en 1995 (formidable duo humoristique de Gérard Depardieu et Christian Clavier). Et c’est en 1998 que Jean-Marie Poiré revint à l’univers des « Visiteurs » avec une suite toute aussi délirante intitulée « Les Couloirs du Temps ». L’histoire commence là où le premier opus s’arrêtait : le comte Godefroy de Montmirail (Jean Reno) est revenu à son époque au Moyen-âge, pour y épouser Frénégonde (Muriel Robin). Mais son écuyer Jacquouille la Fripouille (Christian Clavier) lui a joué une farce qui aura des conséquences terribles : ce dernier est resté au XXème siècle avec Ginette Sarclay (Marie-Anne Chazel) afin de profiter de sa fortune dérobée au duc Fulbert de Pouille : la précieuse dentelette de Saint-Rolande. L’écuyer de Godefroy n’est donc autre que Jacques-Henri Jacquard, le descendant de Jacquouille resté bloqué au Moyen-âge. La ruse de Jacquouille menace désormais de détruire l’époque de Godefroy si les couloirs du temps ne sont pas refermés définitivement. Godefroy décide alors de faire à nouveau appel à Eusaebius l’enchanteur (Pierre Vial) pour revenir au XXème siècle et ramener Jacquouille et les bijoux du duc de Pouilles dans son époque au Moyen-âge. C’est le début d’une nouvelle aventure complètement survoltée et fantaisiste. « Les Visiteurs 2 » reprend donc les formules du premier épisode, à savoir un rythme et un montage survolté, des acteurs qui surjouent en pagaille (avec un Christian Clavier qui en fait des tonnes cette fois-ci, passant une bonne partie du film à hurler !) et des gags lourdingues (le coup de la télévision qui explose, etc.). Jean-Marie Poiré en profite aussi pour reconstituer la période du Moyen-âge avec tous ses stéréotypes habituels : châteaux immenses, chevaliers, paysans bouseux, inquisiteur, bûcher, etc. (A noter que le film a été tourné au château de Beynac et d’Ermenonville, ainsi que dans la cour intérieur du château de Pierrefonds, dans le département de l’Oise). Malgré tous les moyens mis en place, « Les Visiteurs 2 » échoue à renouer avec le succès du premier épisode et sombre dans la lourdeur absolue.

Le compositeur Eric Levi retrouve à son tour l’univers musical des « Visiteurs » pour une partition très clairement orientée cette fois-ci vers un style symphonique à l’hollywoodienne. A vrai dire, la partition des « Visiteurs 2 » s’avèrent être bien plus symphoniques que celle du premier opus. Eric Levi retrouve aussi ses deux complices du premier film, les compositeurs Frederick Rousseau et Yvan Cassar, qui ont écrits certains morceaux de la bande originale du film et assuré les orchestrations. On retrouve dans « Les Visiteurs 2 » les principaux thèmes écrits par Eric Levi pour le premier épisode, ainsi qu’une reprise du fameux « Concerto pour violon » de Mendelssohn, déjà présent dans le premier film. Autre élément commun avec la partition du premier opus : une reprise pour le CD du célèbre tube « Enae Volare », écrit pour le film de 1993 et devenu le titre incontournable de son album « Era ». Dans un registre similaire, le film s’ouvre au son du « Voices from the Past », avec ses voix masculines lointaines samplées, évoquant le style des chants grégoriens du moyen-âge, sur fond de cithare et de contrebasses. Eric Levi reste fidèle à son goût pour les ambiances médiévales postmodernes/new-age qu’il développa plus amplement dans son album conceptuel « Era » sorti en 1996, avec la participation du chef de choeur Guy Protheroe, qui dirige à son tour les choeurs dans la musique des « Visiteurs 2 ». Les morceaux s’enchaînent ici à grande vitesse, à tel point que la partition ne prend jamais le temps de respirer vraiment (à l’image du rythme survolté du film), si bien que la plupart des morceaux ne dépassent guère les 1 minutes.

