1-Glory of Love 0.24*
2-Orphan 2.04
3-Suite for Jessica and Max 5.27
4-Opening/Labor of Love 2.35
5-Not Your Average 9-Year-Old 3.59
6-Silent Story/Max's Theme 3.34
7-Saint Marianas 1.32
8-Destroying the Evidence 3.09
9-Painting a Story/
Esther Comes Home 2.51
10-Something Nice 5.36
11-Wet the Bed/Black Light 2.43
12-Snooping 1.48
13-Finishing the Job 3.08
14-Finding Max 3.44
15-The Cold Shoulder 3.07
16-The Glory of Love 2.49**
17-Orphan's Revenge 3.38***
18-The Glory of Love 2.48+

*Interprété par Isabelle Fuhrman
**Interprété par Orphanesta
feat. Krystle Warren
***Interprété par John Ottman
vs. Mark "Dog" Sayfritz
+Interprété par Jimmy Durante.

Musique  composée par:

John Ottman

Editeur:

Varèse Sarabande 302 066 981 2

Produit par:
John Ottman
Producteur exécutif:
Andy Ross
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Monteurs musique:
Amanda Goodpaster, Joseph Bonn

Artwork and pictures (c) 2009 Warner Bros Pictures. All rights reserved.

Note: **1/2
ORPHAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Ottman
Après un « House of Wax » purement alimentaire, le réalisateur Jaume Collet-Serra nous revient en pleine forme avec « Orphan » (Esther), thriller psychologique pour lequel il signe un suspense habile et dérangeant centré autour de l’histoire d’une mystérieuse orpheline adoptée par une famille aimante et attentionnée, histoire qui va très vite tourner au cauchemar pour Kate (Vera Farmiga) et son mari John Coleman (Peter Sarsgaard). Après le décès de leur enfant mort-né, les Coleman décident finalement d’oublier leur chagrin en adoptant une petite fille dans un orphelinat, Esther (Isabelle Fuhrman), une jeune fille de 9 ans d’origine russe. Pour Kate, ce sera l’occasion de reprendre un nouveau départ dans sa vie familiale, après avoir perdu son travail à la suite de graves problèmes d’alcool. Mais si l’arrivée d’Esther dans la famille Coleman semble être une chance pour Kate, John et leur jeune fille malentendante Maxine (Aryana Engineer), seul Daniel (Jimmy Bennett), l’aîné de la famille, semble se méfier d’Esther. Et pour cause, cette dernière finit par révéler un comportement de plus en plus inquiétant et mystérieux, une part d’ombre cachée par un visage angélique et innocent en apparence. Avec un scénario somme toute très classique mais efficace, Jaume Collet-Serra joue sur un suspense psychologique assez conventionnel bien que très dérangeant par moment.

Le réalisateur arrive à instaurer une atmosphère angoissante et captivante à travers le jeu exceptionnel de la petite Isabelle Fuhrman, absolument saisissante dans le rôle de cette petite fille mi-ange mi-démon. Le film dérange surtout par sa façon dont il montre de manière parfois crus des crimes commis par la jeune fillette - chose relativement rare dans le cinéma d’épouvante américain, qui n’aime que très rarement « s’attaquer » aux enfants. A vrai dire, la révélation finale elle-même achève de troubler le spectateur en créant un choc inattendu, un coup de théâtre à l’origine d’une certaine polémique aux Etats-Unis (on frôle par moment la pédophilie vers la fin du film), bien qu’encore une fois, certains esprits bien-pensants n’ont pas vraiment saisis le sujet réellement abordé à la fin de l’histoire (qui s’inspire d’une maladie rare bien réelle !). Quoiqu’il en soit, « Orphan » reste un thriller bien au dessus de la moyenne, en raison de son parti-pris risqué et d’une atmosphère glauque savamment entretenue, et ce bien que les 20 dernières minutes finissent par tomber malheureusement dans la routine habituelle des slasher-movies U.S. sans grande imagination !

Après « House of Wax », le compositeur John Ottman retrouve Jaume Collet-Serra sur « Orphan », pour lequel il signe une partition synthético-orchestrale mélangeant suspense glauque, terreur et ambiances plus intimistes et mélancoliques. Pour parvenir à ses fins, John Ottman mélange ainsi orchestre habituel avec sonorités électroniques diverses et quelques petites trouvailles sonores expérimentales que le compositeur crée lui-même avec ses propres moyens (un peu comme il le fit dans « Hide and Seek » et « Valkyrie »). Le score repose sur un thème principal mystérieux et envoûtant (« Orphan ») confié à un violoncelle sur fond de notes de piano vaporeuses, de loops électroniques sombres et de voix féminine éthérée associée à la maléfique Esther dans le film. Dans « Opening/Labor of Love », John Ottman nous plonge dans une atmosphère moite et cafardeuse à l’aide de sonorités électroniques menaçantes et suffocantes, le tout agrémenté d’effets de dissonance de cordes et autres gargouillis sonores très en vogue dans les musiques de thriller hollywoodiennes. Expérimentant comme toujours sur sa palette sonore, John Ottman se montre relativement inventif dans le choix de ses sonorités macabres et oppressantes qui parsèment sa partition d’un bout à l’autre du film. Seule ombre au tableau : une certaine tendance à basculer trop rapidement dans le cacophonique pur dès qu’il s’agit de susciter un sentiment de terreur. Un morceau comme « Not Your Average 9-Year Old » personnifie très clairement la menace que représente la petite fille au sein même de la famille Coleman à l’aide de cordes agitées et de clusters dissonants typiques des musiques thrillers du compositeur - on pense ici à « Gothika », « Hide and Seek », « House of Wax », « Apt Pupil », etc.

