1-Main Title 1.53
2-The Hunt 1.41
3-The Ball Game/The Chase 3.45
4-Making the Silver Bullet 1.13
5-Fight to the Finish 1.48
6-The Bog 3.00
7-Stella and the Beast 2.05
8-Looking for Mr. One-Eye 2.59
9-On the Bridge 1.48
10-Joy Ride 1.18*
11-The Reveal 1.36
12-Teamwork/Milt's Greenhouse 3.31
13-Marty's Apology 0.44
14-Transformation/Finale/
Joy Ride Reprise 5.09*

*Guitare solo, vocal & lyrics by:
Rob B. Mathes

Musique  composée par:

Jay Chattaway

Editeur:

Varèse Sarabande VCL 1108-1089

Producteur exécutif:
Robert Townson
Musique électronique interprétée par:
Pete Levin, David Frank
Montage musique:
Jack Tillar

Artwork and pictures (c) 1985/2008 Paramount Pictures Corporation. All rights reserved.

Note: ***
SILVER BULLET
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jay Chattaway
Adaptation d’une nouvelle de Stephen King, « Silver Bullet » (Peur bleue) est une série-B horrifique réalisée par Daniel Attias, sortie en 1985. L’histoire se déroule dans la petite ville de Taker’s Mill dans le Maine, aux Etats-Unis. Marty Coslaw (Corey Haim) est un jeune paraplégique qui entretient des rapports conflictuels avec sa soeur Jane (Megan Follows). La ville est en proie depuis quelques temps à une série de meurtres sanglants qui sont commis lors des soirs de pleine lune : un ouvrier des chemins de fer, un vieux jardinier, un jeune adolescent, une femme, etc. Toutes les victimes sont retrouvées dans un état de mutilation extrême. Marty soupçonne alors un loup-garou d’être responsable de ces actes barbares et atroces, des soupçons qui ne vont pas tarder à se confirmer lorsque le jeune adolescent apercevra la sinistre créature lors d’une nuit de pleine lune. Equipé de sa chaise roulante-moto baptisée « Silver Bullet », confectionnée par son oncle Red (Gary Busey), Marty échappe de justesse à une attaque du loup-garou en l’éborgnant d’un tir de fusée de feu d’artifice dans l’oeil. Dès lors, Marty et Jane vont tout faire pour tenter de retrouver le monstre et le stopper avant qu’il ne soit trop tard. Les jeunes adolescents découvrent alors l’identité du mystérieux loup-garou et demandent de l’aide à l’oncle Red, qui va leur confectionner une balle en argent, seule arme capable de venir à bout de la créature. « Silver Bullet » est au final une série-B horrifique relativement modeste (un budget d’à peine 7 millions de dollars, une misère pour un film de ce genre à cette époque !), qui doit surtout son salut aux superbes effets spéciaux du génial Carlo Rambaldi, plus connu pour son travail sur « King Kong » (1976), « Alien » (1979) et « E.T. » (1982), et ce malgré le côté très daté et cheap de certains effets spéciaux pas toujours réussis. Produit par Dino De Laurentiis, « Silver Bullet » n’a pas vraiment le charme de la nouvelle d’origine de Stephen King, et l’ensemble tient plus du téléfilm à frissons que du véritable film d’horreur hollywoodien, et ce malgré quelques scènes gores/sanguinolentes plutôt réussies, et un loup-garou assez convaincant. Quoiqu’il en soit, « Silver Bullet » ne fait que surfer sur la vague des films de loup-garou 80’s et n’atteint pas les sommets des classiques du genre que sont « The Howling », « The Company of Wolves » ou « An American Werewolf in London ».

