1-Time for Miracles 4.43*
2-Constellation 1.30
3-Wisconsin 1.14
4-U.S. Army 2.20
5-Ready To Rumble 1.42
6-Spirit of Santa Monica 1.21
7-It Ain't the End of the World 2.52**
8-Great Kid 2.17
9-Finding Charlie 1.45
10-Run Daddy Run 1.14
11-Stepping into the Darkness 1.35
12-Leaving Las Vegas 1.44
13-Ashes in D.C. 4.19
14-We Are Taking the Bentley 3.43
15-Nampan Plateau 2.51
16-Saving Caesar 2.09
17-Adrian's Speech 1.42
18-Open the Gates! 2.16
19-The Impact 1.49
20-Suicide Mission 2.06
21-2012 The End of the World 1.24
22-Collision with Mount Everest 1.09
23-The End is Only the Beginning 5.44
24-Fades Like a Photograph 4.19***

*Interprété par Adam Lambert
Ecrit par Alain Johannes
et Natasha Shneider
Produit par Rob Cavallo
**Interprété par George Segal
et Blu Mankuma
Ecrit par Harald Kloser,
Thomas Wanker et Matt Charman
Produit par Harald Kloser et
Thomas Wanker
***Interprété par Filter
Ecrit par Richard Patrick,
Harald Kloser et Thomas Wanker
Produit par Richard Patrick.

Musique  composée par:

Harald Kloser/Thomas Wander

Editeur:

RCA Records 88697 61243-2

Album produit par:
Harald Kloser, Thomas Wander

Artwork and pictures (c) 2009 Columbia Pictures/Centropolis Entertainment. All rights reserved.

Note: **
2012
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harald Kloser/Thomas Wander
Inconditionnel des films catastrophes en tout genre, l’infatigable Roland Emmerich signe une nouvelle superproduction hollywoodienne saturée d’effets spéciaux avec « 2012 », un film surfant sur la vague millénariste avec au menu du jour annonces de fin du monde et prévisions apocalyptiques inspirées du calendrier maya (qui s’arrête, selon les dires, à la date du 21 décembre 2012). Opportuniste, Emmerich l’a été suffisamment pour sortir son film au moment où l’on parle de plus en plus dans les médias - ou dans la culture populaire en général - de cette fameuse date apocalyptique, annoncée et fantasmée par certains comme le jour où la terre s’arrêtera, selon certaines croyances populaires pourtant encore récemment démenties par la NASA et les scientifiques de divers horizons. Qu’à cela ne tienne, Roland Emmerich nous offre 2h40 de spectacle pur, avec une tonne d’effets spéciaux, des personnages souvent caricaturaux, de l’émotion, et surtout, des scènes de catastrophe tout bonnement grandioses. Cela faisait bien longtemps que l’on n’avait pas vu un film catastrophe aussi ambitieux et démesuré au cinéma. Emmerich renoue avec le style de « The Day After Tomorrow » et raconte comment le monde sombre progressivement dans la catastrophe lorsque les plaques tectoniques commencent à se soulever et que les continents entiers se retrouvent à la fois engloutis dans d’immenses crevasses puis balayés par des tsunamis gigantesques - incluant tous les bouleversements climatiques habituels : inversion des pôles magnétiques, activité solaire démesurée, cataclysmes naturels divers, etc. Certains diront que l’on tient là une quasi suite à « The Day After Tomorrow », et ils auront raison.

Et pourtant, « 2012 » remplit parfaitement le cahier des charges sans jamais lasser, un exploit pour un film d’une telle longueur. Certes, c’est souvent gros, très gros, parfois atrocement cliché et surfait (le coup du chien qui s’en sort vers la fin du film : cf. « Independence Day » !), mais, surprise, Emmerich réussit pour une fois à créer une galerie de personnages attachants, et réussit quelques scènes d’émotion plutôt poignantes, comme celle des deux vieux musiciens sur le paquebot qui décident de passer un dernier coup de fil à leurs familles alors que la fin est proche (sans aucun doute l’une des plus belles scènes du film !). Le romancier Jackson Curtis (John Cusack) dirige alors sa famille et rejoint très vite un groupe de survivants qui tentent alors d’échapper au cataclysme en se jetant comme des millions d’individus dans un voyage désespéré pour la survie, tandis que Los Angeles est balayée par d’immenses tremblements de terre d’une puissance sans précédent. Certes, on pourra toujours reprocher au réalisateur de se laisser aller à ses stéréotypes habituels (nations caricaturées, idéalisme familial gnangnan, patriotisme U.S. bien cliché, touches humoristiques gratuites et mal placées, etc.), mais à l’inverse de « Independence Day », Emmerich signe un film plus nihiliste où le quota de destruction est rempli à la perfection, et ce malgré un scénario quelque peu banal. Du grand spectacle en gros, à réserver en particulier aux aficionados des films catastrophes démesurés !

