1-Title Theme 0.50
2-England 2.07
3-The House 2.58
4-Raven Attack 2.29
5-Collapsed 0.56
6-A Kiss 1.47
7-The Tree 2.00
8-Sisters 0.52
9-Business Problems 1.17
10-Emma and Pollock 1.38
11-Drug Nightmare 1.07
12-It's Turning 1.44
13-The Hidden Room 1.29
14-Old Photos 1.13
15-The Nursery 1.41
16-The Knife 2.20
17-Chase 1.02
18-The Syringe 0.41
19-Going Mad 1.33
20-Roof Chase 3.37
21-Together 1.13
22-Lovers 1.40
23-Knife Edge Theme 1.34

Musique  composée par:

Guy Farley

Editeur:

Movie Score Media MMS09022

Producteur exécutif album:
Mikael Carlsson
Musical Associate:
Adrian Thomas
Supervision musicale:
James Fitzpatrick
Montage album:
Guy Farley, Mikael Carlsson

Artwork and pictures (c) 2009 Scanbox Entertainment Ltds. All rights reserved.

Note: ***
KNIFE EDGE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Guy Farley
Spécialiste de la série-B d’action, Anthony Hicox s’essaie avec « Knife Edge » à l’exercice périlleux du thriller hollywoodien avec un casting britannique et un scénario très hitchcockien. Emma (Natalie Press), trader à Wall Street, vient tout juste de s’installer avec son mari français Henri (Matthieu Boujenah) et leur petit fils de 6 ans Thomas (Miles Ronayne) dans un somptueux manoir en plein coeur de l’Angleterre avec Marjorie (Joan Plowright), la vieille maîtresse de maison. Tout semble aller pour le mieux, jusqu’à ce que Thomas découvre dans les soubassements du manoir une vieille poupée scarifiée avec laquelle il joue constamment. Emma ne semble pas s’inquiéter plus que cela, mais pourtant, il s’agit là d’un signe annonçant le début des problèmes pour la famille d’Emma et Henri. Peu de temps après, Henri rencontre des difficultés financières dans son entreprise et Emma commence à être victime de terrifiantes hallucinations - fantômes, scènes de meurtre sanguinaires, cris de détresse d’enfants, etc. C’est le début d’une longue descente aux enfers pour le couple. C’est alors qu’intervient Charles (Hugh Bonneville), un vieil ami de la famille, qui se propose de leur venir en aide. Persuadée que la maison est hantée, Emma ne tardera pas à découvrir les terribles secrets qu’abrite cette demeure. « Knife Edge » est au final un thriller tout à fait ordinaire, comme on en a vu des tonnes au cinéma depuis des décennies. Anthony Hicox n’en fait jamais de trop et reste relativement minimaliste dans sa mise en scène, préférant se concentrer sur sa direction d’acteur (le jeune acteur français Matthieu Boujenah, neveu de Michel Boujenah, sans oublier l’héroïne du film, Natalie Press, et la présence de deux vétérans du cinéma britannique au casting, Joan Plowright et Hugh Bonneville). Le problème, c’est que le film n’est qu’une accumulation de clichés de films horrifiques/suspense vus et revus des centaines de fois : il n’est pas rare de reconnaître par exemple des plans inspirés de « The Shining » (la main avec le couteau qui traverse la porte vers la fin du film), « Psycho », « The Haunting » et même des allusions à un classique de Lucio Fulci, « Sette Note in Nero » (1977). Le réalisateur nous offre donc un thriller old school, à la manière des grands classiques d’antan, un suspense référentiel mais de bonne facture, qui devrait ravir les amateurs du genre.