On retrouve le thème héroïque calqué sur celui de « Robin Hood » de Michael Kamen dans « Melody for A Knight » entendu au début du film, pour illustrer les exploits chevaleresques du comte Godefroy de Montmirail. Les orchestrations font la part belle ici aux cuivres, aux cordes et aux timbales. Eric Levi nous propose ce thème à travers 5 versions toutes plus efficaces les unes que les autres, mais toujours incroyablement copiées sur la partition de « Robin Hood ». On notera l’utilisation très réussie d’une cithare médiévale au début de « Melody for a A Knight (Part 3) » qui nous permet de nous replonger dans l’univers chevaleresque/moyenâgeux du début du film. Autre élément notable ici, « Adagio in G Minor », qui se trouve être une reprise du thème de « Adieu Dame Béatrice » entendu dans le premier opus, et développé ici sous la forme d’un adagio classique poignant pour cordes, harpe et guitare, apportant un éclairage dramatique intime plutôt agréable à certains passages du film. Parmi les contributions d’Yvan Cassar, on pourra noter quelques morceaux plus enjoués et rythmés comme « Jacquart Runs Away » évoquant les déboires du pauvre Jacquart perdu dans le Moyen-âge, une idée que l’on retrouve dans « Jacquart On The Grill », lorsque le descendant de Jacquouille se retrouve sur le bûcher, près de la place du village. Autre morceau de qualité co-écrit par Yvan Cassar, « The Stolen Jewels » qui évoque le vol des bijoux du duc de Pouilles avec une écriture de cordes plus lyrique, classique et dramatique du plus bel effet. Dans « The Corridors of Time », Yvan Cassar et Eric Levi font référence ici aussi à certains passages sombres et mystérieux du « Robin Hood » de Michael Kamen pour évoquer l’énigme des couloirs du temps et la malédiction qui y est liée. Yvan Cassar a droit à un solo sur la musique de bataille de « Fight With The Inquisitor », lorsque Godefroy affronte l’inquisiteur (cf. le superbe mais trop bref « Battle in the Village »), idée débouchant sur le guerrier et héroïque « Melody For A Knight (Part 4) ». Le thème héroïque est repris vaguement aux cordes et aux vents dans « Western In The Air », Eric Levi s’autorisant ainsi quelques développements plus importants d’un thème qui n’était alors qu’à peine suggéré dans le premier score de 1993.

« The Revolution » fait appel à des percussions martiales pour la scène où Godefroy et Jacquouille se retrouvent en pleine époque des révolutions napoléoniennes - ici aussi, le thème principal est repris dans une variante orchestrale plus brève et solennelle. Yvan Cassar se fait plaisir et nous offre un Allegro très classique d’esprit et plutôt joyeux dans « Run For It », non dénué d’un certain humour. A vrai dire, contrairement à ce que l’on se serait attendu, la musique des « Visiteurs 2 » s’avère être étrangement sérieuse et ample pour une comédie survoltée de ce genre. Eric Levi et ses complices ont donc opté, comme pour le premier film, pour une approche somme toute très sérieuse en apparence et quelque peu décalée avec la dérision et l’humour du film. Yvan Cassar et Eric Levi s’autorisent néanmoins un bref passage de type mickey-mousing dans « Magic Formula 1 », tandis qu’à contrario, « Magic Formula 2 » accompagne la scène délirante de l’incantation magique et du retour des héros au XXème siècle avec un style plus sombre et dissonant. On retrouve des touches mickey-mousing évoquant les musiques de dessin animé traditionnel dans « Jacquouilles and the Cigar », pour l’un des rares morceaux du score entendu durant toute la partie du film se déroulant au XXème siècle (et où la musique devient moins présente). Un morceau comme « Jacquouille and the Firemen » - scène délirante du gag avec la lance incendie et les pompiers - est un exemple même de musiques orchestrales enjouées et sautillantes, traversées de touches de mickey-mousing humoristiques et savoureuses, bien qu’extrêmement prévisibles et sans surprise. Plus étonnant, « Forêt Interdite » développe une ambiance sinistre faisant appel à un sound-design électronique très réussi. On restera cependant plus dubitatif devant la qualité de morceaux synthétiques tels que « Rendez-Vous Secret », « Chez l’Enchanteur », « C’est Diablerie » ou « Les Oubliettes », qui ressemblent davantage à des maquettes/démos qu’à de vrais morceaux à part entière du film.

La partition des « Visiteurs 2 » n’apporte donc rien de nouveau au travail initial d’Eric Levi pour le film de 1993. Le compositeur s’est simplement contenté ici de reprendre ses thèmes et ses ambiances musicales du film d’origine en optant pour une approche résolument plus symphonique et hollywoodienne d’esprit. Evidemment, le problème des citations trop évidentes au « Robin Hood » de Michael Kamen reviennent ici aussi, mais l’on reste néanmoins satisfait du soin apporté au développement des thèmes, avec des orchestrations très soignées et un style musical bien plus abouti que celui du premier film. En définitive, ceux qui s’attendaient à un peu de renouveau avec la musique de « Les Visiteurs 2 » risquent fort d’être déçus : la partition d’Eric Levi n’est rien d’autre qu’une sorte de bis repetita du premier score de 1993, amplifié et développé pour les besoins de cette suite toujours signée Jean-Marie Poiré. Voilà donc une partition symphonique « à l’hollywoodienne » assez sympathique mais extrêmement prévisible et dénuée de la moindre once de surprise, à réserver aux inconditionnels du film et à tous ceux qui ont apprécié les efforts du compositeur sur « Les Visiteurs ».



---Quentin Billard