Harald Kloser, qui a coécrit le scénario du film en compagnie de Roland Emmerich comme pour « 10.000 BC », signe le score original de « 2012 », épaulé par son fidèle complice Thomas Wander qui l’accompagne depuis ses débuts sur des partitions telles que « Alien Vs. Predator », « The Day After Tomorrow » ou bien encore « 10.000 BC ». Bilan plutôt mitigé - encore une fois - pour cette nouvelle partition d’action grandiose mais d’une fadeur lassante, archi convenue et sans surprise, recyclant toutes les formules musicales habituelles du genre sans grande imagination. Kloser et Wander utilisent donc l’orchestre symphonique habituel avec le lot de percussions électroniques musclées et de choeurs démesurés pour les scènes de catastrophe les plus spectaculaires du film. Le score repose sur un thème principal associé aux survivants, évoquant dans le film leur quête désespérée pour la survie, un thème qui apporte un soupçon d’émotion dans un score somme toute particulièrement sombre et agité. Le film s’ouvre au son du sombre et menaçant « Constellation » qui, avec ses cordes dissonantes, ses percussions imposantes, ses sonorités électroniques sombres et ses chœurs grandioses, annonce clairement la teneur de la partition. Un morceau comme « Wisconsin » bascule en revanche dans du fonctionnel pur avec son piano intime et ses cordes banales, sans grand intérêt en dehors des images. La musique commence à bouger vraiment dans « U.S. Army », lorsque Jackson comprend que quelque chose se prépare avec l’armée U.S. Harald Kloser utilise alors le lot de percussions synthétiques/martiales habituelles et des orchestrations somme toutes très monolithiques (cordes et cuivres principalement). Rien de neuf à l’horizon, Kloser renouant avec le style de « The Day After Tomorrow » sans grande imagination particulière. Même chose pour un morceau fonctionnel comme « Ready to Rumble ».

C’est avec « Spirit of Santa Monica » que les choses commencent à se gâter vraiment. Les rythmes deviennent plus oppressants, les percussions plus agitées et les traits orchestraux plus vifs et rapides. Premier grand morceau d’action du score, « Spirit of Santa Monica » illustre l’une des scènes de cataclysme à Santa Monica à grand renfort de cordes frénétiques, de percussions électroniques habituelles et de cuivres massifs. Rien de bien neuf à l’horizon, même si l’on appréciera dans le film l’excitation qui se dégage de ces morceaux d’action à l’écran, renforçant la teneur grandiose de ces séquences. Seule ombre au tableau - outre le caractère excessivement banal et sans imagination de l’écriture d’Harald Kloser - le mixage catastrophique de la musique dans le film, quasi inaudible sur des images saturées de bruitages sourds et démesurés. Rarement mise en valeur dans le film, la musique de Kloser fait clairement office de papier peint et n’apporte finalement pas grand chose de plus en dehors de renforcer le caractère grandiose et spectaculaire de ces scènes de catastrophes. La redondance est donc de mise ici, tout concept de subtilité (voire de bon goût) étant irrémédiablement jeté au trou avec le compositeur - on regrette amèrement la bonne époque de la collaboration Roland Emmerich/David Arnold, qui, lui, savait pondre des partitions symphoniques d’une toute autre facture ! Dans « Great Kid », le thème est progressivement dévoilé par les cordes et les bois dans un style plus intime et mélancolique assez appréciable bien que très prévisible. Il évoque ici l’idée de la famille, de la survie, des épreuves difficiles que traversent nos héros tout au long du film - épreuves parsemées de catastrophes et de tragédies humaines en tout genre.