La musique de Guy Farley reste sans aucun doute l’atout majeur du film d’Anthony Hicox. C’est la troisième fois que le jeune compositeur britannique collabore avec le réalisateur après le film d’action « Last Run » (2001) et « Submerged » (2005), nanar pathétique avec un Steven Seagal bouffi et fatigué. Avec « Knife Edge », Guy Farley met les bouchées doubles et élabore une partition symphonique à l’ancienne, inspirée à la fois du lyrisme de John Barry et du suspense d’un Jerry Goldsmith et d’un Bernard Herrmann. Comme dans le récent « The Broken », Farley se laisse très souvent aller à des citations plus qu’évidentes à des classiques de la musique de film - ici, « Pyscho » de Herrmann mais aussi bon nombre de scores d’action/suspense de Goldsmith. Le score repose sur un thème principal exposé dès le générique de début (« Title Theme ») avec ses cordes mouvantes et ses rythmes de bois, une ouverture qui rappelle indéniablement celle du « Psycho » de Bernard Herrmann. Dans « England », on découvre le thème lyrique associé au couple Emma/Henri, thème de cordes romantique et pastoral plutôt serein, apportant une certaine poésie à la première partie du film. Seule ombre au tableau, ce thème rappelle trop clairement le style des grandes mélodies romantiques de John Barry. Mais qu’importe, le résultat fonctionne parfaitement à l’écran et évoque le début d’une nouvelle vie pour le couple dans leur nouvelle demeure en plein coeur de la campagne britannique. « The House » développe une ambiance plus nuancée, entre sérénité quasi pastorale et mystère envoûtant, avec des cordes par moment ambiguë et un motif mystérieux associé au manoir dans le film. Ici aussi, Guy Farley apporte un soin tout particulier à ses orchestrations, avec un classicisme d’écriture évident. L’utilisation de quelques touches électroniques sur la fin de « The House » renforce quand à elle l’ambiance sombre du film.

Avec « Raven Attack », la partition de « Knife Edge » bascule enfin dans la terreur pure avec un solide déchaînement orchestral atonal et chaotique pour la scène de l’attaque du corbeau dans la maison. Farley utilise ici les traditionnels effets orchestraux avant-gardistes (clusters stridents de cordes, glissandi de cuivres, etc.) pour créer un sentiment d’horreur à l’écran. La noirceur qui se dégage du reste de « Raven Attack » semble même en dire long au sujet de cette partition. Dans « Collapsed », Farley utilise des effets rythmiques plus hésitants et étranges, mélangeant col legno/synthétiseurs et rythmes syncopés qui rappellent clairement Jerry Goldsmith. Le thème romantique à la John Barry revient dans le très beau « A Kiss », permettant de tempérer dans le film l’ambiance noire et oppressante de la musique. Mais pourtant, on revient très vite au suspense et à la tension dans « The Tree », lorsqu’Emma découvre l’arbre cachant un terrible secret. Ici aussi, le compositeur crée une ambiance noire à base de cordes dissonantes et mystérieuses héritées de Bernard Herrmann. Un morceau comme « Business Problems » permet à Guy Farley de reprendre les rythmes de cordes de l’ouverture pour souligner habilement à l’écran le début des ennuis financiers pour Henri. Mais le compositeur se montre plus inspiré pour les scènes de visions cauchemardesques telles que l’atonal « Drug Nightmare » et ses effets instrumentaux chaotiques purs (on pense ici à Christopher Young). On appréciera le côté plus dramatique et lyrique du superbe « It’s Turning » et ses cordes amples. Farley retrouve ensuite les rythmes syncopés étranges et déroutants de « Collapsed » dans l’oppressant « The Hidden Room » (où l’on retrouve ici aussi l’influence de Jerry Goldsmith). Ici aussi, on appréciera la qualité des orchestrations et le soin apporté à l’écriture orchestrale.

Le suspense et le mystère se prolongent dans « The Nursery » avec ses atmosphères de cordes à la Herrmann, sans oublier le sursaut orchestral du terrifiant « The Knife ». Le compositeur se montre un brin plus inventif dans « Chase » avec quelques rythmiques synthétiques discrètes, puis le suspense revient dans « Going Mad », calqué sur un passage de cordes « Psycho » de Bernard Herrmann. Idem pour « Roof Chase », morceau herrmannien au possible toujours aussi inspiré de « Psycho », accompagnant la scène de la poursuite sur le toit du manoir. La seconde partie du morceau bascule dans l’action, permettant au compositeur de citer explicitement le Jerry Goldsmith action à grand renfort de rythmes syncopés et d’orchestrations agressives. Le calme revient enfin dans « Lovers », reprenant une dernière fois le thème romantique en guise de conclusion, sans oublier le « Knife Edge Theme » introductif à la « Psycho », la boucle étant bouclée.

Si Guy Farley semble encore avoir beaucoup de mal à se détacher de toutes ses influences, la qualité de son écriture et le soin apporté aux orchestrations reste indéniable. Voilà un compositeur qui nous offre un score au classicisme d’écriture très soutenu, bien que sans grande originalité particulière, apportant un suspense et une tension assez intense dans le film d’Anthony Hicox. Néanmoins, on appréciera l’effort d’un jeune compositeur prometteur qui, s’il arrive à se détacher de ses influences (trop flagrantes) et à écrire des choses bien plus personnelles, pourrait devenir un musicien majeur dans le paysage hollywoodien des années à venir. C’est en tout cas tout le bien qu’on lui souhaite !



---Quentin Billard