La musique de Jay Chattaway constitue sans aucun doute l’un des éléments les plus positifs du film de Daniel Attias. La partition de « Silver Bullet » permet au compositeur (plus connu pour sa participation aux films de Chuck Norris tels que « Missing in Action » ou « Invasion U.S.A. ») de nous offrir un score horrifique typiquement 80’s, avec un joli thème principal dont la poésie enfantine contraste avec la noirceur ambiante du reste de la partition. Le ton est donné dès le « Main Title » où Jay Chattaway introduit l’atmosphère sinistre de sa musique avec cordes dissonantes et synthétiseurs « eighties » kitsch associés au loup-garou dans le film. Le « Main Title » nous permet aussi d’entendre brièvement le thème associé à Marty Coslaw dans le film, thème lyrique dont la nostalgie évoque clairement l’innocence de l’enfance, confronté ici aux horreurs perpétrées par le loup-garou. Le thème est confié à une flûte à bec sur fond de cordes et de synthétiseurs cristallins - on n’évite malheureusement pas le stéréotype habituel de la flûte à bec associé aux enfants ! - le thème de « Silver Bullet » n’est pas sans rappeler par moment le style du thème de Carol Ann du « Poltergeist » de Jerry Goldsmith (qui a probablement servi de modèle à Jay Chattaway sur sa musique). Si l’on pourra toujours regretter le côté un peu kitsch et daté (mais néanmoins solide) des morceaux d’action comme « The Hunt » et son écriture de cuivres qui rappelle beaucoup le travail du musicien sur la trilogie des « Missing in Action », on appréciera les reprises thématiques intimistes de la mélodie associée au jeune héros au début de « The Ball Game/The Chase », morceau qui tourne très vite au suspense et aux frissons lorsque Chattaway décide d’y associer une montée de cordes dissonantes, de cuivres agressifs et de synthétiseurs menaçants. La poursuite avec le loup-garou vers le début du film permet d’ailleurs au compositeur de redévelopper ses rythmes action de « The Hunt » amplifiés ici à grand renfort de cordes syncopées et de cuivres agressifs.

On appréciera quelques passages plus intimes et légers comme « Making the Silver Bullet », qui renforcent la partie plus humaine et chaleureuse de la musique de Chattaway, malgré une utilisation toujours très datée des synthétiseurs typiquement 80’s. Idem pour « Looking for Mr. One-Eye » et son utilisation d’une guitare et de synthétiseurs cristallins quasi new-age. Seule faute de goût au milieu du score, un morceau tendance pop/rock 80s atrocement daté dans « Joy Ride », où Chattaway mélange synthétiseurs et guitare électrique lors d’une reprise kitsch du thème de Marty Coslaw pour la scène où ce dernier se déplace avec sa chaise roulante-moto baptisée « Silver Bullet ». Un morceau comme « Fight to the Finish » est quand à lui plus représentatif de la partie action/terreur du score. Les cordes syncopées de « The Chase » reviennent ici avec son mélange cuivres/cordes dissonantes qui rappellent bon nombre de musiques de film d’horreur des années 80 (on pourrait par exemple citer la plupart des travaux d’Harry Manfredini comme sur la saga des « Friday the 13th », « House » ou « Deep Star Six »). Dans « The Bog », Chattaway évoque l’un des méfaits sanguinaires de la créature en créant une atmosphère de suspense glauque avec cordes dissonantes, sursauts orchestraux agressifs et effets électroniques sinistres qui rappellent aussi l’ambiance nocturne du film de Daniel Attias : à noter que le compositeur développe lors de ces morceaux un motif de 4 notes associé dans le film au loup-garou, motif très présent dans « The Bog » et repris dans le non moins sinistre « Stella and the Beast » pour une autre scène de terreur du film - morceau dont le final explosif permet au compositeur de reprendre ses effets instrumentaux étranges (glissandi rapides de cordes stridentes) et ses synthétiseurs 80’s kitsch. La tension continue de monter dans « On the Bridge » ou « Milt’s Greenhouse », et ses reprises entêtantes du motif de 4 notes de la créature. A noter l’utilisation de sons de loups au début de « Transformation » pour la scène où le bad guy du film se transforme en loup-garou juste avant la confrontation finale, « Finale » permettant au compositeur de reprendre une dernière fois son très joli thème principal en guise de conclusion plus intime et poétique, avant d’enchaîner sur une reprise en chanson de « Joy Ride » pour le générique de fin du film.

Jay Chattaway signe donc pour « Silver Bullet » un score horrifique à la fois sombre et menaçant, traversé de moments plus intimes et légers. Le compositeur démontre ici un talent évident dans la création d’atmosphères à suspense macabres et atonales, alternant action et sursauts de terreur avec une certaine aisance. Seule ombre au tableau : le côté cheap de la partition, qui réussit difficilement à échapper à l’aspect « musique de série-B horrifique à petit budget », car même si la musique fonctionne aussi bien à l’écran que dans l’album publié récemment par Varèse Sarabande en édition CD Club limitée, on regrettera le manque d’ambition et de moyens d’un score essentiellement destiné aux inconditionnels des scores de films d’épouvante des années 80 !



---Quentin Billard