John Ottman utilise un langage atonal pur et dur et colore sa musique de nombreuses dissonances agressives, mélangées à toute une série d’effets synthétiques inquiétants et suffocants. A noter quelques effets instrumentaux hérités des techniques musicales avant-gardistes comme ces gargouillis nauséabonds de cordes vers la fin de « Not Your Average 9-Year Old » et son allusion discrète mais subtile à une petite berceuse enfantine rendue ici inquiétante par les dissonances des cordes - un cliché habituel pour évoquer l’idée de la fausse innocence de la jeune Esther dans le film. La terreur devient plus présente dans des déchaînements cacophoniques tels que « Destroying the Evidence » ou le très agressif « The Cold Shoulder », associés dans le film aux méfaits - sanguinaires - de la jeune fille. John Ottman se montre visiblement à l’aise dans ces déchaînements de magmas sonores, et ce même si l’on regrettera le côté souvent très cacophonique et confus de ces morceaux de terreur pure (n’est pas Christopher Young qui veut !). Le suspense est quand à lui mieux dosé et plus efficace dans des passages comme « Wet the Bed/Black Light », qui jouent dans le film sur l’ambigüité innocence/perversion de la jeune Esther. Idem pour « Snooping » dont les sonorités électroniques cafardeuses ne sont pas sans rappeler les montées de tension du score de « Valkyrie ». Ottman en profite aussi pour faire quelques allusions à la chanson-clé du film, « The Glory of Love », célèbre standard de Billy Hill enregistré par Benny Goodman en 1936 et repris par la suite par de nombreux artistes tout au long du siècle (dont notamment une version de Jimmy Durante inclus sur l'album), comme pour rappeler l'innocence apparente d'Esther et simuler son bonheur apparent au sein de sa nouvelle famille adoptive. Ottman s’amuse ainsi à citer quelques bribes de la chanson qu’il incorpore par moment dans son score, une bonne idée cependant peu développée pour être suffisamment convaincante tout au long de la partition.

A contrario de toute cette partition suspense/frisson extrêmement conventionnelle, la partition de « Orphan » s’impose aussi par la beauté de certains passages plus intimes et chaleureux comme « Suite for Jessica and Max », morceau d’une grande tendresse et d’une certaine nostalgie confié à un piano, des cordes et des bois, rappelant les souvenirs émouvants de Jessica (l’enfant mort-née de Kate). Ottman en profite ainsi pour dévoiler ici un style d’écriture plus classique et intime, avec une très belle écriture de piano qui pourrait quasiment se justifier dans le film par la présence du piano dans la maison des Coleman (et dont joue admirablement bien la petite Esther au cours d’une scène du film). John Ottman a toujours dit qu’il rêvait d’écrire la musique d’un film au sujet plus intime et léger, et même si « Orphan » est à des années lumières de ses desideratas, il ne fait nul doute que le compositeur a quand même réussi à se faire plaisir dans tous ces morceaux que l’on entend tout au long de la première partie du film. Le compositeur dévoile ainsi le thème familial nostalgique dans « Suite for Jessica and Max », un thème plutôt émouvant bien que gâché par endroit par les maladresses d’écriture habituelles du compositeur - fait récurrent chez le compositeur, qui semble avoir bien du mal à maîtriser correctement les enchaînements harmoniques, probablement dû à son manque de connaissance du langage musical et à son statut d’autodidacte - John Ottman ne venant pas de la musique au départ ! Quoiqu’il en soit, le thème familial s’avère être très réussi et apporte une vraie émotion d’une grande sincérité au début du film, thème que l’on appréciera surtout dans le poignant « Silent Story/Max’s Theme », qu’il associe alors à la petite Maxine au cours d’une très belle scène où la petite fille de Kate enlève son appareil auditif et se retrouve alors plongée dans une surdité quasi-totale. C’est au cours de cette scène magnifique que la musique prend alors le pas comme si elle résonnait à l’intérieur même de sa tête, une musique venant de l’intérieur, de l’âme de la petite Max. Ottman décide alors de reprendre le thème familial avec une retenue poignante, des synthétiseurs cristallins, un piano et quelques cordes, sans aucun doute l’un des plus beaux passages du score de « Orphan » et la preuve incontestable que John Ottman possède une certaine sensibilité musicale qu’il ne demande qu’à exploiter sur des sujets qui en valent vraiment la peine. Quoiqu’il en soit, « Silent Story/Max’s Theme » apporte une vraie poésie à la scène où Kate communique avec Max en lui racontant une histoire un soir avant de s’endormir. Dans un registre similaire, le thème familial est repris au piano et aux synthétiseurs dans « Saint Marianas », sans oublier le mélancolique et émouvant « Painting a Story/Esther Comes Home ».

D’une façon générale, la musique de « Orphan » se construit essentiellement autour du personnage de la jeune Esther. La musique de John Ottman alterne ainsi entre l’innocence apparente de la fillette et la terreur qu’inspirent ses actes répréhensibles tout au long du film, entre innocence et perversion, lumière et ténèbres. Dommage cependant que la musique passe souvent inaperçue dans le film à cause de son côté extrêmement fonctionnel, et ce même si le score de John Ottman remplit parfaitement le cahier des charges dans le film de Jaume Collet-Serra. On a cependant connu un Ottman bien plus inventif et audacieux dans sa manière d’écrire, le compositeur recyclant ici les formules orchestrales habituelles du genre, et ce même si certaines trouvailles sonores s’avèrent être plutôt intéressantes bien que sans réelles surprises particulières. « Orphan » fait donc partie de ces scores thriller/horreur habituels du compositeur, un score sombre et frissonnant à réserver en priorité aux inconditionnels du musicien, les autres risquant fort de se lasser du caractère parfois cacophonique et souvent très bruyant de la musique de John Ottman !



---Quentin Billard