Ce sont néanmoins les morceaux d’action qui attirent ici notre attention, avec les rythmes électroniques à la Media-Ventures de « Finding Charlie » ou l’excitant « Run Daddy Run » pour la scène où Jackson récupère la carte dans la caravane. Harald Kloser se montre visiblement à l’aise dans les déchaînements orchestraux mais ne parvient pas à sortir de son style banal et très « musique de série-B d’action ». Son utilisation des percussions électroniques ne parvient même pas à rehausser le niveau d’un ensemble somme toute très passable et en manque totale d’inspiration. Pour un film d’une telle ampleur, on se serait attendu à une musique somme toute un brin plus ambitieuse, et pas à un simple score d’action tendance « musique de téléfilm musclé ». Néanmoins, quelques passages de la partition parviennent à sortir du lot, comme l’émouvant et solennel « Stepping Into Darkness » pour la scène du speech du président des Etats-Unis - sans aucun doute l’un des passages les plus réussis de la partition de Kloser, ou du moins l’un des plus appréciables dans le film (et qui rappellerait presque par moment les meilleurs passages solennels et vibrants du « Independence Day » de David Arnold !). « Stepping Into Darkness » évoque parfaitement l’idée d’une humanité réunie autour d’une catastrophe commune, avec comme principal objectif la survie de l’espèce humaine dans un monde à l’agonie. L’action se prolonge dans le grandiose « Leaving Las Vegas » pour la séquence de la destruction de Las Vegas, agrémentée de choeurs démesurés et apocalyptiques. On ressent alors la sensation de perte tragique et de désolation dans « Ashes In D.C. », et c’est de nouveau reparti pour un tour de montagne russe dans l’excitant et massif « We Are Taking the Bentley », autre morceau d’action excitant du score de Kloser et Wander à grand renfort de cordes/cuivres et percussions électroniques omniprésentes (voire trop ?).

La dernière partie du score reste dans le même acabit, entre passages tragiques et moroses plus fonctionnels (« Nampan Plateau », « Suicide Mission »), déchaînements orchestraux/percussifs sans grand horizon (« Saving Caesar », « The Impact ») et grandes envolées thématiques (« 2012 The End of the World ») pour renforcer le caractère apocalyptique du film et le sentiment de fin du monde (qui, curieusement, aurait pu être poussée bien plus loin dans la musique de Kloser/Wander !). On appréciera le caractère déchaîné et ultra massif des choeurs apocalyptiques à la fin de « Collision With Mount Everest » pour la scène où l’arche frappe de plein fouet le mont Everest vers la fin du film. Dommage cependant que le côté souvent ultra fonctionnel et ‘anonyme’ de la musique de Kloser annihile bien souvent le potentiel réellement apocalyptique et gargantuesque de la musique du film (on frémit en pensant à ce qu’aurait fait David Arnold sur un film d’une telle envergure, avec une écriture orchestrale plus poussée et une utilisation moins facile et commerciale des rythmiques électroniques !). On appréciera l’émotion et l’espoir qui se dégagent du final, « The End is Only The Beginning », annonçant le renouveau de l’espèce humaine dans le monde de l’après-2012, nous permettant ainsi d’apprécier une très belle reprise du thème principal exposé une dernière fois dans toute sa splendeur pour évoquer l’idée de l’humanité à l’aube d’une nouvelle ère.

Le principal problème de la composition d’Harald Kloser et de Thomas Wander vient finalement du caractère purement anecdotique de la musique du film, qui, en plus d’être atrocement sous-mixée dans le film, ne parvient jamais à susciter un quelconque intérêt : le souci vient surtout du fait que cette musique pourrait avoir été écrite par n’importe quel compositeur hollywoodien opérant dans le style action synthético-orchestrale. Aucune recherche de sonorité, aucune ambition dans les orchestrations, une écriture souvent pauvre et extrêmement générique (tendance série-B d’action à gros budget), avec un contrepoint très simplet, dommage. ..on a été habitué à mieux sur un film de Roland Emmerich ! Où est donc passée la magie des partitions monumentales de David Arnold pour « Independence Day », « Stargate » ou « Godzilla » ? Depuis qu’Arnold a cessé de collaborer avec le réalisateur teuton pour céder la place à l’autrichien Harald Kloser, la musique des films d’Emmerich s’en est considérablement retrouvée appauvrie et amoindrie qualitativement parlant : après les déceptions de « The Day After Tomorrow » et « 10.000 BC », Kloser confirme qu’il n’a décidément pas l’étoffe d’un grand compositeur et qu’il reste un faiseur sans idée et sans inspiration, constat sévère certes, mais sans appel. Son semi-échec sur « 2012 » traduit amèrement la situation de l’après-David Arnold dans l’univers filmique de Roland Emmerich. En bref, un score d’action fonctionnel et sans grande ambition, très efficace dans le film mais dont on se lassera très vite ! A quand le retour du grand David Arnold sur un film d’Emmerich ?



---Quentin Billard